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Classiques Garnier

Faire de la sociologie en terrain bioéthique Entre pratiques éthiques et éthique en pratiques

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Éthique, politique, religions
    2019 – 2, n° 15
    . Le terrain en philosophie, quelles méthodes pour quelle éthique ?
  • Auteur : Derbez (Benjamin)
  • Résumé : Face à la discrétion des sciences sociales dans le concert bioéthique, l’expertise du « terrain » a longtemps été réservée aux médecins. En prenant l’exemple de deux recherches en cancérologie et en génétique, cet article tente de montrer en quoi un travail sociologique descriptif peut alimenter le débat bioéthique. Entre l’implication médicale concrète et l’exposition philosophique abstraite, l’enquête ethnographique permet une compréhension des pratiques éthiques qui peut être utile.
  • Pages : 113 à 129
  • Revue : Éthique, politique, religions
  • Thème CLIL : 3133 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie contemporaine
  • EAN : 9782406101444
  • ISBN : 978-2-406-10144-4
  • ISSN : 2271-7234
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10144-4.p.0113
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 18/03/2020
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Ethnographie, sociologie, bioéthique, économies morales, cancer, génétique
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Faire de la sociologie
en terrain bioéthique

Entre pratiques éthiques et éthique en pratiques

La question des rapports entre la sociologie et la bioéthique est ancienne et récurrente. Raymond de Vries distingue ainsi une sociologie « de » et une sociologie « dans » la bioéthique1. Initialement marginalisées par un mouvement à vocation normative, les sciences empiriques, basées sur lenquête de terrain, ont en effet dabord abordé la bioéthique comme un objet particulier, sinterrogeant sur sa constitution et son institutionnalisation, ses acteurs et ses pratiques, ses normes et ses valeurs2. Par la suite, certains chercheurs en sciences sociales se sont impliqués dans des recherches visant à « ancrer les conceptions universelles dans la réalité locale3 », ou à mener sur le terrain une « quête des universaux » éthiques, cest-à-dire dune certaine « common morality » transcendant la diversité socio-culturelle4. Dans un cas la sociologie propose une vision critique de la bioéthique, dans lautre elle subordonne son travail aux fins de cette discipline. Dans ces conditions, cest la question la contribution spécifique des sciences sociales au débat bioéthique qui se trouve posée.

En minscrivant dans la lignée des travaux de lanthropologue Arthur Kleinman5, je montrerai dans cet article lintérêt dune approche sociologique de la bioéthique, basée sur la description ethnographique des 114pratiques sociales dans le domaine biomédical. Il sagira de situer lobjet propre dune sociologie de léthique biomédicale entre pratiques éthiques et éthique en pratique. Dans un premier temps, je reviendrai sur lenquête de terrain que jai menée sur lexpérience des patients dans la recherche clinique en oncologie pour illustrer la manière dont la sociologie permet de saisir, la dimension éthique des pratiques sociales par-delà les normes bioéthiques. Dans un second temps je montrerai comment une perspective sociologique permet daborder les formes de mise en pratique sociale des normes bioéthiques, à partir du cas de lobligation dinformation des apparentés en génétique médicale.

Les pratiques éthiques dans la recherche clinique
en oncologie médicale

La recherche clinique fait partie des premières activités biomédicales qui ont fait lobjet dun encadrement bioéthique. Dès les années 1970, le principe dautonomie est apparu comme la clé de voûte dun édifice normatif destiné à mettre un terme aux nombreux abus expérimentaux scandaleux révélés, aux États-Unis, bien après le fameux procès de Nuremberg. Il sagissait alors de protéger les patients en imposant légalement le respect de procédures dinformation et de recueil du consentement6.

Si le caractère nécessaire de ce dispositif semble avoir fait immédiatement lobjet dun large consensus parmi les acteurs de la recherche, son caractère insuffisant nen est pas moins apparu rapidement. Dès le début des années 1980, les travaux empiriques menés par certains médecins bioéthiciens ont permis dobjectiver lécart existant entre la norme idéale du consentement éclairé et la réalité des pratiques observées. Ils ont montré chez les patients une tendance à surestimer la dimension thérapeutique dessais cliniques dont la finalité première est, pourtant, scientifique. Une telle tendance remettait en cause le caractère « éclairé » du consentement. Ce phénomène, que Paul Appelbaum et ses collègues 115ont baptisé « malentendu thérapeutique », a depuis fait couler beaucoup dencre7. Il a fait lobjet, à partir des années 1990, de nombreuses recherches interventionnelles destinées à en corriger les effets néfastes pour léthique de la recherche, par le biais de divers dispositifs (lettres dinformation simplifiées, clips vidéo, information séquencée, etc.). Malgré lensemble de ces efforts, le malentendu thérapeutique semble toutefois constituer une donnée « irréductible » du consentement à la recherche8. Désireux de mener un travail de terrain en sciences sociales dans le cadre dune réorientation professionnelle, à la fin des années 2000, je me suis saisi de cette problématique que je me sentais légitime à traiter en raison de ma formation initiale en philosophie.

Un philosophe en quête de terrain

Après quelques années denseignement en classe de terminale, jéprouvais en effet un vif désir de changer dorientation intellectuelle. Le travail trop exclusif de lhistoire de la philosophie, ainsi que la « dénégation du monde social » en vigueur dans lunivers philosophique9 mavaient donné de plus en plus le sentiment de pratiquer une discipline hors du temps et du monde. De mes lectures de Georges Canguilhem, javais pourtant retenu cette formule fameuse selon laquelle : « la philosophie est une réflexion pour qui toute matière étrangère est bonne, et nous dirions volontiers pour qui toute bonne matière doit être étrangère10 ». Afin de me mettre en quête de cette « matière étrangère », je me suis donc tourné, comme dautres avant moi, vers les sciences sociales. Il sagissait dans mon esprit de « faire du terrain », de mimmerger dans dautres univers sociaux et professionnels que les miens. Et cest pour ce faire que, suivant la voie ouverte par Canguilhem, je me suis tourné vers la médecine.

Dans ce domaine, la recherche clinique mest rapidement apparue comme un objet détude particulièrement adapté à mon projet. La dimension éthique des représentations qui y sont attachées pouvait rendre 116légitime, aux yeux des professionnels de santé, lintérêt dun philosophe pour cette activité. Il sagissait dun positionnement stratégique dans la perspective dun accès au terrain qui peut savérer compliqué11. À mes yeux, il possédait également lavantage de garder un lien assez rassurant avec des notions et des thématiques qui métaient familières, au croisement de léthique et de la philosophie des sciences et des techniques. Malgré tout, il ma fallu, dans un premier temps, opérer une rupture épistémologique avec mes prénotions philosophiques pour construire un objet de recherche de sciences sociales. Au regard des exigences de ces disciplines empiriques, le danger aurait en effet été de ne pas oser me confronter réellement au terrain, dappréhender le réel confortablement, à partir des concepts philosophiques que javais appris à manier. Très tôt, plusieurs anthropologues de la santé, qui mont guidé dans mon initiation à la pratique du terrain, mont mis en garde contre ce risque et jai gardé constamment à lesprit leur conseil daccorder la primauté à lexpérience sur la conceptualisation, de privilégier linduction empirique à la déduction logique.

Il est convenu, en sciences sociales, dassocier cette posture méthodologique à la tradition ethnographique qui trouve son origine dans les travaux de Bronislaw Malinowski aux Iles Trobriand12. En sociologique, la référence classique est celle des travaux Barnay Glaser et Anselm Strauss sur le processus de théorisation basé sur le terrain (« grounded therory13 »). Dans les deux cas, il sagit dinsister sur leffort de suspension du jugement, de neutralisation des catégories du regard ordinaire ou savant, qui doit être celui, dans ces disciplines, du chercheur désireux de laisser « parler son terrain ». Il sagit de tendre à se dépouiller des oripeaux dune première culture pour se donner les moyens den comprendre une nouvelle en lexpérimentant directement. On sait, bien sûr, ce que cette représentation du « terrain » ethnographique a de mythifié14. Il serait également injuste de taxer lempirisme de Barnay 117Glaser et Anselm Strauss de naïf. Chacun sait en effet que la « rigueur du qualitatif15 » tient plus à lobjectivation réflexive des présupposés du chercheur quà la prétention illusoire à pouvoir en faire table rase. En ce sens, il est sans doute plus juste dassumer, avec Mickael Burawoy, le fait que le chercheur part le plus souvent sur son terrain avec lobjectif de « réélabor(er) des théories existantes », et non pour en « inférer des propositions générales directement à partir des données empiriques16 ». La position que jai adoptée dans la construction de mon projet de recherche sinscrit dans la lignée de Burawoy. En effet, jai choisi de partir de la problématique bioéthique que jai évoquée plus haut, sur le consentement éclairé et le malentendu thérapeutique, pour essayer de renouveler lapproche des sujets de recherche clinique à partir du terrain.

Construire un projet de sciences sociales

Lanalyse de la littérature bioéthique nord-américaine, en particulier, manifeste assez clairement le fait que le prisme du consentement éclairé tend à réduire les sujets à leurs facultés de compréhension intellectuelle, leurs capacités de calcul rationnel. La problématique du malentendu thérapeutique concerne un homo bioethicus qui ne diffère pas beaucoup de lhomo œconomicus des néoclassiques. Depuis longtemps, les chercheurs en science sociales ont dailleurs souligné les limites dune telle approche. Selon Fox et Swazey, par exemple, la conception du sujet, « basée sur lautonomie, la rationalité et le respect des droits, centrale dans le cadre de pensée bioéthique, a eu tendance à mettre à lécart les valeurs qui donnent du poids aux responsabilités, aux devoirs et aux obligations, la dépendance et linterdépendance humaine, le sens du dépassement de soi par solidarité avec des personnes connues ou inconnues, la communauté et la société et les qualités de cœur comme la sympathie, lattention à autrui (caring) et la compassion17 ». Redonner 118toute leur épaisseur anthropologique aux malades participant à des expérimentations biomédicales nécessitait de déplacer le regard de la question de leur consentement vers celle de leur expérience.

Létude de lexpérience des êtres humains, de leur vécu, constitue un défi que les sciences sociales tentent depuis longtemps de surmonter18. Lanthropologie médicale narrative élaborée à Harvard par Arthur Kleinman19 et Byron Good20, entre autres, constitue lapproche la plus classique de lexpérience, qui sappuie sur linterprétation des récits de maladie recueillis par entretiens. Afin déchapper au risque, inhérent à la pratique exclusive de lentretien, qui aurait été selon moi de réitérer les investigations sur le consentement éclairé, jai choisi de baser lessentiel de ma recherche sur lobservation directe, in situ et dans la longue durée, de malades inclus dans des essais cliniques. Jai subordonné lapproche phénoménologique classique à une approche de type interactionniste dans la lignée des travaux dAnselm Strauss. Pour ce dernier en effet, létude de lexpérience dautrui passe nécessairement par lanalyse de son activité, de ses interactions avec dautres individus, etc. « Si vous parlez de lexpérience quont les gens, je suis daccord, je nai pas dobjection, mais tout de suite je veux savoir ce qui se passe lorsquarrivent ces expériences, dans quelles conditions ont-elles lieu, comment (les gens) sen débrouillent, quelles techniques, quelles stratégies ils utilisent. Étant un sociologue, je veux savoir ce qui se passe, à qui ils parlent, qui les aident, doù viennent leurs stratégies21. » Sociologiser lexpérience cest la réinscrire dans le tissu des rapports sociaux et des conditions structurelles qui la constituent.

Enquête de terrain et émergence de lobjet

Pendant 24 mois, doctobre 2008 à octobre 2010, jai mené une enquête ethnographique dans deux services de recherche clinique en oncologie de région parisienne. Loncologie médicale est en effet une 119spécialité construite autour de la pratique des essais cliniques22. Pour un malade, linclusion dans une recherche y est relativement fréquente en comparaison des autres spécialités23. De plus, la problématique du malentendu thérapeutique y est particulièrement saillante. En mintéressant à ce domaine, il sagissait donc pour moi de maffronter résolument au défi de montrer quune autre approche des sujets de recherche était possible. Au cours de cette recherche, jai mené un travail dobservation quotidien de lactivité de recherche clinique des services. En suivant les infirmières et les techniciennes de recherche clinique et les médecins-investigateurs, jai pu documenter les trajectoires de recherche dune cinquantaine de malades dans les différents espaces de lhôpital (consultation, traitement, examens). Jai également assisté aux différentes réunions déquipe, discussions informelles des professionnels, relations avec les promoteurs dessais cliniques, etc. Ce faisant, je me suis efforcé de ne considérer le moment du consentement que comme un simple épisode parmi dautres, afin de rester attentif à lensemble du contexte social dans lequel il sinscrit.

Au cours de cette enquête, je me suis ainsi rendu compte, petit à petit, du malaise de nombreux médecins investigateurs à légard des procédures dinformation et de recueil du consentement des malades. Beaucoup, en effet, avaient une conscience assez aiguë du fait que nombre des malades inclus dans leurs essais navaient quune compréhension très approximative, lacunaire, voire erronée de lentreprise à laquelle ils participaient. Pourtant, ces mêmes médecins navaient pas le sentiment que leur inclusion était particulièrement « inéthique » pour reprendre leur vocabulaire. Fallait-il les considérer comme aveugles ou de mauvaise foi sagissant de leurs pratiques ? De même, du côté des malades, jai pu mapercevoir de la satisfaction qui ressortaient pour un grand nombre dentre eux, du fait de participer à un essai clinique. Loin dignorer la dimension expérimentale de leur traitement et bien conscients, même pour les plus dotés en capital culturel, de navoir quune compréhension superficielle de lessai (combien mont déclaré navoir même pas lu la 120lettre dinformation !), ils ne men disaient pas moins pour la plupart être satisfaits de leur inclusion et des informations reçues. Fallait-il les considérer comme dupes, manipulés ? Partant du principe que les acteurs sociaux ne sont pas des « idiots du jugement », pour reprendre lexpression de Garfinkel, de tels constats mont conduit, de manière inductive, à mintéresser aux facteurs sociaux de légitimation de la situation de recherche aux yeux des acteurs impliqués.

Léconomie morale de la situation de recherche clinique

Si le consentement éclairé est une procédure formelle nécessaire mais non suffisante pour comprendre comment se construit léthique de la recherche en situation il fallait élargir la perspective et mintéresser à un ensemble déléments dordinaire négligés ou disqualifiés par la bioéthique. Parmi eux certains étaient récurrents dans le discours des investigateurs ou des malades-sujets. Les notions de soin, despoir et de confiance, en particulier, étaient souvent élaborées par mes interlocuteurs à propos de leur expérience de la recherche. Dans le domaine bioéthique il sagit de concepts considérés comme susceptibles de faire obstacle au consentement éclairé du malade. La confusion entre soin médical et la recherche clinique, à lorigine du malentendu thérapeutique, est considéré comme éthiquement préjudiciable par les tenants dune « position de différentiation24 ». Le lien de confiance, constitutif de léthique de la relation médicale traditionnelle, est quant à lui considéré comme potentiellement inducteur dabus dans le cadre expérimental, où il est sensé laisser place au lien contractuel établi par le consentement éclairé. Lespoir, enfin, a attiré lattention des bioéthiciens en raison des illusions quil engendre selon eux chez de nombreux sujets de recherche, qui surestiment leurs chances de tirer un bénéfice médical de lexpérimentation25.

Une telle approche, dessence normative, méconnait cependant les modalités concrètes de production, de circulation, de répartition et dutilisation de ces sentiments moraux dans lespace social défini 121par la recherche clinique en contexte hospitalier. Elle méconnait ce qui fait « léconomie morale » de la recherche26. Seule une approche descriptive, suspendant la question du jugement extérieur, pour donner sens à lexpérience des acteurs en adoptant leur point de vue, permet dobjectiver la manière dont les individus retravaillent ces sentiments pour construire la légitimité de leur situation et de leur activité. Létude ethnographique ma donc permis de montrer comment médecins et malades entrent dans des relations investigateur-sujet qui articulent de manière négociée ces sentiments. Quand les uns tentent de donner de lespoir aux autres, ces derniers accordent leur confiance aux premiers de manière à entrer dans une relation de soin dun type particulier27.

Loin de moi lidée, ce faisant, de transgresser la fameuse frontière entre le fait et le droit en suggérant que léconomie morale de la recherche clinique en situation serait… morale, au sens de conforme à une conception prédéfinie du bien et du mal. Encore une fois je minscris dans la lignée de lanthropologie morale critique telle que définie par Fassin autour du concept déconomie morale28. Pour lui « lanthropologie morale na aucun projet moralisateur », pas plus que lanthropologie médicale ne prétend guérir des malades. Ainsi il y a le même rapport entre la bioéthique et lethnographie morale quentre le discours moral et lanalyse critique : « le discours moral évalue, juge, sanctionne. Lanalyse critique propose une intelligibilité possible en considérant le sens des mots et des actes pour les agents sociaux29 ». Léconomie morale nest donc morale quau sens où il sagit dun réseau déchanges de biens, de valeurs, de sentiments non matériels qui participent à la construction de la légitimité des activités sociales dun groupe. Et en loccurrence, jai pu montrer grâce à mon travail de terrain, que les acteurs de la recherche clinique sont moins naïfs à légard des sentiments de confiance, despoir et de sollicitude quon ne pourrait limaginer et quils en négocient finement 122la production, la circulation et lutilisation au cours de leurs interactions30. Ce qui nexclut pas, évidemment, des dérapages, des abus et des situations limite, contrairement à ce que lon pourrait penser aussi, en considérant que le respect des normes réglementaires suffit à conduire une recherche de manière éthique.

Léthique en pratique en oncogénétique

Partant du constat de lexistence de pratiques éthiques informelles par-delà les normes éthiques formelles encadrant la recherche clinique, il pouvait être intéressant de faire le chemin inverse et détudier la manière dont léthique est mise en pratique, sur le terrain, cest-à-dire la façon dont les acteurs se saisissent en pratique de nouvelles règles daction imposées par le législateur. La révision de la Loi de bioéthique française intervenue en 2011 ma donné loccasion dobserver un tel processus au sujet de linformation des apparentés en génétique médicale.

Une disposition de la loi de bioéthique

Linformation des apparentés fait partie des questions éthiques majeures posées par la « nouvelle génétique31 ». Dès lors quune mutation génétique délétère est identifiée chez un individu, la question se pose en effet de savoir si dautres individus peuvent en être porteurs dans sa famille. Pour eux, il sagit daccéder, en cas de test positif, à des mesures de soin, de prévention ou de conseil génétique appropriées. On sait cependant que la communication dinformations concernant une anomalie génétique est extrêmement délicate pour les personnes atteintes32. Or aux yeux des généticiens les conséquences médicales graves que la non-information peut avoir dans ce domaine font de ce problème sanitaire une question 123éthique dimportance. Depuis la fin des années 1990, de nombreux travaux se sont donc penchés sur cette problématique – qui nest pas sans évoquer celle du devoir dinformation entre partenaires dans le cas du VIH – dans le but délaborer des dispositifs de sensibilisation et de soutien à la démarche dinformation familiale33. En France, cest loutil juridique qui a finalement été privilégié pour traiter ce problème.

Depuis 2011, la Loi française stipule quen cas de diagnostic dune « anomalie génétique grave dont les conséquences sont susceptibles de mesures de prévention, y compris de conseil génétique, ou de soins », « la personne est tenue dinformer les membres de sa famille potentiellement concernés34 ». Si elle ne souhaite pas effectuer cette démarche elle-même, la loi prévoit la possibilité de « demander par un document écrit au médecin prescripteur, qui atteste de cette demande, de procéder à cette information ». Ainsi, toute personne qui effectue un test génétique en France est donc tenue de choisir, par écrit, entre le fait dinformer elle-même ses apparentés potentiellement concernés et celui dautoriser le médecin prescripteur à le faire à sa place en préservant son anonymat. Dans le premier cas, le patient pourrait donc être tenu responsable au plan judiciaire de toute rétention dinformation. Dans le second cas, un modèle de lettre a été fixé par arrêté ministériel en 2013 afin de guider les démarches dinformation des professionnels35.

De lévaluation à la description

À partir de 2013, jai été sollicité pour faire partie dune recherche collective pluridisciplinaire (philosophes, juristes, généticiens) pour mener une enquête de terrain sur la mise en place de cette législation en services de génétique36. Le mandat nétait pas, initialement, sans rappeler les démarches dévaluation qui peuvent être engagées par 124les institutions désireuses de valider lintérêt des dispositifs quelles mettent en place afin de les faire éventuellement évoluer. Une telle approche reconduisait la perspective normative propre à la bioéthique empirique développée dans les années 1990, principalement, afin dévaluer lapplicabilité des normes éthiques en vigueur dans différents domaines, dont celui de la recherche comme évoqué plus haut. Afin de poursuivre dans la voie descriptive ouverte par ma recherche doctorale, jai proposé que lenquête de terrain ait pour objectif de suivre le travail de négociation entre les acteurs professionnels et profanes pour ajuster au quotidien les normes juridiques globales aux normes éthiques locales et familiales en matière dinformation de la parentèle. Une telle perspective devait encore une fois permettre daborder lexpérience des acteurs sociaux de manière croisée, à travers lobservation de leurs pratiques (interactionnisme) et le recueil de leurs discours (phénoménologie). Il sagissait dappréhender cette expérience comme le point de rencontre des règles bioéthiques formelles et les normes éthiques informelles en matière de communication intrafamiliale dinformations médicales.

Pour cela, jai donc mené une enquête de type ethnographique, par observation directe et entretiens, en immersion prolongée dans plusieurs services de génétique. Tout dabord le service donco-génétique dun centre de lutte contre le cancer dIle-de-France. De mai à décembre 2014 jai suivi lactivité quotidienne de lunité (3 généticiens et 2 conseillers en génétique), assisté aux réunions de concertation pluridisciplinaire de génétique, observé des consultations et réalisé une série dentretiens semi-directifs avec une trentaine patients du service et les professionnels. Dans un second temps, jai travaillé dans un centre de référence francilien sur les maladies génétiques du globule rouge. De janvier à mai 2015, jai donc mené une enquête par entretiens sur linformation de la parentèle en cas dhémochromatose génétique auprès des généticiens (n = 4) et dune vingtaine de patients de ce centre. Enfin, jai eu lopportunité de mettre en perspective, dans une perspective comparative37, les données ainsi recueillies à partir dun point de vue international. Ainsi, jai effectué un séjour dun mois (octobre 2015) dans le service de médecine génique dun centre 125hospitalier universitaire à Montréal, qui ma permis dobserver des consultations et réaliser des entretiens avec une dizaine de patients et les professionnels du service (n = 6).

Négociations morales et éthique en actes

Ce travail ma permis de montrer le décalage qui existe entre des impératifs légaux de type éthique et léthique incarnée dans les actes des individus en contexte. Lobservation de consultations en oncogénétique révèle en effet le travail de négociations morales qui se joue autour de la prise de responsabilité de linformation. On constate rapidement que la présentation de lobligation dinformation par les professionnels trahit la préférence de ses derniers pour la voie directe, cest-à-dire pour la communication entre apparentés38. Dans la plupart des cas, le patient sengage à transmettre linformation à sa famille, avec lapprobation morale explicite du professionnel : « Oui, cest mieux que ce soit vous qui le fassiez, plutôt que par lettre photocopiée… », « on préfèrerait aussi que ce soit vous, par respect du secret médical… », etc.

Cet accord moral traduit les réticences des professionnels à légard de la procédure dinformation à mettre en œuvre à la demande des patients ne souhaitant pas communiquer eux-mêmes avec leurs apparentés. Pour eux, la réception dun courrier standardisé, à en-tête dun service de génétique, qui informe de lintérêt deffectuer un test génétique en raison de la découverte dune anomalie génétique grave chez apparenté souhaitant rester anonyme est quelque chose de « violent » pour un individu. Il sagit dune démarche qui entre en opposition avec lethos médical lui-même. Lune des généticiennes rencontrées témoigne ainsi du cas dun patient atteint dune forme rare dhémochromatose à transmission dominante, lui ayant demandé davertir lune de ses tantes. Bien quil lui ait fourni ladresse, la généticienne admet ne pas parvenir depuis plusieurs mois à expédier le courrier estimant que « ce nest pas au médecin daller au-devant des apparentés ». Pour elle, la norme de lactivité médicale est telle que cest au patient potentiel de solliciter laide dun médecin. Elle interprète alors la loi comme validant cet ethos en explicitant la 126responsabilité première du patient : « cest sa responsabilité daprès la règle, cest le patient lui-même qui est supposé informer ».

Le consensus autour de linformation directe par le patient sappuie également sur des préférences largement affirmées par ce dernier. « Je préfère le faire », « je les avertirai », « je leur dirai moi-même », etc., sont des expressions courantes en consultation lorsque cette question est évoquée. Les entretiens que jai menés avec des patients permettent de comprendre un peu mieux les raisons de cette préférence. Ce qui ressort de ces récits cest le souci de transmette une information alarmante sans bouleverser les équilibres individuels et familiaux. Il sagit bien souvent dessayer de trouver le « bon moment » pour communiquer ce qui savère être une tâche particulièrement délicate39. Le réseau familial étant défini par des relations de proximité géographique, affective et généalogique différentes selon les individus, il sagit dinscrire la démarche dinformation en tenant compte de lensemble de ces éléments pour le bien de tous. La temporalité située dans lespace social de la vie familiale, telle quelle est définie par le Kairos, le moment opportun, incarne la dimension éthique de la communication dans le discours des patients que jai rencontrés.

Cest la dimension processuelle de linformation qui induit un décalage avec la construction formelle du consentement comme choix instantané résultant dune réflexion préalable. Lanalyse des entretiens manifeste un décalage entre les temporalités médico-légales et familiales. Doù linquiétude des professionnels que le choix de la voie directe par les patients en consultation ne débouche sur aucune transmission effective dinformation aux apparentés. Soucieux de ce décalage, ces derniers se sont saisis de cette question pour sinterroger sur le soutien quils pourraient apporter dans la durée aux patients ayant accepté la responsabilité dinformer leur famille. Alors que javais résolument construit mon travail de terrain dans une perspective descriptive, je me suis rendu compte quil pouvait ainsi être le support dune réflexion des professionnels sur leurs pratiques. À partir dune description du parcours des personnes venues effectuer un test dans lun des services étudiés, nous avons pu identifier les différents points de sensibilisation possible des patients à la 127problématique de linformation des apparentés40. De même nous avons pu mettre en lumière le rôle potentiel des médecins généralistes dans le suivi de cette information à lissue du rendu de résultat41.

Une recherche impliquée 

Lexemple de cette étude sur linformation de la parentèle en génétique montre lintérêt éthique que peut avoir la recherche de type ethnographique. Comme lindiquent Dick Willems et Jeannette Pols, il serait faux en effet dopposer simplement les perspectives descriptives et prescriptives42. Selon eux, lapport des sciences sociales à la réflexion bioéthique ne sauraient être limitée à un inventaire de données de terrain à valeur purement informative. Au contraire, lethnographie des contextes médicaux objective une forme de moralité incarnée dans les pratiques et les discours dacteurs dont lexpérience est inscrite dans des mondes locaux et non dictée de lextérieur par une rationalité universelle et abstraite. Entre le registre de la pré-scription par lautorité morale et celui de la de-scription pure, Willems et Pols proposent de parler de la « re-scription » comme caractéristique de la démarche dune éthique empirique centrée sur la normativité des pratiques quotidiennes. Il sagit, par là, de valoriser le travail interprétatif quimpliquent à la fois lenquête de terrain et son compte rendu et qui sapparente à un exercice de ré-écriture du réel destiné à en objectiver les dimensions éthiques latentes.

Suivant cette perspective, il est possible daffirmer quun travail de terrain dénué dintention normative initiale peut avoir une certaine valeur éthique. Il serait paradoxal que les sciences empiriques ne soient daucun apport dans la résolution de problématiques éthiques de terrain. Leur apport, cependant, réside dans lobjectivation dune éthique implicite, informelle et incarnée dans les pratiques et non dans lapplication de codes normatifs extérieurs. « Faire du terrain », en sciences sociales nest pas autre chose que faire leffort pour saisir de lintérieur et en situation le 128sens des pratiques des individus confrontés à des questionnements mettant en jeu le bien et le mal, le juste et linjuste, le tolérable et lintolérable. Cest cette forme de recherche impliquée qui peut déboucher sur une appropriation par les acteurs eux-mêmes des connaissances produites afin de faire évoluer leurs pratiques.

Conclusions

Réagissant aux critiques associées à lapproche « principiste » dominante dans le champ bioéthique des années 1980, le philosophe canadien Barry Hoffmaster sinterrogeait de manière provocatrice sur le point de savoir comment lethnographie pouvait « sauver » sa discipline43. Ce texte marque une étape importante du « tournant empirique » de la bioéthique des années 1990 aux États-Unis. L« enthousiasme ethnographique » qui sétait emparé dune partie des bioéthiciens américains de lépoque avait donné lieu à la constitution dune nouvelle sous-discipline de ce champ, l« éthique empirique44 ». Comme le souligne le sociologue Adam Hedgecoe, le développement de cette nouvelle approche sest alors faite de manière indépendante de toute une série de travaux de sociologie médicale pourtant attentifs à la dimension éthique de leurs objets de recherche de terrain45. Loin de renouveler les rapports entre bioéthique et sciences sociales, le tournant empirique de la première naurait alors abouti quà une subordination des deuxièmes. Lethnographie naurait été considérée que comme une méthode de collecte de données assujettie aux finalités normatives de la bioéthique.

À lencontre de cette vision des rapports de domination entre bioéthique et sciences sociales, jai essayé de montrer ici de quelle manière le travail de terrain de type descriptif pouvait produire des connaissances utiles à lévolution des pratiques biomédicales. Après avoir été longtemps ignorées, puis utilisées un temps par la bioéthique, les sciences sociales 129peuvent aujourdhui prétendre apporter une contribution spécifique dans ce champ. Il serait faux, en effet de réduire leur apport à une forme dexpertise méthodologique en matière de recueil de données de terrain (par entretiens, observation directe ou questionnaires). Comme chacun sait, tout recueil de données est en réalité une production de données. Décrire, pour lethnographe, cest faire des choix, cest organiser un compte rendu, cest traduire une expérience. Plus quune méthode, lethnographie est donc un type de regard porté sur le monde. Comme jai essayé de le montrer, ce regard nait dune suspension du jugement, de lexercice dun certain scepticisme à légard du monde et dune forme dagnosticisme moral. Cette attitude est la condition daccès à la compréhension de la vie éthique des individus et des collectifs dans une perspective pragmatiste.

Y a-t-il là une forme de relativisme moral qui serait inhérent aux sciences sociales ? Ce serait oublier que le travail de terrain sorganise selon un double mouvement dengagement et de distanciation, pour reprendre les termes de Elias. Ou comme laffirme Didier Fassin au sujet de la dimension « critique » de sciences sociales : « lexercice critique des sciences sociales consiste en ces allers et retours où, lorsque lon est proche des sujets avec lesquels on travaille, on est attentif à leurs discours et leurs pratiques au point de vouloir non seulement entendre leurs justifications, mais de tendre soi-même à les justifier, et lorsquon séloigne deux pour saisir une scène sociale plus vaste, on devient plus sensible aux jeux de pouvoir dans lesquels ils acceptent de se laisser prendre, au point de porter sur eux un regard sans concession46 ». Leffet de miroir révélateur que produit la description, dans la mesure où elle contextualise les pratiques observées et les discours recueillis, peut alors servir de support à leffort des acteur sociaux eux-mêmes pour réfléchir à leurs activités et les faire évoluer. Cest dans leffort pour établir ce dialogue de terrain que le travail ethnographique prend tout son sens éthique.

Benjamin Derbez

Université de Bretagne Occidentale – LABERS

1 Raymond De Vries, « How can we Help ? From ‘‘Sociology in’’ to ‘‘Sociology of’’ Bioethics », Journal of Law, Medicine & Ethics, 32, 2003 p. 279-292.

2 Simone Bateman, « La bioéthique comme objet sociologique. » Cahiers Internationaux De Sociologie, vol. 104, 1998, p. 5–32 ; Dominique Memmi, Les gardiens du corps. Dix ans de magistère bioéthique, Paris, Ed. EHESS, 1996 ; Renée C. Fox, Judith P. Sawzey, Observing bioethics, New York, Oxford University Press, 2008.

3 Patricia Marshall et Barbara Koening, « Bioéthique et anthropologie : situer le bien dans la pratique médicale », Anthropologie et société, 24(2), 2000, p. 35-55.

4 Raymond Masse, « Anthropologie des moralités et de léthique », Anthropologie et société, 33(3), 2009, p. 21-42.

5 Arthur Kleinman, « Anthropology of Bioethics », Writing at the Margins : Discourse between Anthropology and Medicine, Berkeley, University of California Press, 1995, p. 41-67.

6 Ruth Faden, Tom Beauchamp, A history and theory of Informed Consent, New York, Oxford University Press, 1986.

7 Paul Appelbaum et Charles Lidz, « The therapeutic misconception », in Emanuel E.J., et al. (eds.), The Oxford Textbook of clinical research ethics, New York, Oxford University Press, 2008, p. 633-644.

8 Walter Glannon, « Phase I Oncology Trials : Why Therapeutic Misconception will not go away ? », Journal of medical ethics, 32, 2006, p. 252-255.

9 Charles Soulié, « Profession philosophe », Genèses. Sciences sociales et histoire, 26, 1997, p. 49-57.

10 Georges Canguilhem, La Connaissance de la vie (1965), Paris, Vrin, 1998, p. 7.

11 Benjamin Derbez, « Négocier un terrain hospitalier. Un moment critique de la recherche en anthropologie médicale », Genèses. Sciences sociales et histoire, no 78, 2010, p. 99-120.

12 Bronislaw Malinoski, Les Argonautes du Pacifique Occidental (1922), Paris, Gallimard, 1989.

13 B. Glaser et A. Strauss, The discovery of grounded Theory. Strategies for qualitative research, Chicago, Aldine, 1967.

14 Bertrand Pulman, « Pour une histoire de la notion de terrain », Gradhiva, no 5, 1988, p. 22-30.

15 Jean-Pierre Oliver de Sardan, La rigueur du qualitatif. Les contraintes empiriques de linterprétation socio-anthropologique, Louvain-La-Neuve, Academia-Bruylant, 2008.

16 Michael Burawoy, « LÉtude de cas élargie. Une approche réflexive, historique et comparée de lenquête de terrain », in Daniel Céfaï (dir.), Lenquête de terrain, Paris, La découverte, Coll. Recherches, 2003, p. 440.

17 Renée C. Fox, Judith P. Swazey, « Thinking Socially and Culturally in Bioethics », Observing bioethics, New York, Oxford University Press, 2008, p. 163.

18 Benjamin Derbez, 2018a, « Lexpérience comme objet de sciences sociales », Sciences Sociales et Santé, vol. 36, no 2, p. 97-102.

19 Arthur Kleinman, « Experience and its moral modes : Culture, humans conditions and disorder », The Tanner Lectures on Human Values, Stanford University, april 13-16, 1998.

20 Byron Good, Comment faire de lanthropologie médicale ? Médecine, rationalité et vécu (1994), Le Plessis Robinson, Les empêcheurs de penser en rond, 1998.

21 Anselm Strauss, La trame de la négociation. Sociologie qualitative et interactionniste, Paris, LHarmattan, 1992, p. 40.

22 Peter Keating et Alberto Cambrosio, Cancer on Trials. Oncology as a New Style of Practice, Chicago and London, University of Chicago Press, 2012.

23 En 2010, environ 8 % de la population totale des patients atteint de cancer, soit 34 000 personnes, a participé à un essai clinique. Ce chiffre représente une augmentation de 57 % du nombre dinclusions entre 2008 et 2010 selon lInstitut national du cancer (INCa, 2012).

24 Steven Joffe et Franklin Miller, “Bench to bedside : Mapping the moral terrain of clinical research”, Hastings Center Report, 38, 2, 2008, p. 30–42.

25 Sam Horng et Christine Grady, « Misunderstanding in clinical research : distinguishing therapeutic misconception, therapeutic misestimation and therapeutic optimism », iRB : ethics and Human Research, 25, 2003, p. 11-16.

26 Didier Fassin, « Une science sociale critique peut-elle être utile ? », Tracés. Revue de Sciences humaines (en ligne), 9, 2009, p. 199-211.

27 Benjamin Derbez, Entre cobayes et partenaires. Lexpérience des patients dans léconomie morale de la recherche clinique en cancérologie, Thèse en Santé et sciences sociales, EHESS, Paris, 2014.

28 Didier Fassin, « Toward a Critical Moral Anthropology », in Didier fassin (ed.), A Companion to Moral Anthropology, Oxford, John Wiley and sons, 2012.

29 Didier Fassin, « Beyong Good and Evil ? Questioning the Anthropological Discomfort with Morals », Anthropological Theory, 8(4), 2008, p. 339.

30 Benjamin Derbez, « Les paradoxes du Care dans les essais cliniques de phase I en cancérologie », Sciences sociales et santé, vol. 36, no 1, 2018, p. 5-29.

31 Clara Gaff et Carma Bylund, (eds.) Family Communication About Genetics : Theory and Practice, New York, Oxford University Press, 2010.

32 A. Clarke, M. Richards, L. Kerzin-Storrar, et al., “Genetic professionals reports of nondisclosure of genetic risk information within families”, Eur J Hum Genet, 13, 2005, p. 556–562.

33 A. Metcalfe, J. Coad, G.M. Plumridge, et al., Family communication between children and their parents about inherited genetic conditions : A meta-synthesis of the research”, Eur J Hum Genet, 16, 2008, p. 1193-1200.

34 Loi n o2011-814 du 7 juillet 2011 - art. 2 (2011). Code de la santé publique - art. L1131-1-2 (V). JORF.

35 Arrêté du 20 juin 2013 fixant le modèle de lettre adressée par le médecin aux membres de la famille potentiellement concernés en application de larticle R. 1131-20-2 du code de la santé publique. JORF no 0143 du 22 juin 2013 page 10405, texte no 7.

36 Projet « Information de la parentèle en génétique : enjeux et mise en œuvre en cas de maladie génétique à caractère familial », coordonné par Sandrine de Montgolfier (MCF, UPEC), financé par lINCa 2013-2016 (2013-1-PL SHS 01-Inserm 12-1).

37 Cécile Vigour, La comparaison dans les sciences sociales. Pratiques et méthodes, Paris, La découverte, Coll. Repères, 2005.

38 B. Derbez, A. Depaw, D. Stoppa-Lyonnet, S. De Mongolfier, « Familial disclosure by genetic healthcare professionals: A useful but sparingly used legal provision in France », Journal of Medical Ethics, 2019 , Vol. 45, no 2, p. 811-816.

39 Benjamin Derbez, « Is there a “right time” for bad news ? Kairos in familial communication on hereditary breast and ovarian cancer risk », Social Science and Medicine, 202, 2018, p. 13-19.

40 Benjamin Derbez, Zaki El Haffaf, Frédéric Galacteros, Sandrine De Mongolfier, « Prévention des maladies génétiques. Le retour du médecin de famille ? », Revue dÉpidémiologie et de Santé Publique, (In press), 2018.

41 B. Derbez, A. Depaw, D. Stoppa-Lyonnet, S. De Mongolfier, « Supporting disclosure of genetic information to family members : Professional practices and timelines in cancer genetics », Familial Cancer, 16(3), 2017, p. 447-457.

42 Dick Willems et Jeannette Pols, « Goodness ! The Empirical Turn in Health Care Ethics », Medische Anthropologie, 22(1), 2010, p. 161-169.

43 Barry Hoffmaster, « How can Ethnography Save the Life of Bioethics ? », Social Science and Medicine, 35, 1992, p. 1421-1431.

44 Renée C. Fox, Judith P. Sawzey, Observing bioethics, New York, Oxford University Press, 2008.

45 Adam Hedgecoe, « Critical Bioethics : Beyond the Social Science Critique of Applied Ethics », Bioethics, 18(2), 2004, p. 120-143.

46 Didier Fassin, « Une science sociale critique peut-elle être utile ? », Tracés. Revue de Sciences humaines (en ligne), 9, 2009, p. 202.