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Classiques Garnier

Avant-propos

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Fortune de la philosophie cartésienne au Japon
  • Auteur : Peeters (Marc)
  • Pages : 7 à 8
  • Collection : Rencontres, n° 300
  • Série : Études de philosophie, n° 5
  • Thème CLIL : 3916 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Histoire de la philosophie
  • EAN : 9782406058410
  • ISBN : 978-2-406-05841-0
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-05841-0.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 17/07/2017
  • Langue : Français
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Avant-Propos

Lentreprise comme celle que nous avons tentés de mettre en œuvre à loccasion du colloque Fortune de la Philosophie cartésienne au Japon a été pavée dembûches. Dabord, celle du statut heuristique dune telle approche comparatiste. Cest aussi bien sinterroger sur la philosophia perennis et ses déclinaisons au fil des siècles de la pensée philosophique. Le problème de tout essai comparatiste réside en ceci que nous ne possédons pas en philosophie de métatexte, de métaphilosophie, ou, mieux, de métasystème de la raison philosophante. Toutes les systémiques, que je distingue soigneusement de la systématique qui en est lhypostase, sont totalement immanentes, éternelles et actuelles, et, intempestives comme toute métaphysique. À partir du moment où nous navons pas de métasystème L1 qui vienne coiffer les systèmes L, dont les praxis seraient la représentation aussi bien que lauto-effectuation, aucun schème systémique singulier et imaginaire comme produit dune idée rétrojective de la philosophie, ne peut servir à penser la philosophie sous un modèle universel. Et pourtant… Ce qui soulève le problème de la traduction des énoncés philosophiques dans une autre culture, et pas seulement dans une autre langue. Cest que la fortune de Descartes au Japon ne va pas de soi, sinon au premier abord. Il ne sagit pas seulement de repérer les occurrences de Descartes dans la pensée japonaise, mais de voir comment articuler la philosophie de Descartes, selon la modalité dun in-sein philosophique, avec des pensées radicalement différentes. Certes, cela nest pas impossible – notre colloque la bien montré –, mais labsence de quelque métasystème de la raison rend la traduction, à partir de cet archétype, un défi très complexe qui correspond bien à la ruse et à lexil de Descartes. On ne peut légiférer dans les langues, disait Kant, voulant ainsi exprimer la nécessité architectonique immanente du langage dans sa précompréhension enfouie 8dans lhistoricité transcendantale, qui est la condition de la reprise de toute praxis philosophique.

Marc Peeters

Université Libre de Bruxelles

Belgique