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Classiques Garnier

L' œuvre

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Grammaire (1572)
  • Pages : 11 à 15
  • Réimpression de l’édition de : 2001
  • Collection : Textes de la Renaissance, n° 40
  • Série : Traités sur la langue française, n° 3
  • Thème CLIL : 3439 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moderne (<1799)
  • EAN : 9782812458576
  • ISBN : 978-2-8124-5857-6
  • ISSN : 2105-2360
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-5857-6.p.0006
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 04/04/2007
  • Langue : Français
6 L' OEUVRE
L' oeuvre de Ramus est très abondante et n'a jamais été éditée en «  oeuvres complètes  ». On en trouve un catalogue soigneusement établi à la fin de l'ouvrage de Waddington (p. 441-477) et Nelly Bruyère-Robinet en a procuré le catalogue informatisé (Nouvelle République des Lettres, 1986). On peut regrouper les écrits de Ramus en cinq rubriques principales  : les discours de circonstances, les commentaires de textes anciens (latins, surtout  : Cicéron, César, Virgile...), les ouvrages consacrés à la dialectique et à la rhétorique, les grammaires et les traités de mathématiques. Sur tous ces sujets, la réflexion du philosophe se nourrit des préoccupations du professeur.
Ses travaux en grammaire sont consacrés aux trois langues qu'il connaît le mieux  : le latin, le grec et le français. Ce sont  :
Grammaticce libri quatuor, Paris, 1559
Rudimenta grammaticce latince, Paris, 1559
Scholce grammaticce, Paris, 1559
Grammatica grceca, Paris, 1560
Rudimenta grammaticce grcecce, Paris, 1560
Gramere, Paris, 1562
Grammaire, Paris, 1572
C'est dans ces deux grammaires françaises, écrites en français, qu'il se montre le plus novateur, non seulement en proposant une nouvelle orthographe mais en s'efforçant d'élaborer une méthodologie et en se libérant de la dépendance à l'égard de la grammaire latine. Pour lui, la grammaire est l'art de bien parler (bene loqui) et il croit, comme ses contemporains de la Pléiade, à la nécessité de donner ses lettres de noblesse à notre langue. Ce souci vint encore ajouter à la
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liste des critiques qu'on lui faisait et Michelet, dans son récit passionné de la mort de Ramus, écrit  : «  Ramus méritait la mort, et pour avoir détrôné l' Aristote scolastique, et pour avoir restauré dans l'enseignement l'harmonique unité des sciences, et pour avoir forcé la science à parler français.  »1
La première Gramere paraît, sans nom d'auteur, à Paris, chez André Wechel. Elle compte 126 pages et elle est tout entière imprimée dans l'orthographe «  ramiste  ». Elle paraît avoir été écrite un peu vite (la dernière partie est assez désordonnée) et n'a pas dû être très diffusée car l'orthographe dans laquelle elle est composée est présentée comme une nouveauté en 1572. Elle a été réimprimée par Slatkine en 1972.
On verra, p.13, à titre d'exemples, les pages 6 et 7, qui commencent le chapitre I
Les majuscules D et P qui parsèment le texte sont pour Professeur ou Précepteur et Disciple car cette grammaire fonctionne par questions de l'élève et réponses du maître.
Dès la première page de l'adresse au lecteur, Ramus loue les efforts de Jacques Dubois (Sylvius) «  excellent professeur de médecine, qui, entre autres choses, a tâché à réformer notre écriture et la faire cadrer à la parole  »2. L'ouvrage commence avec 9 chapitres mais, à partir de la page 62, il n'y a plus de numéros de chapitres, seulement des titres suivis d'un court développement qui forment comme des paragraphes à développer plus tard. C'est encore une preuve de la hâte avec laquelle cette grammaire a dû être composée.
1 Histoire de France, XI, ch. XVIII.
2 cf. notre édition commentée, avec traduction de Dubois-Sylvius, Paris, Champion, 1998.

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D'ailleurs, à la fin du volume, l'auteur qualifie son contenu de «  rudiments  » comme on a pu remarquer qu'il avait aussi publié des Rudimenta de grammaire latine et grecque.
L'édition de 1572, toujours chez André Wechel, a pour titre  : Grammaire de P. de la Ramée, Lecteur du Roy en luniversité de Paris. La même, revue et enrichie, a été publiée, après la mort de l'auteur, chez Denys du Val en 1587 et à Francfort en 1583 dans une traduction latine de Pantaléon Thévenin, sous le titre Grammatica latino-franeica. A Petro Ramo francice scripta, latine vero facta annotationibus illustrata per Pantaleontem Theveninum, Commerciensem Lothoringum. Francofurti, Wechel. Elle fut encore réimprimée à Francfort en 1590. Comme l'édition de 1572 est de l'année même de la mort de l'auteur, il est peu vraisemblable qu'il ait pu participer à l'élaboration des éléments des éditions posthumes, c'est pourquoi nous avons choisi d'éditer ici celle de 1572, qui a été reproduite par Slatkine en 1972.
A partir du chapitre 8 du premier livre (p. 57) cette grammaire est imprimée sur deux colonnes par page, les deux colonnes présentant le même texte mais dans une orthographe et des caractères différents. Il y a certainement là un désir de Ramus de ne pas abandonner ses novations orthographiques mais aussi de ne pas trop gêner le lecteur. Bien que Ramus soit son ancien maître, Etienne Pasquier l'attaquera assez violemment sur cette question de l'orthographe, dans une lettre qu'il lui adresse en 15721  : «  Or sus je vous veux dénoncer une forte guerre... plus vous fourvoyez de nostre ancienne orthographe et moins je vous puis lire... bouleverser en tout et par tout, sens dessus
1 cf. Dorothy Thickett, Etienne Pasquier. Choix de lettres sur la littérature, la langue et la traduction Genève, Droz, 1956, p. 98.

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dessous nostre orthographe, c'est à mon jugement, gaster tout.  » On verra, ci-dessous, à titre d'exemples les pages 57 et 58, les premières de cette présentation en double colonne. Notre édition reprend l'orthographe des 56 premières pages et de la colonne de gauche pour les pages qui suivent, c'est-à-dire celle que Pasquier appelait «  nostre vieille plume  », la plus courante au XVIe siècle.