Skip to content

Classiques Garnier

Notes pour la représentation de Saül

  • Publication type: Book chapter
  • Book: Théâtre complet. Tome I
  • Pages: 423 to 424
  • Collection: The Gide Collection, n° 28
  • CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN: 9782406160427
  • ISBN: 978-2-406-16042-7
  • ISSN: 2494-4890
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-16042-7.p.0423
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 02-07-2024
  • Language: French
423

Notes pour la représentation
de Saül1

Les deux écueils :

le genre déclamatoire

le réalisme inutile.

Il ny a rien de déclamatoire dans cette pièce, de redondant, de grandiloquent – que les paroles du grand prêtre[sic]. Mais le pompeux fait partie de son caractère. Et cest ce qui le rend ridicule.

Le réalisme de SAÜL est dordre psychologique.

Il importe de ne pas en faire un gâteux. Ce nest nullement un impuissant : cest un chaste. Au début de la pièce il paraît même plein daustérité.

Il est chaste mais sensuel. Cest-à-dire [sic] quil ignore encore son penchant. DAVID le lui révèle. Il ny cède quavec horreur ; avec épouvante.

Toutes les phrases où se trahit son désir pour DAVID doivent être dites âprement, gravement, presque douloureusement. Ici, le moindre sourire est dangereux, et tout ce qui peut le faire paraître égrillard et libidineux. Ce nest quavec les démons quil se laisse aller. Les démons sont là pour manifester la partie de lui quil ignore lui-même. Et de là son abandon – tant quil ne sy reconnaît pas, et ne comprend pas que ces démons ne sont pas extérieurs à lui.

Toutes les paroles de SAÜL sont, et doivent être révélatrices. Mais à divers degrés.

Il y a dans son personnage, comme des strates de sincérité – différentes.

Depuis le fabriqué jusquau subconscient. Ce quil dit, parce quil veut le dire ne doit pas être dit du même ton que ce quil dit malgré lui.

Il faut arriver à jouer ce personnage avec naturel.

424

La décohésion de ce caractère ne paraîtra tragique que si elle est progressive. Tout est fichu si elle existe dès le début.

Cest quelquun qui séprend de ce qui lui nuit. Sa faiblesse ne vient que de là.

Ce nest pas un être naturellement faible, il le devient.

1 BnF, Fonds Copeau : FOL-COL-1(602), 1 feuille dactylographiée. Il y a une annotation de Marie-Hélène Dasté : « Je pense que ces notes doivent être de Gide mais je nen ai pas de preuve. »