Le texte
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Théâtre complet
- Pages : 47 à 48
- Collection : Bibliothèque du théâtre français, n° 93
- Thème CLIL : 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
- EAN : 9782406131106
- ISBN : 978-2-406-13110-6
- ISSN : 2261-575X
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-13110-6.p.0047
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 12/10/2022
- Langue : Français
LE TEXTE
Nous suivons le seul texte qu’il faille prendre en compte, l’édition originale : Gresset, Édouard III, Paris, Prault père, MDCCXL, in-8 br. de 98 pages1.
Trois exemplaires de cette édition Prault père sont conservés à la BnF : Tolbiac Z Rotschild – 4676 et 4677, et Arsenal GD 20169.
Édouard III, connaît au moins deux contrefaçons la même année 1740 ; mais elles ne présentent aucune variante :
–Une édition Étienne Ledet, à Soleure, 1740 est conservée à la BnF Richelieu 8-RF-10423 / Arsenal GD-23157
–Une édition, La Haye, à la sphère, Benjamin Gibert, 1740, est conservée à la BnF Richelieu en deux exemplaires 8-REC-10 (5, 33) / 8-REC-11 (11, 70)
Gresset, Œuvres, en trois parties, Genève, Pellissari & Compagnie, MDCC.XLIII, 1743. (contient une copie fidèle de la première pièce de théâtre : Édouard III).
Gresset, Œuvres, en quatre parties, Genève, Pellissari & Compagnie, MDCC.XLVI, 1746. (contient les deux premières pièces de théâtre : Édouard III, Sidney).
De plus, un manuscrit autographe de Gresset est conservé à la bibliothèque de la Comédie-Française (Ms158) : de nombreux projets 48de rédaction et de modifications y sont consignés. C’est un manuscrit de composition, ou de rédaction déjà fort proche de ce que sera le texte de l’édition Prault père, mais conservant encore de nombreux développements auxquels Gresset renoncera. Ce manuscrit enregistre la trace d’ajustements effectués au cours des répétitions et consigne certainement la transcription d’apports personnels de l’auteur, et peut-être de suggestions des acteurs, menant au texte définitif publié en 1740.
Ce document comporte nombre de ratures autographes : c’est un texte en gestation. Les variantes présentent un grand intérêt parce qu’elles permettent de voir comment Gresset organise ses répliques, comment il modifie un premier jet de vingt vers pour n’en garder que deux qu’il replace ailleurs dans un autre contexte. On voit entre autres dans ce manuscrit qui constitue un brouillon fort élaboré, qu’il a complètement réécrit la fin de sa pièce. Cette version du texte montre que la tragédie aurait pu être plus audacieuse encore si Gresset avait osé maintenir à la scène ce qu’il avait d’abord imaginé et dont ce manuscrit enregistre le témoignage.
La pièce aurait dû s’achever, sous les yeux des spectateurs, sur deux morts brutales : l’empoisonnement d’Eugénie et le suicide d’Alzonde2. Au moment de passer à la mise au point définitive de sa tragédie, Gresset a été retenu par les conventions dramaturgiques en vigueur de son temps et a transposé dans un discours ce qu’il avait d’abord envisagé de faire représenter. Dans le texte édité, les dernières paroles d’Alzonde et son suicide sont rapportés dans le discours de Glaston, un officier subalterne, tandis qu’Eugénie disparaît dans les coulisses pour y rendre son dernier soupir.
Le texte subira encore de nombreuses modifications avant l’édition de 1740. L’examen de cette version d’Édouard III, devrait paraître ultérieurement sous la forme d’un article. Nous avons relevé dans les variantes les différences entre le Ms158 et l’édition Prault père.
La tragédie sera rééditée régulièrement au cours du xviiie siècle dans les Œuvres de Gresset. Les premiers éditeurs reproduisent l’édition Prault père de 1740. Les éditeurs suivants multiplient les erreurs, chacun se reportant directement à l’édition précédente mais ne se référant jamais à l’édition originale.
1 « Coup d’essai dans lequel on trouva bien des beautés de détail. C’est la première fois qu’on a hasardé de faire tuer un des personnages en présence des spectateurs. Cette hardiesse prit fort bien ; l’action fut à la vérité exécutée par le célèbre Dufresne, qui jouait le rôle d’Arondel », (chevalier de Mouhy, Tablettes dramatiques contenant l’abrégé de l’Histoire du théâtre François, Paris, Sébastien Jorry, 1752, p. 80) ; voir aussi Léris, Dictionnaire portatif des théâtres, contenant l’origine des différents théâtres… « qui n’a pas eu un succès aussi brillant qu’elle le méritait. C’est le premier ouvrage dramatique de cet auteur, et aussi le premier où l’on ait hasardé de faire tuer un des personnages en présence des spectateurs » (Paris, 1754, p. 122).
2 Gresset avait envisagé dans un premier temps qu’Alzonde se suicide en scène (voir p. 123, variante cr).