Aller au contenu

Classiques Garnier

Présentation

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Gustave Kahn (1859-1936)
  • Auteur : Basch (Sophie)
  • Pages : 7 à 8
  • Collection : Rencontres, n° 3
  • Thème CLIL : 4024 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres
  • EAN : 9782812444883
  • ISBN : 978-2-8124-4488-3
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-4488-3.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 15/04/2010
  • Langue : Français
7

Présentation

Gustave Kahn (1859-1936), auteur d’un recueil phare du symbolisme, Les Palais nomades (1887), fut aussi le théoricien du vers libre et l’historien du symbolisme. Secrétaire, puis directeur de La Vogue, en 1886, l’année où Jean Moréas publiait son fameux Manifeste du symbolisme, il rassemblait dans le premier numéro de cette petite revue trois des Pages de Mallarmé, Écrit en 1875 de Verlaine, les Souvenirs occultes de Villiers de l’Isle-Adam et Les Premières Communions de Rimbaud. Dans les années qui suivirent, Kahn continua à évoluer au sein de la littérature nouvelle, aux commandes de publications d’avant-garde. Témoin de son époque, il en fut aussi un acteur de premier plan. Accompagnant les noms glorieux illustrant les revues qu’il dirigeait, il collabora à d’innombrables publications, signa de nombreux poèmes, des chroniques de littérature et d’art, des réflexions sur le théâtre et la mise en scène, des romans, des nouvelles, des contes, des préfaces, des écrits politiquement engagés.

Aucune réflexion collective n’avait encore été consacrée à cette figure fédératrice des arts de son temps. Le terrain n’était pas vierge grâce à l’étude monumentale consacrée par John Clifford Ireson à L’Œuvre poétique de Gustave Kahn (Nizet, 1962). Mais bien des ramifications demeuraient à explorer, à la lumière des nouvelles perspectives ouvertes, depuis un demi-siècle, par les nombreuses études d’histoire littéraire et artistique qui ont renouvelé l’approche de la période foisonnante, travaillée par de profondes mutations esthétiques et idéologiques, qui s’étend des années 1870 aux années 1930. Kahn en éclaire exemplairement les ambitions, les tensions et les contradictions.

8

Le colloque qui s’est tenu à l’Institut universitaire de France et à la Sorbonne les 4 et 5 février 2005, dont ce volume recueille les interventions, a abordé les multiples aspects de l’œuvre et de la vie de Gustave Kahn : sa théorie du vers libre ; ses poèmes ; ses récits ; ses articles sur la littérature française et étrangère ; ses écrits sur l’esthétique de la rue ; ses critiques d’art ; son rôle de directeur de revues ; ses liens avec les écrivains et publicistes belges durant son long séjour à Bruxelles ; son combat contre l’antisémitisme et sa réflexion sur le judaïsme.

Il semble impossible, au premier abord, d’isoler tel ou tel aspect de l’œuvre prolifique de Gustave Kahn, qui ne se laisse pas cloisonner et ne peut être appréhendée que comme un réseau où tous les éléments se répondent. Les multiples facettes de son œuvre, régie par les correspondances, s’imbriquent : la conception de l’art n’est pas moins présente dans les poèmes que dans les critiques, la critique s’insinue dans les récits et les contes, la théorie s’invite dans la pratique, la politique dans la poésie, les motifs se croisent et se recoupent à travers les genres. L’organisation de ce volume respecte l’éclectisme qui caractérise l’œuvre de Kahn.

La première partie regroupe les considérations sur les questions relevant largo sensu de la poétique de Gustave Kahn : non seulement sa pratique et sa théorie du vers libre, mais ses réflexions sur le théâtre et sur les marionnettes qui le placent, encore, au cœur de la réflexion symboliste. La deuxième rend hommage à l’éclectisme et à la curiosité du critique de littérature et d’art en soulignant l’acuité de ce polygraphe aussi averti des formes du passé que sensible aux avant-gardes ; sa critique, souvent visionnaire, est profondément historique. Kahn était un animateur, autant et plus qu’un créateur. La troisième partie rend hommage au contemporain, à l’homme social et le remet au centre de circuits, éditoriaux mais aussi politiques, sans lesquels on ne peut apprécier sa situation. Le but principal de ce volume est en effet de rendre sa place à Gustave Kahn dans l’histoire de son temps.

Sophie Basch