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Classiques Garnier

Présentation de la grammaire de 1572

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Grammaire (1572)
  • Pages : 16 à 18
  • Réimpression de l’édition de : 2001
  • Collection : Textes de la Renaissance, n° 40
  • Série : Traités sur la langue française, n° 3
  • Thème CLIL : 3439 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moderne (<1799)
  • EAN : 9782812458576
  • ISBN : 978-2-8124-5857-6
  • ISSN : 2105-2360
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-5857-6.p.0013
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 04/04/2007
  • Langue : Français
13 PRÉSENTATION DE LA GRAMMAIRE DE 1572
Cet ouvrage, de 211 pages, commence par un court poème de Jodelle à la louange de Ramus «  ce rameau d'or  », suivi de la préface à la Reine, mère du roi. Cette préface est une véritable profession de foi sur le rôle éminent de la grammaire et l'importance du but à atteindre par l'étude de la langue française  : permettre à toutes les autres sciences de s'exprimer, elles aussi, en français. Elle est très développée si on la compare avec l'épitre au lecteur de 1562  : l'évocation des travaux des prédécesseurs faisait apparaître, dans la première édition, les noms de Dubois (Sylvius), Dolet, Megret, Pelletier, G. des Autels, Pilot et Robert Estienne. Dans la seconde, à ces noms s'ajoutent ceux de Tory, Grenier, Caucie, du Bellay, Henri Estienne et Baïf. En outre, c'est là que Ramus, très gallophile, développe le thème de la grammaire francoyse et gaulloyse, à la gloire des Gaulloys qui, sortis de la Gaule et passés en Grèce, auraient donné leur langage aux Grecs. Ce thème ne figure pas dans l'ouvrage de 1562.
La grammaire est composée de deux livres  : le premier (19 chapitres) est consacré à ce que l'auteur appelle Etymologie, dans un sens très large  : propriétés des lettres, syllabes et mots, c'est-à-dire à peu près l'équivalent d'une phonétique et d'une morphologie. Le second (14 chapitres) est consacré à la syntaxe.
Ramus a repris la forme du dialogue entre le maître et l'élève, telle qu'elle existe dans l'édition de 1562. Au début, les mentions Disciple et Prœcepteur sont présentes en entier mais ensuite elles sont réduites à D et P, que nous représenterons ainsi dans le texte D P.
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Après avoir étudié les voyelles, demi-voyelles, muettes, diphtongues, l'accent et l'apostrophe, Ramus décrit les marques du nombre et du genre et, après un très bref exemple de la comparaison et de la diminution, il passe aux pronoms (ch. 11) puis au verbe (ch. 12 à 17). Le livre I s'achève avec l'adverbe et la conjonction.
Le. second livre s'ouvre sur les problèmes de convenance, autrement dit d'accord (ch. 1 à 5) et se poursuit dans une certaine confusion  : anomalies, formes périphrastiques, syntaxe des prépositions et des conjonctions pour s'achever sur des formes de l'oraison  : soupir, pose, demi-pose, période, admiration, union, parenthèse, qui se rapportent, en réalité, à la ponctuation.
L'apport de cette édition de 1572 est très important si l'on compare l'ouvrage à celui de 1562, dont les analyses n'avaient qu'un caractère assez sommaire et limité. Le développement est enrichi comme en témoigne le nombre de pages. Si l'on s'en tient à l'exposé grammatical proprement dit, c'est-à-dire sans l'épitre au lecteur ou la préface, l'édition de 1562 compte 120 pages d'environ 680 signes et l'édition de 1572, 209 pages ramenées à 133, si on tient compte des demi-pages partagées entre les deux écritures, mais ces 133 pages ont, en moyenne, 900 signes. Les classements sont améliorés, à commencer par les sons et lettres  : de six éléments voyelles, on passe à dix, la description des consonnes est plus préciser. Les chapitres sont plus nombreux et plus étendus. En bref, cette grammaire est beaucoup plus dense et réfléchie et, s'éloignant volontairement du plan des grammaires latines, (elle n'emploie pas le terme de partie du
1 cf. G. Clerico, Ramus et le matériau sonore de la langue, in Autour de Ramus, texte, théorie, commentaire, Etudes réunies par Kees Meerhoff et Jean-Claude Moisan, éd. nuit blanche, Canada, 1997, p. 53-86.

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discours et on y note l'absence d'une grande partie de la terminologie traditionnelle) elle a déjà un aspect assez moderne. F. Brunot, assez sévère à l'égard de Ramus qu'il accuse de devoir beaucoup à Meigret et Henri Estienne, reconnaît la permanence de sa méthode et l'apport de son travail  : «  Dans ces dix ans, le grammairien s'est perfectionné mais le théoricien de la grammaire ne s'est pas démenti. Et de cela il résulte que la grammaire de Ramus, même revue et complétée, intéresse moins l'histoire de la langue française que l'histoire de la grammaire elle-même, par l'effort que l'auteur a fait pour sortir des vieux cadres et des théories où l'art de Priscien et de Donat semblait s'être immobilisé.  »1
1 F. Brunot, Histoire de la langue française, II, p. 155.