Introduction à la quatrième partie
- Publication type: Book chapter
- Book: Faire le deuil des mondes. Une ethnocritique de trois récits de Chateaubriand
- Pages: 269 to 269
- Collection: Studies in Romanticism and the Nineteenth Century, n° 131
- Series: Lire Chateaubriand, n° 9
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN: 9782406157939
- ISBN: 978-2-406-15793-9
- ISSN: 2258-4943
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-15793-9.p.0269
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 12-20-2023
- Language: French
Introduction
à la quatrième partie
Chateaubriand évoque, voire invoque, les « mondes écoulés », les brillantes sociétés qui ont été renversées par des révolutions ou recouvertes par des conquêtes. Dans Les Aventures du Dernier Abencerage, Chateaubriand est à la recherche de ce que fut le royaume de Grenade, à travers le retour d’un jeune maure né en Tunisie mais dont les parents ont été expulsés d’Andalousie en 1492. La fiction veut-elle échafauder une reconstitution historique ? Le récit raconte le retour du dernier descendant d’une illustre maison maure de Grenade, les Abencerages, dans la patrie de ses aïeux. Né en exil, le jeune homme veut retourner dans un pays qu’il n’a jamais vu et qui n’existait déjà plus au moment de sa naissance. Tel est le paradoxe de ce récit. Le motif antique du retour du héros dans sa patrie se transforme en l’invention du genre du retour dans le passé. La quête d’une patrie perdue confronte le héros de cette histoire au « changement de la face du monde » que suscite chaque « écroulement des trônes1 » ; le monde qu’espère retrouver le dernier Abencerage est introuvable. Mais la présence d’un membre d’une illustre lignée venue de l’ancien monde dans Grenade devenue castillane vient perturber l’ordre nouveau : le jeune maure qui revient d’exil arrive en réalité du passé ; l’écriture romanesque fait du personnage éponyme un revenant du monde ancien, voire du monde des morts.
1 MOT, XVII, 6, p. 247.