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Classiques Garnier

Résumés

  • Publication type: Article from a collective work
  • Collective work: Genres et formes poétiques de la colère de l’Antiquité au xxie siècle
  • Pages: 455 to 461
  • Collection: Encounters, n° 561
  • Series: Readings from the Latin Renaissance, n° 17
  • CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN: 9782406142379
  • ISBN: 978-2-406-14237-9
  • ISSN: 2261-1851
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-14237-9.p.0455
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 02-08-2023
  • Language: French
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Résumés

Hélène Vial, « Introduction générale »

Ici se trouve défini le projet scientifique du volume, issu du colloque « Genres et formes poétiques de la colère, de lAntiquité au xxie siècle » sans pour autant se réduire aux actes de celui-ci : il sagit détudier la colère non comme émotion présente dans telle ou telle œuvre poétique, mais comme puissance génératrice de nouveaux genres et formes de poésie. À partir du centre de gravité du Contre Ibis dOvide, lapproche inédite qui préside à cet ouvrage et son plan sont expliqués.

Franck Collin, « La rage dAchille. Omeros et la colère postcoloniale de Derek Walcott »

« Colère » est le premier mot de lIliade. Celle dAchille est motivée par le ressentiment, le désir de se venger, de blesser. Dans Omeros (1990), elle devient la « rage » dAchille, pêcheur saint-lucien afrodescendant, à légard du passé colonial. Walcott subvertit la culture européenne qui a simplifié la culture africaine, mais, dépassant le règlement de comptes, il définit les Caraïbes comme un creuset rhizomique où lidentité noire se répare, accueille les influences et retrouve la paix.

Ilaria Ottria, « Indignata dea est. La colère de Circé dans les Métamorphoses dOvide et sa réception littéraire au xvie siècle »

La colère de Circé joue un rôle essentiel dans les derniers livres des Métamorphoses dOvide. Repoussée par le dieu marin Glaucus, elle se venge de sa rivale Scylla et son action devient le pivot de la narration. La présente étude examine la réception littéraire de ce récit dans les traductions versifiées en langue italienne des Métamorphoses rédigées au xvie siècle, afin de montrer laptitude de la colère à être une émotion génératrice dune poésie qui concerne la représentation des passions.

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Eleonora Tola, « La clémence et la colère chez Stace (Theb. XII, 464-796) »

La descriptio de lautel de la Clémence et du comportement de Thésée dans lexplicit de la Thébaïde de Stace donne à voir une négociation singulière de discours philosophiques, politiques et esthétiques. Les ambiguïtés surimposées à la clementia par différentes correspondances textuelles donnent un statut contradictoire à lintervention du héros athénien. On assiste moins à un tyrannicide héroïque apte à rétablir un ordre social quà une problématisation des risques de lautocratie.

Adrien Bresson, « La Gigantomachie de Claudien. La réécriture dun mythe à laune dune poétique de la colère »

Cet article propose dexplorer, dans la poésie de Claudien, la réécriture du mythe de la gigantomachie, et détudier la mise en place dune poétique de la colère au sein de la narration du mythe. Il sagit de proposer plusieurs interprétations dune réécriture placée sous le signe de la colère afin de questionner les raisons dune telle colère, mais également celles qui ont conduit un auteur, en contexte chrétien, à écrire la colère des divinités de la religion romaine traditionnelle.

Grégory Bouchaud, « La colère comme enjeu dun choix générique dans la lyrique antique »

Cet article observe, à partir des œuvres dArchiloque et de Pindare puis des Odes dHorace, si le genre dit « lyrique » peut se laisser cerner par lacceptation ou le refus de la colère en tant que motif valable dinspiration. La dialectique éloge/blâme sous-tend une grande partie de lévolution de linspiration des poètes lyriques et la colère les divise en deux camps, lun se réclamant dune veine parénétique héritée dHésiode et lautre dune veine satirique provenant de la poésie iambique.

Sébastien Bost, « Barbara “entre passion et rage” »

La chanteuse Barbara sest souvent présentée comme « une femme en colère ». La colère est en effet un trait distinctif de son identité artistique, que lon peut mettre en rapport avec son nom de scène ; mais elle est surtout une modalité de création qui façonne à la fois son écriture, sa méthode de composition et ses performances, vocale et scénique.

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Florian Blondy, « Poésie cynique et colère. Charles Bukowski à “Apostrophes” »

La philosophie cynique antique a eu une influence importante sur certains poètes du xxe siècle. Leur art poétique en a été influencé et sest affranchi de certaines règles esthétiques et formelles, amenant le poète à performer son art. Nous verrons en quoi la poésie cynique est une poésie-action et comment celle-ci est génératrice de colère. Pour illustrer notre propos, nous étudierons la performance de Charles Bukowski dans lémission « Apostrophes » le 22 septembre 1978.

Chris Bauduin, « La rage, le rythme et la rime au micro. Le rap américain et la poétique de la colère dans les années 1990 »

Le rap est un candidat idéal pour une analyse des formes poétiques de la colère : symptôme des dysfonctionnements de lAmérique, il sinscrit dans la réaction active de toute une jeunesse contre loppression dun système très imparfait. Il sagit ici de démontrer que la colère est une ressource esthétique et un moteur artistique pour le rap, et en répondant à deux questions : doù vient cette colère ? quels rôles joue-t-elle et comment se traduit-elle dans les textes de rap ?

Caroline Civallero, « De la fureur à leffroi. Une psychanalyse par le feu dans les albums du groupe de rap La Rumeur »

Le rap est ici envisagé comme genre hybride combinant écriture, échantillonnage musical et performance vocale. Comment remplit-il une fonction poétique réelle, innovante et porteuse de sens ? Le groupe La Rumeur sest fait le porte-parole dune colère collective, en explorant les parts dissimulées de lhistoire de limmigration et en faisant de leur mémoire singulière un champ dexpérience et de créativité, notamment en associant lexpression de la colère aux formes métaphoriques du feu.

Dora Leontaridou, « La colère dAchille dans le théâtre français. Derrière le masque du mythe, une expression de colère contre le pouvoir monarchique ? »

Lépisode déclencheur de la colère dAchille (laffront subi de la part dAgamemnon qui le prive de sa captive préférée, Briséis), élément nodal de lIliade, est présent dans Achille de Jean de la Fontaine et dans Achille et 458Patrocle dAdolphe de Prévost. Cette colère est le pivot de laction des deux tragédies, qui traitent de ce conflit dhonneur et de pouvoir. Le déroulement de laction permet la conception de limage du monarque absolu qui considère son pouvoir comme infini.

Jean Monamy, « Une mise en scène de la colère dansla première Médée du théâtre français »

Cet article porte sur la mise en scène dun texte de 1553 où Médée est une figure complexe de femme rebelle, dite barbare, rendue étrangère par sa langue (doù le choix de la diction baroque), qui cherche à tirer vengeance de linjustice des « civilisés ». Le jeu actualise les manifestations de la rage inscrites dans le texte. Les choix scénographiques placent le débat barbare/civilisé dans une perspective contemporaine tout en nous laissant face à lénigme des contradictions de lhéroïne.

Stéphanie Urdician, « Recherche-créationautour de la Medea mapuche (2000) de Juan Radrigán. De la fureur intime à la révolte collective »

Cet article partage des réflexions menées autour de Medea mapuche (2000) de Juan Radrigán. Lexpérimentation théâtrale analysée repose sur la représentation du dialogue entre la culture mapuche et le chœur antique à travers Médée. La réécriture de la tragédie dEuripide donne lieu à un palimpseste syncrétique de la colère : la colère mythique véhicule, en formes discursives et poétiques singulières et dans des dimensions multiples, une colère contemporaine face à la violence institutionnalisée.

Mattia De Poli, « Le pouvoir métamorphique de la colère. Propemptikon et prière dans les œuvres des poètes grecs archaïques »

Le propemptikon est un genre caractérisé par le souhait dun bon voyage à ceux qui sont en train de partir, mais lauteur de la première épode de Strasbourg en a modifié ce trait particulier par effet de sa colère, et son désir de vengeance se traduit alors en vœux de malheur. Au contraire, on connaît plusieurs prières de vengeance, inspirées par la colère : Théognis nous donne deux exemples, où son imagination peut le transformer en un dieu ou un chien qui boit le sang de ses ennemis.

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Lou-Andréa Piana, « De la prose aux vers. Le récit des guerres “incivile[s]” dans Le Passe-temps de François Le Poulchre de La Motte-Messemé »

Cet article porte sur une œuvre bigarrée où le récit des guerres civiles du xvie siècle permet dinterroger le rôle de la colère dans la création : certaines disjonctions poétiques interrompant la prose sont provoquées par lindignation de lauteur à la pensée de ces guerres. Entre continuité et discontinuité, prose et vers sont unis par des effets décho, tandis que la colère est accompagnée dune tentative de consolation et quà la déploration du temps présent se mêlent des récits antiques.

Geoffrey Pauly, « La revue de poésie dans la seconde moitié du xxe siècle. De lexpression de la colère à la “rage de lexpression” »

Dans la seconde moitié du xxe siècle, le paysage poétique français est structuré par une nébuleuse de revues qui sont autant despaces dexpression et de laboratoires de création. La revue de poésie contemporaine est ici interrogée comme une forme complexe où se donne à voir la colère comme passion, réaction, engagement, et puissance dengendrement. Cest dans les pages des revues que la colère des poètes contemporains sest exprimée avec le plus de force avant de se faire texte.

Riggs Alden Smith, « Clever Compensation. Some Reflections on Thomas Underdowns Translation of Ovids Ibis »

Thomas Underdown publie sa traduction anglaise du Contre Ibis dOvide à Londres en 1569, dans une époque de bouleversements culturels et dagitation politique. Plutôt quun traducteur « fidèle », cest un compensateur intelligent, qui sait reconnaître et rendre la capacité ovidienne de combiner lesprit et le pathos. Il occupe une place particulière dans lévolution, au xvie siècle, de la tradition classique, et en particulier dans lattention portée à lœuvre dOvide.

Émilie Dhérin, « Le feu de la colère »

« Le feu de la colère », cette métaphore largement usitée pour déterminer la puissance dun courroux, est également une topique de la figuration de lêtre en colère. Pourtant, elle est peu employée en tant que vecteur de lécriture poétique. Présente dans la poésie satirique, elle semble dénoter une énonciation vraie et authentique. Elle participe à léthos du poète qui vise au sublime pour accéder à la grauitas et à la dignitas de la haute éloquence.

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Nathalie Leclercq, « La colère comme manifestation dune conscience dauteur dans Le Roman de Partonopeu de Blois »

Cet article étudie les enjeux de la colère de lauteur du Roman dePartonopeu de Blois des vers 77 à 94 du prologue, en montrant en quoi elle initie le processus créatif. Il sagit dobserver tout dabord comment lauteur met à profit lespace illocutoire du prologue pour exprimer sa colère à travers lhyperbolisation et la satire. Il est montré ensuite dans quelle mesure cette colère rend compte dune stratégie dautojustification propre à révéler une véritable conscience dauteur.

Justine Le Floch, « Peindre la colère en philosophe et en poète. Les peintures morales du père Le Moyne »

Dans ses Peintures morales, traité des passions paru à la fin de la première moitié du xviie siècle, Pierre Le Moyne construit une œuvre intermédiale singulière fondée sur un dispositif polyphonique et sur le croisement des genres. Des morceaux poétiques y sont notamment insérés, formant des tableaux-poèmes où la colère figure parmi les passions thématisées. La multiplication des discours sur la colère donne lieu à un déplacement des considérations morales vers une réflexion rhétorique.

Nathalie Gillain, « “Je vis dans les éclats”. Linvention dune poétique de la colère par Henri Michaux »

Henri Michaux a inventé une vraie poétique de la colère. Loin de vouloir sen libérer, il la cultive en lui attribuant une fonction de révélation : elle est à ses yeux le meilleur moyen de découvrir ce quest la « vie impulsive » du corps, riche de cent expressions, et peut constituer le fondement dune poétique qui brise le carcan des conventions littéraires. Michaux transforme la colère en une méthode décriture productrice de formes poétiques neuves et explosives qui renouvellent le lyrisme.

Rodolphe Perez, « Dun lyrisme cahoté. Poétique de la violence chez Laure »

Laure a laissé une œuvre littéraire qui échappe à la littérature. Portée par une colère contre son époque et contre sa propre histoire, elle sest adonnée à lécriture dans un désir cathartique, mue par la volonté dexprimer intimement une sensibilité déchirée et violentée. Aussi cette écriture fulgurante prend-elle lallure dun cri, dun sursaut épiphanique de la parole poétique, brutal et radical, expression dun élan vital et dune rage face au réel.

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Alain Vuillemin, « La colère dans les Sonnets Interdits de Lubomir Guentchev »

Les Sonnets Interdits sont un cri de colère de la part de Lubomir Guentchev, resté interdit de publication dans son pays toute sa vie. Ces écrits mordants sont un témoignage exceptionnel sur loppression et lhumiliation subies au temps de la guerre froide en Bulgarie. Leur genèse en est un écho direct. Quen est-il dans ce recueil de cette rage froide, de ses motifs, de ses visées et de ses formes dexpression ?

Laure Sauvage, « Les Feuillets dHypnos de René Charde rage en fureur »

La colère dans les Feuillets dHypnos est dabord une rage politique liée au contexte décriture, celui de laction résistante durant la seconde guerre mondiale. Recomposée ultérieurement, elle est un aspect de la figure du poète insurgé que le recueil construit et, absolue, devient une fureur intransitive que le texte cherche à propager. La forme brève, lapidaire, incisive, mais aussi intrinsèquement fragmentaire, donc hospitalière, est alors profondément travaillée par cette déflagration.

Federica Doria, « La poésie de Sylvia Plath ou une traversée féminine de la colère »

Larticle retrace, par le prisme du genre, la venue à lécriture de Sylvia Plath, en lisant certains de ses poèmes majeurs comme lexpression dune traversée féminine de la colère. Quelques-uns de ses textes poétiques sont interprétés, en lien avec son journal et ses lettres, comme des écritures de la colère et de la révolte contre les figures maternelle et paternelle. Liens intertextuels et échos poétiques forment un système complexe de racines dont la source serait, entre autres, la colère.

Rodrigue Boulingui et Dorel Obiang Nguema, « Poétique de la colère dans Silences de la contestation de Benicien Bouschedy »

Cet article analyse lœuvre du poète gabonais Benicien Bouschedy, caractérisée par le travail fait sur le langage, sa dimension poétique, et sur le genre, réforme ou renouvellement du genre poétique. Son œuvre rompt avec une certaine tradition, dans la poésie gabonaise en particulier, en ce quelle est plus libre. La présente contribution vise à appréhender dans quelle mesure la colère génère dans le recueil un idéal, et comment cette colère fabrique une nouvelle forme dans la poésie gabonaise.