![Géographie littéraire de Paris dans l’œuvre de Jacques Réda. Le flâneur mégapolitain - [Introduction de la première partie]](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/TsaMS01b.png)
[Introduction de la première partie]
- Prix de thèse 2019 de la Maison des sciences de l’homme et de la société de Toulouse
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Géographie littéraire de Paris dans l’œuvre de Jacques Réda. Le flâneur mégapolitain
- Pages : 41 à 41
- Collection : Bibliothèque des lettres modernes, n° 59
- Série : Critique, n° 12
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406120506
- ISBN : 978-2-406-12050-6
- ISSN : 2430-8099
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12050-6.p.0041
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 15/09/2021
- Langue : Français
Jacques Réda refuse a priori et assez logiquement toute affiliation de son discours à un quelconque registre académique ou scientifique. Il n’entretient pas non plus avec la géographie un lien de formation, comme c’était le cas de Julien Gracq. Après avoir entamé des études de droit, c’est plutôt vers la philosophie que se dirigent ses prétentions intellectuelles. Dès lors, son rattachement au statut d’« écrivain géographe » ne relève pas de l’évidence. Pourtant, d’une part, rien n’interdit de considérer comme géographes les écrivains qui n’en possèdent pas le bagage disciplinaire1, et d’autre part, comme nous l’avons déjà annoncé, l’espace joue un rôle primordial dans son œuvre, et notamment dans son œuvre urbaine. Poser la question d’un « Réda géographe » revient alors à interroger la part du géographique qui compose son œuvre à plusieurs niveaux : idéologique, conceptuel et poétique. On ne se limitera pas, dans cette partie, au corpus urbain, parce qu’il s’agit avant tout de comprendre comment la spatialité à l’œuvre dans les textes de Réda peut être considérée comme une spatialité géographique et, partant, de tenter de cerner le sens qui en ressort. L’espace chez Réda est géographique avant tout parce qu’il est abordé comme un problème qui relève à la fois de l’expérience (comment éprouve-t-on l’espace ?) et de l’essence (qu’est-ce que l’espace ?). Il est ensuite géographique en ce que son appréhension coïncide en partie avec celle qui a cours dans un certain champ de la géographie française contemporaine. Il est géographique, enfin, en ce qu’il est « vécu » au sens fort du terme2, c’est-à-dire qu’il est fondamentalement lié à une conscience et à un corps, qu’il est essentiellement concevable à l’échelle de l’homme et à travers lui. En poète, Réda pense donc l’espace parce qu’il lui refuse le statut de simple cadre de l’action et l’oblige à apparaître en tant que tel.
1 Voir, à ce sujet, l’ouvrage dirigé par Jean-Yves Laurichesse, Claude Simon géographe, Paris, Classiques Garnier, 2013.
2 « La région, si elle existe, est un espace vécu. Vue, perçue, ressentie, aimée ou rejetée, modelée par les hommes et projetant sur eux des images qui les modèlent. C’est un réfléchi » (Armand Frémont, La Région, espace vécu, Paris, Flammarion, p. 58).