Aller au contenu

Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Formes de la relation à Dieu aux xvie et xviie siècles
  • Pages : 285 à 287
  • Collection : Rencontres, n° 382
  • Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 101
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406073390
  • ISBN : 978-2-406-07339-0
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07339-0.p.0285
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 19/02/2019
  • Langue : Français
285

Résumés

Luce Giard, « La Fable mystique de Michel de Certeau »

Cette contribution relit La Fable mystique, de M. de Certeau, qui ouvrit un champ de recherche entre spiritualité, littérature et histoire. Elle réaffirme en particulier lattention de M. de Certeau à lhistoricisation des écrits mystiques et son renoncement au déchiffrement des textes, pour garder ouvertes les interrogations quil pose. Celles-ci concernent particulièrement le statut du je déployé dans les textes mystiques, qui tirent toute leur autorité de lexpérience dont ils font le récit.

Audrey Duru, « Dire je avant linvention du moi. Questions de méthode et interprétation, à partir du discours spirituel (xvie-xviie siècle) »

Cet article montre comment, dans la poésie et les traités de spiritualité, lemploi de la première personne évite la substantivation du je en un « moi » anachronique, récusant toute volonté de faire du locuteur un agent autonome. Le retour sur soi présent dans les textes tend à la simple reconnaissance dune nature corrompue et mortelle. Dire je exprime une insignifiance, moyen de fusion de la nature et de la grâce. Dans la poésie, le rapport à soi devient le simple instrument dune éloquence sacrée.

Hélène Michon, « Lextase, remise en cause de laltérité ? Par lêtre, par lamour, par la grâce »

Cette contribution examine la définition de lextase depuis saint Paul jusquà saint François de Sales, afin de déterminer si lunion mystique ainsi considérée favorise la fusion des êtres ou maintient une forme daltérité. Elle distingue lextase ponctuelle, brève rencontre caractérisée par une dépossession de soi, et lextase continuée, état stable qui implique une nouvelle existence. Or la Contre-Réforme voit le moment la perception de lunion mystique sous la forme de lextase ponctuelle lemporte, malgré les efforts de conciliation salésienne.

286

Philipp John Usher, « Double-je en terre sainte. Le Dialogue du crucifix et du pèlerin (1486) de Guillaume Alexis »

Cet article étudie le Dialogue du Crucifix et du Pèlerin, récit fictif dun voyage peut-être réel, vers un lieu qui permet un dialogue du pèlerin et du Christ à la première personne. Lentretien porte sur les événements de la Passion, et promet la restauration dune communication authentique, transmissible grâce à la poétique des rhétoriqueurs : Dieu et le pèlerin échangent en moyen français, dans une langue poétique ; cette grâce récompense le voyageur de son voyage pénitentiel.

Anne-Sophie De Franceschi, « Je au miroir de lâme pénitente »

Le récit de Jérôme Durant compose une rencontre fictive avec Marie-Madeleine, où les péripéties semblent donner une grande place au je. Mais il permet également à sa lectrice désignée de sapproprier le je pénitentiel de lénonciateur par un jeu de miroir où il invite sa lectrice à expérimenter une conversation sacrée similaire avec le Christ. Son je dinventeur utilise une forme de personnalisation fictive pour rendre communicable une expérience qui reste dans le secret du cœur du pèlerin.

Marie-Christine Gomez-Géraud, « Les singularités du je. Jean Boucher et son Bouquet sacré »

Cet article étudie le Bouquet sacré des fleurs de la Terre sainte du père Boucher comme le lieu même dune rencontre du lecteur avec le divin par lintermédiaire dun je, dabord singulièrement personnalisé au fil de péripéties romanesques. Puis, un je plus méditatif se déploie, expression de lélan vers Dieu, que le corps traduit en déplacements et en effusions, afin démouvoir le lecteur avant quun je auctorial seul demeure et laisse place à celui même du lecteur, pèlerin en esprit.

Catherine Déglise, « “Avec les anges”. Le je entre dimension singulière et collective dans la chanson spirituelle aux xvie et xviie siècles »

Cette contribution étudie la chanson spirituelle qui, par la technique du contrafactum, oscille entre profane et sacré, exprime lélan mystique comme le discours catéchétique. Le chant énonce un je lyrique, mais bloque sa 287personnalisation, car il est dédié à lappropriation dun lecteur-chanteur. Mais le plain chant communautaire fait place à une polyphonie où sentendent les voix singulières, en un moment de sociabilité privée qui se veut proche du chœur angélique.

Anne Mantero, « Dire je. Les Cantiques spirituels de Surin »

Cette contribution montre comment, même neutralisé par le genre lyrique, je peut entrer en résonance avec lexpérience singulière, dans les Cantiques spirituels de Surin. Alors quil chante labandon à Dieu, je saffirme comme sujet. Le plaisir et la simplicité des airs populaires, qui excluent la forme de la prière, favorisent lacceptation dun itinéraire personnel marqué par laphasie. Porté par l« esprit de cantique », Surin côtoie ainsi les abîmes de son existence, à distance dune entreprise biographique.

Marie-Clartée Lagrée, « Un je ligueur ? Persona et mystique dans le cercle Acarie »

Cet article analyse lutilisation du je mystique dans les écrits de lentourage de Barbe Acarie et son lien avec des pratiques attestées par les biographes. En cette décennie 1590, les flagellations mortifient un corps devenu obstacle au désir danéantissement qui permet de « se rendre » au Christ, dans un contexte où les catholiques zélés cherchent à sortir dune temporalité humaine angoissante et entrer dans un temps immobile, malgré le calme politique obtenu par Henri IV.

Marie-Domitille Porcheron, « Sous le regard de Dieu, je de peintre et je de commanditaire. Laffirmation des rapports personnels au divin dans quelques tableaux de la Renaissance »

Cet article analyse la présence dun je de peintre et de commanditaire, à partir de 1430, au gré dune intimité qui se développe alors entre œuvre, auteur et commanditaire. Entre Mantegna et Dürer, elle montre quavec la conscience du pouvoir mimétique de la peinture, apparaît une conscience de soi qui ne libère pas de la pratique, de lhistoire et de la justification, mais qui permet au peintre de se placer, à légal du commanditaire, sous le regard de Dieu, par les voies de la peinture.