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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Gérard de Nerval, histoire et politique
  • Pages : 423 à 429
  • Collection : Rencontres, n° 301
  • Série : Études dix-neuviémistes, n° 36
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406065128
  • ISBN : 978-2-406-06512-8
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06512-8.p.0423
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 25/02/2018
  • Langue : Français
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Résumés

Patrick Labarthe, « Rêver le passé sur ses débris. Remarques sur Nerval et la poétique des ruines »

La ruine est à lévidence au centre de la poétique nervalienne, comme chiffre dune crise qui affecte tous les ordres : mythique, historique ou esthétique, crise dont le sujet porte dans son psychisme même le stigmate douloureux. Cette étude explore la dialectique de mémoire et doubli quimplique la ruine, dÉmilie et Jemmy, dans Les Filles du Feu, au chapitre vi de la seconde partie dAurélia, en passant par « Vers dorés » et Jacques Cazotte.

Adriana Chimu Harley, « Nerval et les idéologues Volney et Dupuis. Mémoire de la littérature, intertextualité, contre-rhétorique »

Entre innutrition intellectuelle et contestation, le rapport de Gérard de Nerval à Dupuis et Volney – et leur approche, scientifique ou littéraire, en histoire comparée des religions – est, certes, ambivalent. La théorie idéologiste du phénomène religieux dans son rapport à limaginaire usait dune terminologie bien particulière (illusions, chimères, théâtre de la religion) que Nerval a pu se réapproprier, voire détourner, dans une poétique qui mêle intimement le religieux à limaginaire et au théâtral.

Emmanuel Buron, « “Dans les époques de rénovation ou de décadence…”. Nodier, Nerval et la dynamique de lHistoire »

Lœuvre de Charles Nodier constitue la trame littérale et idéologique de certains textes importants de Gérard de Nerval, qui corrige la conception de lhistoire comme décadence par lespoir dune rénovation imaginaire, selon une dynamique dopposition déterminant son attitude ambivalente par rapport au socialisme. Létude porte sur la notion décole, des Essais de littérature 424légale au Choix des poètes du xvie siècle, puis sur une page de Sylvie relue à la lumière de lessai Du fantastique en littérature.

Dagmar Wieser, « Nerval et la crise du Rhin (1840) »

La crise du Rhin en 1840 valut à Nerval la réputation de poète naïf et apolitique. Navait-il pas repris au romantisme allemand la catégorie du « populaire » ? Celle-ci, dabord esthétique, se chargea brusquement dun contenu idéologique agressivement nationaliste. Non content de gommer les aspects anti-français de poèmes traduits de lallemand, Nerval travaillera à transmuter le « populaire » en une catégorie oppositionnelle « pure » fonctionnant en dehors de tout contexte historique.

Kan Nozaki, « Nerval à la lumière de Saïd. Au-delà de lorientalisme »

On sait quEdward Saïd a critiqué les écrivains orientalistes du xixe siècle. Nerval seul échappe à cette condamnation, sans que Saïd en précise la raison. Le rapprochement entre son Voyage en Orient et louvrage de Lane, dune part, et les tableaux de Gérôme, dautre part, permet de dégager comment Nerval, par le mouvement de son écriture vivante et animée, ainsi que par la disponibilité de son esprit ouvert à la différence, laisse entrevoir la possibilité dun dépassement de lorientalisme.

Sarga Moussa, « “LOrient est moins éloigné de nous que lon ne pense”. Nerval et les tanzimat »

Contre limage dun Nerval purement livresque, cet article démontre quil fut aussi un observateur attentif des transformations de lempire ottoman, en particulier à travers les tanzimat, les réformes à leuropéenne. Si le costume « à la nizam » en était laspect le plus visible, Nerval témoigne également des changements de style qui ont eu lieu, par exemple dans les arts décoratifs. Enfin, il déplore ce quil voit comme une dénaturation des littératures classiques arabe et ottomane.

Philippe Destruel, « Politique des Scènes de la vie orientale »

Scènes de la vie orientale (1848) relève dune « politique de la littérature ». Au-delà des contextualités historiques et idéologiques, lœuvre se révèle 425politique par le partage de lintime que nous offre le voyageur européen, inventant le quotidien, en cherchant à se marier. À ces expériences répond l« histoire [révolutionnaire] du Calife Hakem » donnant en partage lexemple dun religieux tolérant et juste. Le protagoniste, dépaysé, rentrera lucide sur les pesanteurs sociales.

Henri Bonnet, « La croix et le croissant dans Les Nuits du Ramazan »

Quen est-il, dans le Voyage en Orient, de la croix et du croissant ? Dans Les Nuits du Ramazan, le regard que porte Gérard de Nerval sur le « vivre ensemble » des diverses populations de Constantinople conduit vers une forme dinitiation à valeur de « sophianité ». Dans lHistoire de la Reine du matin, une nouvelle étape est franchie, couronnée par le final heureux du Baïram. La coexistence des religions ouvre alors à la possibilité de leur coalescence fécondante.

Filip Kekus, « Lhistoire au quotidien. Lesprit de la petite presse satirique dans les chroniques fantaisistes nervaliennes aux alentours de 1840 »

Sous leurs dehors paradoxaux et ludiques, les chroniques satiriques ou humoristiques que Gérard de Nerval signe aux alentours de 1840 sont le lieu privilégié dune méditation en profondeur sur lhistoire et la politique. Tout en prolongeant le souffle goguenard et malicieusement facétieux de Figaro, petit journal auquel il a collaboré, elles préfigurent les grands textes oppositionnels des années 1850.

Marta Kawano, « “Un gros nuage noir se dessinait à lhorizon”. Nerval et Sterne »

Larticle rapproche Les Nuits doctobre de Gérard de Nerval du Voyage sentimental de Laurence Sterne, de manière à montrer comment Nerval, en infléchissant le modèle sternien, lui donne une portée politique nouvelle, liée au moment de sa production. Quelques thèmes communs aux deux récits seront au centre de la lecture : opposition entre liberté de mouvement (errance et fantaisie) et menace demprisonnement, rapports avec les figures de lautorité, interrogation sur lidentité du je voyageur.

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Gabrielle Chamarat-Malandain, « Présence de lhistoire et de la politique dans la polysémie du texte nervalien »

Les Faux Saulniers et LHistoire de la reine du matin en 1850, Les Nuits doctobre en 1852 permettent de saisir la façon dont lopposition nervalienne se fait sociale, politique et esthétique. À partir de 1853, dans les textes de Sylvie et dAurélia, la force de la pensivité prend cette dissension en relais.

Jean-Nicolas Illouz, « “Tu demandes pourquoi jai tant de rage au cœur”. Écriture et opposition, entre mythe et histoire, des Faux Saulniers à Angélique »

Des Faux Saulniers à Angélique, en passant par Les Illuminés, Gérard de Nerval invente les formes dune écriture oppositionnelle, qui, au-delà de lactualité politique immédiate (de part et dautre du coup dÉtat), conduit le sujet narratif à se situer lui-même dans une vaste lignée dopposants. Celle-ci se fond finalement dans le mythe, caïniste, des fils et filles du feu, – où résonne une rage, plus que politique, revenue des tréfonds de lêtre.

Gisèle Séginger, « De la politique à la métaphysique »

Associé au désenchantement de la génération de 1830, Nerval, loin de nêtre quun « rêveur », sintéresse à la fonction de lécrivain, – différente de celle de lhomme politique, obligé quant à lui de se salir les mains. Il soriente aussi vers une approche plus métaphysique, en élaborant une conception du temps ancré dans une permanence. Il en résulte une poétique de lHistoire fondée sur lharmonie, donnant lieu à la production dune mythologie fascinante, mêlant religion et politique.

Keiko Tsujikawa, « Histoire transcrite. Les Illuminés de Nerval ou la recomposition des scènes révolutionnaires »

Dans Les Illuminés, Nerval sinterroge sur la rupture opérée par la Révolution française, en reprenant les thèmes déjà relevés par ses contemporains autour de 1848. Il rassemble des fragments de livres et darchives afin de mettre en lumière lénigme de la Révolution – sa dérive politique et son échec – et la pérennité des esprits rebelles du xvie au xviiie siècle. La vision nervalienne de lhistoire apparaît à travers cette recomposition inattendue de livres oubliés, tirés du « fouillis des siècles ».

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Michel Brix, « Nerval “rouge”. Autobiographie, flânerie et politique »

On peut isoler, dans la carrière de Gérard de Nerval, une période « rouge » : celle-ci commence à la fin de 1849, avec la publication du Diable rouge, et dure pendant toute lannée 1850, qui voit lauteur faire jouer des pièces à lOdéon, dirigé par le républicain Bocage, et collaborer au quotidien de gauche Le National – auquel il donne Les Nuits du Ramazan (où on lit une légende du compagnonnage ouvrier) et Les Faux Saulniers (présentant une histoire de lopposition aux pouvoirs arbitraires).

Françoise Sylvos, « Mythes politiques et philosophie de lhistoire »

Révoltés, héros mythiques en rupture de ban, penseurs sociaux accompagnent la pensée de Nerval, lun des rares écrivains de son temps à portraiturer précurseurs du socialisme et « prophètes rouges ». Sa généalogie de la rébellion engage son mythe personnel et sa philosophie de lhistoire. Un plan dun poème érotique manuscrit fait de la décadence de la liberté le fil conducteur de lépopée humaine, et permet une relecture de lœuvre qui relie liberté, libertinage et motifs grivois.

Pierre Loubier, « Or noirci et terre durcie. Nerval et lélégie nationale »

Le rapport du jeune Nerval à lhistoire et à la politique nest pas sans dimensions psychiques, malgré le caractère très conventionnel des premières poésies. Létude montre comment le jeune Gérard L. a pensé complaire au Père en sadonnant au genre très codé de lélégie nationale. La figure de Napoléon constitue une imago négative du père, ainsi quune projection, tout aussi négative, du moi. Quant à la figure de la mère, le travail du deuil œuvre à lui donner forme, hors de lhistoire.

Hisashi Mizuno, « Juste après les Trois Glorieuses. Politique et poésie en 1830-1831 »

Lannée 1830 voit Nerval abandonner la veine politique de ses premiers poèmes pour se consacrer bientôt au genre de lodelette. Nerval y trace sa voie en côtoyant Victor Hugo et Sainte-Beuve. Linspiration politique nest cependant pas écartée, mais plutôt intériorisée dans une pensée historique ou philosophique.

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Jean-Marie Roulin, « Matrice familiale et Révolution dans Le Marquis de Fayolle »

Lintrigue du Marquis de Fayolle se construit sur le scénario de lenfant trouvé, installant la question de la famille au premier plan. Cest à travers ces relations familiales, verticales (ascendances et filiations) et horizontales (fraternité et cousinage), que Nerval développe sa vision personnelle de la Révolution, élaborant une fragile synthèse entre lattachement à la race et les aspirations républicaines, et montrant que la fraternité est commandée par la morale de lintérêt.

Jean-Pierre Mitchovitch, « Léo Burckart, du drame historique au drame politique. Genèse de lécriture »

De la confrontation des deux versions du texte de Léo Burckart, larticle dévoile les contours historiques de la première version de 1838 et explore le glissement opéré par Nerval lors de la réécriture de son drame.

Sylvain Ledda, « Nerval, théâtre et (géo)politique »

Le théâtre de Nerval est ouvert sur le monde : de lAllemagne de Léo Burckart à lInde du Chariot denfant, de lEspagne de Piquillo à lItalie de LAlchimiste, il est une invitation au voyage. Or ces décors offrent une réflexion sur le fonctionnement des États, le rôle des groupes et des individus au sein de systèmes politiques différents. Lœuvre dramatique de Nerval revêt ainsi une portée géopolitique en mettant en scène des ensembles géographiques en proie à des crises politiques majeures.

Jean-Marc Vasseur, « Gérard de Nerval et labbaye royale de Chaalis. Historia »

Létude se présente comme une enquête historique sur les traces de Nerval, dans un Valois en effet saturé dhistoire, – où lexactitude des notations vaut comme une garantie contre la dissolution des siècles dans la « Nuit des temps ».

Jacques Bony, « “Les révolutions sont épouvantables !” »

Gérard de Nerval ne donne pas la source de lanecdote du Perceforest rapportée dans Les Faux Saulniers. Celle-ci vient dun récit de Jules Janin, repris 429plus tard par Paul Lacroix. On y découvre que le bibliothécaire qui sinquiète du sort dun exemplaire du Perceforest pris dans la tourmente de la révolution de 1848 a pour nom Charles Motteley – auquel il convient donc dattribuer le mot, ironique et profond, dont Gérard de Nerval se fait lécho : « les révolutions sont épouvantables ! ».