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Classiques Garnier

Introduction

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Éthique, politique, religions
    2020 – 2, n° 17
    . La temporalité du politique. Crise et continuité
  • Auteur : Godefroy (Bruno)
  • Résumé : Le rapport entre temps et politique est actuellement l’objet d’un intérêt croissant dans les études historiques et en philosophie politique. On trouvera ici une vue d’ensemble des analyses actuelles de ce problème dans différentes disciplines ainsi qu’une systématisation au niveau conceptuel de ce champ de recherche, à partir d’une distinction de ses quatre principales dimensions.
  • Pages : 11 à 20
  • Revue : Éthique, politique, religions
  • Thème CLIL : 3133 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie contemporaine
  • EAN : 9782406110972
  • ISBN : 978-2-406-11097-2
  • ISSN : 2271-7234
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-11097-2.p.0011
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 01/02/2021
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : crise, état d’exception, Carl Schmitt, Tite-Live, Ernst Kantorowicz, Reinhart Koselleck, Leo Strauss
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Introduction

Alors que la situation actuelle pourrait suggérer quil est plus que jamais nécessaire de penser le caractère dynamique du politique, de ne plus le considérer principalement sous langle de la stabilité, mais du changement, les catégories nécessaires à une telle démarche sont encore insuffisamment développées. On peut certes constater du côté des sciences humaines et sociales un regain dintérêt pour la dimension temporelle du politique : les analyses de la crise – appliquées à tous les phénomènes imaginables – nont jamais été aussi nombreuses et cherchent visiblement à penser de manière plus dynamique la situation politique. Cependant, il semble bien exagéré de vouloir en faire un temporal turn, un nouveau tournant à la mode quon espère ainsi promis au même succès que le linguistic turn1. Tout en évitant cette publicité exagérée, il nen reste pas moins vrai que lanalyse de la dimension temporelle du politique sest récemment développée dans de multiples directions. Cest en particulier dans les sciences historiques que cet intérêt est le plus manifeste. Dans un livre récent, lhistorien Christopher Clark analyse le rapport au temps de différents régimes politiques allemands, du Brandenburg de Friedrich-Wilhelm au « Troisième Reich » de Adolf Hitler, développant ainsi létude de la « politique du temps » initiée dès 1987 par Charles S. Maier, également historien2. Dans plusieurs études relativement récentes, Roger Griffin avait déjà montré en détail limportance détudier le fascisme sous langle de la temporalité qui lui est propre3. La « politique du temps » fait également son apparition en philosophie dans le titre dun ouvrage de Peter Osborne publié en 121995, mais où il est cette fois question de la signification politique des discours philosophiques sur le temps – notamment chez Martin Heidegger et Walter Benjamin4. Une telle perspective peut inclure, comme chez Osborne, une dimension normative, dans la mesure où elle affiche elle-même la volonté de développer un discours sur le temps permettant de théoriser la possibilité dun changement – politique – radical. Par ailleurs, on notera que cet attrait actuel pour la dimension temporelle du politique ne se limite pas à lhistoire et à la philosophie, mais quil se retrouve notamment dans la géopolitique5 ainsi que dans les études post-coloniales6.

Cependant, cette grande variété des approches se double dun manque de clarté manifeste au niveau conceptuel. La « politique du temps » en question relève parfois de ce quon appelle communément « la » politique, cest-à-dire du fonctionnement des institutions, des rythmes électoraux, des programmes politiques, mais elle peut aussi relever « du » politique, cest-à-dire de la dimension ontologique du politique, de la définition de ce qui est véritablement « politique7 ». Une autre confusion courante est celle entre temps et histoire8. Si la « politique du temps » concerne avant tout des discours de légitimation visant à inscrire laction politique dans une vision de lhistoire9, pourquoi faire intervenir un concept aussi large et difficile à maîtriser que le « temps » ? Pourquoi ne pas sen tenir, pour reprendre le concept de Lyotard, aux métarécits et aux philosophies de lhistoire quils impliquent ? Outre le fait que ces philosophies de lhistoire sont sans doute implicitement vues comme appartenant à une ère révolue, et quun tel objet détude serait dune certaine manière démodé, cest aussi parce que létude de la « politique du temps » prétend à davantage quune étude des visions de lhistoire : elle cherche à former des « concepts politiques du temps » afin de systématiser le rapport entre temps et politique. Charles Maier a ainsi isolé trois de ces concepts, lesquels auraient marqué les sociétés occidentales des xixe-xxe siècles : un concept libéral, un concept fasciste, et un concept 13postlibéral, chacun défini par un « sentiment du temps » se traduisant dans une politique différente. De même, pour Peter Osborne, ce sont les discours philosophiques sur le temps, comme chez Heidegger, qui sont à la source dune politique du temps. Dans ces deux cas, le rapport entre temps et politique va donc au-delà des « visions de lhistoire », car la démarche nest manifestement pas la même. La conception de lhistoire quon peut déceler chez Bismarck et la philosophie du temps de Heidegger nont pas grand-chose en commun. Il est question, dune part, de la déduction dun « sentiment du temps » à partir de la manière dont la pratique politique se représente dans lhistoire, et dautre part dune philosophie du temps dont les conséquences politiques non explicites doivent être reconstruites. Parler de politique du temps va donc permettre de regrouper des phénomènes nayant a priori que peu en commun, au détriment peut-être de la précision des concepts.

Outre cette confusion entre histoire et temps, létude du rapport entre temps et politique souffre dune incertitude supplémentaire, dans la mesure où elle prend alternativement pour point de départ la politique ou le temps, sans clarifier ce choix ni spécifier le concept présupposé. Selon les termes de John Pocock, dont les travaux sont à ce sujet dun grand intérêt, « tout ensemble [systématique de pensée politique] contient une structure dimplications concernant le temps, et lon peut montrer que cette structure incarne un mode ou des modes de conceptualisation de lexistence de la société politique dans le temps10 ». La politique du temps serait donc, dune part, la conceptualisation du temps découlant dune pensée politique donnée. Dans létude de Charles Maier déjà évoquée, lune des premières à systématiser la « politique du temps », la démarche consiste ainsi à déterminer des concepts politiques du temps à partir dune distinction politique, entre libéralisme, fascisme et postlibéralisme11. Bien que la recherche didéaux-types puisse légitimer une certaine simplification, celle-ci sexpose au risque dessentialiser une 14distinction politique afin dy fonder des concepts politiques du temps. Mais la démarche, comme le montre lexemple de Peter Osborne, peut également être inverse : elle peut partir dune conception du temps donnée pour en déduire une pensée du politique12.

Il est donc nécessaire de mieux distinguer les deux versants de lenquête. Il est dune part question dune conceptualisation de lexistence de la société politique dans le temps qui trouve sa source dans une certaine conception politique – laquelle peut toutefois être davantage affinée que le schéma de Maier. Dautre part, il est question de la conception du politique impliquée dans une certaine conception du temps donnée. La première démarche prend pour objet lhistoire des idées politiques alors que la seconde relève de linterprétation de textes philosophiques. Bien que les deux approches impliquent lune comme lautre un même lien causal entre temps et politique, leurs concepts, leur méthode et leur objectif divergent.

Les articles rassemblés dans ce volume, issus de deux journées détude organisées par lInstitut de recherches philosophiques de Lyon sous la direction de Bruno Godefroy et de Thierry Gontier, représentent une première étape dans lexploration de ce champ détude. Loin dun programme complet qui chercherait à donner une vision densemble du champ, ces contributions en éclairent certaines zones à travers des exemples précis, afin de montrer les différentes facettes du rapport entre temps et politique. François Saint-Bonnet ouvre le volume par un article développant une analyse critique de lactualité de ce thème, avec la prédominance de lurgence et de lexception dans les réponses politiques apportées à deux enjeux contemporains, le terrorisme et la récente pandémie. Du point de vue conceptuel, il est nécessaire de faire une première distinction entre « le » politique, qui désigne en un sens large la dimension politique de lexistence humaine, et « la » politique, désignant lactivité politique et ses acteurs, les mécanismes institutionnels, la vie politique en général. Dans ce dernier domaine, le rapport au temps nest pas négligeable – on peut penser à limportance quont les rythmes électoraux, la durée des mandats, ou lallocation du temps dans une session parlementaire –, mais il ne sera pas traité ici13. Le rapport 15entre temps et politique sera plutôt examiné du point de vue « du » politique, ce qui soulève tout dabord une question de définition : quelle définition du politique est à même dexprimer son rapport au temps, son historicité ? Dans son article sur « La “magie de lespace” et le temps politique », Ninon Grangé interroge la disparition du « temps » dans Le Nomos de la Terre de Carl Schmitt au profit dune définition spatiale du politique. Selon Ninon Grangé, lexemple de Schmitt, qui revient au temps par lintermédiaire du drame dans son ouvrage plus tardif consacré à Hamlet, montre bien limpossibilité de donner « congé » au temps, tel quil le tente dans Le Nomos de la Terre. Schmitt devient ainsi un exemple négatif montrant à quel point la question du temps est, du point de vue de la pensée du politique, en définitive inévitable. Dans son article consacré à la temporisation, qui sappuie sur lexemple de Fabius Cunctator, dictateur romain devenu célèbre lors de la Seconde guerre punique pour sa tactique visant à retarder laffrontement, Ninon Grangé poursuit cette enquête. Penser le temps politique impose de donner au temps une certaine épaisseur, une « matière temporelle » que na pas le temps considéré comme une simple mesure. Il existe au moins deux manières de concevoir cette matière temporelle. La première, létat dexception, a déjà montré son ambigüité chez Schmitt. À travers lexemple de Fabius Cunctator, cest sur une autre possibilité que Ninon Grangé attire lattention : celle de la temporisation, qui permet aussi, mais de manière différente, de donner matière au temps.

Outre la dimension ontologique de la définition du politique, létude du rapport entre temps et politique a également une valeur heuristique. Létude peut en effet prendre pour point de départ non une définition du politique, mais plutôt certains phénomènes politiques fondamentaux, lesquels auraient sinon tendance à passer inaperçus. Cest ainsi que plusieurs travaux désormais célèbres ont mis en lumière limportance des phénomènes de la fondation, de la crise ou encore de la durée14. De manière similaire, larticle que Marie Goupy consacre dans ce volume à la conception de la dictature chez Carl Schmitt vise à examiner la compréhension de la continuité et de la discontinuité. Selon Marie Goupy, la dictature intervient chez Schmitt dans une conception de lhistoire marquée par le spectre dune répétition sans fin de lalternance 16entre dictature révolutionnaire et dictature contre-révolutionnaire. Dans le contexte de cette conception de lhistoire, la dictature telle que la conçoit Schmitt nest pas, comme on pourrait sy attendre, simplement contre-révolutionnaire : elle sécarte de cette alternative. Pour lui, la dictature souveraine doit au contraire mettre un terme à cette répétition infinie, elle représente, du point de vue de la structure de lhistoire, une discontinuité devant assurer une fois pour toute la continuité du politique. Cette question de la continuité est absolument centrale, cest pourquoi elle est également au centre de la contribution de Bruno Godefroy, qui laborde à partir de lœuvre de lhistorien Ernst Kantorowicz. Larticle vise dune part à reconstruire la genèse du problème de la continuité dans la pensée juridico-politique depuis le xiiie siècle, en suivant la thèse de Kantorowicz développée en particulier dans Les deux corps du roi. Mais il cherche aussi à reconstruire une seconde genèse, celle de lintérêt que porte Kantorowicz à ce problème dans toute son œuvre, une omniprésence du thème de la continuité qui sexplique par le contexte intellectuel et politique, en particulier dans les années 1930. Ce faisant, la contribution de Kantorowicz montre que le problème de la continuité est à la fois un enjeu théorique et une intervention politique.

Le rapport entre temps et politique soulève une troisième ligne dinterrogation, plus générale, relevant de la philosophie de lhistoire. En effet, ce rapport étant considéré comme changeant, plusieurs études en viennent à considérer la relation entre temps et politique comme représentatif dune époque. Pour lhistorien Reinhart Koselleck, une des caractéristiques des temps modernes est précisément la temporalisation des notions, un présupposé sur lequel se fonde tout le projet des Geschichtliche Grundbegriffe – les notions expriment désormais une attente, la « démocratie » par exemple devenant la seule forme de régime légitime, qui prend la valeur dune promesse devant se réaliser dans lhistoire15. À ce titre, Alexandre Escudier propose une analyse détaillée dun des concepts fondamentaux de la théorie de lhistoire de Koselleck, la Sattelzeit, « époque-charnière ». Cet article important distingue précisément les différents sens du concept ainsi que certaines de ses limites aggravées par la réception actuelle, notamment depuis lengouement pour une théorie de la modernité vue à travers le prisme 17de laccélération16. Lexemple de Koselleck montre bien que le rapport entre temps et politique peut être lié à une théorie de la modernité : dune part dans la mesure où la modernité serait caractérisée précisément par la temporalisation des catégories politiques, mais aussi, plus largement, car ce changement produit une rupture historique qui fait époque. Larticle de Pierre-Alain Drien aborde cette problématique à partir de Leo Strauss et de son interprétation de Hobbes, afin dévaluer dans quelle mesure les temps modernes peuvent être considérés comme une rupture. Selon Pierre-Alain Drien, il est justifié de parler dune rupture dans la mesure où la souveraineté de lhomme a remplacé celle de la nature ou de Dieu, le droit naturel antique séclipsant au profit de lindividualisme. Cest là laspect le plus évident chez Strauss, mais son interprétation de Hobbes invite à voir également une forme de continuité, que Strauss nexplicite pas, entre modernité et christianisme, dans la mesure où il tend à relier la distinction augustinienne entre spiritualité et politique au subjectivisme moderne. Au lieu dune rupture, il serait donc plus exact de parler dune « rupture-continuité ».

On le voit, létude du rapport entre temps et politique a aussi une dimension critique, laquelle apparaît plus ou moins clairement. On pourra ainsi montrer que le temps peut faire lobjet dune politisation, devenir une arme à usage politique, un moyen de légitimation au service dun projet conservateur comme progressiste. Cette critique de la politisation du temps fait également partie des éléments essentiels de létude du rapport entre temps et politique, dès les premières œuvres qui mirent laccent sur cette question dans les années 195017. Plus récemment, cette approche critique a été poursuivie et précisée dans les études de la « temporalité fasciste18 », mais on pourrait également classer dans cette catégorie les réponses à la théorie de la fin de lhistoire de Fukuyama, vue comme laffirmation de la réalisation inéluctable du modèle occidental19. Cette ligne dinterprétation nest toutefois pas représentée ici, mais elle pourra faire lobjet de prochains développements.

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Dimension ontologique, intérêt heuristique, philosophie de lhistoire et critique de lidéologie – telles sont, sans vouloir toutefois prétendre à lexhaustivité, les différentes formes que peut prendre létude du rapport entre temps et politique. En réunissant des contributions représentatives de ces différents domaines, ce numéro dÉthique, politique, religions donne un premier aperçu du champ de recherche et espère ouvrir une voie prometteuse.

Bruno Godefroy

Université de Lyon,
Institut de recherches philosophiques de Lyon (IRPhiL)

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Références bibliographiques

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1 Voir Clark, 2019, p. 4. Clark sappuie sur Hassan, 2010. Lidée dun tournant est dautant plus contestable que les idées mises en avant sinscrivent dans la continuité de travaux remontant (au moins) aux années 1950, par exemple Löwith, 1949, ou encore Koselleck, 1959.

2 Clark, 2019 ; Maier, 1987.

3 Griffin, 2007.

4 Osborne, 1995.

5 Klinke, 2013.

6 Davis, 2008.

7 Pour cette distinction, voir notamment Lefort, 1986.

8 Cette tension se reflète même dans le titre et le sous-titre de louvrage de Christopher Clark déjà mentionné, le titre évoquant le temps, le sous-titre les visions de lhistoire.

9 Voir Clark, 2019, p. 212.

10 Pocock, 1989, p. 39.

11 Le terme – il serait exagéré de parler dun concept – de « politique du temps », chez Maier, comporte deux aspects. Dune part lidée que les gouvernants auraient une politique (au sens de policy) prenant le temps pour objet, car leur action se fonde sur une idée de la manière dont la société doit évoluer dans le temps. Dautre part lallocation du temps considéré comme une ressource limitée, dans la mesure où les dirigeants politiques peuvent décider de la répartition entre, par exemple, temps privé et temps de travail. Voir Maier, 1987, p. 152.

12 Il nest donc pas question, comme chez Maier, de politique au sens de policy, mais dune interrogation plus fondamentale sur le politique.

13 Pour une vue densemble voir Riescher, 1995.

14 Voir respectivement Arendt, 1963 ; Koselleck, 1959 ; Pocock, 1975.

15 Koselleck, 1997, p. xvi sq.

16 Voir Rosa, 2005.

17 Voir notamment Löwith, 1949 ; Strauss, 1953 ; Voegelin, 1952.

18 Voir Griffin, 2015.

19 Il faut toutefois préciser que Fukuyama sest opposé aux lectures qui voyaient dans son analyse un programme normatif à réaliser au besoin par la force. Voir Fukuyama, 2006, p. 54 sq. Pour cette critique de Fukuyama, voir notamment Derrida, 1993.