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Classiques Garnier

Annexe V Lettre de François Ier aux suisses (27 juin 1545)

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ANNEXE V

Lettre de François Ier aux suisses
(27 juin 1545)

À nos très chers et grans amys les Burgmaistre, Advoyers, Conseillers et Communaultéz de Surich, Berne, Basle, Ascaffhuse et Sainct Gal.

François par la grâce de Dieu roy de France.

Très chers et grans amys, nous avons receu voz lettres, par lesquelles nous faictes sçavoir le grans regrect et desplaisir que ce vous a esté dentendre les cruelles et horribles persécutions qui ont esté faictes contre les vauldoys, gens innocens et très sainctement révérens de la religion chrestienne.

Très chers et grans amys, Nous vous avons plusieurs foys faict entendre que nous ne vous empeschons aucunement en faict de vous subgectz ny de vostre manière de vivre, mais nous sommes tousjours monstrés vos amys en ce que nous avons peu, nous meslans seullement de ladministration et gouvernement de nos subgectz, comme un bon prince doibt et est tenu de fère. Et trouvons bien estrange que vous veuillez mesler du faict de noz dicts subjetcz et de la justice que nous leur administrons, appelant cruaulté la pugnition que nous faisons faire de ceulx qui ont commis plusieurs rebellions et désobéissances à lencontre de nous, faisans entreprises sur lune de nos principales villes de frontière et qui sont contrevenans à la loy qui se observe et que nous voullons être observée en nostre royaulme. Et ne voyons pas que, en cella, ils suyvent la vérité évangélicque dont vous dites quils font profession. Et davantaige nous vous voullons bien advertir que lesdicts vauldoys et autres héréticques que nous avons faict pugnir tenoient telz erreurs que nous pensons certainement quil ny a prince en Germanye quil les sousist tollérer en ses pays. Et, quant à nous, nous ne sommes pour les souffrir ès nostres.

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Vous priant que, quand vous nous escriprés par cy-après, vous ne vueillés poinct user de telz et si estranges termes, comme cruaultés et horribles pugnicions, affin que nous nayons occasion de vous faire rudde responce. Et nous esbahissons, veu vostre prudence accoustumée, que vous nous ayés voulu escripre une si légière lettre.

(Publié par N. Weiss, François Ier, les vaudois et les Bernois,
Bulletin de la Société dHistoire du Protestantisme français,
t. 40, 1891, p. 200)