De l’éditeur

Volontiers l’esprit fuit les préoccupations mesquines

Du monde, où les sottises trônent avec sérieux,

Monte vers les régions joyeuses de la plaisanterie,

Enveloppant en lui les sentiments les plus sacrés :

Si l’éther l’enveloppe d’une brise légère et fraîche,

Il ne pourra jamais plus habiter en bas ;

Et le sérieux récompensera vite cette plaisanterie,

Pour qu’il se sente nouveau dans sa propre image.

Les désirs qui t’entraînent vers la poésie,

La joyeuse gravité dans laquelle tu t’immerges

Que cela soit ta propre vie secrète et cachée ;

Ce que tu as composé pour lui échapper,

Tu dois le rendre au monde en plaisantant,

Car c’est à lui seul que tu le dois.

*****

Que le noble courage fonde le blanc autel,

Que la haute imagination s’envole en flammes pourpres,

Et l’amour, tu le verras bientôt au centre,

Où s’allument, vertes, les colonnes de feu ;

La myrte s’enroulera dans les boucles brunes,

L’ami se tiendra devant toi avec des fruits dorés,

Les enfants viendront ensuite vers toi avec des fleurs,

Ta sœur te liera de roses et de lauriers.

C’était la bonne habitude des anciens peintres

D’exprimer le sens de l’image par un seul trait,

Qui inscrivait dessous l’accord des couleurs ;

Que ce chant puisse hardiment oser

Suggérer le centre intime de la poésie,

Jouant avec les couleurs autour du doux amour1.