Aller au contenu

Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : George Sand et le monde des objets
  • Pages : 499 à 506
  • Collection : Rencontres, n° 504
  • Série : Études dix-neuviémistes, n° 57
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406111993
  • ISBN : 978-2-406-11199-3
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11199-3.p.0499
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 28/07/2021
  • Langue : Français
499

Résumés

« Introduction »

Alors que George Sand explique elle-même que les objets sont au cœur dun processus dappropriation du monde à condition de les saisir dans tout leur mystère, et donc au fondement dune poétique, la critique sy est rarement intéressée. Ils jouent pourtant un rôle majeur dont ce volume entend rendre compte en explorant leurs fonctions sociales et symboliques, ainsi que le lien quils entretiennent avec lécriture.

Annick Dussault, « Objets sandiens et musées, reliques ou outils de médiation ? »

À lheure de la numérisation de manuscrits, pourquoi recueillir le moindre papier écrit de la main de George Sand, conserver au sein de ses maisons ou de musées, la moindre plume quelle a touchée, son linge ou une boucle de ses cheveux ? Quelle image de lécrivain, de sa pensée et de son écriture lobjet peut-il contribuer à donner ? Retracer la constitution des collections des grands lieux et dresser une typologie des objets sandiens devraient permettre de répondre à ces quelques questions.

Domitille Raillon, « George Sand. Les objets de Nohant, construction scénographique et construction intime »

À partir du milieu des années 1830, George Sand invite chez elle et en particulier à Nohant des membres de la société littéraire, artistique, politique et aristocratique particulièrement remarquables. Nohant est le lieu où George Sand ritualise son existence et celle de ses visiteurs en structurant sa propre vie et celle des autres autour dobjets. Voyons ce que George Sand a souhaité donner à voir et à vivre à quelques hôtes prestigieux qui ont pu entrer dans lintimité de son monde dobjets.

500

Elena Mazzoleni, « “Nohant nest plus Nohant, cest un théâtre”. Le décor intime des objets scéniques »

Dans leur théâtre de Nohant, George et Maurice Sand animent un laboratoire, qui est le décor dune migration dobjets entre la sphère intime et celle artistique. Les fonctions dramaturgiques dont les objets sont investis, prouvent leur pertinence dans le théâtre sandien. Lanalyse de quelques pièces (LAlchimiste, Jouets et Mystères, La Nuit de Noël) et essais théoriques (Le Théâtre des marionnettes de Nohant) explique ce système dobjets intimes et scéniques essentiel pour limaginaire sandien.

Elyssa Rebai, « Lobjet herbier dans la vie et lœuvre de George Sand »

La curiosité et lamour du savoir ont toujours poussé George Sand à nourrir son esprit de cultures et de sciences diverses. Son goût pour les végétaux lincite à cueillir des fleurs pendant ses voyages et excursions pour en faire, ensuite, un herbier. Son attrait infatigable pour lherborisation et la collection des herbiers se traduit également dans ses fictions. Il sagit ici de montrer la place de lherbier dans la vie et lœuvre de George Sand, tout en identifiant ses multiples fonctions.

Claire Le Guillou, « Objets tabagiques chez George Sand »

Le rapport que George Sand a entretenu avec le tabac na fait lobjet daucune réelle étude alors même que la pipe ou le cigare sont devenus lun des objets permettant de la reconnaître sans ambiguïté possible dans liconographie. Il sagira danalyser comment lherbe de Nicot – dans ses différentes déclinaisons – est tout à la fois « objet narratif » instaurant un métalangage et « objet sociologique » permettant daffiner la typologie de ses personnages.

Gheorghe Derbac, « Le périple des chapeaux dans le récit sandien. Signifier et transformer »

Le chapeau, tantôt présent pour incarner la mode, souligner les distinctions de sexes, dâge et dappartenance à une certaine époque, tantôt ayant valeur dindice de sociabilité, est un bon baromètre social. Lanalyse, traversant œuvre fictionnelle et autobiographique, a pour objectif de montrer comment cet objet devient matériau romanesque.

501

Àngels Santa, « Objets féminins, robes et bijoux dans quelques romans de George Sand »

Certains vêtements ou accessoires, les robes et les bijoux, sont représentatifs du goût de lécrivaine pour la sphère du féminin. On les retrouve tout au long de son œuvre : depuis les premiers romans dont Indiana et Jacques, jusquau Dernier Amour, en passant par les romans de la maturité dont LHomme de neige est un exemple. Cette étude est révélatrice de la continuité thématique des objets étudiés.

Lara Popic, « Quand les objets saniment. Les instruments de musique chez George Sand »

La présente étude des instruments de musique chez George Sand se situe sur laxe poétique et procède à lanalyse de la fonction diégétique et de lusage rhétorique de linstrument musical dans trois romans de musicien : La Dernière Aldini, Consuelo et Les Maîtres sonneurs. Médiateur sur le savoir-faire du personnage, objet structurant le récit, linstrument a une valeur affective qui lui confère un rôle majeur, de révélateur.

Philippe Antoine, « “Cette vie de paquets et dauberges”. George Sand et les objets du voyage »

Doctobre 1838 à juin 1839 George Sand entreprend un voyage dont létape principale est Majorque. La Correspondance, Un hiver à Majorque et Histoire de ma vie retracent cette expérience qui sera envisagée à travers le prisme des objets. Leur mise en texte renvoie à des manières de faire, de voir et de sentir et donc au sujet. Pour autant, en régime non fictionnel, lobjet dicte sa loi et résiste parfois aux tentatives dinterprétation destinées à le faire parler.

Laetitia Hanin, « Des voitures dans les romans de George Sand. Un objet ou un rythme ? »

Cet article sinterroge sur la présence de la voiture dans les romans de George Sand, où lobjet apparaît très fréquemment : il y remplit une fonction réaliste dattribut qui explique sa visibilité dans les romans socialistes de lautrice, mais aussi une fonction rythmique car ses propriétés de mobilité et de vitesse font de lui un conducteur narratif efficace pour qui veut convoquer un romanesque daventure.

502

Cynthia Harvey, « Les dessous de la table de George Sand »

Objet réel remplissant une fonction utilitaire, la table comme objet littéraire, textuel et imaginaire, nest guère étudiée. Or, selon lhypothèse défendue dans cet article, la table ne participe pas quà un effet de réel, mais aussi à la « scénographie auctoriale » de la femme qui écrit. Ce meuble de « bois vivant » nous convie ainsi à lagape sandien.

Agnese Silvestri, « La circulation des objets et la société égalitaire du futur. Une corrélation significative dans les romans de Sand des années 1840 »

Chez George Sand, le progrès ne coïncide pas avec lamélioration individuelle de son propre statut social. Cest la raison pour laquelle certains transferts de propriété se révèlent dangereux, tandis que léchec de la transition dobjets souligne la complexité de réalisation dune société égalitaire. Ce nest que lorsque les objets séchangent mutuellement entre le haut et le bas de léchelle sociale que se laisse entrevoir lutopie socialiste.

Mary Rice-DeFosse, « Don dobjets dans quelques romans de George Sand »

Le motif clé du don permet de mettre en lumière une nouvelle vision des rapports humains dans les romans de George Sand car il met en scène la signification des interactions humaines sous des modalités variées. Médiation entre le sujet et le monde, le don dobjet implique aussi une relation entre lobjet et le donataire, annonçant une possible réciprocité.

Brigitte Diaz, « Propriété, don, partage. Économie symbolique et poétique de lobjet dans quelques romans de George Sand »

Répugnant à réduire le rapport aux objets au seul principe de la propriété, George Sand privilégie les liens esthétiques et affectifs qui lunissent à eux. Ce refus de la captation matérialiste lengage dans une représentation critique du monde moderne de la marchandise. Le rapport à lobjet sert une poétique et une politique du détachement qui sexprime dans les romans dits socialistes comme Le Meunier dAngibault. Lobjet engage une analyse sociologique de lhomme moderne et de ses rapports à la communauté.

503

Simone Bernard-Griffiths, « Les lits de lécritoire dans lœuvre de George Sand »

Le but de cette étude est de montrer comment, dans lécriture sandienne, le lit fait lobjet dun traitement paradigmatique. Loin dêtre réduit à sa seule matérialité dobjet, à sa seule potentialité dune gratuité descriptive, il senrichit defflorescences symboliques propres à irriguer une sociopoétique, une ethnopoétique et une fantasmatique du Moi. Il est donc étroitement intégré au processus de la création littéraire.

Marie-Cécile Levet, « Le livre à lœuvre. Horace ; La Daniella ; Laura, voyage dans le cristal ; La Confession dune jeune fille ; Nanon de George Sand »

Horace ; La Daniella ; Laura, voyage dans le cristal ; La Confession dune jeune fille ; Nanon de George Sand montrent la réalisation, par un personnage, du livre que le lecteur tient entre les mains : lexistence de cet objet dépend des conditions de sa fabrication, et du lecteur qui sen empare, tel lécrivain de papier qui se lit et se relit au fil des pages, attitude réflexive réitérée qui lui permet daccéder à une « seconde vie » (F. Jullien).

Carme Figuerola, « Espaces et objets de lécriture dans la fiction sandienne »

Cette analyse a pour but dinterroger quelques romans publiés par George Sand pendant le dernier quart de sa vie pour mieux comprendre la valeur quelle attribue à des objets de lécriture. Billets, carnets, lettres, journaux, livres et, par analogie, les lieux où ces pratiques scripturales se déroulent, révèlent les dimensions de lêtre et du paraître de ses personnages. Létude de leur facture ainsi que de leurs usages fait ressortir la conception de la romancière sur lécriture et la lecture.

José-Luis Diaz, « George Sand dans le “palais de la fée Babiole” »

Brimborions, bibelots, colifichets, babioles : cest sous langle de ces objets de petite taille, marqués par le féminin, quest abordée la question objet. Est soulignée dabord lhabileté de la jeune Aurore à confectionner ces « brimborions ». Est considérée ensuite leur insistante présence dans les œuvres de fiction, en particulier Les Beaux Messieurs de Bois-Doré. George Sand aime à se faire historienne de la mode des « curiosités », dont elle-même fut partie prenante.

504

Kyoko Murata, « Signification symbolique de la statue dans Jeanne »

Dans le Prologue de Jeanne, lhéroïne est comparée à une statue antique et traitée comme un objet dart par trois hommes. Que penser dune telle représentation ? La signification symbolique première de la statue, signe de réification du corps féminin, objet du désir masculin, se retourne quand Jeanne se la réapproprie pour résister au monde de la civilisation.

Annabelle M. Rea, « Le miroir dans La Filleule »

À travers divers miroirs, Sand explore les ressemblances entre une femme traditionnelle et sa mère, les contrastant avec une orpheline de mère. Plusieurs phénomènes de lépoque – un journal intime, une chambre individuelle et ladolescence – sajoutent à la psyché pour aider cette jeune personne à construire son identité et découvrir sa vocation. Les dernières scènes du roman se dérouleront à deux : devant un miroir, Psyché et Éros préparent ensemble une carrière dans le théâtre musical.

Isabelle Hoog Naginski, « Le sceptre, la flamme et lépée. Le matrimoine de Sand »

Limportance de lobjet symbolique est immense chez George Sand. Trois de ces objets ont retenu notre attention : lépée, objet négatif dans le registre sandien, et la flamme qui la remplace dans la cérémonie maçonnique de La Comtesse de Rudolstadt. Le sceptre, quant à lui, est la marque pour Sand de la supériorité intellectuelle et artistique de la femme de génie. Cet apport poétique constitue ce quon peut appeler le matrimoine de Sand.

Béatrice Didier, « Lobjet sacré chez George Sand. De lidolâtrie de limage à la lumière du symbole »

Létude sintéresse aux processus de sacralisation des objets en relation avec une approche ethnographique, avant tout rurale, du phénomène et linterrogation sétend au sentiment religieux dans son ensemble. Mais il est aussi une forme plus sensible, voire affective, de sacralisation. Ces différentes catégories expliquent que lobjet puisse prendre valeur initiatique.

505

Corinne Fournier Kiss, « Les Contes dune grand-mère, objets fantastiques ou merveilleux ? Pour une perception allégorique des objets dans Le Château de Pictordu »

Le Château de Pictordu, défini par George Sand comme un « conte », sappuie sur des ressorts qui relèvent plus du fantastique que du merveilleux. Pour caractériser la perception originale de lhéroïne, nous empruntons le concept de « perception allégorique » à Walter Benjamin – concept qui traduit une capacité de résistance de lindividu à consommer le monde de la modernité sur le simple mode de lhic et nunc et à être conscient des « constellations saturées de tensions » que contient chaque objet.

Fabienne Bercegol, « Usages du portrait peint dans les fictions de George Sand »

Après avoir fait le point sur le statut particulier de lobjet quest le portrait peint, larticle montre comment il fonctionne comme ressort fictionnel dans les intrigues que construit George Sand, quil sagisse de mettre en scène une relation amoureuse, une quête identitaire ou de développer une réflexion politique sur la légitimité des privilèges nobiliaires emblématisés par la galerie de portraits dancêtres.

Catherine Masson, « La palette dobjets-acteurs de George Sand »

Dans « La palette dobjets-acteurs de George Sand », lobjet théâtral économise le narratif propre à dautres genres et peut, à lui seul, épargner de longues descriptions. Mais le décor, les costumes et les accessoires de mise en scène indiqués dans les didascalies ou les notes de mises en scène, sont essentiels et ceux qui cristallisent les conflits entre les personnages dans le théâtre sandien ne sont pas que des accessoires : ils deviennent des éléments signifiants, des objets acteurs.

Valentina Ponzetto, « Les accessoires du théâtre de Nohant. Objets symboliques et clés daccès au fantastique »

Le théâtre de société de Nohant, petit et familial, laisse plus de place que les théâtres officiels au bricolage, à la fantaisie et au lyrisme. Les objets y prennent des significations métaphoriques et symboliques, plutôt que de 506figuration réaliste. Ils introduisent aussi des éléments détrangeté qui sont la marque et la condition du fantastique. Ils deviennent dès lors les vecteurs de cette association entre monde métaphysique et monde réel que George Sand préconise pour un renouveau du théâtre.

Marta Caraion, « Objets et mémoire autobiographique dans Histoire de ma vie »

Dans Histoire de ma vie, le dépassement de la dichotomie entre matière et esprit, constitutive de la pensée littéraire du siècle, est revendiqué comme une méthode dexistence et de création. Très tôt, la matérialité des choses déclenche chez lenfant limagination créatrice et apparaît comme le socle concret dune vocation littéraire. Cette étude porte sur la triple fonction des objets dans Histoire de ma vie : embrayeurs imaginaires, vecteurs du souvenir et documents danalyse sociale.

Pascale Auraix-Jonchière, « Discours des objets et définition dun genre, le “roman romanesque” »

Loptique de cette réflexion est de montrer comment la mise en œuvre dun système littéraire des objets dans les fictions narratives de George Sand contribue à créer ce quelle nomme « roman romanesque », une forme proche à certains égards du roman policier qui émerge en France autour des années 1850. Trois fonctions des objets sont ainsi dégagées : métamorphique, épiphanique et intertextuelle.

Michelle Perrot, « Postface. Le monde sandien des choses »

Les objets ont toujours été partie prenante de la vie de George Sand, vie domestique et créatrice. En se fondant sur ses écrits, ce livre révèle le rôle quils tinrent dans son quotidien et la relation tout affective qui les reliait à elle. Ils ressortent dans toutes leurs dimensions : reliques, grimoires qui retracent la vie des gens, marqueurs sociaux, ils créent une dynamique. Par leur dimension esthétique, éthique et symbolique ils sont une clé pour découvrir la vision sandienne du monde.