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Classiques Garnier

L'auteur

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Grammaire (1572)
  • Pages : 7 à 10
  • Réimpression de l’édition de : 2001
  • Collection : Textes de la Renaissance, n° 40
  • Série : Traités sur la langue française, n° 3
  • Thème CLIL : 3439 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moderne (<1799)
  • EAN : 9782812458576
  • ISBN : 978-2-8124-5857-6
  • ISSN : 2105-2360
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-5857-6.p.0002
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 04/04/2007
  • Langue : Français
2 L'AUTEUR
Pierre de la Ramée, plus connu sous son nom latin de Ramus, était issu d'une famille noble mais ruinée, originaire du pays de Liège. Dans son discours d'installation au Collège royal en 1551, il a lui- même rappelé  : «  Il est vrai qu'après avoir vu prendre et saccager sa ville natales, mon grand-père, exilé de sa patrie, se fit charbonnier ; mon père était laboureur.  ». Il est né à Cuts, en Vermandois, entre Noyon et Soissons. Encouragé par le maître d'école de son village, il entreprend, dès l'âge de huit ans, de se rendre à Paris pour y faire des études. Après deux tentatives infructueuses, il peut s'établir, en 1527, au collège de Navarre en y devenant le domestique d'un étudiant riche, le sieur de la Brosse et il y fera la connaissance du futur cardinal Charles de Lorraine, dont il sera longtemps le protégé. En 1536, il devient maître-ès-arts et sa soutenance est un événement car il attaque résolument Aristote dans une université qui lui voue un véritable culte et il défend l'idée que Qucecumque ab Aristotele dicta essent commentitia esse. Désormais, il a le droit d'enseigner les arts libéraux et donne ses premières leçons au collège du Mans, à Paris, puis au collège de l'Ave Maria
En 1543, il publie deux ouvrages  : Dialecticce partitiones ad Academiam Parisiensem et Aristotelicce animadversiones. Ce dernier traitait rudement Aristote et ses disciples, ce qui provoqua de violentes réactions dans l'université. Le ter mars 1544, les deux
1 Allusion à la prise de Liège par Charles le Téméraire en 1468.

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ouvrages sont condamnés et Danèsl les fait brûler devant le collège de Cambrai. L'enseignement de la philosophie lui étant désormais interdit, Ramus professe l'éloquence et les mathématiques. En janvier 1545, il publie la traduction latine des premiers livres d'Euclide et, la même année, prend la direction du collège de Presles où il enseignera la rhétorique tandis que son ami Orner Talon se charge de la philosophie. Ses adversaires continuent à le poursuivre de leur vindicte et, en 1547, Charles de Lorraine, devenu cardinal, intervient auprès du roi Henri II pour que l'on puisse discuter librement pour Platon ou pour Aristote et obtient pour Ramus, selon la formule «  la main levée de sa plume et de sa langue  », autrement dit, on lui rend la liberté de s'exprimer en philosophie. Après quatre années de relative tranquillité, de 1547 à 1551, l'agitation se rallume à la suite de la publication des ouvrages précédemment condamnés et Jacques Charpentier se révèle alors comme le plus virulent des ennemis de Ramus, que l'on désigne comme Universitatis hostem. Afin de le soustraire à ces tracasseries, le cardinal Charles de Lorraine obtient, pour lui, du roi Henri II, la création d'une chaire de lecteur au collège royal en août 1551. La leçon inaugurale fut un véritable événement qui se déroula devant plus de 2000 personnes et la réputation de Ramus se répandit largement en Europe, attirant à ses cours nombre d'auditeurs étrangers.
En vue de réformer les lettres Ramus commence la préparation de trois grammaires qui paraîtront, la latine en 1559, la grecque en 1560 et la française en 1562 avant d'être remaniée et augmentée en 1572.
1 Pierre Danès, élève de Budé et de Lascaris, fut professeur de grec au Collège Royal (1530).

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Grand travailleur et écrivain très fécond, il dédie, de 1544 à 1559, plus de vingt ouvrages au Cardinal de Lorraine (ouvrages de dialectique, d'arithmétique, de commentaires de Cicéron et de Virgile) et, par exemple, pour la seule année 1559, quatre volumes  : De moribus veterum Gallorum ; De Caesaris militia ; Grammaticce libri quatuor et Scholce grammaticce. En 1562, Ramus présente au roi Charles IX un plan de réforme de l'université de Paris dont il dénonce les abus. Ce plan, qui fait suite à une mission que lui avait confiée le roi Henri II, ne peut qu'augmenter le nombre de ses ennemis et la question religieuse ajoutera encore aux griefs.
Jusqu'en 1561, Ramus est considéré comme un bon catholique mais lorsqu'en 1562 la faculté de théologie rédige une profession de foi que le parlement décide de faire signer à tous les professeurs et principaux, Ramus refuse de signer et quitte Paris. Après la paix d'Amboise, en 1563, il revient à Paris et reprend ses fonctions tant au collège de Presles qu'au collège royal. C'est alors que les Jésuites, qui intriguaient depuis plusieurs années pour se faire admettre dans l'université de Paris, obtiennent du recteur, en 1564, des «  lettres de scolarité  ». Les quatre facultés s'y opposent et, parmi les professeurs royaux qui manifestent leur hostilité, il y a Lambin, Turnèbe et Ramus. On commence à accuser ce dernier d'être protestant et Charpentier, contre lui, prend le parti des Jésuites. Leur animosité s'accroît encore à propos de l'élection à la chaire de mathématiques du collège royal.1 Au début de la seconde guerre civile, en 1567,
1 Cette chaire est vacante après la mort de Pascal du Hamel en 1565. Alors que Ramus est partisan d'un concours pour le recrutement, on la donne, sans examen, à un incapable, Dampestre Cosel, qui est sifflé à son premier cours et transmet, de façon tout à fait irrégulière, sa chaire à Charpentier, lui-même incompétent en mathématiques. Parce qu'il est bon catholique et devenu le protégé du cardinal de

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Ramus se réfugie au camp du prince de Condé. Au retour de la paix en 1568, il revient à Paris et constate avec tristesse que l'on a entièrement pillé sa bibliothèque. A l'automne 1568, il entreprend un voyage en Allemagne, accompagné de Frédéric Reisner et Théophile Banosius qui lui servent de secrétaires. Ils sont reçus par Jean Sturm à Strasbourg et continuent vers Fribourg et Bâle où Ramus restera un anl. En 1569, après Zurich il se rend à Heidelberg où son arrivée provoque une certaine agitation dans l'université. Le voyage se poursuit par Francfort, Nuremberg, Augsbourg puis vers la Suisse  : Genève et Lausanne en 1570. Après le traité de Saint-Germain-en- Laye (août 1570), il regagne la France et trouve sa place occupée au collège de Presles comme au collège royal. Contrairement à la première fois, il ne pourra reprendre aucun de ces deux postes mais, grâce au roi et à la reine-mère, il en conservera les titres et traitements. Il continue à résider au collège de Presles et s'y occupe de théologie et d'arts libéraux. C'est là qu'il est assassiné, le 26 août 1572. Charpentier a-t-il armé le bras des assassins  ? comme certains l'ont pensé. En tous cas, la façon dont on s'est acharné sur le cadavre est révélatrice de la haine soulevée contre lui.2
Lorraine, Charpentier est autorisé à enseigner Aristote ou les éléments d'Euclide. Une campagne de libelles est orchestrée contre Ramus.
1 Entouré de sympathie, Ramus passa à Bâle une année paisible et heureuse dont il perpétuera le souvenir dans un petit ouvrage de 35 pages, publié en 1571  : Basilea. Ad senatum populumque Basiliensem.
2 Nous n'avons donné volontairement ici qu'un résumé de la biographie de Ramus, sur lequel ont été écrits d'importants ouvrages dont le célèbre volume dû à Waddington. On en trouvera les références dans la bibliographie qui suit. Notons seulement que si cette étude de Waddington est, certes, trop hagiographique, Abel Lefranc, dans son Histoire du collège de France de 1893 (p. 206, n. 6) la qualifiait de biographie définitive, d'excellent livre, de guide exact et sûr.