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Classiques Garnier

Quelles sont les conditions de l’organisation des savoirs humains ? Dialogue entre Vannevar Bush, Theodor Nelson et Michel Foucault

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Études digitales
    2016 – 1, n° 1
    . Le texte à venir
  • Auteur : Shigemi (Shinya)
  • Résumé : Dans quelles conditions l’hypertexte organise-t-il le savoir humain ? L’archéologie de la notion permet de remonter à la première définition et au concept de Theodor Nelson puis Vannevar Bush. La différence d’approche de ces deux fondateurs recouvre le partage de deux moments distincts : l’un relevant du machinal, l’autre du mental en se référant à l’approche de Michel Foucault.
  • Pages : 69 à 86
  • Revue : Études digitales
  • Thème CLIL : 3157 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Sciences de l'information et de la communication
  • EAN : 9782406061939
  • ISBN : 978-2-406-06193-9
  • ISSN : 2497-1650
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06193-9.p.0069
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 29/09/2016
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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Quelles sont les conditions
de lorganisation
des savoirs humains ?

Dialogue entre Vannevar Bush,
Theodor Nelson et Michel Foucault

Introduction

Le texte a changé de support matériel au cours des siècles et il était incontournable quà la fin du siècle dernier nous entrions dans lère numérique. De fait, tout support numérique se distingue par un type dhypertexte dont le meilleur exemple se présente aujourdhui sous la forme du web. Le web se réfère sur le réseau par la URL, qui commence par lindication dun protocole de communication comme « http ». Le sigle « http », qui est labréviation de « Hypertext Transfer Protocol », témoigne clairement du fait que le web se constitue par lhypertexte.

Il a fallu 20 ans environ pour que les premiers projets informatiques inventent le terme d« hypertexte ». Certes, le Colossus en Angleterre (1944) ou lENIAC en Amérique (1946) existaient déjà, mais leur usage se limitait à des calculs à usage militaire et lon attendait larrivée dun ordinateur polyvalent1. Si Vannevar Bush esquisse sa machine en temps de paix, dans un article daté de 1945, cest pour encourager les scientifiques à travailler au développement dun ordinateur aux multiples usages, au lieu de concevoir de nouveaux armements comme en temps de guerre. Son éditeur considère dailleurs larticle comme égalant le discours de Ralph Waldo Emerson prononcé en 1837, « The American Scholar », qui insiste sur lindépendance américaine dans le domaine 70académique. Paul Otlet et Henri La Fontaine ont, certes, créé une Classification Décimale Universelle encore en usage aujourdhui afin dorganiser les ouvrages des bibliothèques au début du xxe siècle, et Suzanne Briet, dont la conception conserve toute sa valeur aujourdhui, a clairement vu la nécessité de faciliter la communication des documents à léchelle internationale après la dernière guerre mondiale, cependant léditeur américain considère que Bush annonce une nouvelle ère en offrant limage concrète dun instrument informatique et de son usage.

On sait que lInternet daujourdhui a débuté par le projet de lARPA (ARPANET) en 1963. Mais ce projet nétait pas isolé ; à titre dexemples, Paul Baran faisait des recherches sur des « Distributed Communications2 », publié en 1964, et Douglas Engelbart terminait son travail sur le système hypertextuel de NLS, « Online System », inspiré par larticle de Bush en 19453. Ces exemples témoignent du fait que le réseau et la communication étaient alors au centre des recherches informatiques. Cest ainsi que le terme « hypertexte » a vu le jour lors de lintervention de Theodor Nelson en 1965.

Notons que cest en un an avant que Michel Foucault publie les Mots et les Choses. Foucault y explique notamment comment le classicisme organise et ordonne les choses en sappuyant sur les documents de lépoque. Il est vrai que ces diverses recherches divergent les unes des autres et que leurs perspectives sont différentes, mais elles partageraient un intérêt commun : celui de penser le texte à venir. Ainsi, le présent article cherche à rendre compte de la nature de lorganisation des savoirs au moyen de lhypertexte, ceci en se rapportant aux articles qui sont à lorigine de la définition de lhypertexte, et à mettre en parallèle la première définition de lhypertexte et le texte foucaldien.

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Fondement de lidée d« hypertexte »

On peut dire quil existe deux origines de lhypertexte : la conception vient de Vannevar Bush, tandis que la terminologie est de Theodor Nelson. Lun esquisse la conception du matériel, alors que lautre conçoit le logiciel. Les deux projets sont séparés lun de lautre par 20 ans de recherches, cependant il semble quils partagent une compréhension commune et fondamentale de leur objet. Dailleurs, la lecture des deux textes fondateurs des études sur lhypertexte permet de comprendre quil sagissait à lorigine dorganiser des savoirs humains surabondants ou complexes.

Les études numériques préfèrent attribuer linvention du terme à Theodor Nelson, auteur dun article de 1965 : « A File Structure for The Complex, The Changing and the Indeterminate ». Les 17 pages de larticle discutent de lidée nommée par Nelson « Evolutionary List File », abrégée ELF4. Il sagit donc dun système de fichiers ; et ce système vise à permettre aux usagers de récupérer ou de documenter facilement des données personnelles et complexes au moyen du simple usage de lordinateur. Nelson y explique longuement les problèmes qui seraient résolus par lintroduction de lELF, qui est perçu par Nelson comme un « dream file » destiné aux écrivains ou aux professeurs, censés empiler des notes ou des manuscrits dune manière subtile mais trop personnelle et complexe5. Cest ce « dream file » qui est nommé « hypertext6 ».

Or la discussion sur la nécessité et lefficacité de son idée de lELF montre combien Nelson met laccent sur le problème de lécriture ; il se demande comment peut-on décrire le processus de lécriture7. Il évoque à ce titre un système dordinateur introduit par la société IBM en 1965, « Administrative Terminal System », qui permet de remanier des « manuscrits » ou des notes prises avec lordinateur, mais il regrette que le système ne traite daucune autre matière que les signes verbaux 72générés par son système. Cependant, la rédaction dun texte demande de nombreux travaux, non seulement sur des matières verbales, mais aussi sur des textes déjà publiés, des images, des illustrations, des graphiques ou dautres matières non verbales. Cela est rendu possible par le processus dalignement, de juxtaposition ou de comparaison des matières qui sont incorporées dans un texte. Cest ainsi que Nelson voit la nécessité dintroduire un outil numérique qui servirait de dépôt personnel de « manuscrits numériques » de toutes sortes de matières possibles. En dautres termes, son système se présente comme un outil décriture.

À lissue de cette considération préliminaire mais essentielle, Nelson introduit trois spécificités centrales dindexage quil présente comme des fonctionnements majeurs de son outil décriture. Il sagit de lindexage automatique, de lindexage dynamique et de ce quil appelle « spin-off facilities ». Notons ici à propos des termes « index » et indexage que Nelson fait référence ouvertement aux idées que Vannevar Bush a proposées dans son article sur le « Memex8 », sur lequel nous reviendrons après.

Premièrement, lindexage automatique est considéré par Nelson en remplacement du livre de code chez Bush. Il se propose de générer automatiquement lindex des matières illimitées avec des balises elles-mêmes illimitées. Ensuite, il introduit lindexage dynamique. Lidée en est quun bon plan de texte, dit « outlining », ne se fera pas tout seul et quil est demandé au rédacteur de retravailler et de réviser incessamment lordre des éléments dans son texte. Nelson qualifie cette idée de « dynamic outlining », ou de « dynamic indexing », qui aiderait le rédacteur à apporter des changements au cours de la rédaction à tous les passages dun texte. La dernière spécificité évoquée par Nelson dans sa présentation de lELF est celle qui permet au système de préserver différentes versions de brouillons ou de « manuscrits numériques », voire des éléments mis à part (spin-off). Ces trois fonctions seront intégrées au cœur du système sous le nom d« evolutionary », doù lappellation de système « évolutif ».

Nelson donne ainsi une explication détaillée de son système, mais ce qui doit être retenu est le fait quil recourt vers la fin de son article au néologisme pour expliquer son idée. Il y exprime clairement sa prophétie en annonçant larrivée dun nouveau médium, de limportance de 73conserver des traces des changements apportés au texte et de les archiver dans des mémoires informatiques. Sa conception esquisse ainsi un nouvel outil afin dorganiser des savoirs humains9. Cest dans ce contexte que Nelson introduit le terme « hypertexte », au sens où lhypertexte réalise un corps de matières écrites ou picturales qui sont liées entre elles dune manière tellement complexe quil nest pas communément présent ou actuellement réalisé sur un support papier10. Cela nous permet de considérer lELF comme hypertexte, dune part, et comme outil décriture, dautre part. Lidée dhypertexte vient de la nécessité de mieux organiser des notes ou des documents de toutes sortes, et surtout de préserver automatiquement les changements apportés au cours de la genèse dun texte ; aussi le terme d« hypertexte » est-il inséré dans le vocabulaire des sciences informatiques ; mais Nelson lui-même avoue que lidée dhypertexte vient dun autre personnage répondant au nom de Vannevar Bush11.

Vannevar Bush est connu comme étant chercheur à MIT qui a inventé le premier calculateur analogique complet. Il a également joué un rôle important dans la deuxième guerre mondiale, notamment dans la mise au point de la bombe atomique. Cest vers la fin de la dernière guerre mondiale quil a contribué, comme « Director of the Office of Scientific Research and Development », à un article intitulé « As We May Think12 » paru dans la revue The Atlantic Monthly. Il y esquisse le projet dun appareil quil baptise « Memex ». Cest le texte de cet article que Nelson cite longuement. Dailleurs, ce dernier reconnaît que la conception du matériel y a déjà été présenté et préparé, et il noublie pas de faire remarquer, à la fin de sa citation, que ce matériel nest pas encore disponible deux décennies plus tard13.

Larticle de Bush, publié pour la première fois au mois de juillet 1945, est ancré au moment de sa publication dans lactualité, car, dès 74le début de larticle, Bush exprime lidée que le type dappareil quil va esquisser servira dobjet de recherche pour les scientifiques de laprès guerre14. Il sagit donc de proposer un projet réalisable dans laprès guerre et destiné aux personnes faisant des recherches dans le domaine des sciences naturelles et surtout de la physique.

Bush y évoque plusieurs instruments inventés pour les recherches scientifiques et conclut quils contribuent beaucoup à la société et au développement de lenvironnement matériel. Il fait entendre ainsi que des savoirs humains progressent en fonction des recherches scientifiques. Or, comme lillustrent bien les lois de Mendel dans le domaine de la génétique, les difficultés de transmettre et dexaminer les résultats de la recherche deviennent plus grandes à mesure que progresse la spécialisation dans la recherche. Il sagit donc ici dorganiser des savoirs humains surabondants grâce à des instruments nouveaux.

Cest dans ce contexte que Bush fait allusion aux machines à calculer de Leibniz et de Babbage. Si les deux savants ont bien réalisés les machines quils avaient conçues, elles ne sont pas pour autant devenues dun usage courant. Cest que la situation économique à lépoque de leur invention gêne leur production de masse ainsi que leur usage. Mais les temps changent, et lon arrive à lère des appareils à prix modéré dotés dune grande fiabilité. Ainsi, Bush conçoit une machine à lusage de tout le monde semblable à une archive ou à une bibliothèque automatique de données personnelles15. Cette conception nous dévoile sa spécificité dune machine conçue non pas pour écrire, mais essentiellement pour lire.

À la base de cette conception du « Memex », on distingue une mise au point personnelle sur lentendement humain. Daprès Bush, le recours au système dindexage faisait partie de la grande majorité des essais visant à construire un instrument nouveau, alors que lesprit humain fonctionne selon un processus associatif16, comme lindique le titre de larticle, as we may think. Il est vrai que lintuition joue un rôle décisif pour déclencher un processus associatif, mais, selon Bush, lintuition nécessite la sélection de renseignements mémorisés par lentendement. 75Or les savoirs humains sorganisent à partir de ce processus associatif dont la nature est répétitive. La création elle-même nest que le résultat de la répétition associative, et cette répétition révèle de la logique.

Cest ainsi que Bush envisage la possibilité dautomatiser le processus associatif de lentendement humain. En outre, si lon optimise les données mémorisées dans larchive de la machine automatique, le nombre des occasions de sélection pourrait se réduire au minimum. Une fois archivées par le moyen de microfilm de haute qualité, les données sont prêtes à être sélectionnées pour que lusager développe une pensée créative par sélection.

Si Bush insiste sur limportance de lassociation des données, cest quil est contre le système dindexage. Le système dindexage lui semble trop artificiel en comparaison avec lentendement humain, parce quil oblige lutilisateur à entrer dans le système chaque fois quil veut lancer une recherche nouvelle dans larchive. Cest une des raisons pour lesquelles il conçoit sa machine sur le modèle de lassociation didées. Bush nentend pas de sa machine quelle copie le fonctionnement associatif, mais il sen inspire afin de doter sa machine dune relative permanence ; aussi développe-t-il lidée de sélection par association, idée au moyen de laquelle il assure à sa machine une supériorité par rapport à lesprit humain en matière de permanence et de clarté des données récupérées dans larchive.

Il est vrai que lELF de Nelson et le « Memex » de Bush sont des projets qui nont pas vu le jour et quils sont restés à létat de projet. Cependant, lELF a donné naissance au terme d« hypertext » et le projet « Memex » a directement inspiré lidée de Nelson. Les deux conceptions partagent un intérêt commun, celui dorganiser automatiquement les savoirs humains dont lorganisation dépasse nos capacités.

Association et indexage
chez Bush et chez Nelson

Au-delà de leur parenté apparente, il importe quon en aperçoive les différences. LELF de Nelson concerne un logiciel contribuant, dans la rédaction dun texte, à assurer la préservation des changements par le moyen de lindexage, alors que le « Memex » propose le plan dun 76objet matériel destiné à la lecture et à la récupération de données dans larchive par un processus dassociation et dune manière plus humaine que lindexage. Nous sommes ainsi en présence de deux différents types dhypertexte et cela proviendrait des différentes acceptions du terme « indexage ». En effet, dans les deux cas que nous venons dévoquer, lindexage se place au centre du projet dorganiser les savoirs humains : chez Nelson lhypertexte a une valeur positive en étant défini comme « dynamic indexing », par contre chez Bush il a une valeur négative et est remplacé par lidée dassociation.

Lindexage chez Nelson se présente comme composant un texte entier. Chaque titre de lindexage opère comme un balisage et permet à lusager dhypertexte, donc à lécrivain, de garantir la flexibilité inhérente à sa réalisation dans lordre des titres. En fait, Nelson estime que Bush avait déjà mis en place cette fonction de lindexage en concevant sa machine : « On se souvient de larticle de Bush pour ses prédictions dans le domaine de la récupération informatique, car il prévoyait lavancée et les potentialités du traitement automatique des documents ainsi que la nécessité dintroduire un grand nombre de nouvelles techniques dindexage17 ». Cest sur la base de cette compréhension que Nelson précise sa conception de lELF.

Il détaille la structure de son système, désigné par le terme de « zippered list », comme étant composé des trois éléments suivants : entrées, listes et liens. Daprès sa conception, une liste est constituée de plusieurs entrées arrangées selon une suite ordonnée ; et deux listes sassocient par lintermédiaire dune entrée appartenant à chaque liste et figurée par une fermeture à glissière. Ce principe général, mais simple, fait naître un réseau dentrées ou de listes évoluant par association ; et lusager peut obtenir un résultat danalyse simple à partir de données vastes et complexes. Lusager du système, ayant lobjectif de rédiger un texte entier et complet, enregistre des textes, des notes, des sons ou des images, et leur donne un titre. Ensuite, il arrange ces titres suivant un certain ordre. Cest donc par lintermédiaire du système dindexage quil arrive avec lELF à finaliser le texte à rédiger. Son système ne serait pas réalisé sans fonctions de lindexage.

La préoccupation principale de Nelson réside dans lidée de préserver automatiquement tous les changements réalisés au cours de la rédaction 77dun texte. Ainsi, il affirme avant dentrer dans la conclusion de son article : « la seule structure ultime est le changement lui-même ». Si lindexage est une idée-clé pour sa conception, cest quil garantit des changements dans le système. À lopposé du changement, Nelson émet lidée de catégorie. En fait, lindexage remplace lidée de catégorie. Les catégories sont pour lui chimériques ou temporelles. Cest ainsi quil pense que nos systèmes de catégorisation doivent évoluer au cours de leur développement18. Si Nelson conçoit un logiciel permettant détablir des indexes renouvelables à volonté et à tout moment, cest quil y voit le moyen dautomatiser le système dindexage proposé par Bush. Lintérêt du système de Nelson, en outre, réside dans lambition de vouloir traduire la fonction cognitive par lautomatisation. En effet, ce dernier insiste sur les avantages psychologiques du système ELF et sur la nature complète, fermée et unifiée du système19.

Malgré la reconnaissance dont il fait lobjet de la part de Nelson, Bush nest pas protagoniste de lindexage dans son article. En fait, lidée dindexage chez Bush nest pas si déterminante que Nelson ne le pense. Nous pourrions même trouver à ce sujet deux explications contradictoires dans le texte de 1945. Comme nous lavons déjà noté assez brièvement, Bush considère lindexage comme un sytème à rejeter. Si lon peut apprendre de lentendement humain, la conception de la machine exige, selon lui, de travailler à la réalisation dune sélection des données par association.

Notons que Bush prend le terme « sélection » au sens large du terme. Il évoque lidée quun certain type de sélection est déjà mécanisé et prend lexemple dun appareil permettant de sélectionner un ensemble dempreintes digitales parmi cinq millions dempreintes conservées dans une archive ; il appelle ce type de sélection « sélection simple ». La sélection simple consiste à examiner toutes les données consultables dans une archive ; elle reste lente et lourde dans son fonctionnement. Bush prend ensuite lexemple dun autre type de sélection en évoquant le central téléphonique automatique. Ce type de sélection équivaut à ce quon appelle la recherche progressive. Comme la sélection progressive sexécute sur des digits, un par un, en allant de gauche à droite des données, elle procède de façon bien plus rapide que la sélection simple. 78Bush prévoit ainsi la nécessité et lutilité de la sélection progressive, notamment accompagnée des techniques de télégraphone de Valdmer Poulsen. Bush prévoit ainsi larrivé de réseaux numériques, en considérant que lensemble des techniques permettra de projeter des données dans le lointain.

Cest dans ce contexte quil nous rappelle que le système dindexage se caractérise par sa redondance et par son manque de rapidité, comme la sélection simple. Bush explique que les titres à lindexage sont archivés dans le dépôt et quils sont rangés dans lordre alphabétique ou numérique. Quand il recherche un titre, le système doit suivre cet ordre en procédant de haut vers bas. Enfin, leur dépôt exige en outre de suivre des lois encombrantes et de les partager entre plusieurs usagers.

Bush propose la « sélection associative » sur la base de cette conception du système. Comme la sélection progressive, la sélection associative fonctionne avec rapidité. Sa réalisation suppose de fixer les associations des pensées humaines, qui sont éphémères et transitoires, et de simplifier des associations complexes et détaillées. Il est évident que le « Memex » se conçoit dans la perspective de réaliser une sélection progressive et associative afin de récupérer rapidement des données. Il sagit de rejeter le système dindexage, identifié à la « sélection simple », et, par contre, de travailler à un système dassociation garantissant, pour la récupération des archives, rapidité et flexibilité, égalant le cerveau humain, voire même le surpassant, et visant à la permanence des données ainsi quà leur clarté.

Il nous semble assez clair après de telles explications que Bush préfère le système de lassociation à celui de lindexage. Pourtant, il est à noter que Bush donne aussi, dans son texte, un contre-exemple de ce quon appelle communément « Turkish Bow Scenario ». Mais on pourrait en apercevoir un signe précurseur dans le passage où Bush émet une réserve concernant la consultation des données par le schème usuel de lindexage20. Lindexage est incapable de parvenir aux données voulues, mais il est toutefois préférable de laisser ouverte la possibilité de nous en servir, et lon peut considérer quil prépare un coup de force.

Si un usager veut consulter un livre archivé avec la machine, il tape le code de celui-ci sur un clavier équipé. La couverture du livre apparaît 79promptement devant lui, projetée sur lécran. Pour cela, il est certain que lusager connaît, voire même par cœur, le code du livre, sinon il sera nécessaire de consulter un livre de codes. Dailleurs, Bush ajoute que, comme les codes à usage fréquent sont mnémoniques, il y aura peu de personnes qui consulteront le livre de code pour en saisir un21. Le début des recherches commence ainsi par la saisie dun code, et cette opération ne demanderait aucunement une sélection associative, puisquil ne sagit que de processus mnésiques.

Par ailleurs, le scénario du tir à larc turc donne une image précise de ce quest lindexage pour Bush. Ce scénario est connu par sa démonstration de la fonctionnalité de « trail », qui équivaut à lhyperlien du web actuel. Cest vers la fin du scénario quon rencontre une mention du livre de code en usage. Cest lhistoire dun usager qui a fait des études sur la supériorité de larc turc à larc long anglais au moment de la Croisade. Il a établi des liens entre des articles et des documents archivés dans le « Memex » et les a enregistrés. Quelques années plus tard, il discute avec un ami et il a une intention de lui expliquer la supériorité de larc turc en se servant des liens enregistrés. Il saisit « quelques touches » pour les récupérer dans larchive22. Si ces quelques touches évoquent la saisie dun code, bien quil soit question ici de recherches associatives par mots-clés, elles doivent être mnémoniques, daprès la discussion menée auparavant, et il sagira davoir mémorisé le code.

On comprend, par la relecture du texte de 1945, que Bush ne renonce pas à lindexage, malgré la conscience quil a de ses défauts. Ainsi, Nelson na pas tort de manifester du respect envers Bush comme inventeur de lidée dindexage. Il laisse la porte ouverte au recours à lindexage, certes, mais cette idée dindexage ne signifierait pas un automatisme complet comme chez Nelson. En fait, comme le montre le scénario de larc turc, lindexage constitue un moment permettant de sauvegarder le mnémonique. Il faudrait comprendre ce terme mnémonique au sens le plus large ; il ne concerne pas seulement la mémoire mentale, mais le mental tout court ; il signifie donc le moment où les êtres humains sengagent dans lorganisation des savoirs humains. Aussi pourrions-nous observer une dualité entre le mécanique et le mental à lorigine de lhypertexte.

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Organiser les savoirs humains :
le cas de Michel Foucault

Ayant en commun lidée dorganiser des savoirs humains surabondants, les deux considérations que nous avons présentées nous révèlent deux aspects de lhypertexte : le mécanique et le mental. La finalité des recherches de Nelson et de Bush vise à automatiser lorganisation de nos savoirs ; Nelson croit que lindexage servirait à la réalisation dune automatisation complète, alors que Bush conserve la possibilité dun moment où les êtres humains pourraient effectuer une sélection non-machinale. Comme lidée de Nelson provient de Bush, on a le moyen de comprendre que son idée est inclusive à celle de Bush. Ce raisonnement nous amène à mettre en relief les deux aspects fondamentaux de lhypertexte.

Au lieu daccepter la dualité dont on a parlé, un des premiers protagonistes des études hypertextuelles, George P. Landow, semble plutôt prévoir un changement total pour lavenir du texte23. Landow parle de deux types possibles dhypertexte : lun consiste à constituer un corpus de commentaires ou de notes autour dun texte principal, et lautre à établir une archive de documents autour dune thématique principale. Ces deux emplois témoignent de la possibilité de réaliser lhypertextualisation de textes existants. Cela revient à remplacer totalement les textes par lhypertexte24.

Landow cherche à attester, dans son œuvre, une convergence entre ce quil appelle la « théorie critique » et lhypertexte. Il cite à cet effet plusieurs philosophes et critiques littéraires, parmi lesquels figure Michel Foucault. Nous ne pouvons pas oublier le fait que Foucault développe sa thèse autour de lidée dun moment humain dans lorganisation des savoirs humains.

Selon Georges Canguilhem, Foucault démontre, au moyen dune archéologie, les discontinuités entre le xvie et le xviie siècle ainsi quentre le xviiie et le xixe et met en relief lexistence d« un code de mise en ordre 81de lexpérience humaine25 » pour la culture de chaque période discontinue. À cette fin, Foucault dispose deux figures de quadrilatères sur une page insérée entre la première et deuxième partie de lœuvre, quil intitule lune « xviiexviiie siècles » et lautre « xixe siècle26 ». Les comptes rendus principaux se passent de ces figures, certes, mais celles-ci jouent un rôle fondamental pour la discussion épistémologique dans cette œuvre27.

Foucault esquisse, dabord, le quadrilatère du langage à lépoque classique : « Les quatre théories – de la proposition, de larticulation, de la désignation et de la dérivation – forment comme les segments dun quadrilatère », explique-t-il28. Les deux sommets théoriques forment un segment et les deux segments sopposent deux à deux ; les segments entre « proposition29 » et « dérivation », « articulation » et « désignation » qui forment deux pairs en sopposant, constituent « le moment métaphysiquement fort de la pensée des xviie et xviiie siècles » et « les rapports entre articulations et attribution, désignation et dérivation [] définissent pour cette pensée le moment scientifiquement fort30 ».

Ces deux moments composés de quatre segments servent aussi de figure de lépoque moderne du xixe et xxe siècles. Foucault recourt à la figure du quadrilatère pour parler de la discontinuité épistémologique entre les époques classique et moderne : « Quant à la mutation qui sest produite vers la fin du xviiie siècle dans toute lépistémè occidentale, il est possible dès maintenant de la caractériser de loin en disant quun moment scientifiquement fort sest constitué là où lépistémè classique connaissait un temps métaphysiquement fort ; []31. ». Foucault annonce même la destruction du « “quadrilatère” anthropologique » pour « penser à nouveau32 ». Cela témoigne combien Foucault accorde plus quon ne le pense de valeurs à ces figures.

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À propos de la reconfiguration des quadrilatères de lépoque classique à lépoque moderne, Foucault inverse les fonctionnements de deux segments, comme on la vu dans la citation en haut ; mais ce chiasme ne produit aucune modification dans le fonctionnement des deux moments scientifique et métaphysique. Le moment scientifique implique deux processus mécaniques différents : un segment entre « proposition » et « articulation » et un autre entre « désignation » et « dérivation ».

Le premier segment entre « proposition » et « articulation » suppose le moment de lanalyse du « fonctionnement représentatif des mots les uns par rapport aux autres33 » ; lautre segment entre « désignation » et « dérivation » implique le moment de létude de « la manière dont les mots désignent ce quils disent, dabord dans leur valeur primitive (théorie de lorigine et de la racine), puis dans leur capacité permanente de glissement, dextension, de réorganisation (théorie de lespace rhétorique et de la dérivation)34 ». Foucault justifie ce moment scientifique de deux segments, en prenant les exemples de Destutt de Tracy, Condillac, lécole de Port-Royal, Adam Smith, Rousseau et Turgo, parmi dautres. Ce moment scientifique se caractérise par leffort deffectuer une « énumération complète35 » ou détablir une liste de conversion entre un mot et un sens, un mot et une origine. Pour la réalisation de cette liste complète, la conversion se réalisera de façon automatique.

Quant au moment métaphysique, cest au mental que lon a affaire. Foucault conclut sa réflexion par lidée de grammaire générale : « pour quil y ait de dérivation des mots à partir de leur origine, pour quil y ait déjà appartenance originaire dune racine à sa signification, pour quil y ait enfin un découpage articulé des représentations, il faut quil y ait, dès lexpérience la plus immédiate, une rumeur analogique des choses, des ressemblances qui se donnent dentrée de jeu. [] Si le langage existe, cest quau-dessous des identités et des différences, il y a le fond des continuités, des ressemblances, des répétitions, des entrecroisements naturels. La ressemblance, qui est exclue du savoir depuis le début du xviie siècle, constitue toujours le bord extérieur du langage : []36 ». Foucault distingue, dailleurs, quatre types essentiels de ressemblances constituant le savoir 83avant lépoque classique : « convenientia », « aemulatio », « analogie » et « sympathies37 ». Le comportement des « sympathies » avec son opposé, lantipathie, témoignerait de limportance des opérations mentales fondées sur la ressemblance dans la constitution des savoirs humains.

Il apparaît ainsi que les deux moments machinal et mental soient au fondement de lorganisation des savoirs humains. Or, il est à noter que ces deux moments composent, de fait, la base technique du web. Les sites web actuels sont en effet constitués du HTML38, celui-ci se développant sur le modèle dun autre langage de balisage nommé SGML39.

Dans le cas du SGML, si un texte est balisé dans ce langage, on a besoin de ce quon appelle DTD (Document Type Definition). On sait dautre part que des balises sont au centre de lécriture en HTML comme en SGML. Mais on méconnaît souvent que les balises elles-mêmes doivent être définies par la DTD et que leur définition se réalisera, non pas de façon automatique, mais à lissue de décisions prises par des êtres humains appartenant à des comités compétents.

Dailleurs, depuis larrivée des systèmes conviviaux comme blog, microblog et wiki, les usagers ont perdu la conscience de lécriture dun hypertexte. Car nous navons plus besoin de recourir à des balises pour nous exprimer au moyen de lhypertexte : les balises ont disparu pour nous. En fait, celles-ci sont cachées sous le système intermédiaire servant à traduire et à réaliser leurs commandements par de simples clics sur des boutons affichés sur lécran. Pour nous, tout se passe de façon automatique sans que nous ayons connaissance du processus.

Mais, comme on la indiqué en haut, avant que cette procédure soit fonctionnelle, il est nécessaire de préparer la DTD. Par exemple, si lon fait référence à la DTD pour HTML 4.01, on trouve dans les commentaires intérieurs au document trois DTD différentes40. Ceci 84prouve quon a besoin non pas dune seule mais de plusieurs DTD, et que celles-ci doivent être préparées selon certaines finalités. Aussi, retrouve-t-on ici la nécessité dune coexistence des moments humain et machinal dans la réalisation du web.

Conclusion

À partir de létude des origines de lhypertexte, nous avons abordé la question de lorganisation des savoirs humains : lhypertexte est conçu dès le début par ses inventeurs afin dorganiser un volume excessivement important de savoirs. Bien que les deux inventeurs décrivent chacun leur conception hypertextuelle à leur manière, ces deux conceptions cachent une condition essentielle pour réaliser lhypertexte, à savoir une présence humaine. En effet, lautomatisation ne se fait jamais seule, les êtres humains la préparent et collaborent à sa réalisation.

Les deux moments machinal et humain sont nécessaires pour lorganisation des savoirs humains au moyen de lhypertexte. Ceci étant posé, le rapport entre ces deux moments devrait être beaucoup plus visible pour tout le monde. La transparence seule permettrait déviter des erreurs possibles. Même si, comme lécrit Foucault, « lhomme seffacerait, comme à la limite de la mer un visage de sable41 », lhomme devrait apparaître au moins une fois au cours de lorganisation des savoirs au moyen de lhypertexte, avant de disparaître.

Shinya Shigemi

Université de Nagoya

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Bibliographie

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1 Howard Rheingold, Tools For Thought. The History and Future of Mind-Expanding Technology, New York, Simon & Schuster, 1985 ; reproduit à MIT Press, en 2002.

2 Paul Baran, On Distributed Communications, Santa Monica, California, The RAND Corporation, 11 volumes, 1964.

3 A History Of The ARPANET. The First Decade, Report No. 4799, Defense Advanced Research Projects Agency, 1981, p. ii-6.

4 Theodor Nelson, “A File Structure For The Complex, The Changing And The Indeterminate”, dans Acte de “ACM 20th National Conference”, 1965, p. 84.

5 Ibid., p. 85.

6 Ibid., p. 96.

7 Ibid., p. 87.

8 Ibid., p. 88.

9 Ibid., p. 97.

10 Ibid., p. 96.

11 Ibid., p. 85.

12 Vannevar Bush, Vannevar, “As We May Think”, dans The Atlantic Monthly, July 1945. Larticle est consultable au site Web : www.theatlantic.com (URL : http://www.theatlantic.com/magazine/archive/1945/07/as-we-may-think/303881/, consulté au 4 février, 2015). Cest ainsi que nous ne fournirons pas la pagination, mais le chiffre de chapitres, comme références à cet article.

13 Nelson, op. cit., p. 86.

14 Bush, op. cit., « Introduction ».

15 Bush, op. cit., « chapitre 6 ».

16 « The human mind does not work that way. It operates by association. With one item in its grasp, it snaps instantly to the next that is suggested by the association of thoughts, in accordance with some intricate web of trails carried by the cells of the brain. » (Bush, « chapitre 6 » : nous soulignons.)

17 Nelson, op. cit., p. 85.

18 Ibid., p. 85.

19 Ibid., p. 98.

20 Bush, op. cit., « chapitre 6 ».

21 Ibid.

22 Ibid.

23 George P. Landow, Hypertext. The Convergence of Contemporary Critical Theory and Technology, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 1992, p. 70. Voir aussi : George P. Landow, Hypertext 3.0. Critical Theory and New Media in an Era of Globalization, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2006.

24 Ibid., p. 35.

25 Georges Canguilhem, « Mort de lhomme ou épuisement du cogito ? », dans Critique, no 242, 1967, p. 599-618.

26 Michel Foucault, Les Mots et les Choses, Paris, Éditions Gallimard, 1966, p. 225.

27 Hubert Dreyfus & Paul Rabinow, Michel Foucault. Beyond Structuralism and Hermeneutics, 2d edition, Chicago, The University of Chicago Press, 1982 ; Philippe Artières et al., Les Mots et les Choses de Michel Foucault. Regards critiques 1966-1968, Caen, Presses Universitaires de Caen – IMEC éditeur, 2009.

28 Foucault, op. cit., p. 131.

29 Foucault hésite sur la terminologie entre « attribution » et « proposition » ; dans le schéma, il choisit le terme d« attribution ».

30 Foucault, op. cit., p. 219.

31 Ibid., p. 219.

32 Ibid., p. 353.

33 Ibid., p. 106.

34 Ibid., p. 106-107.

35 Ibid., p. 69.

36 Ibid., p. 135.

37 Ibid., p. 32-40.

38 Nous connaissons de grandes différences entre HTML4 et HTML5, la dernière version. Notre discussion se limite à HTML4. Cf. Sur HTML 4.01, voir Dave Reggett et al., « HTML 4.01 Specification », W3C Recommendation 24 December 1999, au site W3C (URL : http://www.w3.org/TR/REC-html40/cover.html [consulté au 1 mars 2015]), « chapitre 3 » ; sur HTML 5, voir Ian Hickson, Ian, et al., « A Vocabulary and associated APIs for HTML and XHTML », W3C Recommendation 28 October 2014, au site W3C : URL : http://www.w3.org/TR/html5/ [consulté aussi au 1 mars 2015].

39 Standard Generalized Markup Language, ISO 8879, 1986.

40 Simon Pieters, « HTML5 Differences from HTML4 », W3C Working Group Note 9 December 2014, au site W3C (URL : http://www.w3.org/TR/html5-diff/ [consulté au 1er mars 2015]) ; Reggett et al., op. cit.

41 Foucault, op. cit., p. 398.