In memoriam Daniel Langlois-Berthelot (1927-2018)
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Études Renaniennes Littérature – Philosophie – Histoire des Religions
2020, n° 120. Ernest Renan : Comment se construit une mémoire ? I ‒ La transmission - Auteurs : Bompaire-Évesque (Claire), Gasnier (Maurice), Langlois-Berthelot (Rose-Mai)
- Pages : 137 à 146
- Revue : Études Renaniennes
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406110835
- ISBN : 978-2-406-11083-5
- ISSN : 2540-3303
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-11083-5.p.0137
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 02/12/2020
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français
In memoriam
Daniel Langlois-Berthelot (1927-2018)
En Daniel Langlois-Berthelot, la Société des études renaniennes a perdu l’un de ses plus anciens membres. Adhérent de la Société dès sa création, Daniel Langlois-Berthelot en devint trésorier et secrétaire général adjoint en 1993. Il accepta ces responsabilités à un moment très difficile de la vie de la Société. La dernière petite-fille de Renan, Corrie Siohan, avait disparu en 1984 ; l’hôtel Renan-Scheffer, siège de l’association, avait été cédé à la Ville de Paris et le Collège de France, en pleine rénovation, ne pouvait pas non plus accueillir nos réunions. La Société peinait à renouveler ses membres et à trouver des locaux. Daniel Langlois-Berthelot a su tenir la barre, il n’a pas compté ses heures ni son argent. Il a assuré seul la publication régulière d’un bulletin par an ; c’est lui qui faisait la mise en page, exercice qui parfois virait au cauchemar car nous lui envoyions des fichiers de formats informatiques variés qu’il s’efforçait d’unifier, sans disposer d’un logiciel de publication assistée ; c’est lui qui faisait photocopier et relier à ses frais les numéros auxquels il fournissait en outre un autographe ou une photo de ses collections comme image de couverture. J’ai découvert cette générosité quand je lui ai succédé comme trésorière. Cette générosité, il l’exerçait aussi à l’égard des chercheurs auxquels il ouvrait ses magnifiques dossiers d’autographes.
Nous remercions Madame Langlois-Berthelot d’avoir rédigé le texte qui suit, évocation d’un homme qui fut un amateur éclairé et passionné.
Claire Bompaire-Evesque
138Daniel Langlois-Berthelot assura l’édition du Bulletin des études renaniennes jusqu’au numéro 107, paru en 2001, date à laquelle il me transmit la direction de cette revue, devenue aujourd’hui les Études renaniennes.
Même après son retrait de la Société des Études renaniennes, il ouvrit toujours aux chercheurs, qu’il recevait avec une rare courtoisie dans sa bibliothèque décorée de marqueterie de paille, sa collection d’autographes réunie au fil des héritages familiaux. Son père la lui avait transmise, avec pour mission de la conserver et de la mettre en valeur. Il sut l’enrichir au fil des années et réalisa un inventaire minutieux de cet ensemble de manuscrits dont la correspondance d’Ernest Renan et Marcelin Berthelot constitue l’un des fleurons,
Malgré les années, il suivait les travaux de notre Société et avait même prévu de participer au colloque du Cinquantenaire des Études renaniennes. La maladie progressant, faute de pouvoir se déplacer il avait accepté une interview, qu’il n’aura pas eu le temps de visionner, où il livre de précieux renseignements sur les membres disparus de la société et les descendants de la famille Renan1. Qu’il en soit ici remercié, ainsi que sa famille.
Maurice Gasnier
139Daniel Langlois-Berthelot
Daniel, mon mari, avait beaucoup d’ancêtres talentueux, il a sans doute reçu d’eux beaucoup de gènes divers qui l’ont aidé à mener plusieurs vies très différentes et toujours avec la même passion.
Du côté paternel, il était l’arrière-petit-fils de Marcelin Berthelot, chimiste mondialement connu et à qui l’on doit de nombreuses découvertes. Celui-ci enseigna la chimie organique pendant toute sa vie et fut néanmoins ministre par deux fois, membre de l’Institut, et finalement enterré au Panthéon avec sa femme, car ils étaient morts le même jour. Marcelin Berthelot eut deux filles et quatre garçons et néanmoins pas de postérité, sauf par sa fille Camille devenue Mme Langlois et qui eut elle aussi six enfants dont cinq garçons.
Camille était la grand-mère paternelle de Daniel. Elle avait épousé Charles-Victor Langlois qui brillait dans le domaine des lettres. Élève de Lavisse et reçu premier à l’Agrégation d’histoire, il était aussi sorti premier de l’École des Chartes. Il était spécialiste du Moyen Âge et publia beaucoup. Après une longue carrière d’enseignant, il devint directeur des Archives Nationales et créa notamment le minutier central des notaires. Leur petit-fils ne les connut pas, il avait deux ans à leur mort, survenue à quelques mois d’intervalles. Tous les enfants de Camille furent autorisés en 1928 à ajouter au nom de Langlois celui de leur grand-père Berthelot qui allait disparaître.
En 1914 Philippe Langlois-Berthelot le père de Daniel avait 18 ans ; ses deux frères aînés furent appelés sous les drapeaux et lui-même s’engagea avec son frère plus jeune. Les quatre garçons revinrent indemnes. Philippe avait d’abord envisagé d’être médecin, mais quatre ans de guerre comme aviateur l’avaient détourné de si longues études. Il opta pour une carrière coloniale au moment où l’Indochine se dotait de grandes plantations d’hévéas, il y fut planteur et pionnier. L’Indochine devint à cette époque un des premiers producteurs de caoutchouc. Pendant presque dix ans il connut et 140aima cette vie d’expatrié : trois ans au loin, puis un retour prolongé pour trois mois de belles et bonnes vacances. Marié, il souhaita une vie de foyer plus régulière et comme il était monté en grade, il devint inspecteur de toutes ces plantations qu’il avait vues naître. Il les retrouvait avec plaisir chaque année pendant ses trois mois d’inspection. Le voyage se faisait alors en bateau et il était long. Sa femme l’accompagnait toujours, sachant ses enfants heureux entre leurs grands-parents et leurs cousins.
Daniel fut très proche de ses grands-parents maternels, car il habitait avec ses parents et ses cousins l’immeuble familial de la rue Cassini, à deux pas de l’Observatoire. Son grand-père Albert Comte était médecin des hôpitaux de Paris et était fils de peintre ; il avait épousé la petite-fille de Jules Taschereau, grand spécialiste de Molière, qui fut pendant seize ans directeur de la Bibliothèque Impériale.
L’immeuble de la rue Cassini était un immeuble familial. Marc, le frère aîné de son père, devenu leur gendre en 1920, s’y était installé avec sa femme. Marié avec la sœur cadette de celle-ci en 1926, Philippe s’y était installé à son tour. Le dernier fils de Marc Langlois-Berthelot, Olivier, était le presque jumeau de Daniel, l’aîné de Philippe. Au début de la seconde guerre cinq cousins, presque cinq frères, peuplaient la vieille maison. Le présent était lourd, et on se projetait peu dans l’avenir.
Daniel, le fils aîné de Philippe Langlois-Berthelot avait treize ans en 1940. Il vécut cette triste période en toute conscience et entendit beaucoup parler de la guerre précédente. Il vivait une vie familiale heureuse entre son frère cadet, Jean-Marc, et ses parents. Il connut néanmoins toutes les limitations de cette époque : une vie matérielle difficile avec l’absence de chauffage, les queues interminables devant les boutiques d’alimentation, les déplacements compliqués, les voyages à l’étranger impossibles. Et que dire de l’omniprésence de l’occupant !
Daniel s’investit dans le scoutisme et acheta avec son argent de poche un premier autographe : une lettre de Pierre Loti. Ce fut sa première passion et elle ne le quitta jamais. Son père alimenta cette 141passion en récupérant dans tous les héritages familiaux ces lettres manuscrites auxquelles, à l’époque, personne n’accordait beaucoup d’intérêt.
Les études ne le passionnaient guère. Il appréciait peu de se faire dire que sa note de chimie n’était pas à la hauteur d’un descendant de Marcelin Berthelot ou que ses connaissances d’histoire n’étaient pas dignes d’un grand-père directeur des Archives nationales. Néanmoins il lisait beaucoup, il avait de multiples possibilités mais il les laissait un peu en sommeil. C’était déjà un homme de passion. À travers les autographes il se passionna d’abord pour l’histoire de sa famille.
En 1942 l’aîné de ses cousins gagna par l’Espagne l’Afrique du Nord. Il voulait se battre contre l’occupant. Il commença sa formation militaire d’aviateur comme navigateur auprès du pilote. Un accident survint et l’équipage fut tué. Il avait 22 ans. Ce fut un drame familial que Daniel évoquait jusqu’à la fin de sa vie.
La fin de la guerre arriva enfin. Daniel apprit à conduire une voiture et passa son brevet de pilote. Ce fut une nouvelle passion, durable, elle aussi. Il choisit de faire son service militaire dans l’armée de l’air. Hélas, les recrues ne volaient pas !
Évidemment on parlait beaucoup de l’Extrême-Orient dans la famille et Daniel peu à peu se sentait très attiré par cette vie en pleine nature. Il aurait tout à y découvrir, il y deviendrait comme son père un homme responsable et créateur. Sitôt son baccalauréat en poche, et son service militaire terminé, en septembre 1949, il s’embarqua pour l’Afrique. Son père était en mesure de lui ouvrir toutes les portes et de lui procurer une formation complète et de qualité. Il avait toute confiance dans le directeur des plantations africaines. Daniel y connut les chantiers forestiers, puis les plantations de palmiers à huile et passa aussi par quelques cultures d’hévéas, encore peu nombreuses sur ce continent. Il était déjà bien formé à son métier de planteur quand il revint en France pour son premier congé. Il rêvait toujours de cet Extrême-Orient où son père avait fait carrière. À son retour de congé il fut dirigé sur la Malaisie. Il y fut d’abord assistant avant d’y devenir directeur. L’Indochine n’était plus loin, il y arriva enfin 142en 1954. Il avait son métier bien en mains et il était fait pour ce métier auquel il se donnait avec passion. Il savait à la fois se faire aimer par sa main-d’œuvre et se faire respecter par elle. Nous en gardons un témoignage précieux. Quand il quitta la Malaisie, il eut droit à l’habituelle fête d’adieu de ses collègues, mais, fait tout à fait exceptionnel, sa main d’œuvre lui fit aussi une fête d’adieu et lui donna un superbe plat d’argent avec la mention : « Presented by Minyak Estate 1953 ».
Mais l’Indochine, où il aurait dû succéder à son père, échappait à la France. Il fut d’abord directeur d’une plantation au Cambodge puis envoyé pour diriger au pied levé la plantation de Chup. C’était la plus grosse productrice de caoutchouc du groupe, elle s’étendait sur 15000 hectares. Son directeur en titre avait eu un accident d’avion et était rentré brusquement en France, devançant ainsi les dates prévues pour ses vacances. Ses enfants le suivraient un peu plus tard utilisant le vol régulier. La fille aînée avait 18 ans. Tout occupé qu’il fût, Daniel trouva le temps de se fiancer rapidement avec elle. Elle retourna en France et peu après il l’y rejoignit pour ses vacances et l’épousa. Il ne se doutait pas que sa carrière coloniale allait bientôt prendre fin. Leur fille aînée fut la seule à naître au loin. Daniel revint de nouveau en France, puis son visa de retour lui fut refusé, on ne sait pas trop pourquoi. Il resta un temps dans les bureaux de Paris, espérant que les choses s’arrangeraient puis il s’en lassa. Son père âgé et déjà malade démissionna, il fit de même en 1960. Le rêve indochinois avait pris fin.
Pendant cette période parisienne moins active, la passion des autographes reprit tous ses droits. Il entreprit de publier une revue de luxe sur le sujet. Hélas, elle ne dépassa pas les quatre numéros de l’année 1959 qui rassemblaient des autographes, dont certains inédits, de personnalités connues dans les Arts et les Lettres. Elle était belle mais chère et ne trouva que peu de lecteurs.
À trente-trois ans on ne prend pas sa retraite, surtout si l’on a déjà trois enfants. Quelle serait la nouvelle passion ?
Il décida qu’après avoir été salarié d’une grosse organisation, il deviendrait maintenant artisan d’art. La petite Société Saint-Yves 143de Paris, qu’il créa avec ses économies de planteur, était seule sur la place de Paris à faire de la marqueterie de paille. Cette activité avait, à une époque, connu un certain renom avec le décorateur Franck. Un artisan proche de la retraite apprit à Daniel les rudiments du métier et accepta bien volontiers de lui céder son atelier. Daniel apprit vite et perfectionna la pose des panneaux muraux tout en créant des meubles et des objets. Depuis plus de cinquante ans les murs de paille de notre salle à manger sont toujours aussi rayonnants. Il excella dans son nouveau métier comme dans l’ancien, il y mit la même passion. Il devint meilleur ouvrier de France.
De nouveau le sort était contre lui. Sa femme le quitta, emmenant les quatre enfants. Ce fut un divorce combat dont il ne se remit jamais vraiment. La jeune entreprise, elle, en mourut.
J’étais presque une amie d’enfance de Daniel, j’accourus à son secours et nous nous mariâmes.
En 1970, Daniel repartait au combat et décidait d’entrer aux Archives Nationales par la petite porte. André Chamson l’y aida. Il avait depuis toujours cette passion des autographes. Au cours des années il en avait reçu beaucoup et acheté lui-même un certain nombre. Il avait toujours trouvé du temps pour les inventorier et les classer, il savait parfaitement le faire. En arrivant aux Archives Nationales il s’attela aux manuscrits confiés par le Comte de Paris et s’y intéressa. Il se sentait un peu chez lui dans ces magnifiques hôtels anciens où son grand-père avait été directeur et où son père avait habité. Il arpenta les magasins, il se familiarisa avec tous ces lieux pleins de souvenirs. Mais il n’y avait aucune perspective de carrière aux Archives Nationales pour qui n’a pas fait l’École des Chartes et il se lassa vite de cette vie sédentaire où les fonds à classer étaient d’intérêts très divers.
Il avait besoin de plus de liberté, de plus d’espace, de plus de responsabilités.
Aux vacances, aux week-ends, quand les enfants étaient avec lui, il les avait initiés à l’équitation et s’y était remis avec eux. Nous étions le plus souvent à Fontainebleau, où vivait sa mère devenue veuve, et 144Fontainebleau est la ville du cheval. Le cheval commençait à trotter dans la tête de mon mari. Je sentais que le galop n’était plus loin.
Cela commença par de nombreuses visites de clubs équestres en instance de changement de propriétaire. C’était une façon comme une autre de visiter la région. Le projet restait assez vague mais visiblement les Archives Nationales perdaient de leur attrait. Pourtant les visites que nous faisions ne débouchaient sur rien. Il ne pouvait pas quitter les Archives sans avoir un autre projet.
Puis un jour on nous signala une vaste propriété proche de Fontainebleau qui restait en vente depuis longtemps. Nous y allâmes ; un grand mur cachait bien des choses, mais nous avions cette fois envie d’en savoir plus. Oui, c’était encore libre, et mon mari de se porter acheteur ! Hélas, il arrivait trop tard, un autre acheteur avait été plus rapide que lui. Désespoir. Daniel ne lâchait pas facilement une piste qu’il voulait suivre. Il proposa au nouveau propriétaire, intéressé surtout par la maison, de lui racheter les communs et une grande partie du parc. L’affaire se fit.
C’était un endroit idéal pour installer un poney club ; il y avait simplement tout à y faire. Cela ne faisait pas peur à mon mari. Une nouvelle passion était en route. La quatrième et la dernière.
J’avais mon travail à Paris, il restait seul toute la semaine et n’arrêtait pas de travailler, de surveiller les gros travaux, de façonner son nouvel outil. Quelle joie ce fut pour lui de pouvoir un vendredi soir me montrer enfin nos deux premiers poneys confortablement installés sur de la paille fraîche. Il avait passé de longues journées à débarrasser les boxes des innombrables déchets qui s’y entassaient.
L’affaire fut longue à démarrer, mais le poney club du Temps Perdu se fit vite une très bonne réputation. Les petits cavaliers, si jeunes qu’ils fussent, y apprenaient tous le respect du cheval, et les bonnes pratiques. Ils se succédaient semaines après semaines. Les locaux étaient assez vastes pour accueillir des classes vertes et notre cavalerie se développait en conséquence. Daniel était accablé de besogne et ne pouvait faire face tout seul. Il avait de plus en plus de peine à se faire aider efficacement.
145L’âge venant, il fallut songer à la retraite, il passa la main en 1990. Il loua l’exploitation à un moniteur qu’il croyait son ami. Il pensait qu’il pourrait continuer à aider et qu’il ne prendrait qu’une demi-retraite. Ce fut une nouvelle déception. Nous n’avions plus qu’à disparaitre, une fois les papiers terminés. Il fallut mettre une croix sur les activités équestres.
Il n’aima pas cette retraite qui restait pourtant active.
Il s’attela à un inventaire très complet et documenté de sa collection d’autographes et continua de classer ce qui ne l’était pas encore. Il le fit cette fois sur l’ordinateur et compléta ce travail par de courtes notices sur les auteurs des différents manuscrits. Ce fut un gros travail de recherche. Il continuait en même temps à recevoir les chercheurs à qui il ouvrait sa collection.
Il s’impliqua plus complètement dans les Études Renaniennes auxquelles il s’était toujours intéressé. Il était entré au comité directeur de la Société en 1970 lors de la création du bulletin. Il devint trésorier et secrétaire général adjoint en 1993 et assista fidèlement à toutes les séances de travail et à tous les colloques ; je l’ai d’ailleurs accompagné à plusieurs.
Il attachait un grand prix à cette amitié exceptionnelle qui liait Ernest Renan à son arrière-grand-père, Marcelin Berthelot. Il fit deux conférences, l’une avec la collaboration de Paul Bounin en février 1973 et l’autre en mars 1990 sous le titre : Amitié Renan Berthelot d’après nos archives de famille. Il resta en fonction plus de dix ans avant de passer la main à Madame Bompaire-Evesque. Il ne cessa pas pour autant de suivre les travaux de la Société.
Toujours grâce à ses archives personnelles, il publia les lettres échangées par les femmes des deux grands hommes, Sophie Berthelot et Cornélie Renan. Les deux couples s’entendaient parfaitement et Daniel tenait à faire connaître cet aspect de leur amitié. Il écrivit aussi un livre très documenté sur son aïeul Marcelin Berthelot. Il avait une bonne plume et son livre se lit facilement.
Il avait des années plus tôt réalisé un calendrier perpétuel très facile à consulter parce que les tableaux en sont immédiatement 146utilisables. Il s’arrêtait à l’année 2000, lointaine à l’époque. Il a eu la satisfaction de le voir réédité avant sa mort et mis à jour jusqu’à 2100. Cet outil a été adopté par l’École des Chartes. Belle revanche pour celui qui aurait parfaitement pu devenir chartiste s’il l’avait voulu.
Cet homme toujours à l’affût d’un nouveau centre d’intérêt a beaucoup souffert de ces derniers mois d’inactivité, quand il était cloué dans son fauteuil roulant et qu’il ne maîtrisait plus son ordinateur.
Je reste émerveillée par sa faculté d’adaptation à tant d’existences si diverses. J’admire l’énergie et la passion que mon mari a dépensées dans toutes les tâches qu’il a entreprises.
Nous avons vécu ensemble presque cinquante ans, et ce furent de belles années.
Rose-Mai Langlois-Berthelot
1 Interview à consulter sur le site ernest-renan.fr