Résumés

André Tiran, « Galiani (1728-1787) et le Della Moneta (1751). Une relecture »

La compréhension du contexte philosophique du débat sur les monnaies est un préalable à la lecture de l’analyse de Galiani. La théorie de la monnaie et de la valeur chez lui met en évidence l’importance cruciale de Vico dans la compréhension de la méthode suivie. Il y a un enjeu qui n’est pas simplement celui du commentaire plus ou moins érudit de l’œuvre de Galiani mais qui est celui d’une réintégration de l’ouvrage lui-même dans le corpus des textes fondateurs de la science économique.

Joël Thomas Ravix, « Entre Arlequin et Machiavel. Galiani économiste baroque ? »

L’analyse de Galiani repose sur une conception cyclique de l’histoire, qui prend la forme d’une spirale baroque permettant de relativiser la pertinence des expériences du passé. Elle joue également sur des singularités, des effets de contraste et des paradoxes, qui sont caractéristiques d’une esthétique baroque. Elle écarte enfin tout principe d’universalité pour critiquer les physiocrates. Ces divers éléments permettent d’inscrire Galiani dans un moment baroque de l’économie politique.

Riccardo Soliani et Alain Clément †, « Les fondements philosophiques de l’approche économique de Ferdinando Galiani »

Ce texte analyse quelques aspects de la critique de la physiocratie par Galiani, qui est à la base des Dialogues sur le commerce des blés et qu’on retrouve dans Della Moneta. Il montre que la philosophie de l’histoire de Jean-Baptiste Vico constitue une des clefs de voûte de son analyse. L’importance de la pensée de Vico dans le travail de Galiani a été rappelée par Nicolini et Tagliacozzo. L’historicisme de Vico en effet peut constituer une des bases importantes de la critique anti-physiocratique de Galiani.

Manuela Albertone, « Au cœur des Lumières. Ferdinando Galiani et le “Croquis d’un Dialogue sur les femmes” »

Le Croquis d’un Dialogue sur les Femmes continue à susciter peu d’intérêt et a été essentiellement jugé comme un divertissement littéraire. Cet article reconsidère ce petit écrit dans l’ensemble de la réflexion de Galiani et à le relier soit au Della Moneta soit aux Dialogues sur le commerce des bleds, par une analyse qui est axée sur le lien entre nature et éducation, égalité et inégalité, ce qui mène au cœur de la pensée des Lumières et à l’originalité d’un auteur qui en représenta toute la complexité.

Anne Machet, « Convaincre par l’image »

Le Della Moneta est un livre qui n’a pas son pareil dans tous les sens du terme. D’après Galiani, les syllogismes les mieux agencés ne résistent pas à l’observation, et il démontre leur fausseté dès lors qu’ils ne sont pas vérifiés par l’expérience. La moisson d’images évoquée dans ces quelques lignes ne prend en compte qu’une partie de ce que nous découvre la lanterne magique de Galiani. Même rassemblées en gerbes, les images du Della Moneta ne se laissent pas aisément saisir.

Carlo Benetti, « Échange, prix et monnaie dans le 1er chapitre du livre II de Della moneta »

Cet article montre d’un point de vue historique et théorique l’intérêt du 1er chapitre du livre II de Della moneta. Sur le plan historique, la modification radicale de la notion de monnaie est un objet économique réglé par la loi de la valeur. Sur le plan théorique ce chapitre est remarquable : Galiani privilégie la fonction de moyen d’échange, la seule qui soit spécifique de la monnaie, conçue comme une condition nécessaire de l’équilibre, et met au centre de son analyse l’émission du moyen de paiement.

Maria Pia Paganelli, « “De la monnaie”. Ferdinando Galiani et Adam Smith »

Pour Ferdinando Galiani, la monnaie est un symptôme de la connaissance limitée des êtres humains et de leur incapacité à créer un ordre social fonctionnel. La monnaie est un phénomène trop complexe pour être compris et dirigé par une personne ou un groupe de personnes. Pour Galiani, autant que pour 559Adam Smith, les tentatives d’améliorer activement la condition humaine sont vouées à l’échec et à atteindre des résultats inverses. Comparer les travaux de Galiani à ceux de Smith offre un nouvel éclairage sur ce dernier.

Guy Bensimon, « Une interprétation de la théorie de la valeur de Galiani en termes de hiérarchie sociale »

La théorie de la valeur de Galiani repose sur le principe de l’équivalence des relations d’échange entre les individus et la société, exposée dans le chapitre i du Livre II de De la monnaie. Au-delà de l’échange immédiat des marchandises, Galiani conçoit l’échange comme l’échange par les hommes de leurs travaux, et à un niveau plus abstrait, il le conçoit comme un échange entre l’individu et la société : l’individu apporte son travail à la société, et en retour il reçoit une rétribution de la société.

Ludovic Desmedt, « Monnaie, crédit et développement de Naples à l’Écosse. Les apports de Galiani, Hume et Steuart »

Contemporains, David Hume, James Steuart et Ferdinando Galiani écrivent sur des thèmes communs tels que celui de la nature de la monnaie ou de la politique monétaire et bancaire. Cet article montre comment la question de la nature conventionnelle de la monnaie, du rehaussement et du crédit sont traitées en Écosse et à Naples. Au final, il montre en quoi les nuances entre ces trois auteurs peuvent tenir au contexte d’élaboration de leurs œuvres respectives.

Francesco Poggi, « Valeur et utilité, comportement et choix. Ferdinando Galiani précurseur de Vilfredo Pareto ? »

Galiani meurt à Naples en 1787 en pleine mutation culturelle, politique, scientifique. Pareto naît à peine un demi-siècle plus tard, au beau milieu des mouvements de 1848, des premières critiques du capitalisme et du manifeste marxiste. Dans quelle mesure Galiani est-il présent dans la méthode et dans la pensée de Pareto ? Dans quelle mesure s’en est-il éloigné ? Cet article se demande si Galiani peut se dire précurseur de Pareto, en s’arrêtant sur les thèmes de la valeur-utilité, du comportement et du choix.

Maria Sirago, « Le rôle de Ferdinando Galiani à la signature du Traité de commerce entre la Russie et le Royaume des Deux-Siciles (1787) »

Depuis l’arrivée du roi Charles de Bourbon (1734) la marine marchande du Royaume de Naples fut augmentée pour les voyages organisés dans les Amériques et dans la Baltique. Le principal intérêt était le commerce avec la Russie, de la mer Baltique à la mer Noire : dans ce contexte Ferdinando Galiani, bien connu par la tsarine Catherine, était un interlocuteur valable dans les négociations avec la Russie qui se sont conclues par le traité de commerce signé en 1787. 

Arnault Skornicki, « Le pour et le contre. Galiani, la diplomatie et le commerce des blés »

Cet article reconsidère le retournement théorique de Galiani à propos de la liberté du commerce des grains à la lumière de son activité de diplomate napolitain à Paris. Son passage tardif dans le camp des opposants à « l’édit de liberté » de 1764 ne peut s’expliquer uniquement par des motifs intellectuels, ni par le seul opportunisme politique. En ce sens, la critique des physiocrates constitue tout autant une offensive contre la politique étrangère de Choiseul.

Rosario Patalano, « Les Dialogues de Ferdinando Galiani et la Géoéconomie du commerce des grains à la fin du xviiie siècle »

Les Dialogues sur le commerce des bleds de Ferdinando Galiani résument différentes opinions sur le thème du commerce des grains et offrent une alternative scientifique à la position de l’école physiocratique. De son analyse émerge une vision géoéconomique, dans laquelle la disponibilité des blés est déterminée par les différentes caractéristiques du climat, de la morphologie physique et de la position géographique, qui deviennent les facteurs essentiels sur lesquels les politiques de développement doivent être fondées.

Eyüp Özveren, Seven Ağir et Çinla Akdere, « Dialogues sur le commerce des bleds de Ferdinando Galiani. Texte, intertexte et contexte »

Ce parcours à travers l’histoire de la pensée économique commence par une lecture du texte Dialogues sur le commerce des bleds. L’article s’attarde ensuite sur les points explicites de comparaison et de contraste entre l’œuvre de Galiani 561et celle d’Ibn Khaldun. Puis il contextualise l’affinité intellectuelle des courants intellectuels et des pratiques d’approvisionnement en céréales telles que celles-ci sont expérimentées en Méditerranée au début de l’époque moderne se référant à l’Espagne et à l’Empire Ottoman.

Jesús Astigarraga, « Entre la Naples de Galiani, le Paris de Turgot et le Madrid de Campomanes. La traduction espagnole des Dialogues sur le commerce des blés »

En 1775 était publiée à Madrid une traduction espagnole des Dialogues sur le commerce des blés de Ferdinando Galiani. Le contenu de cette traduction et son contexte de publication n’ont pas été étudiés jusqu’alors. Sa réalisation s’intègre à un mouvement de circulation d’idées existant alors entre l’Espagne et Naples. Cet article met l’accent sur le rôle d’instigateur joué par Campomanes et resitue la traduction dans le contexte de l’expérience de libéralisation du commerce céréalier instaurée en France par Turgot en 1774.

Giuseppe Barbini, « Galiani et la querelle du luxe au xviiie siècle »

La querelle du luxe met en lumière, sur le plan économique, la transition entre xviie et xviiie siècle d’une conception stationnaire de l’économie à une conception dynamique, sur le plan culturel plus général, de la conception cyclique des événements humains. L’attitude de Galiani dans la querelle du luxe, dès le juvénile traité Della moneta aux plus mûrs Dialogues sur le commerce des bleds, présente une oscillation entre ces différentes perspectives qui témoigne du travail théorique du siècle.

Cecilia Carnino, « Le luxe “frère du bonheur terrestre”. Ferdinando Galiani entre économie et politique »

Cet article interroge le lien entre économie et politique dans la pensée de Galiani, à travers la question spécifique du luxe. La finalité est double. Le premier objectif consiste à se focaliser en particulier sur la dimension économique, à partir notamment de l’ouvrage Della Moneta, dans lequel Galiani développe, dans sa version la plus élaborée, sa réflexion sur le luxe. Le second objectif est de mettre en lumière la dimension résolument politique de cette réflexion économique sur le luxe.

Koen Stapelbroek, « Les fondements de l’économie politique de Galiani. L’art du gouvernement, le luxe et l’histoire de l’humanité »

Le but de cette contribution est de montrer comment les œuvres principales de Galiani ainsi que tous ses écrits mineurs peuvent être compris, tout comme les écrits de la plupart de ses contemporains, dans le cadre d’un point de vue général sur l’histoire de la politique européenne et des principes de sociabilité et d’échange. On doit considérer le projet du jeune Galiani sur l’art du gouvernement comme le projet de ses principales œuvres économiques et politiques.

Alessandro Tuccillo, « L’esprit de commerce à l’épreuve de la colonisation dans le traité Della moneta »

Dès le premier livre du traité Della moneta, Galiani réfléchit sur la dimension intercontinentale qui caractérisait la société commerciale moderne et analyse le système d’exploitation coloniale. Galiani élabore une critique fine des formes de la colonisation et de la rhétorique du colonialisme ancrée sur l’idée du doux commerce. Cet article porte sur ces aspects de la pensée économique et politique et en saisit toute la portée internationale : Della moneta participe au débat européen sur la colonisation au xviiie siècle.

Giovanni Lepore, « L’être humain comme formant la “seule véritable richesse”. La pensée de Ferdinando Galiani sur la population »

Du point de vue historiographique, la réflexion de Ferdinando Galiani en matière de population présente plusieurs aspects intéressants. Malgré cela, l’argument a été plutôt négligé par les chercheurs en matière d’idées économiques. Dans le présent exposé, en se référant au Della moneta et aux Dialogues sur le commerce des bleds, de même qu’à un écrit postérieur portant sur le dépeuplement de la région de la Maremma siennoise, on entend renouer le fil de cette réflexion.