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Classiques Garnier

Éditions

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Théâtre complet. Tome I
  • Pages : 37 à 39
  • Collection : Bibliothèque du théâtre français
  • Thème CLIL : 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
  • EAN : 9782812417382
  • ISBN : 978-2-8124-1738-2
  • ISSN : 2261-575X
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1738-2.p.0037
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 14/11/2017
  • Langue : Français
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Éditions

Il n’y a qu’une édition d’ensemble des œuvres de Hauteroche parue de son vivant, l’édition pirate hollandaise :

ŒUVRES / DE MONSIEUR / HAUTEROCHE, // [fleuuron] // À LA HAYE, / chez Adrian Moentjens, Marchand Libraire près la Cour, à la / Librairie Françoise / MDCLXXXIII

Cette édition comprend les sept pièces alors parues, chacune paginée séparément, et présentée, comme la première :

L’AMANT / QUI /NE / FLATE POINT, / COMEDIE / Par Mr de Hauteroche. Comédien du Roy // [fleuron] // // À LA HAYE, / chez Adrian Moentjens, Marchand Libraire près la Cour, à la / Librairie Françoise / MDCLXXXII

Suivent Le Soupé mal appresté, Crispin médecin, Le Deuil, Les Apparences trompeuses, Crispin musicien, Les Nobles de province.

Toutes ces pièces sont datées de 1682. Elles sont précédées par une dédicace d’ensemble :

À Messire Philippe Doublet, Seigneur de Saint Annelant, Moggershil, etc.

Monsieur,

Il y a longtemps que j’avais résolu de vous présenter quelque chose qui vous marquât mon respect, mais ne trouvant rien qui fût digne de vous être offert, et qui fût proportionné à vos mérites, j’avais toujours différé le juste et respectueux hommage que je m’étais proposé de vous rendre ; et j’eusse peut-être tardé encore longtemps à le faire s’y [sic] tous les ouvrages de Mr de Hauteroche, auteur le plus approuvé de ce siècle, ne m’avaient fourni les moyens d’en faire un volume, dont votre nom

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ornera, s’il vous plaît, la teste. Les agréables comédies qu’il contient ont reçu des applaudissements dans toute la France, elles ont charmé tout Paris et ont servi et servent encore tous les jours au divertissement d’un des plus grands monarques de la Terre. Jugez donc, Monsieur, si je pouvais trouver une occasion plus favorable, pour satisfaire aux lois que je m’étais imposées, et s’y [sic] pour ce livre que je vous présente, je pouvais trouver un protecteur plus éclairé que vous, qui avez puisé dans les vives sources d’Horace, d’Ovide et des plus célèbres Anciens, les avantages solides que vous possédez du côté de l’esprit ; et qui jamais n’avez jugé des ouvrages, par prévention, mais toujours avec un discernement si juste, accompagné de tant de pénétration et de délicatesse, et dans une si grande droiture de la raison, qu’elle ne laisse rien à répondre aux critiques les plus scrupuleux.

Comme vous connaissez parfaitement les charmes de la langue française, vous découvrirez dans ces pièces, la délicatesse de ses expressions, sa douceur, sa force, sa belle prononciation, sa pureté, son abondance, et la variété de ses terminaisons ; et vous verrez que l’auteur a joint à ces beautés la plus fine satire et les incidents les plus naturels qu’on ait encore vu dans aucune comédie.

Un autre que moi se servirait de cette occasion pour vous louer, et suivrait la coutume indispensablement usitée parmi ceux qui se mêlent de faire des dédicaces, et quelque aversion que vous puissiez avoir pour l’encens, vous seriez obligé d’endurer cette espèce de violence et de souffrir qu’on déduisît avec pompe comment vos très nobles, illustres ancêtres se retirèrent en ces Etats, et quittèrent Amiens pour la Religion, bien qu’ils y possédassent des charges très importantes, quelles richesses ils apportèrent et les manières obligeantes dont ils furent accueillis et mis d’un plein abord dans la Présidence de la Chambre des comptes de Hollande et dans l’emploi de Receveur général de tout le pays.

Moi, Monsieur, ne cherchant qu’à vous plaire, je n’ai garde de vous chagriner en cela, je sais trop bien que dans votre famille l’on y fuit la louange avec autant d’ardeur que l’on y cherche à la mériter ; je passerai donc sous silence (pour m’accommoder entièrement à votre sévère modestie) la forte passion que vous avez pour les belles lettres, votre fermeté pour vos amis, votre générosité pour toute la Terre, et mille autres qualités que tout le monde sait que vous possédez : pourvu que vous vouliez bien recevoir mon livre d’aussi bon cœur que je vous le

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présente, et que vous ayez pour agréable, la protestation sincère que je fais aujourd’hui d’être toute ma vie, avec un profond respect,

Votre très humble et très obéissant

Serviteur.

Antoine Moetjens

Comme on le voit, la langue est très bonne, avec à peine quelques maladresses et une faute curieuse. Mœtjens tient en effet la Librairie française de La Haye. Un détail montre qu’il n’est pas français, lorsqu’il parle, de Louis XIV comme « d’un des plus grands monarques de la Terre » : un Français aurait dit « du plus grand… ».

Nous indiquons les différentes éditions particulières en tête de chaque pièce.