![Féminités spectaculaires. Figures de l'actrice dans le roman français et américain (1946-2013) - [Introduction à la troisième partie]](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/TceMS01b.png)
[Introduction à la troisième partie]
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Féminités spectaculaires. Figures de l'actrice dans le roman français et américain (1946-2013)
- Pages : 485 à 486
- Collection : Perspectives comparatistes, n° 143
- Série : Modernités et avant-gardes, n° 22
- Thème CLIL : 4028 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes de littérature comparée
- EAN : 9782406165057
- ISBN : 978-2-406-16505-7
- ISSN : 2261-5709
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-16505-7.p.0485
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 05/06/2024
- Langue : Français
En tant que romans de l’artiste, les romans de l’actrice engagent un questionnement sur l’art, donc sur le cinéma et le théâtre mais aussi, de manière réflexive et métatextuelle, sur la littérature elle-même. Cependant, à la différence des romans mettant en scène des peintres ou des musiciens, les romans de l’actrice choisissent pour univers référentiel un art qui est aussi une industrie et qui appartient dans la plupart des cas à la culture populaire. En ce sens, ces romans témoignent du développement historique de la culture populaire et médiatique au xxe siècle et de la place qu’y tiennent les femmes, en tant qu’objet de représentation et spectatrices. C’est ainsi une esthétique qui n’est pas détachée de son contexte, toujours axiologique et en ce sens ancrée dans une sociologie, qui est à l’œuvre dans ces romans. In fine, c’est la question de la culture, de ses découpages et de ses tensions, de ses pratiques et de ses usages, qui apparaît dans un corpus où un art en regarde un autre, et cela dans une perspective genrée. On peut dès lors se demander comment ces romans racontent l’expérience esthétique du cinéma, du théâtre et de la littérature à travers la figure de l’actrice.
Le premier enjeu est intermédial au sens le plus restreint : quelles sont les ressemblances entre l’écriture romanesque et ces médiums qu’elle évoque, voire imite ? Le roman de l’actrice est-il travaillé, dans sa langue, par le cinéma ? Lit-on dans ces romans une forme de mixité, entre visualité et langage ?
Cependant, plus qu’une refonte du langage littéraire, les romans de l’actrice impliquent un questionnement esthétique, sociologique, voire anthropologique sur la culture. Ils s’interrogent sur la réception des œuvres des actrices et renvoient à une commune situation de spectateur, quand ils ne la mettent pas directement en scène. Au fil du temps, de 1946 à 2013, on note un effacement progressif de la comédienne de théâtre au profit de celle de cinéma, qui semble témoigner d’une peur des images, d’un nouvel iconoclasme à l’ère de la reproductibilité technique à travers cette figure méduséenne.
Enfin, en tant qu’ils racontent un moment esthétique historique, celui de l’essor de la culture visuelle au xxe siècle à travers la peinture d’une profession et d’un art, ces romans font tous état d’un ancrage 486référentiel fort. Celui-ci est cependant mis en jeu par le caractère fictionnel du roman, qui apparaît particulièrement dans les sous-genres les plus référentiels, du roman à clés au roman biographique. À travers cela, c’est la question de l’artiste en tant qu’auteur que ces romans mettent en scène, dans un jeu de reflets divers entre actrice et romancier.