Introduction

Confier la coordination de ce numéro 10 d’Études digitales sur la visualisation et la cartographie à Éric Guichard, grand lecteur et promoteur de la pensée de Jack Goody, revient à rappeler à quel point cartes et schéma relèvent d’une forme particulière d’inscription scripturaire. Le tableau, la formule et la liste présentés par Jack Goody dans sa Raison graphique et dans sa Logique de l’écriture comme des « outils de l’intellect » sont inséparables d’une inscription graphique. Malgré les détours narratifs des usagers que Michel de Certeau présentait dans ses Arts de faire comme des pratiques obliques capables de subvertir l’ordre du visible, l’inscription graphique ramène la visibilité à l’organigramme dynamique de sa construction. Il n’est plus ici question de représentation mais plutôt ici d’une sorte de translittération : des signes qui traduisent des signes. Ainsi les études digitales se manifestent-elles bien comme une extension du domaine de l’écrit. Le français a perdu son neutre et les auteurs hésitent parfois pour décider s’il faut écrire la data ou le data. Il s’agit d’un neutre pluriel qui désigne en latin un ensemble. On pourrait, paraphrasant Barthes, proposer de le désigner comme « l’empire des signes » et imaginer que cartes et visualisation nous présentent un pays que nous croyions connaître et qui se dévoile, par un jeu d’écritures, comme un nouveau paysage de sens. C’est ce cheminement qu’Éric Guichard nous invite à découvrir et à suivre à travers les articles qu’il a réunis.

Les Varia comportent un article de Pierre Musso et de Michel Volle consacré à la relation entre informatique et cybernétique. La rubrique recension est dirigée par Armen Khatchatourov et Daphné Vignon.

Franck Cormerais,

Jacques Athanase Gilbert,

Armen Khatchatourov,

Daphné Vignon