RÉSUMÉS

Ruth Amossy et Eithan Orkibi, « Introduction »

Cette introduction présente l’intérêt d’étudier la notion d’ethos collectif comme à la fois proche, et différente, de la notion d’ethos telle qu’utilisée en rhétorique et analyse du discours. Elle en dégage les enjeux en indiquant l’importance de ses fonctions sociales. Elle les illustre à travers la présentation des chapitres de l’ouvrage qui traitent de l’ethos.

Ruth Amossy, « Qu’est-ce que l’ethos collectif ? Sciences du langage et sciences sociales »

Cet article confronte l’ethos collectif dans son acception discursive à l’usage que font de cette notion les sciences sociales. Elles parlent « de représentations et de dispositions de groupe qui s’incarnent dans des pratiques sociales, dans des logiques d’action », et dont la nature n’est pas verbale. L’argumentation rhétorique et l’analyse du discours s’attachent par contre à la présentation de soi verbale d’un groupe, dans la dynamique d’un échange contextualisé et orienté.

Dominique Maingueneau, « L’ethos collectif représenté »

Quand on parle d’ethos collectif, on étudie en général l’ethos qui se manifeste directement à travers le discours d’un groupe d’acteurs sociaux. Mais on doit aussi prendre en compte les ethè qui sont représentés à l’intérieur d’une énonciation première. On en évoque ici deux types : les énonciations « groupales », c’est-à-dire construites par synthèse des énonciations d’une pluralité de locuteurs, puis l’ethos « typifié » de locuteurs individuels qui sont présentés comme prototypiques d’un groupe.

Francesco Attruia, « Identité(s) et réparation d’image. De l’ethos institutionnel de la Commission européenne à l’ethos communautaire des Européens »

S’appuyant sur la nouvelle rhétorique ainsi sur le domaine de la « réparation d’image », cette étude vise à observer les stratégies énonciatives et argumentatives que Marianne Thyssen, ancienne Commissaire européenne (2014-2019) pour l’« Emploi, affaires sociales, compétences et mobilité des travailleurs » met en œuvre afin d’intégrer dans son discours la parole protestataire des parties prenantes et, corollairement, de réparer l’image des institutions européennes.

Keren Sadoun-Kerber, « Crise médiatique et réparation d’image. Le cas d’Israel corp. et des frères Ofer »

Lorsqu’une crise médiatique détériore l’image d’hommes d’affaires possédant de grandes entreprises, un travail de réparation d’image s’impose. L’étude d’un cas de figure israélien, le film commandité par les frères Ofer comme droit de réponse aux attaques journalistiques, montre un processus de réparation d’image qui nécessite la construction d’un ethos collectif sur trois niveaux différents et complémentaires – personnel, organisationnel, et culturel.

Jürgen Siess, « Analyse d’un ethos collectif ‘genré’. Pétitions d’hommes, pétitions de femmes (1788-1789) »

Ce chapitre montre comment des femmes s’adressent à une institution composée uniquement d’hommes pour se constituer en groupe socio-politique propre. Les auteures de la Requête des dames à l’Assemblée nationale (1789) projettent un ethos collectif qui vise à assurer leur légitimité dans l’espace public. On le contraste avec deux types d’ethos collectifs masculins construit dans d’autres pétitions d’époque, celui d’un groupe de Citoyens-Marchands et celui d’un groupe de Curés.

Laura Cristina Bonilla Neira, « La “résistance civile” à l’accord de paix en Colombie. Mobilisation et construction d’un ethos collectif »

Ce travail étudie la construction de l’ethos collectif des opposants à l’Accord de paix en Colombie au cours d’une collecte de signatures appelée Résistance civile. La construction du « nous » se signale par une stratégie d’expansion du collectif, par l’utilisation de certaines procédures de réfutation, et par 217le maniement de la dissociation des notions. On montre ainsi comment s’est mise en place l’image de soi du collectif de ladite #ResistenciaCivil « #ResistanceCivile » sur les réseaux sociaux.

Nana Ariel, « Signaux d’avant-garde. Mouvements culturels, altruisme et principe du handicap »

Ce travail propose une approche pragmatique de l’avant-garde comme ethos de collectifs culturels. Elle est fondée sur la théorie du signalement de handicap tel que le décrit l’ethologiste et biologiste Amotz Zehavi. On montre comment des collectifs d’avant-garde signalent qu’ils peuvent porter divers fardeaux, agir de façon altruiste et se sacrifier, afin d’être couronné du titre d’avant-gardistes, puis on examine ces notions à travers le mouvement contemporain de l’écriture dite collaborative.

Colette Leinman, « Construire l’ethos collectif du groupe surréaliste. Les catalogues d’exposition »

Comment se constitue, se construit et se maintient la cohésion identitaire d’un groupe d’avant-garde par nature hétérogène ? C’est à cette question qu’on tente de répondre en proposant une analyse des catalogues d’expositions surréalistes. Elle s’attache à mettre en relief la dimension manifestaire du catalogue qui s’articule à la question de la (re)présentation de soi et à la problématique de la construction d’un ethos collectif dans le cadre d’un groupe d’avant-garde.