Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Gide ou l’identité en question
- Pages : 333 à 338
- Collection : Bibliothèque gidienne, n° 4
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406065098
- ISBN : 978-2-406-06509-8
- ISSN : 2494-4890
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06509-8.p.0333
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 23/06/2017
- Langue : Français
Résumés
David H. Walker, « La goutte, la vague et la mer. Substance et formes du moi gidien »
La notion d’identité chez Gide est inséparable d’une conception du moi comme essentiellement fluide. Au fond, l’écrivain présente un cas de ce que Bachelard appelait un « psychisme hydrant ». À partir de ce constat cet article étudie des exemples de cette affinité avec l’eau qui se manifeste de plusieurs façons dans de nombreux textes de Gide. Ces recherches éclaircissent finalement un aspect jusqu’ici méconnu du schaudern.
Akio Yoshii, « Le début et la fin de Si le grain ne meurt. une analyse textuelle »
Cette communication propose une nouvelle lecture du début et de la fin de Si le grain ne meurt. Les deux extrémités de ces mémoires, en résonance lointaine, sont composées très stratégiquement, à l’opposé même de la notion de discours naturel et sans artifice dont l’autobiographe prétend souvent faire usage, en soulignant ainsi ses doubles postulations en parallèle, que sont l’aspiration spirituelle à l’absolu et l’impulsion irrésistible de la chair, nommées respectivement « ciel » et « enfer ».
Alain Goulet, « Le protéisme de Gide à l’épreuve des Caves du Vatican »
Gide, comme tout romancier, se projette et se dit à travers ses personnages. Ceux des Caves du Vatican se montrent particulièrement instables. Ce sont des êtres d’inconséquence qui sont autant d’incarnations caricaturales de postulations contradictoires de l’auteur. Dans Lafcadio, il projette ses rêves de liberté, de toute-puissance, Fleurissoire est la caricature de sa façon d’aller à l’aventure, Anthime de son côté scientifique, Julius de l’homme de lettres et Protos une figure du romancier agençant son intrigue.
334Patrick Pollard, « Gide traducteur à la recherche de son alter ego. Arden of Faversham et The Autobiography of Mark Rutherford »
Poussé par ses amis ou entraîné par ses propres enthousiasmes Gide se donne la discipline linguistique de bien traduire, mais beaucoup des titres dont il envisage de faire la traduction restent à l’état de projet. Deux champs d’intérêt qui font contraste s’y manifestent : les pièces du théâtre élizabéthain (telles les tragédies de Shakespeare, et Arden of Faversham, drame bourgeois « criminel et saugrenu ») ; et The Autobiography of Mark Rutherford qui donne une perspective intime sur la vie protestante anglaise.
Frédérique Toudoire-Surlapierre, « “Il y a un Gide intime qu’on ne connaît pas. Coupez” »
Les Notes pour Chopin, mais aussi l’œuvre de Chopin jouent un rôle dans l’entreprise autobiographique de Gide. L’étude et la pratique du piano contribue en effet pour Gide à la fabrique du soi. En interprétant Chopin et en s’appropriant intimement son œuvre, Gide révèle une facette intime et secrète de lui-même. En écrivant ses Notes pour Chopin, il parvient aussi à trouver un équilibre entre un rapport sociable à l’autre et une forme de narcissisme qui permet une transparence à soi-même.
Peter Schnyder, « L’identité gidienne au prisme de la lettre »
Cette étude examine la quête d’identité gidienne au prisme des lettres de jeunesse de Gide, en insistant sur la différence entre la correspondance et la fiction, la morale courante et l’identification à un désir frappé d’interdits. Quel est le travail de l’identification de soi par l’écriture, à commencer par la lettre ? À partir de là, qu’est-ce qui a permis à Gide d’explorer et, par la suite, d’affirmer de nouvelles identités, libératrices, émancipatrices, humanisées ?
Stéphanie Bertrand, « “Un livre est toujours une collaboration”. L’aphorisme paratextuel, une co-construction de l’“image d’auteur” ? »
La préface apparaît comme un lieu privilégié de la définition, par Gide, de son « image d’auteur » (Amossy). Cette image dépend du statut de la préface : tandis que l’aphorisme des préfaces originelles construit et met à distance 335tout à la fois un ethos de théoricien, l’aphorisme des préfaces ultérieures subsume pour sa part l’identité plurielle de l’écrivain, dans des représentations topiques qui valorisent son sens de la responsabilité, tout en dévoilant une forme d’obsession à se circonscrire.
Maaike Koffeman, « “Une voix dans un chœur risque de n’être point entendue” André Gide et La Nouvelle Revue française, 1908-1914 »
Cet article étudie la tension entre l’individualisme gidien et la collectivité littéraire que forme la première Nouvelle revue française. Entreprise commune par excellence, la revue gagne à être considérée dans son ensemble. Une lecture des sommaires de la NRF relativise le rôle de Gide et met en lumière l’apport de certains membres de l’équipe. Mais l’attitude ambivalente de Gide est un des piliers de l’esprit NRF. Cette identité collective trouve son expression dans le genre polyphonique de la revue littéraire.
François Bompaire, « Je et Les Autres. Ironie et sociologie dans Les Caves du Vatican d’André Gide »
Dans Les Caves du Vatican, réflexions sur la sociologie et réflexions sur l’ironie s’emmêlent de façon inextricable, autour de la figure de Georges Palante, qui présente la particularité d’avoir fait de l’ironie une catégorie sociologique critique. Ironiser sur Palante permet à Gide de prendre ses distances avec les idées exprimées dans ses œuvres antérieures et de laisser ouverte sa réflexion, en mettant en place un nouveau modèle ironique, défini par son caractère cumulatoire.
Ryo Morii, « L’individu face au groupe. Gide et le solidarisme »
Que pense Gide de la notion de solidarité ? Dans la France des années 1890, la notion est si appréciée que se développe le solidarisme, doctrine consistant à réconcilier le libéralisme individualisme et le socialisme étatiste, dont les promoteurs sont Léon Bourgeois et Charles Gide. Cet article examine leur influence sur Gide et, à partir du Prométhée mal enchaîné (1899), dans lequel l’auteur thématise les relations solidaires et la commune, de mettre en évidence les rapports de Gide avec la pensée solidariste.
336Jean-Michel Wittmann, « De l’individualisme au féminisme. La question de la minorité dans la trilogie de L’École des femmes »
Par-delà l’identité féminine ou la condition de la femme, Gide, dans la trilogie de L’École des femmes, propose plus généralement une réflexion sur la singularité individuelle. Geneviève apparaît ainsi comme un texte non pas tant actuel et futur qu’historique et rétrospectif, où Gide, poursuivant son débat avec les nationalistes, pose la question de l’identité propre aux groupes minoritaires, à travers le personnage de Sara, juive et objet du désir homosexuel.
Enrico Guerini, « André Gide et Julien Green. Pour une prise de parole de l’homosexualité en littérature »
Lors de leurs rencontres et de leurs entretiens, du début des années 1920 jusqu’à la mort de Gide en 1951, Gide et Julien Green ont fréquemment échangé au sujet de l’homosexualité et de la stratégie à adopter pour en parler dans une œuvre littéraire. Au-delà des enjeux proprement moraux, ce sont bien les enjeux esthétiques qui sont au cœur de cette réflexion qui vise à définir comment parler de l’homosexualité et dont les fruits, dans l’œuvre de Green, n’apparaîtront cependant qu’après la disparition de son aîné.
Frank Lestringant, « André Gide, la littérature et les juifs »
Les réflexions de Gide sur les juifs traduisent la conviction que les juifs constituent une race à part. Ses rapports avec les juifs portent la marque d’un antisémitisme d’époque, qui se manifeste en diverses occasions, des propos sur Léon Blum aux fiançailles de Jacques Drouin. Avec l’âge et en raison des circonstances historiques, sa vision évolue : Geneviève manifeste une forme d’admiration pour eux, cependant que les événements, de la Nuit de Cristal à la Shoah, développeront une tolérance mêlée de compassion.
Hélène Baty-Delalande, « “Une route qui s’écarte de plus en plus”. Gide et la crise de l’identité nationale (1939-1945) »
Le journal de Gide, durant les années de guerre et d’occupation, est traversé par les questions d’identité et de perte. L’expression d’un sentiment patriotique, doublé de la revendication récurrente d’un individualisme essentiel, imprime 337sa marque sur l’ambition de ressaisir tout à la fois l’identité nationale en crise et un sujet ébranlé par les événements. Gide élabore dans son journal une poétique de l’écart, dans une tentative pour concilier une cohérence intime à l’échelle d’une vie et d’une œuvre.
Christine Armstrong, « Terre normande, nourriture de l’ailleurs. Orphelins gidiens en quête de soi »
L’opposition entre la France et l’Orient, ou plus précisément entre la Normandie et l’Algérie, occupe une place centrale dans plusieurs récits de Gide, L’Immoraliste mais aussi dans La Porte étroite et dans Isabelle, à travers la description de jardins potagers. Pour les personnages principaux de ces récits, la Normandie apparaît comme le territoire maternel par excellence. La dialectique entre la Normandie et l’Orient apparaît ainsi comme une pièce essentielle du processus de construction du sujet.
Pierre Masson, « Identité du colonisé. Gide et l’Arabe »
Écrivant à une époque où les Arabes sont souvent soumis à des clichés réducteurs, Gide se distingue par le regard qu’il porte sur eux, les saisissant dans leur individualité et leur authenticité. Qu’il envie sa joie de vivre ou qu’il s’afflige devant sa misère, il voit l’Arabe comme un Autre mystérieux dont il faut respecter la religion et la dignité ancestrale, et admirer la faculté poétique.
Maja Vukušić Zorica, « L’identité russe et soviétique à l’épreuve du regard gidien »
Le Retour et les Retouches font voir une métamorphose – depuis le mythe de la Russie, son engouement pour l’U.R.S.S., tout barthésien, jusqu’à son « dire vrai ». Or, le discours gidien invoque le témoignage des autres (Maria Van Rysselberghe, Dabit, Herbart, Trotsky), et fait voir le va-et-vient du personnel au communautaire et au politique. Il montre le piège du « dire vrai », car le texte doit être une fusion du politique et de l’œuvre d’art, et il devient nécessairement un périple.
338Carmen Saggiomo, « De Gide à Leonardo Sciascia. Un avatar italien de Nathanaël »
Les Caves du Vatican d’André Gide ont connu en Italie, durant les années soixante-dix, un accueil original dans l’œuvre de Leonardo Sciascia, en particulier dans le roman Todo modo. Sciascia apparaît avoir été profondément influencé par Gide, dont il a revécu, à sa façon, les questions, les reconstructions environnementales, les suggestions symboliques et certaines perspectives idéales, jusqu’à mettre en application l’exhortation gidienne à jeter son livre, afin de devenir le plus irremplaçable des êtres.
Marit Karelson, « André Gide et Johannes Semper, deux “contemporains capitaux” »
La réception d’André Gide en Estonie au début du xxe siècle passa principalement par Johannes Semper, écrivain et intellectuel de l’époque. Il interpréta les œuvres de Gide à l’aune du romantisme et de la philosophie de Bergson, ce qui l’amena à constater que Gide était en opposition avec le temps et un novateur de premier plan en littérature. Pourtant, cette attitude, pour laquelle Gide aurait obtenu le titre « contemporain capital », s’abstenait selon Semper de prendre en compte le fait que la période pouvait changer.