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Classiques Garnier

Avant-propos

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Helléniques
  • Pages : 7 à 8
  • Collection : Classiques Jaunes, n° 673
  • Série : Antiquités, n° 2
  • Thème CLIL : 3437 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Antiquité
  • EAN : 9782406072614
  • ISBN : 978-2-406-07261-4
  • ISSN : 2417-6400
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07261-4.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 25/10/2018
  • Langue : Français
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AVANT PROPOS



I:Anabase peut être considérée comme un chef-d'aeuvre de la littérature :une histoire bien resserrée sur deux ans, écrite par un acteur, des rebondissements qui tiennent en haleine, des études ethnographiques sur les peuples d'Anatolie et une peinture de la Grèce et de la Perse au tournant du ve et du ive s. qui donne un éclairage original sur «l'homme grec ». Les Helléniques ne sont pas de la même veine :une histoire qui court sur un demi-siècle, avec de nombreuses lacunes, un récit éclaté entre plusieurs terrains d'opération souvent mal reliés entre eux, des combats incessants entre Grecs et des discours qui traînent en longueur dans les derniers livres. Qui plus est, les partis pris de Xénophon, le manque de critique des sources, ont terni sa réputation d'historien.
Dans ces conditions, on comprend pourquoi Denis Roussel, qui avait traduit Thucydide et Polybe, n'aimait pas Xénophon «historien amateur », «aucune réflexion historique ne sous-tend son récit », «insistance excessive sur de petits faits dénués de signi- ficationhistorique ». Dans cet «ouvrage imparfait », reste le plaisir que l'on peut avoir à lire des récits, écrits souvent d'une plume alerte. D. Roussel appréciait cependant en l'homme le jugement indépendant «même s'il n'était pas pénétrant» et se rangeait dans un courant historiographique issu de l'hypercritique alle- mande du xixe s. qui dénigrait Xénophon et exaltait Thucydide.
On oublie trop souvent qu'il s'agit d'un récit écrit par un militaire bien éduqué (c'est plutôt rare !) et que l'Anabase
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n'est qu'une partie enlevée aux Helléniques :l'expédition des Dix Mille se lit mieux que les Helléniques, mais on aura quelque indulgence pour l'effort que représentait d'embrasser et de composer une histoire du Ive s., quitte à ce qu'elle frôle parfois la confusion, car ce témoignage est irremplaçable. Deux édi- tions récentes des Helléniques avec notes, l'une en italien et l'autre en espagnol, une bibliographie foisonnante, sont là pour témoigner du renouveau d'intérêt pour l'homme et son oeuvre. Cette édition reflète donc la vitalité des études xénophontines, auxquelles toutes les nations contribuent en ce début de xxle s.
Mon devoir de mémoire envers D. Roussel, helléniste distingué et savant ami, est maintenant terminé. Je remercie Madame Marie-Claude Roussel de m'avoir confié le manuscrit de son époux et de m'avoir permis de vivre avec Xénophon et D. Roussel, au contact desquels je me suis enrichi. Je sou- haite que beaucoup de lecteurs découvrent cette histoire de la Grèce qui ressemble à la nôtre par sa violence, son aspiration à une paix jamais atteinte et ses efforts toujours avortés vers des confédérations qui imposeraient un ordre et une morale.


Roland ÉTIENNE


J'exprime md gratitude envers tous ceux qui m'ont aidé dans la préparation de cette édition : Fran~-oise et Véronique Étienne, Laurence Massénat ont relu le texte. Guy Lacaze a apporté une dernière touche par sd connaissance exceptionnelle du grec ancien et des textes. Mdriodnnd Loukd, docteur de Paris I et d'Athènes, d assuré ld sdlsle et L. Cortd, IR du CNRS (UMR 7041) d dessiné les cartes.