![Faire le deuil des mondes. Une ethnocritique de trois récits de Chateaubriand - Introduction à la première partie](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/SatMS01b.png)
Introduction à la première partie
- Publication type: Book chapter
- Book: Faire le deuil des mondes. Une ethnocritique de trois récits de Chateaubriand
- Pages: 33 to 33
- Collection: Studies in Romanticism and the Nineteenth Century, n° 131
- Series: Lire Chateaubriand, n° 9
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN: 9782406157939
- ISBN: 978-2-406-15793-9
- ISSN: 2258-4943
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-15793-9.p.0033
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 12-20-2023
- Language: French
Introduction
à la première partie
Chateaubriand se désigne, dans le Voyage en Amérique,comme « le dernier historien de ces peuples1 », en parlant des différentes premières nations d’Amérique du Nord. Atala, René et Le Dernier Abencerage sont empreints d’une forte nostalgie pour les mondes disparus dont l’auteur célèbre la mémoire, les mœurs et les coutumes. « Ainsi passe sur la terre tout ce qui fut bon, vertueux, sensible ! », s’écrie le narrateur dans l’Épilogue d’Atala (p. 99), après avoir écouté le récit relatant le massacre de la Mission du Père Aubry, et en observant avec admiration les rites que pratiquent, dans leur exil forcé, les « restes des Natchez » (p. 96). « Oh ! que cette coutume indienne est touchante ! » (p. 94), commente avec émotion le narrateur décrivant le rite funéraire des Natchez destiné aux enfants. Le lyrisme de l’admiration et le lyrisme de la déploration marquent l’implication émotive de l’énonciateur qui, à la manière d’un ethnographe, rend compte des rites, des coutumes et des croyances du peuple pour lequel il éprouve une grande sympathie. D’où vient cette empathie ? L’expérience des Natchez fait écho à celle du voyageur : lui aussi est un exilé, lui aussi a vu le monde dans lequel il vivait s’effondrer. Comprendre et partager les rites et les mœurs de ces peuples dépossédés de leur monde, c’est perpétuer la mémoire des mondes d’hier, c’est pénétrer les mentalités et les valeurs marginalisées par le monde nouveau. Qu’est-ce qu’un monde ? Comment définir cette entité spatio-temporelle dont les fictions de Chateaubriand célèbrent la mémoire et en montrent le caractère éphémère ?
1 Voyage en Amérique, « État actuel des Sauvages de l’Amérique septentrionale », op. cit., p. 353.