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Classiques Garnier

Du fragment daté au corpus patrimonialisé Numérisation et muséalisation de l’article de presse mauriacien

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Études digitales
    2016 – 1, n° 1
    . Le texte à venir
  • Auteur : Bideran (Jessica de)
  • Résumé : Le Centre Mauriac de l’université Bordeaux Montaigne porte depuis plusieurs années le projet d’une édition numérique des textes de presse de François Mauriac. L’article est orienté vers la conception et l’alimentation d’un dispositif d’édition répondant à des pratiques spécifiques d’écriture et de lecture. À travers l’analyse du dispositif numérique il entend suivre la fabrique d’un patrimoine écrit qui participe à une redéfinition de la mémoire mauriacienne.
  • Pages : 125 à 142
  • Revue : Études digitales
  • Thème CLIL : 3157 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Sciences de l'information et de la communication
  • EAN : 9782406061939
  • ISBN : 978-2-406-06193-9
  • ISSN : 2497-1650
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06193-9.p.0125
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 29/09/2016
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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Du fragment daté
au corpus patrimonialisé

Numérisation et muséalisation
de larticle de presse mauriacien

Introduction

Portés par des équipes de chercheurs en Lettres, les projets déditions numériques de corpus de textes littéraires qui se sont multipliés ces dernières années – édition des manuscrits de Gustave Flaubert1 ou de Stendhal2, des archives manuscrites du fonds Jean Paulhan3, etc. – signent progressivement lentrée de ces sciences dites « molles » dans lère des Humanités digitales (Le Deuff, 2014).

Cherchant à dépasser les limites des éditions papiers, ces expériences sappuient sur la structure hypertextuelle du Web pour retranscrire, via lespace infini de lécran, les réseaux littéraires, les influences et la variété de ces œuvres. Les scientifiques impliqués dans ce processus tentent peu à peu de redéfinir les rapports aux savoirs en œuvrant 126pour le partage des données issues de la recherche et la valorisation des connaissances produites. Parallèlement, ce nouvel environnement oblige à repenser les modes de financement de ces projets4, à recomposer les équipes de recherche en multipliant les profils professionnels ainsi quà sinsérer dans un paysage national visant à coordonner une production raisonnée de corpus numériques5. Nécessairement transdisciplinaires, ces projets supposent pour les membres engagés dans leur mise en œuvre lapprentissage de savoir-faire, lacquisition dune lingua franca permettant déchanger. En ce sens, ces différents travaux de numérisation et de diffusion de corpus littéraires peuvent être considérés comme des espaces de médiation où les équipes engagées dans ces réalisations transforment les objets textuels sur lesquels elles travaillent. Portés par des chercheurs en littérature rompus à lexercice de décomposition du texte, cette recomposition numérique ne détermine-t-elle pas dès lors une nouvelle dimension symbolique à ces textes ?

À partir dune description précise du programme de numérisation « Mauriac en ligne – textes de presse », nous souhaitons apporter quelques éléments de réponse à cette question en nous appuyant plus spécifiquement sur lanalyse détaillée de la plateforme de consultation actuellement en cours dexpérimentation. Parce quil relève à la fois dune organisation matérielle et dune proposition de lecture, loutil exploité illustre en effet des choix techniques mais aussi heuristiques effectués par léquipe de recherche. La plateforme éditoriale et la méthodologie mise en œuvre amène ainsi à sinterroger sur le statut de ce corpus numérique 127en reconsidérant la mémoire de lœuvre journalistique mauriacienne, par-delà les clés de lectures que lauteur a lui-même souhaité transmettre de son vivant en la figeant dans des rééditions papiers.

Passant du régime papier au régime numérique, ces textes nous semblent par là même passer du régime allographique de la littérature (Genette, 1994) à celui du régime autographique des objets patrimoniaux (Davallon, 2015) ; conséquemment, le dispositif décriture et de lecture expérimenté, que lon pourrait nommer à la suite de Franck Cormerais mémothèque (Cormerais, 2015 : 134), amène le chercheur à sinterroger sur la mémoire scientifique que lui-même construit. Cette réflexion sappuie sur notre participation à ce programme de recherche dans le cadre dun contrat post-doctoral. Cette implication, au cœur de lespace de médiation qui se met progressivement en place autour du dispositif, nous donne ainsi loccasion dobserver finement la mise en œuvre de ce nouveau statut du texte numérique mauriacien.

Offrir une troisième vie
aux textes de presse de François Mauriac

En sappuyant sur le travail de recension mené par ses membres, le Centre Mauriac de lUniversité Bordeaux Montaigne porte depuis plusieurs années le projet dune édition numérique intégrale des textes de presse de François Mauriac. Ce projet souhaite renouveler lapproche du travail journalistique de lécrivain en numérisant la totalité de ses articles, soit environ 3 000 textes publiés entre 1905 et 1970 au sein de 150 publications périodiques. Malgré limportant travail de réédition réalisé durant les dernières décennies du xxe siècle, 560 textes, cest-à-dire environ 20 % du corpus, nont en effet jamais été repris en volume et restent difficilement accessibles aux lecteurs. Sur ces 560 textes, 540 sont antérieurs à 1954, date à partir de laquelle les reprises ont été plus systématiques, soit des mains même de Mauriac au sein de ses Bloc-Notes et de ses Mémoires, soit des mains de chercheurs tel que Jean Touzot.

En donnant accès à lensemble de ces textes de presse, conservés physiquement par différentes institutions telles que la BnF ou la bibliothèque 128universitaire de Bordeaux Montaigne, il sagit donc de reconstituer un ensemble virtuel6, complet et homogène, afin de permettre la construction de nouvelles représentations du travail journalistique de François Mauriac. Lancrage régional du projet, au cœur dun paysage mauriacien marqué par le Centre François Mauriac de Malagar, ancienne demeure de lécrivain, influence également les visées communicationnelles puisquil sagit doffrir à des publics variés – scolaires pour exploitation pédagogique, enseignants en lettre ou en histoire mais aussi publics amateurs – une source incomparable dinformations sur lhistoire et la société françaises du xxe siècle. Le terme de reconstitution nest ici pas anecdotique ; traditionnellement associée à la représentation dun événement historique, cette procédure symbolique exploite divers moyens permettant de se remémorer une histoire selon une temporalité complexe car rappelant le passé mais efficace dans un perpétuel présent (Jollet & Massu, 2012, 9).

À la fois diachronie et synchronie, la reconstitution désigne dans le même temps les procédures dexposition dont bénéficient certaines collections muséographiques, à limage des dioramas mêlant vestiges et interprétations que lon retrouve dans les musées archéologiques (Flon, 2012). Cette pratique dexposition a été plus particulièrement théorisée par Georges-Henri Rivière lors de ces travaux menés dans les années 1960 sur les écomusées. Son acolyte André Desvallées relate ainsi une collecte menée en Aubrac lors du prélèvement dhabitats traditionnels. Plâtre et résine furent en effet largement convoqués pour, littéralement, recréer certaines parties de ces structures déplacées de leur environnement premier pour sinsérer au cœur du futur musée des Arts et Traditions Populaires. Insistant sur le terme « recréation », celui-ci écrit : « Jutilise ce terme artistique un peu par provocation. Pour être précis [] lintérieur des Fajoux sont des restitutions : ils ont fait lobjet dun simple transfert avec démontage et remontage à lidentique. Dautres ensembles [] sont des reconstitutions ; à ces derniers ensembles, pas complets, ont été intégrés des outils et du matériel ancien collecté ailleurs et permettant une présentation synchronique » (Desvallées, 1989, 187). Ainsi, et selon lexpertise muséologique, la restitution consiste à 129remonter à lidentique un ensemble patrimonial déplacé de son contexte dorigine, tandis que la reconstitution vise à combler les lacunes du passé par lajout déléments extérieurs mais cohérents. Elle suppose par conséquent un travail dinterprétation sérieux permettant dexpliciter les traces conservées. Or, ce mouvement, qui suppose dexhumer de loubli des vestiges historiques mais aussi de les enrichir en les recontextualisant, est finalement relativement proche du travail actuellement mené par léquipe du projet « Mauriac en ligne ».

La phase de récolement, tout aussi essentielle que laborieuse, sest ainsi concrétisée par la localisation des différents fonds conservant les textes étudiés en vue de leur numérisation7. Cest au cours de cette phase de repérage que le chercheur est amené à senfoncer dans le passé (Baudorre, 2011). Le texte de presse est en effet intrinsèquement daté. Écrit pour être lu dans un moment donné et selon un cadre particulier, il est condamné à appartenir au passé presque aussitôt les pages du périodique refermées. Plus dun siècle après la parution des premiers articles de Mauriac, leur contexte décriture et de lecture tout comme leurs lecteurs ont profondément changé. Si, en les réunissant en recueils, lauteur lui-même a offert une seconde vie à certains de ces textes soigneusement choisis, voire pour quelques-uns retravaillés et légèrement modifiés, numériser les articles de François Mauriac, cest donc offrir à ces textes une troisième vie. Le choix qui a été fait est en effet celui de revenir à létat premier de larticle reproduit en mode image.

Alors que la première phase dexpérimentation menée entre 2008 et 2010 sous la direction de Paul Cooke et portant plus spécifiquement sur la production journalistique des années 1937-1938 fit le choix de la seule transcription TEI8 (Cooke, 2011), la procédure actuellement retenue pour reproduire ces textes est la numérisation des originaux en mode image puis lextraction du flux textuel à partir dun système de reconnaissance optique de caractère. Ce choix, qui peut sembler aller 130à lencontre des préconisations de structuration des données textuelles délivrées par exemple par le guide des bonnes pratiques Huma-Num, sest imposé par la volonté davancer rapidement dans la numérisation et la transcription des textes malgré nos faibles moyens en ressources humaines9. À laune des réflexions œcuméniques entourant les Humanités digitales, il convient de sattarder quelque peu sur cette orientation qui diverge par exemple de celle suivie par de nombreux projets du Consortium CAHIER.

Si labandon de la transcription TEI résulte effectivement du faible nombre de personnes ressources susceptibles de satteler à cette tâche, il prive a priori les futurs chercheurs de données parfaitement balisées et structurées permettant une fouille plus fine du corpus. Certes, des solutions techniques existent aujourdhui pour transformer un document traitement de texte tel que nous lexploitons lors des phases de transcription vers un format structuré strictement sémantique XML/TEI10. Réversible donc, cette orientation nous semble cependant révélatrice du statut accordé à ce corpus numérique. En se concentrant sur la mise à disposition des textes, plus que sur leur structuration, liaison et malléabilité futures permettant par exemple des interrogations statistiques fines, les chercheurs contribuent à façonner un lieu de mémoire qui élève le texte en objet de patrimoine avant den faire un objet de recherches.

Pour en revenir à la procédure exploitée, les prises de vues, réalisées au format TIFF en vue de leur conservation sont ensuite recomposées en 131un fichier PDF qui subit un traitement de reconnaissance de caractères11 afin den extraire le texte. Lusager du site a donc accès à un fac-similé de larticle publié dans la presse à la fois iconique, via le PDF, et textuel, via la transcription. Pour autant, il ne sagit pas dun simple transfert à lidentique du format papier au format numérique. Le texte supporte en effet une sorte de démontage et de remontage puisque, conforment au projet éditorial, seul larticle de François Mauriac se voit valorisé. Billet publié en Une du Temps présent ou chronique de plusieurs pages éditée au sein de la Revue hebdomadaire, un repérage quasi chirurgical sopère pour nexposer que lœuvre journalistique mauriacienne. Lintégrité de la page étant toutefois conservée, ces textes sont donnés à lire tels quils sont apparus à leurs premiers lecteurs, dégagés, pour ceux qui furent repris en volume, des strates successives apportées par les éditeurs. Ce choix de rendre disponible le corpus en mode image est à la fois foncièrement lié à la plateforme de consultation retenue tout comme au désir de donner à lire le texte dans sa mise en page primaire. Celle-ci représente en effet une source de renseignements particulièrement pertinente pour la presse qui use de titres, photographies ou dessins enrichissant la lecture. En même temps, cet accent mis sur laspect visuel du texte nous semble être le signe de lempilement des valeurs attribuées à ce corpus littéraire. La mise en forme de ces textes numériques et les possibilités dappropriation construites illustrent parfaitement cette complexité.

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Enchâsser les textes de presse
de François Mauriac

Une fois les phases de récolement et de numérisation réalisées12, lobjectif de mettre à la disposition de différents publics la totalité de ces articles, soit entre 6 000 et 7 000 pages, suppose détablir la plateforme qui accueillera ces données numériques. Parallèlement au chantier opérationnel qui consiste en définitive à identifier et à rassembler une collection virtuelle de textes qui naura une existence que sous format numérique, la recherche est effectivement orientée vers la conception dun dispositif dédition répondant à des pratiques spécifiques décriture et de lecture. La réflexion menée sest appuyée sur un certain nombre de principes logistiques et scientifiques.

Ainsi, léventualité de réaliser un développement informatique ex nihilo a rapidement été mise de côté. Rechercher une solution open source existante et disposant dans ses fonctionnalités courantes de la description des données selon un schéma interopérable mais aussi de la gestion de contributeurs, savère en effet plus pertinent, tant, dailleurs, du point de vue financier que de la déontologie professionnelle. La réversibilité du choix logiciel effectué à un temps t de lhistoire informatique est assurément un élément important, sinon crucial. Utiliser des solutions open source, cest anticiper un éventuel changement de technologie et sassurer de pouvoir migrer les données et métadonnées stockées sur une nouvelle plateforme. Une communauté de développeurs dont limplication décline, des orientations technologiques qui éclatent, une solution aux fonctionnalités plus appropriées qui émerge, autant de raisons qui peuvent expliquer le besoin de modifier le support logiciel. Pour cela, le stockage des données doit être assuré par un système de gestion de base de données. De même, les capacités et la facilité dintégrer des extensions au logiciel de base sont des éléments déterminants pour cette sélection. Lobservation de sites réalisés dans des domaines similaires permet enfin de valider ou dinvalider les différents supports envisagés.

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À cet égard, le logiciel libre Omeka13 apparaît comme une solution spécialisée dans la gestion darchives numériques et fortement ancré dans le paysage universitaire, à limage du site créé par luniversité de Clermont-Ferrand et présentant les carnets géologiques de Philippe Glangeaud14, ou encore de 188615, la bibliothèque numérique des fonds patrimoniaux du service commun de documentation de Bordeaux Montaigne. Autorisant la mise en place dune communauté qui alimente la base de données selon différents rôles et donc selon différents droits, permettant de regrouper les données collectées par thèmes et sous-thèmes, proposant un moteur de recherche puissant et appuyant la description des métadonnées sur le format international Dublin Core, cet outil propose de fait les quatre principales fonctionnalités recherchées par le comité de pilotage. Développé par le Center Roy Rosenzweig for History and New Media de luniversité George Mason, celui-ci propose enfin de nombreuses fonctionnalités supplémentaires telle que la création à partir de ces mêmes documents dexpositions virtuelles, système de valorisation documentaire devenu un classique des productions numériques de lieux de mémoire tels que les musées, les bibliothèques ou les archives. Cependant, comme tout outil pré-existant, celui-ci suppose des contraintes qui sont liées aux choix pris par ses éditeurs ; il est par exemple impossible dans Omeka dattribuer plusieurs collections à un objet ce qui limite lusage des collections thématiques permettant dorganiser les textes. Lintégration des extensions ménage toutefois de nombreux accès aux données.

Le corpus numérique peut ainsi être livré en son entier, au fil des documents qui se voient structurés par ordre chronologique ou alphabétique 134en fonction du souhait de lusager. Des éléments de ce corpus sont ensuite consultables au sein de parcours thématiques mis en avant par le comité scientifique16 ou à partir dun nuage de mots-clés visualisable en page daccueil, créant ainsi des sortes danthologies plus ou moins vastes. Une attention particulière a également été apportée aux articles évoquant lAquitaine puisque ces derniers sont tous géo-référencés et accessibles via une cartographie de la région générée par une Google Map. Si ces accès codifiés suggèrent des lectures relativement passives, lusager étant fortement guidé dans sa découverte par les critères éditoriaux effectués en amont par les chercheurs, linternaute a tout loisir de développer une démarche active. Lexploration du corpus peut effectivement être faite à partir du moteur généré par Omeka qui autorise les recherches plein texte et interroge lensemble des métadonnées comme les éditeurs ou la typologie des textes.

Investigation poussée ou butinage plus ou moins orienté, un large panel dappropriations est par conséquent proposé à linternaute. Quil suive toutefois les anthologies proposées par les experts ou une recherche plus personnelle, lusager accède à larticle en pointant sur la vignette du substitut iconique. Le visuel de larticle, qui représente en réalité une sorte de miniaturisation du PDF, est en effet valorisé aux deux moments clés de lappropriation ; celui tout dabord de la sélection du texte au cœur dune longue liste dobjets ; celui ensuite de la lecture puisque, par défaut, cest le mode image qui apparaît au centre de la visionneuse qui couvre lécran. Linternaute est ensuite libre de consulter larticle en mode texte seul, lécrit venant se positionner au centre de lécran, ou en regard du substitut iconique. Le texte lisible sur la version publique est le résultat dune extraction de « locérisation » mise en œuvre sur les fichiers images et dune transcription de ces caractères selon un langage wiki au sein de la partie technique du site. Cette nouvelle inscription textuelle résulte du désir exprimé par le comité de pilotage daugmenter lexpérience de lecture par une série dannotations et de références facilitant lappropriation cognitive de chaque texte. Sappuyant sur une 135syntaxe et un jeu de balises simplifiés, larchitecture wiki exploitée17 transforme dans le même temps la plateforme de gestion documentaire en plateforme de rédaction et dédition.

Pour autant, « Mauriac en ligne » ne peut être considéré comme un site collaboratif car seuls les membres du comité scientifique possédant un compte contributeur peuvent annoter les textes. Lextension wiki se voit ici détournée pour répondre à un besoin de contextualisation documentaire additionnel à la seule attribution de métadonnées descriptives. Ainsi, la possibilité pour chaque internaute daccéder à la fenêtre de transcription de larticle lu, proposée par Omeka sous chaque document lors de lintégration du wiki, a été volontairement supprimée de la version publique du site. À la différence donc du plus célèbre des wiki, Wikipedia qui parie sur la masse de rédacteurs et sur lautorégulation des échanges lors de la rédaction de contenu (Mabillot, 2012), le savoir mis en avant ici demeure celui de lexpert qui a pris le temps de décortiquer le texte et de lenrichir pour accompagner le visiteur-lecteur dans sa découverte. Conséquemment, la plateforme devient un espace hybride qui enferme à lintérieur dune seule structure les fonctions essentielles de préservation, détude informationnelle et de communication de la collection virtuelle patiemment rassemblée. Déposés, examinés et montrés via la base de données qui assure le fonctionnement du site, ces textes sont comme enchâssés dans cet espace numérique18. Extirpés du purgatoire et désormais exposés au culte des chercheurs, ils deviennent par-là même porteurs de nouvelles valeurs.

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Muséaliser les textes de presse
de François Mauriac

Traditionnellement assignées aux professionnels du patrimoine œuvrant à la valorisation dœuvres historiques ou artistiques19, les missions de préservation, recherche et communication sont désormais assurées par les chercheurs engagés dans ce programme. Celles-ci se traduisent par une série détapes qui va de lextraction du texte primaire de son milieu dorigine vers une présentation publique en ligne après une contextualisation de celui-ci afin de lui redonner du sens. Chacune de ses activités se déroule dans un univers numérique : commencent la numérisation des articles à laide de scanners et le traitement OCR qui permet de leur restituer une textualité ; vient ensuite la thésaurisation de ces fichiers numériques sur les serveurs informatiques gérés par la DSI de lUniversité Bordeaux Montaigne ; les objets documentaires sont alors finement examinés et ces études se matérialisent lors des phases dindexation, de transcription et dannotation des articles produites directement au sein de la base de données ; enfin, cette description documentaire qui a pour cadre de réalisation la partie technique du site se concrétise sur la version publique par les divers parcours et cheminements proposés à linternaute. La base de données constituée pour accueillir, gérer et présenter cette collection virtuelle dans son intégralité fonctionne in fine comme un cybermusée20. En accompagnant la lecture des textes de commentaires indispensables à une bonne compréhension, dillustrations qui les replacent dans leur contexte, en définissant un certain nombre de cheminements et ditinéraires de découverte, celui-ci 137expose en effet les substituts numériques des articles de presse de François Mauriac afin que ces derniers documentent le travail journalistique de lécrivain. Parallèlement, cette mise en scène digitale implique un changement de statut de ces objets ; devenus musealia, ils ont été de facto patrimonialisés puisque, comme le rappelle François Mairesse, « tout ce qui est muséalisé est patrimonialisé » (Desvallées et Mairesse, 2011, 254). En déplaçant larticle de lespace tangible à lespace numérique et en déployant ses substituts iconiques et textuels sur lécran informatique, la numérisation et la diffusion en ligne de ces écrits participent à une redéfinition des frontières entre passé, présent et futur en travaillant la mémoire. Cette transformation numérique ordonne en effet le processus de patrimonialisation de ces derniers qui sont retrouvés, étudiés, contextualisés, exposés et conservés. Mais au-delà de ces gestes spécifiques, la patrimonialisation se caractérise plus particulièrement par une rupture mémorielle (Davallon, 2006). Or, à travers les rééditions en volumes de ses propres textes, parfois modifiés et amendés, François Mauriac, en « bon gestionnaire de ses écrits » (Baudorre, 2011, 85), a lui-même tenté de verrouiller lappréhension de son œuvre. Construisant ainsi sa propre mémoire via les nombreux recueils publiés de son vivant, lécrivain a fixé pour la postérité son œuvre littéraire qui se matérialise par le caractère fini du volume édité (Audet, 2014). Cette mémoire allographique, idéale, créée et promue par lauteur lui-même est bousculée par la muséalisation des substituts numériques. Érigés en objets patrimoniaux, ils suscitent une reconstruction historique qui peut aller à lencontre de la mémoire que lécrivain souhaitait voir perdurer. Et ceci est particulièrement vrai pour les textes exhumés de loubli car si la mémoire sélectionne et oublie, lhistoire tente de reconstruire ce qui nexiste plus. Pour ne prendre quun exemple de cette tension permanente qui persiste entre mémoire et histoire, reprenons cet inventaire à la Prévert de Paul Cooke qui travailla entre 2008 et 2009 sur les textes publiés entre 1937 et 1938. Pour le seul mois de janvier 1937, luniversitaire énumère en ces termes les grands écarts journalistiques effectués par François Mauriac : « une conférence consacrée à Mozart [] ; deux billets parus dans lhebdomadaire dominicain Sept [] dont la majorité des lecteurs seraient donc plutôt des catholiques de centre-gauche ; une chronique à la Une du Figaro, un des grands quotidiens parisiens de lentre-deux-guerres [] ; un court hommage à laviateur 138Jean Mermoz qui [] paraît à la Une des Croix-de-feu, lun des plus célèbres mouvements nationalistes de lentre-deux-guerres [] ; un article littéraire en Une du Temps, grand quotidien dinformation qui jouissait dune excellente réputation, un peu comme le monde de nos jours ; et, finalement, un long compte rendu dune pièce de théâtre de Gabriel Marcel paru dans un hebdomadaire dextrême-droite caractérisé par lantiparlementarisme, lanticommunisme, lantisémitisme, langlophobie et un soutien politique marqué pour les régimes de Mussolini et du général Franco » (Cooke, 2011, 75). Du point de vue herméneutique, cela signifie que léquipe scientifique impliquée dans le programme ne tente pas de faire perdurer la mémoire mise en scène par lacadémicien mais aspire au contraire à restaurer un corpus complet et fiable afin de mieux connaître le travail journalistique de François Mauriac. En restaurant la complexité de cette collection textuelle, il sagit de faciliter la mise en œuvre détudes inédites sur lécrivain et son environnement, non seulement littéraire, mais aussi sociétal, politique ou religieux. Cependant, labandon de la TEI et la mise à disposition de limage signent le passage du scripturaire à lindiciel, cest-à-dire du texte au substitut iconique de larticle ; mouvement qui imprime une valeur avant tout patrimoniale à ce corpus numérique, désormais objet du passé dans le présent. En exposant et en valorisant la matérialité physique de ces objets textuels numériques, la plateforme de diffusion – et bien que les choix éditoriaux de léquipe projet soient en cours de construction – devient le lieu dune mémoire autographique et numérique dont la valeur se métamorphose (Kaplan, 2009 : 9). Cette valeur, non plus seulement artistique et littéraire mais désormais aussi patrimoniale, est dissociée de lobjet texte papier car la mémoire informationnelle qui est élaborée par les chercheurs lors de leur travail de description et dannotation demeure dans lespace virtuel du Web. Dans létat actuel du travail mené par léquipe, la forte intégration de ce projet dans un paysage Mauriacien aquitain ainsi par exemple que certains choix éditoriaux formulés par léquipe comme la création dune collection thématique « Aquitaine » ou laccès géographique aux textes évoquant la région natale de lécrivain, donnent finalement à voir la construction dun patrimoine immatériel territorial, une mémoire régionale.

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Conclusion 

Exhumés de loubli et extraits de leur environnement naturel, les textes de presse de François Mauriac sont, à travers le programme que nous venons de présenter, en cours dintégration dans un corps virtuel qui sérige en ensemble homogène grâce au dispositif numérique construit. Articulant ce mouvement de patrimonialisation qui va de la redécouverte à la transmission, le système élaboré par léquipe emboîte en effet dans un même environnement digital conservation, diffusion et consultation. En créant un écosystème de connaissances hypertextuelles, il réorganise par-là même lappréhension info-communicationnelle de ces documents. Extrayant, lors des phases dindexation et dannotation, les informations littéraires mais aussi historiques, politiques ou sociétales dont sont porteurs ces textes, les chercheurs engagés dans ce projet proposent de nouvelles formes dappréhension de ces articles. Ces manipulations sinscrivent dans des pratiques de médiation documentaire déjà connues et se rapprochent du travail que réalisent depuis maintenant plus de deux siècles les établissements culturels gardiens de la mémoire collective que sont les musées. Lexpérience que ces derniers possèdent en termes de valorisation et de mise en scène patrimoniales influence dailleurs la mise en espace de ces ressources documentaires, comme lattestent les collections thématiques ou lusage de lexpression « exposition virtuelle » proposée par le module « Exhibit » dOmeka. Lanalyse de ce programme permet, in fine, danalyser la fabrique dun patrimoine écrit, fabrique aujourdhui influencée par les techniques et pratiques numériques dédition et de lecture. Plus largement, cette nouvelle documentarisation, qui illustre en réalité la troisième vie des articles de presse de François Mauriac, participe à une redéfinition des rapports unissant le fragment daté du journaliste à lœuvre intemporelle de lécrivain, entre possible trahison et impossible fidélité à sa mémoire. Car au-delà de cette muséalisation, lobjectif de ce programme de recherche est finalement de remettre ces « ressources patrimoniales au cœur dune activité de production – quand bien même les produits de cette activité ne seraient pas pérennes » (Merzeau, 2014, 63). Pour ne pas laisser ces objets patrimoniaux inertes, il reste désormais aux 140mauriaciens de semparer de cet outil pour construire de nouvelles connaissances. Ces opérations qui ont engendré, par la numérisation dun corpus, par la description de données et par la mise à disposition de ces textes, la construction dun patrimoine numérique ne constituent quune « approche “restreinte” des humanités digitales ; [] quun premier niveau » (Cormerais, 2015 : 138) dune démarche plus globale et transdisciplinaire dont lobjectif, qui reste à construire, serait de produire des interprétations scientifiques inédites.

Jessica de Bideran

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Bibliographie

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1 Projet porté depuis 2003 par le Centre Flaubert, composante du laboratoire CÉRÉdI (Centre détudes et de recherche Éditer-Interpréter) de lUniversité de Rouen. On pourra par exemple consulter le site présentant la transcription des manuscrits de Madame Bovary, URL : http://www.bovary.fr/, et latelier Bovary, site explicitant la mise en œuvre du projet. URL : http://flaubert.univ-rouen.fr/bovary/atelier/atelier.php (Pages consultées le 23/02/2015).

2 Projet porté, entre autre, par léquipe Traverses 19-21 (Centre détudes stendhaliennes et romantiques) de lUniversité Stendhal-Grenoble 3, URL : http://manuscrits-de-stendhal.org/ (Page consultée le 23/02/2015).

3 À travers le projet HyperPaulhan, axe du programme de lObservatoire de la vie littéraire (OBVIL) qui entend développer toutes les ressources offertes par les applications informatiques pour examiner aussi bien la littérature française du passé que la plus contemporaine, URL : http://obvil.paris-sorbonne.fr/projets/hyperpaulhan (Page consultée le 23/02/2015).

4 Le projet dont il est question ici fait lobjet dun financement local provenant de la Région Aquitaine ; cette source financière a, selon nous et comme nous le verrons plus loin, des conséquences sur le statut des textes numérisés. Programme de recherche porté par lUniversité Bordeaux Montaigne, celui-ci est en effet mené en partenariat avec le Centre François Mauriac de Malagar grâce à un soutien de la Banque numérique du savoir en Aquitaine.

5 Le programme « Mauriac en ligne » est ainsi membre depuis le 02 novembre 2015 du consortium CAHIER (Corpus dauteurs pour les humanités : informatisation, édition recherche), consortium de la TGIR (très grande infrastructure de recherche) pour les Humanités numériques portée par le CNRS, Huma-Num. Lobjectif principal de ce groupe de travail est de permettre la rencontre de chercheurs, ingénieurs et conservateurs autour de principes communs (libre-accès et réutilisation) ainsi que la pratique de technologies partagées sur les bases de données, les entrepôts de données, etc. Voir URL : http://cahier.hypotheses.org/ (Page consultée le 20/11/2015) – À lheure où nous écrivons ce texte, des réflexions sont en cours avec la très grande infrastructure de recherche pour les Humanités numériques portée par le CNRS, Huma-Num afin denvisager une meilleure pérennité et interopérabilité des données produites.

6 Au sens dactualisable par son affichage en ligne et possédant avec force les qualités – et notamment ici iconiques – des éléments du corpus réel qui, pour sa part nexiste pas de manière tangible.

7 Deux fonds sont essentiellement concernés : le service commun de documentation de la bibliothèque universitaire de Bordeaux Montaigne conserve dune part un certain nombre dexemplaires des périodiques qui nous intéressent ici, soit sous formes dimprimés, soit sous forme de microfilms. La BnF dautre part possède une grande majorité de ces revues dont certaines sont par ailleurs déjà accessibles via Gallica. Enfin des fonds comme ceux de la bibliothèque municipale de Bordeaux ou encore de la bibliothèque spécialisée Jacques Doucet permettent de compléter les lacunes éventuelles.

8 Pour Text Encoding Initiative. Voir en ligne : URL : http://mauriac.ex.ac.uk/

9 Si labandon de la TEI peut quelque peu isoler dans un premier temps ce corpus de lensemble des corpus littéraires qui sétablissent actuellement, ce qui est paraît dommageable dans un objectif scientifique déchange, de cumulation et de reprise des données littéraires ainsi élaborées, soulignons que ce choix technique contribue à redéfinir le statut de ce projet qui sera amené à accueillir dautres types de données, telles que des photographie ou des films de la famille Mauriac. Voir par exemple sur la TEI : Hudrisier, Henri et Azémard, Ghislaine, 2014 : « La TEI : un collège mondial et un outil commun pour la recherche en littérature », Les Cahiers de la société française des Sciences de linformation et de la communication, no 10, 107-126.

10 Citons par exemple Odette, un logiciel libre développé par Frédéric Glorieux qui exploite toutes les fonctionnalités avancées dun logiciel de bureautique (tables des matières, styles, index, etc.) pour les retranscrire en balises normalisées. Voir : Frédéric Glorieux, 2015 : « Le traitement de textes (odt) pour produire des documents structurés (XML/TEI) – Odette », in Jattends des résultats, [en ligne], URL : http://resultats.hypotheses.org/267 (Page consultée le 20/11/2015). Bien que non nécessaire à ce stade de notre travail, nous réfléchissons donc à exploiter ces outils permettant de contribuer à la communauté TEI afin de rendre notre corpus exploitable par dautres chercheurs.

11 Cette démarche est finalement relativement proche de la conservation préventive pratiquée par les musées. Il sagit en effet de baliser une série dactions menées en faveur des collections – ici notre corpus textuel – dans le but de prévenir les dégradations et de prolonger la durée de vie des documents numériques qui le composent. Le format TIFF, non dégradable, est ainsi pensé comme le support de sauvegarde qui se voit « enfermé » dans des réserves, autrement dit les serveurs informatiques de lUniversité Bordeaux Montaigne, tandis que lédition de PDF – fichiers moins lourds en terme de poids et sur lesquels la reconnaissance de caractères est pratiquée – permet de proposer aux publics des documents de substitution pour la communication en ligne.

12 À ce jour, seuls les fonds de la bibliothèque universitaire de Bordeaux Montaigne ont été numérisés. Une convention avec la BnF est en cours délaboration afin de pouvoir rapidement recevoir les fichiers déjà numérisés par cet établissement.

13 Pour une comparaison de ses fonctionnalités avec Drupal par exemple, on pourra consulter : Bugnon Nicolas, 2013 : Bases de données en sciences humaines : Création et pérennisation, Maîtrise universitaire ès lettres en informatique et méthodes mathématiques, Université de Lausanne, [en ligne], URL : http://www.unil.ch/files/live//sites/sli/files/shared/bdsh.pdf.

14 URL : http://bibliotheque.clermont-universite.fr/glangeaud/ (Page consultée le 23/02/2015).

15 URL : http://1886.u-bordeaux3.fr/ Pour une introduction plus détaillée aux fonctionnalités dOmeka, nous renvoyons à la page française de cet outil sur le wiki collaboratif des bibliothécaires, (URL : http://www.bibliopedia.fr/wiki/Omeka) ainsi quà sa présentation officielle (URL : http://omeka.org/) (Pages consultées le 23/02/2015). Voir également le travail mené par Sylvain Machefert, ingénieur détude à la bibliothèque universitaire de Bordeaux qui a en parti accompagné léquipe projet dans ses choix ; cf. Machefert Sylvain, 2015 : « Quelle place pour les bibliothèques dans les digital humanities ? », in Le Deuff Olivier (dir.), Le temps des humanités digitales, Paris : Fyp éditions, 157-162.

16 Un comité scientifique élargi a en effet été associé au projet dès lémergence des premières expérimentations en 2008 ; plusieurs dizaines de chercheurs, spécialisés en littérature mais aussi en histoire et en sciences de linformation et de la documentation sont ainsi sollicités par le comité de pilotage, équipe plus retreinte qui gère pour sa part les différentes étapes opérationnelles du programme.

17 Cette dernière se fonde sur lutilisation de lextension Scripto proposée par Omeka.

18 Précisons toutefois que les données brutes issues de la chaîne de numérisation (TIFF/PDF/ODT) sont en réalité conservées de façon autonome par rapport au système déditorialisation ici présenté.

19 « Aujourdhui, selon les statuts de lICOM, adoptés lors de la 21e Conférence générale à Vienne (Autriche) en 2007, un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de lhumanité et de son environnement à des fins détudes, déducation et de délectation. », URL : http://icom.museum/la-vision/definition-du-musee/L/2/ (Page consultée le 24/02/2015).

20 En suivant la définition du musée numérique, ou cybermusée, ou musée en ligne, proposée par le Dictionnaire encyclopédique de muséologie : « catégorie de musées dont les collections ainsi que les modes de communication (exposition et médiation) sont essentiellement composées de manière numérique et exploitées, à partir de base de données sur ordinateurs, généralement via Internet. » (Desvallées et Mairesse, 2011, 631).