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Classiques Garnier

Aux origines contemporaines du transhumanisme Julian Huxley et Fereidoun M. Esfandiary

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Éthique, politique, religions
    2015 – 1, n° 6
    . Le Transhumanisme
  • Auteur : Goffi (Jean-Yves)
  • Résumé : À travers certains textes fondateurs du transhumanisme contemporain deux tendances extrêmement différentes de ce mouvement se distinguent : la conscience d’être responsable d’une évolution à venir, dont les traits restent encore à préciser ; l’aspiration libertaire à réaliser de façon ludique toutes sortes de possibilités. Cet article suggère que ces deux tendances restent extérieures l’une à l’autre et ne peuvent réellement faire l’objet d’une synthèse.
  • Pages : 17 à 32
  • Revue : Éthique, politique, religions
  • Thème CLIL : 3133 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie contemporaine
  • EAN : 9782812448409
  • ISBN : 978-2-8124-4840-9
  • ISSN : 2271-7234
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-4840-9.p.0017
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 18/09/2015
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : transhumanisme, évolution, naturalisme, anthropologie, eugénisme
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Aux origines contemporaines
du transhumanisme

Julian Huxley et Fereidoun M. Esfandiary

Bien que le transhumanisme soit souvent présenté comme un mouvement unanime et indifférencié, il est marqué par des oppositions très fortes qui se sont manifestées dès le début de sa très courte histoire. On se propose de montrer ici comment Julian S. Huxley et Fereidoun M. Esfandiary, deux grands noms des premier écrits transhumanistes, conçoivent de façon très différente, sans doute même irréconciliable, la mutation anthropologique que représente, à leurs yeux, le transhumanisme dont ils sattachent à constituer la théorie et la pratique. Il ne sagit donc pas de faire apparaître une convergence entre ces deux auteurs, ni de montrer en quoi ils sont comparables, tout bien considéré. On soutiendra plutôt la thèse selon laquelle, tout bien considéré, ils ne sont pas comparables : ils indiquent deux orientations distinctes (ou deux pôles, si lon préfère cette métaphore) du transhumanisme. Bien entendu, certains éléments sont communs aux deux démarches : si tel nétait pas le cas, il ny aurait aucune raison de rapprocher ces auteurs. Mais tout rapprochement ne justifie pas pour autant une comparaison. Ici, les éléments communs restent trop généraux pour quune comparaison soit pertinente : ils consistent à affirmer ou à suggérer quil ny a pas dessence de lêtre humain à préserver parce que lhumanité nest pas quelque chose de donné, mais un chantier perpétuellement ouvert ; à insister sur les descriptions en termes de devenir et de processus plutôt quen termes détats stables ; à relever les insuffisances des conceptions du monde traditionnelles dès lors quil sagit de penser les conséquences intellectuelles et morales du développement des sciences et des avancées des techniques. Ce sont des lieux communs rhétoriques (on est presque tenté décrire : « des éléments de langage ») tellement répandus quils ne permettent sans doute pas de discriminer entre des auteurs qui se

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réclament du transhumanisme et des auteurs qui ne sen réclament pas ; à plus forte raison ne permettent-ils pas de discriminer entre des auteurs à lintérieur de la mouvance transhumaniste.

Sir1 Julian S. Huxley (1887-1975) est le petit fils de Thomas H. Huxley, le « bouledogue de Darwin ». Il est le frère dAldous L. Huxley, lauteur bien connu de Brave New World et le demi-frère de Sir Andrew F. Huxley (prix Nobel de biologie, 1963). Lui-même est un universitaire, biologiste de formation, qui a participé à lélaboration de la théorie synthétique de lévolution (il semble dailleurs quil soit linventeur de lexpression). Vulgarisateur de talent, il a joué un rôle important dans différentes instances nationales et internationales : il a été, par exemple, le premier directeur de lUNESCO quil a puissamment contribué à créer. Il a présidé en 1952 le congrès fondateur de « The International Humanist and Ethical Union » (IHEU) et a été le président de la branche britannique de cette organisation en 19632. J. Huxley était également un partisan convaincu de leugénisme3, mais non du darwinisme social comme on lit souvent sur les sites où lon combat la « culture de la mort », selon une rhétorique bien connue. Dans le présent contexte, on retiendra que cest lui qui semble avoir mis en circulation le terme « transhumanisme ». « Transhumanism », en effet, est le titre dun essai au sein dun recueil intitulé New Bottles for New Wine4. On considérera que ces essais constituent un tout, au sein duquel on trouve des thèses permettant de préciser le cadre au sein duquel sélabore lanthropologie transhumaniste de J. Huxley.

En premier lieu, on a affaire à un naturalisme explicitement revendiqué comme tel : « Lhomme ne se tient pas au-dessus de la nature

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en sopposant à elle ; il en fait partie »5. Le terme « naturalisme » est susceptible dêtre interprété en multiples façons ; on parlera, ainsi, de naturalisme ontologique, méthodologique, religieux, éthique, esthétique, etc. Il sagit ici, comme on pouvait sy attendre, dun naturalisme évolutionniste. La formule qui vient dêtre citée, en effet, est introduite par une analyse tendant à montrer que la nature est un processus universel dévolution qui inclut aussi les êtres humains ; en ce sens, J. Huxley défend une conception unitaire de la nature6. Mais que faut-il entendre, au juste, par évolution ? Là encore, la réponse est parfaitement explicite :

[] nous définissons lévolution comme un processus dauto-transformation qui opère de lui-même et qui, tout en suivant son cours, fait venir à lêtre une plus grande variété de niveaux dorganisation, toujours plus élevés7.

On remarquera que lévolution est ici présentée comme un principe cosmique absolument universel, ne sappliquant pas aux seuls êtres vivants. Par conséquent J. Huxley pense être en mesure de discerner trois niveaux dorganisation ayant émergé successivement au cours de lévolution, quil appelle des phases précisément à cause de leur caractère essentiellement diachronique. La phase cosmologique ou inorganique est caractérisée par un rythme de changement excessivement lent : elle ne se manifeste que par des interactions physiques ou chimiques simples et ne va pas au-delà dun niveau dorganisation plutôt rudimentaire. La phase biologique ou organique est marquée par le fait quapparaît la matière vivante, capable de varier lorsquelle se reproduit de sorte que sa transformation au cours du temps prend la forme de la sélection naturelle ; son rythme de changement est plus rapide et le niveau dorganisation auquel elle peut prétendre est plus élevé. Certains vivants, en effet, agissent en retour sur lenvironnement inorganique qui est le

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leur ; en outre, ils manifestent une activité mentale inconnue pendant la phase précédente. Dans la phase psycho-sociale, les mêmes procédés que lon voit à lœuvre dans la phase biologique continuent dopérer, à ceci près quils concernent lesprit et ses productions : on ne peut donc plus parler de sélection naturelle, mais d« évolution culturelle, reposant sur lexpérience cumulative »8. Le rythme du changement y est très rapide et laction en retour des acteurs de cette phase (les êtres humains) sur les éléments ayant émergé au cours des phases précédentes est particulièrement importante. J. Huxley résume tout ceci dune formule :

Au cours de la phase psycho-sociale, les activités mentales sont plus importantes que les activités matérielles9.

Il vaut la peine de relever que J. Huxley comprend le terme « esprit » de façon très généreuse, de telle sorte quil englobe aussi bien lexpérience et lactivité conscientes, les produits de lintellect rationnel et de limagination, les croyances et les attitudes tributaires des émotions, les expériences mystiques, les actes rituels symboliques et les savoir-faire techniques, sans oublier tout ce qui renvoie à lart et à lesthétique. En bref, on ne saurait sen tenir, selon lui, à une interprétation strictement intellectualiste de lesprit. Tel est du moins le sens de lhommage quil rend à St John Mivard (en fait : St. George Jackson Mivart) et au Père Teilhard du Chardin (en fait : Pierre Teilhard de Chardin, S. J.) deux biologistes catholiques qui ont tenté, avec un succès plutôt mitigé, de réconcilier la théorie de lévolution avec les dogmes de leur Église. Il souligne tout particulièrement la portée heuristique de la distinction teilhardienne entre biosphère et noosphère, distinction qui recoupe, évidemment, celle entre phase biologique-organique et phase psycho-sociale.

Ce qui vient dêtre décrit à gros traits, cest un processus saisi en extériorité, à travers les différentes phases quil manifeste. Mais, si on mobilise la vénérable perspective de la puissance et de lacte, on peut envisager les choses de façon assez différente ; selon les propres termes de J. Huxley :

Si on aborde les choses de façon quelque peu différente, le processus de lévolution, à travers toutes ses phases, peut être envisagé comme une tendance

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de ce qui est potentiel vers lacte, comme la réalisation ou laccomplissement de possibilités inhérentes10.

Or, selon lui, les potentialités évolutives qui se sont manifestées au cours de la phase biologique-organique sont, pour lessentiel, réalisées et noffrent plus de perspectives de développement ultérieur : « [] les possibilités dun développement majeur dans les propriétés matérielles et physiologiques de la matière capable de se reproduire elle-même ont été épuisées (exhausted) »11. On devine, dès lors, ce que va être 1a suite de la démarche de J. Huxley : puisque lévolution ne saurait, par définition, sarrêter, attendu quelle est coextensive au cours de lunivers, mais que les potentialités du moment biologique-organique se sont toutes déployées, de telle sorte quun développement majeur nest plus envisageable dans le cadre de cette phase, cest la phase psycho-sociale qui va porter et accomplir les possibilités inédites. Cest, comme on la déjà mentionné, lhomme qui est lacteur essentiel de cette phase. Cest donc lui qui va y prendre en charge lévolution, ce que J. Huxley expose sur le mode grandiose aussi bien que prosaïque. Sur le mode grandiose, il déclare quaprès une évolution qui sest jouée sur des millions dannées, lunivers commence enfin à prendre conscience de lui-même, à parvenir à lintelligence de son histoire passée et de son futur possible, cette prise de conscience cosmique sopérant dans un fragment minuscule de lui-même, chez quelques êtres humains. Sur le mode prosaïque, il confie que tout se passe comme si lhomme avait brusquement été nommé directeur général dune très grosse affaire, la plus grosse de toutes, en réalité, laffaire de lévolution, cette nomination quil lui est impossible de refuser sétant faite sans avertissement et sans préparation et, au demeurant, sans son accord. Entre ces deux registres, on va trouver laffirmation plus sobre selon laquelle la nouvelle compréhension de lunivers, ébauchée depuis un siècle12 par des psychologues, des biologistes, des scientifiques, des archéologies, des anthropologues et des historiens, « [] a défini la responsabilité et la

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destiné de lhomme, à savoir dêtre un agent pour le reste du monde dans la tâche consistant à réaliser aussi complètement que possible les potentialités inhérentes à celui-ci »13.

Comment lêtre humain va-t-il pouvoir sacquitter de cette tâche cosmique ? Afin de répondre à cette question, il faut comprendre ce qui fait la différence entre les phases 1 et même 2 de lévolution, et la phase 3 dautre part. Car là où les deux premières phases mettent directement en œuvre les processus de lévolution naturelle, la phase trois procède par transmission et transformation de la tradition. Comme le dit J. Huxley :

Cette méthode de communication par concepts et symboles a apporté un mécanisme supplémentaire de transmission du patrimoine (inheritance), impliquant la transmission cumulative de lexpérience acquise. Elle a rendu possible un type de transformation évolutionniste bien plus rapide et, à maints égards, bien plus efficace ; nous pouvons le qualifier dévolution culturelle14.

Puisque les êtres humains sont cette partie du processus cosmique déjà devenu conscient de lui-même et le devenant toujours plus, leur tâche devant lhistoire de lunivers ne consistera en rien dautre quen la réalisation toujours plus approfondie de leurs potentialités et ceci aussi bien chez lindividu que dans la communauté ou même dans lespèce. On dira quelques mots pour éclaircir ce point, mais on insistera dabord sur un point crucial, sans lequel tout ce qui vient dêtre expliqué ne serait encore quun géométral auquel la perspective fait défaut : le transhumanisme repose sur un décentrement radical. Là où nous avons spontanément tendance à supposer les individus, leurs communautés et même lespèce comme des entités données une fois pour toutes et à nous demander ensuite comment nous pourrions développer leurs capacités, les transhumanistes partent des potentialités qui sont celles des individus, des communautés et même de lespèce et se demandent comment nous pourrions nous hausser jusquà ces potentialités puis, dun même geste, se demandent comment nous pourrions aller au delà. Lhomme est ainsi à la fois le prophète et le pionnier15 de la réalité à venir : prophète il parle au nom du futur de telle sorte que la nature humaine dont il est le pionnier nest pas un domaine

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stable indiquant des normes à respecter et des limites à ne pas franchir : cest le possible qui devient la norme de ce qui est effectif, cest par rapport à ce qui nest pas encore que nous devons évaluer ce qui est (encore) là16. Concrètement, et cest là quon mesure lampleur du contre-sens de ceux qui font de J. Huxley un partisan du darwinisme social, les limitations qui sont actuellement les nôtres peuvent déjà être surmontées par la création dun environnement social plus favorable. La laideur et la misère urbaines en seraient bannies ; on se préoccuperait de la qualité et plus seulement de la quantité des gens17 ; on y développerait autant que possible léducation, le savoir et les jouissances intellectuelles quil procure, qui sont des fins en soi ; on y favoriserait tout ce qui va dans le sens de la profondeur et de lintégrité de la vie intérieure. Au total, la dimension transhumaine dont parle J. Huxley sexprime dans une formule qui reste tout de même assez ambigüe. Insistant sur le fait que lhumanité, cest-à-dire ici lensemble des êtres humains, peut se transcender, non pas de façon sporadique ainsi quelle la fait jusquici à travers la figure de tel ou tel individu génial, mais comme humanité en tant que telle, dans son entièreté, il veut donner un nom à cette nouvelle croyance ; il propose alors :

Peut être que transhumanisme fera laffaire : lhomme restant lhomme, mais se transcendant lui-même par la réalisation de nouvelles possibilités de sa nature humaine et de nouvelles possibilités pour celle-ci (by realizing new possibilities of and for his human nature)18.

Transcender ici, cest aller au-delà des limitations qui existent actuellement par la réalisation de possibilités inédites à ce jour, mais qui restent les

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possibilités dune nature conservant la plupart des caractéristiques dune essence, même si léventualité de réaliser des possibilités inédites pour cette nature humaine est envisagée. Dès lors, ce quindique le « trans » de tranhumanisme, nest pas la volonté daller au-delà dune nature donnée comme humaine ; il exprime plutôt lidée que la conscience humaine sinscrit sur fond dévolution, quelle est un fragment dune évolution qui jusqualors a agi sur elle, mais quelle peut désormais maîtriser et orienter.

On ne trouve pas cette ambigüité, ni cette hésitation, chez Fereidoun M. Esfandiary : à maints égards, celui-ci est beaucoup plus radical que J. Huxley. Deux exemples le montreront. On la vu, J. Huxley manifeste une certaine déférence envers des scientifiques-essayistes sinscrivant aux marges du catholicisme. Mais, de façon plus générale, il reconnaît une dimension religieuse dans sa propre démarche. Voici comment : de toute évidence, le concept dun dieu personnel lui est étranger et il adopte une attitude quasi-éliminativiste à cet égard :

Dieu est une hypothèse construite par lhomme pour laider à comprendre ce qui fait le sens de lexistence (what existence is all about)19.

Mais cette négation dun Dieu personnel et du surnaturel en général20 ne le conduit pas à rejeter toute religion : il considère comme allant de soi que lhomme a toujours attaché de limportance à sa destinée, cest-à-dire à sa place et à son rôle dans lunivers. Il exprime cette évidence par une formule organiciste-fonctionnaliste : toutes les sociétés à ce jour ont développé des organes destinés à affronter ces problèmes. Il peut alors affirmer, ce qui ne devrait guère surprendre le lecteur :

Tous ces organes sociaux voué à la destinée peuvent, je pense, être rangés à juste titre dans la rubrique des religions21.

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Cette rubrique est, on sen doute, particulièrement accueillante puisque lon va y trouver les rites de la fertilité du néolithique, le communisme dans sa version stalinienne, ainsi que le culte vaudou en Haïti et le catholicisme22. On ne trouve rien de tout cela chez F.-M. Esfandiary qui professe le plus parfait mépris à lendroit de la religion : selon lui, la religion nest quun système archaïque de croyances superstitieuses, qui nexige de ceux qui y adhèrent quune soumission et une révérence puériles.

Par ailleurs, comme on la vu, J. Huxley semble estimer que certaines données de la nature humaine constituent un cadre indépassable dont une nature humaine, même transcendée ne saurait saffranchir. Sans doute lespèce humaine23 est au seuil dune nouvelle forme dexistence. Mais lorsquil sagit dexprimer ce que cette existence aura dinédit, J. Huxley assure quelle sera aussi différente de la nôtre que la nôtre lest de celle de lhomme de Pékin. Toutefois, lhomme de Pékin, comme représentant de lespèce Homo Erectus est un animal et lon peut supposer que lhomme, même transcendé, restera un animal. F.-M. Esfandiary est beaucoup plus radical en ce sens quil envisage sans sourciller la possibilité de « dés-animaliser » lêtre humain, cest-à-dire de « remplacer nos organes animaux et [autres] parties du corps par des implants insensibles à la douleur (painfree) qui ne seront plus faits de chair. Toutes les parties qui facilitent (enhance) une évolution rapide, nous les garderons. On peut se dispenser du reste »24. De ce point de vue, il ne fait que reprendre à son compte de façon particulièrement véhémente une liberté à laquelle les partisans du transhumanisme attachent le plus grand prix : celle de se modifier soi-même, y compris dans son apparence physique et dans sa dotation biologique, selon ses propres désirs25.

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Le constructivisme est, si lon ose sexprimer ainsi, la marque de fabrique du transhumanisme ; mais il présente des degrés. Avec F.-M. Esfandiary on a affaire à une version particulièrement audacieuse de constructivisme. Quelques mots sur le personnage, car cen est un. Cest le fils dun diplomate iranien, né à Bruxelles en 1930. Il a étudié à Jérusalem, dans un collège jésuite, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Il a fait partie de léquipe de baskett-ball iranienne aux Jeux Olympiques de Londres en 1948 et a travaillé deux ans aux Nations Unies, à la Commission de Conciliation pour la Palestine. Il a ensuite émigré aux États-Unis où il a publié des nouvelles26 et de nombreux articles de journaux. Il a organisé un séminaire où il enseignait la philosophie « futuriste » à la New School for Social Research (1969-1977) puis à lUCLA Extension (1979-1981)27. Son statut est, en un sens, encore plus marginal que celui de J. Huxley : ce dernier est un universitaire ayant un peu trop pratiqué lintervention dans le débat didées selon les critères admis par la communauté savante (et ayant joué un rôle un peu trop voyant dans la science administrée) ; F.-M. Esfandiary est un touche à tout talentueux, qui na jamais bénéficié dune réelle reconnaissance académique. En 1988, il a fait officiellement changer son nom de famille en FM-2030. Il est mort en 2000 ; son corps, cryonisé, est conservé à Scottsdale, Arizona, à lAlcor Life Extension Foundation, dans lattente dune éventuelle réanimation. On lui prête toutes sortes daphorismes destinés à mettre en évidence le caractère détrangeté de sa démarche. Il est lauteur, sous le nom de FM-2030, dun ouvrage, Are you a Transhuman?28, où il se propose daider, de façon interactive, le lecteur à améliorer son rythme de croissance personnelle et à faire son entrée dans lâge des transhumains, un stade au-delà de lhumain. Ce livre est le moins inconnu de ceux qui ont entendu parler du transhumanisme et on sintéressera plutôt à la trilogie : Optimism One, Up-Wingers. A Futurist Manifesto et Telespheres29. On considérera, en effet, que Are you

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a Transhuman? est à ces trois ouvrages ce quun résultat est au processus qui y a conduit.

Auteur de nouvelles, F. M. Esfandiary sintéresse à lart décrire. Il est davis que, mus par un sentiment dinsécurité, les écrivains sur-écrivent, persuadés quils sont que limportance dun ouvrage est proportionnelle à son volume. Pour sa part, il estime quun ouvrage de plus de deux cents pages ne vaut pas la peine dêtre lu. Les auteurs pertinents sont ceux qui synthétisent ; par ailleurs, les seuls que lon peut considérer comme des lecteurs authentiques sont ceux qui prélèvent à la surface (il emploie lexpression « skimmers »)30. Cet éloge de la superficialité a un sens très précis, puisquil sagit de se mettre à lunisson de la fluidité qui est le fond ultime de toute existence. Il se traduit, en tout cas, par la suppression complète de certains signes typographiques, les virgules et les points-virgules par exemple, au profit des tirets longs (qui indiquent que des termes sont interchangeables ou se renforcent mutuellement) ou des barres obliques (qui indiquent généralement que les termes séparés par ce signe constituent une totalité). Les textes ainsi ponctuées donnent une impression de fluidité, renforcée par le fait que les phrases sont, le plus souvent, extrêmement brèves. Ces textes relèvent également de lécriture manifestaire31. Là où lécriture pamphlétaire repose sur lopposition vérité/imposture, lécriture manifestaire met en œuvre les catégories de la rupture et du statu quo. En outre, la manifeste comporte des directives pour laction, explicites ou non, détaillées ou non (par exemple : « Proletarien aller Länder, vereinigt euch ! », « Nous voulons démolir les musées, les bibliothèques combattre le moralisme, le féminisme et toutes les lâchetés opportunistes et utilitaires », « Faites abstraction de votre génie, de vos talents et de ceux de tous les autres », etc.). F.-M. Esfandiary écrit ainsi :

Cette brochure nest pas un exercice métaphysique désespéré. Pas le moins du monde. Cest une brochure pour lAction32.

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Il a été question de la manière de F.-M. Esfandiary. Il va être question maintenant de la matière qui est la sienne. Que veut-il faire dans ces trois ouvrages ? Il veut donner des directives (Guidelines) pour le futur, à court et à moyen terme. Il veut développer une philosophie de lOptimisme, qui soit conforme aux avancées monumentales de notre époque33. Ces avancées ne sont pas simplement techniques ; elles se traduisent également par des transformations psychologiques et sociales. Elles sont à ce point radicales quaucune des visons du monde antérieurement élaborées ne permet de les penser adéquatement. Dans cette perspective, on comprend mieux léconomie qui a présidé à lorganisation des trois ouvrages : Optimism One est une critique des critiques de la modernité ; Up-Wingers donne une dimension (post) politique à cette critique ; Telespheres indique les moyens matériels de la réalisation future des promesses du présent, déjà en partie tenues dailleurs. Faute de place, on se bornera à mettre en évidence le point essentiel de la démarche. Dans lesprit de F.-M. Esfandiary, lOptimisme nest pas une heureuse disposition desprit qui pousse tel ou tel à voir le côté positif des choses ou à minimiser les risques déchec dans les entreprises où il sengage. Il sagit dune « philosophie totalement inédite, fondée sur deux avancées évolutives (evolutionary) : notre nouvelle situation dans lEspace et dans le Temps. Nous sommes en train de faire voler en éclats les limitions de nos corps danimaux mortels et détendre indéfiniment chaque vie humaine. Nos sommes aussi en train de dépasser brusquement nos origines terrestres et daccéder dun seul coup à un univers infini, aux ressources et aux possibilités infinies »34. Lidée est la suivante : les progrès techniques sont en train de faire franchir à lhumanité une nouvelle étape de lévolution. Ils la libèrent de ces chaînes immémoriales quont été pour elle lespace et le temps. Il sagit sans doute dune façon de parler. F.-M. Esfandiary ne veut probablement pas dire que les techniques vont faire accéder les êtres humains à un mode dexistence où lespace et le temps seraient, au sens littéral, abolis. Même les artefacts de lâge post industriel qui sannonce sinscrivent dans lespace, en ce sens trivial quils prennent de la place, et dans le temps en ce sens que même la vitesse de la lumière sexprime par une grandeur mesurant le rapport de la distance au temps écoulé. Mais si nous cessons dêtre des

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animaux mortels et pouvons étendre indéfiniment la vie humaine, le temps ne nous sera plus compté. Et si les techniques rendent possible laccès aux ressources infinies qui sont celles de lunivers35 alors cest cette limitation spatiale quest la rareté qui va disparaître (F.-M. Esfandiary semble considérer quune chose est rare lorsquelle est hors de portée de celui qui la désire). Les hommes sont parvenus à desserrer quelque peu le carcan de lespace et du temps, en agissant sur leur environnement et sur leur propre biologie. Les communautés contemporaines, nen déplaise aux technophobes, disposent de plus de liberté, de fluidité, de plus de contrôle sur la nature que les communautés antérieurs ; les individus y sont considérés comme plus égaux, comme plus libres, ils sont traités de façon plus humaine que ce fut jamais le cas.

Mais la condition humaine reste intrinsèquement tragique car ces avancées ne se mesurent encore quà laune de lhistoire et non çà celle de lévolution36. Lhumanité ne sest pas encore complètement libérée des limites que lui a imposées une marâtre nature : elle ne maîtrise encore totalement ni lespace, ni le temps. On laissera ici de côté la question de lespace. En ce qui concerne le temps, la situation est la suivante : les partisans du « fondamentalisme biologique »37 résistent à lévolution qui conduira de lhumain au posthumain. Mais cette résistance est absurde : « Nous devons nous rebeller contre la vulnérabilité du corps humain… Il est scandaleux quun phénomène aussi beau que la vie soit enfermé dans une chose aussi fragile que le corps »38. Plus radicalement : « Le corps a constitué notre plus grand inhibition. Notre plus sérieux obstacle devant une évolution nous menant plus haut »39. Si la maîtrise du temps doit entraîner la négation de ce corps, tant pis – ou plutôt

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tant mieux : « nous pouvons refaire le corps humain et le transformer en quelque chose de beau de varié de fluide de durable »40.

J. Huxley et F.-M. Esfandiary représentent donc deux pôles du premier transhumanisme. Ce qui rattache ces deux auteurs à un état dépassé du mouvement, cest une certaine indulgence envers leugénisme, quand ce nest pas une approbation de celui-ci. Chez les transhumanistes plus récents, on retrouve lopposition entre le sérieux nécessaire à la prise en mains de lévolution et laspiration libertaire à la fluidité absolue qui est celle de la vie elle-même. Mais la perspective eugénique sest complètement effacée, ce qui rend assez peu crédibles les critiques faisant du transhumanisme un nouvel eugénisme. Il semble plus intéressant de se demander si ces deux façons dinterpréter limpératif de dépassement ou dachèvement de lhumanité peuvent être réconciliées, harmonisées ou synthétisées. Il semble que non. J. Huxley reprend à son compte le sérieux et la modestie du scientifique : il voit lhumanité investie dun destinée dont elle doit se rendre digne et on trouve chez lui un projet collectif constructiviste visant à connaître les causes et le mouvement secret des choses ; F.-M. Esfandiary proclame, sur un ton volontiers provocateur, le désir de saffranchir de toute contrainte et daccéder, de façon ludique et détachée, à toutes sortes de plaisirs et dexpériences inédites. Dans les deux cas, il sagit bien détendre lEmpire humain et de réaliser toutes les choses possibles : mais si J. Huxley évoque la Bensalem de Bacon, F. M. Esfandiary évoque plus le Phalanstère de Fourier ou, mieux, les communautés hippies des années soixante (la méfiance envers les sciences et les techniques en moins). Certains transhumanistes contemporains, comme Max More, se rattachent nettement au courant libertaire incarné par F.-M. Esfandiary ; dautres, comme Nick Bostrom, sont plus proches de lesprit de sérieux représenté par J. Huxley. Lorsque ces deux approches coexistent chez un seul et même adepte du transhumanisme, elles sont plutôt juxtaposées que synthétisées. Cest par exemple le cas avec le livre de Simon Young : Designer Evolution. A Transhumanist Manifesto41. La référence à la théorie de lévolution y est largement rhétorique, mobilisant essentiellement ses développements les moins authentifiés (psychologie évolutionniste,

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mémétique). Lactivité collective des êtres humains y est décrite comme « lesprit dun univers en évolution et prenant conscience de lui-même »42. J. Huxley aurait pu signer une telle formule. Mais, dun autre côté, un transhumaniste qui regarde autour de lui est censé voir quelque chose de tout à fait merveilleux, « un pays des merveilles technologique, débordant positivement de produits et de services extraordinaires, de possibilités sans fin de croissance, de développement, dexpression de soi et de joie de vivre »43. Ici, cest F.-M Esfandiary qui aurait pu signer ces lignes. S. Young montre, peut-être sans bien sen rendre compte, ce que ces deux visions du monde ont dincommensurable en faisant du transhumanisme un existentialisme évolutionniste, une formule pour le moins bancale.

Jean-Yves Goffi

Université Grenoble Alpes

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Bibliographie

Esfandiary, F.-M., Optimism One, New York, Popular Library, 1re éd. 1970, reed. 1978.

Esfandiary, F.-M., Up-Wingers. A Futurist Manifesto, New York, Popular Library, 1re éd. 1970, reed. 1977.

Esfandiary, F.-M., Telespheres, New York, Popular Library, 1977.

FM-2030 (Esfandiary, F.-M.), Are you a Transhuman?, New York, Warner Books, 1989.

Huxley, J., Religion without Revelation, Londres, Watts & Co., 1re éd. 1927, reed. 1941.

Huxley, J., New Bottles for New Wine, Londres, Chatto and Windus, 1957.

Huxley, J., Essays of an Humanist, Londres, Chatto & Windus, 1964.

Jonas, H., Le Principe Responsabilité, trad. fr. J. Greisch, Paris, Cerf, 1990.

Ranisch, R., Sorgner, St. L. (eds), Post- and Transhumanism: An Introduction, Franfurt am Main, Peter Lang, 2014.

Spencer, H., Les Premiers Principes, trad. fr. M Guymiot, Paris, Alfred Costes, 1920.

Young, S., Designer Evolution. A Transhumanist Manifesto, New York, Prometheus Books, 2006.

1 Il a en effet été élevé au rang de Knight Bachelor en 1958.

2 LIHEU est une confédération qui regroupe des organisations de libres penseurs, dathées, de rationalistes, de sceptiques et de laïcs du monde entier, se réclamant de lhumanisme. Lhumanisme est défini de la façon suivante : « Lhumanisme est une attitude existentielle (Life Stance) démocratique et éthique affirmant que les êtres humains ont le droit et la responsabilité de donner sens et forme à leur propre vie. [] Il se démarque du théisme et naccepte aucune conception surnaturelle de la réalité ». Déclaration minimale de lIHEU sur lhumanisme, http://iheu.org/humanism/what-is-humanism/, consulté le 15 novembre 2014, tr. J.-Y. Goffi.

3 Ce que sa biographie sur le site de la British Humanist Association ne mentionne pas. https://humanism.org.uk/humanism/the-humanist-tradition/20th-century-humanism/sir-julian-huxley/, consulté le 15 novembre 2014.

4 Londres, Chatto and Windus, 1957.

5 “Knowledge, Morality and Destiny” in New Bottles for New Wine, op. cit., p. 259, tr. J.-Y. Goffi.

6 Il affirme ainsi défendre un « monisme unitaire, opposé à toute forme de dualisme, que ce soit le dualisme entre le naturel et le surnaturel, entre le corps et lesprit, entre le réel et lidéal ou entre la matière et lesprit », « Mans Place and Role in Nature » in New Bottles for New Wine, op. cit., p. 57, tr. J.-Y. Goffi.

7 Ibid., p. 43, tr. J.-Y. Goffi. Il y a certainement une ressemblance avec la caractérisation de lévolution proposée par H. Spencer : « [] pendant lévolution, la matière passe dune homogénéité indéfinie et incohérente à une hétérogénéité définie et cohérente et le mouvement conservé subit une transformation semblable », Les Premiers Principes (tr. fr. M. Guymiot), Paris, Alfred Costes, 1920, p. 370.

8 Ibid., p. 44, tr. J.-Y. Goffi.

9 Ibid., trad. fr. J.-Y. Goffi.

10 « Knowledge, Morality and Destiny », New Bottles for New Wine, op. cit., p. 250, tr. J.-Y. Goffi.

11 « Mans Place and Role in Nature », Ibid. p. 47, tr. J.-Y. Goffi. Selon J. Huxley, cest au cours du Pliocène que cet épuisement sest accompli.

12 Louvrage où figure lessai “Tranhumanism” ayant été publié en 1957, il est difficile de ne pas voir en cette chronologie une allusion à LOrigine des Espèces de Darwin.

13 “Tranhumanism”, New Bottles for New Wine, op. cit., p. 13, trad. J.-Y. Goffi.

14 « Mans Place and Role in Nature », ibid., p. 47, trad. J.-Y. Goffi.

15 Ces deux termes sont employés par J. Huxley lui-même : « Knowledge, Morality and Destiny », ibid., p. 261.

16 À cet égard, même le transhumanisme posé et raisonnable dun J. Huxley est porteur dune dimension utopique, si lon admet, avec H. Jonas quun caractère absolument essentiel de lutopie se trouve non dans le contenu narratif des descriptions dune utopie réalisée (cela se passe sur une île normalement inaccessible ; des savants bienveillants sont au pouvoir, etc.) mais dans la priorité donnée au ne-pas-être-encore sur le déjà là (H. Jonas, Le Principe Responsabilité, trad. fr. J. Greisch, Paris, Cerf, 1990, p. 287-297).

17 Cela peut se comprendre de deux façons au moins. Dune part, cela peut signifier quon ira au-delà des vues de la politique de puissance qui ont été celles des États à ce jour, lesquels sintéressent seulement à une population nombreuse comme moyen doccuper et daccroître leur espace vital ; dautre part, cela peut signifier quon cherchera à faire venir à lexistence moins dêtres humains, mais en meilleure santé et dotés de plus de capacités, ceci grâce à un contrôle des naissances plus rationnel, couplé à de mesures eugéniques plus efficaces.

18 “Tranhumanism”, New Bottles for New Wine, op. cit., p. 17, trad. J.-Y. Goffi.

19 “The New Divinity”, Essays of an Humanist, Londres, Chatto & Windus, 1964, p. 221, trad. J.-Y. Goffi.

20 Cest une véritable constante dans sa pensée puisquon la trouve déjà dans Religion without Revelation, de 1927. « Je rejette la croyance en un dieu personnel, quel que soit le sens que lon confère ordinairement à cette expression », Religion without Revelation, Londres, Watts & Co., 1941 [1927], p. 7, trad. J.-Y. Goffi. Une note explique ce que J. Huxley entend par « dieu personnel » : il sagit dun dieu doté dune nature et de traits mentaux analogues à ceux dune personne, mais dun niveau supérieur ou même dune force ou dune existence à la fois surnaturelle et spirituelle.

21 “Evolutionary Humanism”, New Bottles for New Wine, op. cit., p. 280, trad. J.-Y. Goffi.

22 Bien entendu, le transhumanisme lui-même doit être considéré comme une religion, pour autant quil est lexpression la plus achevée de la compréhension de la place et du rôle de lhomme dans lunivers. Cest une religion destinée à englober les religions qui lont précédé et à leur donner une forme ultime.

23 J. Huxley parle bien despèce humaine (human species) et non de genre humain, conformément aux habitudes de son temps.

24 Telespheres, New York, Popular Library, 1977, p. 169. Il est certain que des propos de ce genre peuvent expliquer la confusion entre les deux sens du terme « posthumain » dont il a été fait état dans lintroduction du hème de ce numéro : lêtre humain ainsi transformé évoque le cyborg cher à D. Haraway. Mais pour celle-ci, le cyborg est avant tout une métaphore de ce que nous sommes déjà, pas une étape évolutive encore devant nous.

25 Sur cette question, on peut consulter lexcellent exposé de R. Ranisch “Morality (of Tranhumanism and Posthumanism)”, Robert Ranisch & Stefan Lorenz Sorgner (eds), Post- and Transhumanism: An Introduction, Franfurt am Main, Peter Lang, 2014, p. 149-172.

26 Deux dentre elles ont été traduites en français.

27 LUCLA Extension dépend de lUCLA et est spécialisée dans la formation continue. Tous ces éléments bibliographiques sont ceux donnés par la page de la bibliothèque publique de New York qui décrit les archives Esfandiary : http://archives.nypl.org/mss/4846, consulté le 20 novembre 2014.

28 New York, Warner Books, 1989.

29 Optimism One, New York, Popular Library, 1978 [1970] ; Up-Wingers. A Futurist Manifesto, New York, Popular Library, 1977 [1970] ; Telespheres, New York, Popular Library, 1977.

30 Telespheres, op. cit., p. 7-8.

31 Up-Wingers est sous titré A Futurist Manifesto. Le titre même est un manifeste en faveur du dépassement des catégories politiques traditionnelles : droite (right wing) et gauche (left wing). Les up-wingers sont ceux qui ne sont ni de droite, ni de gauche mais du haut (on dirait aujourdhui quils veulent sortir de cette opposition par le haut).

32 Up-Wingers, op. cit., p. 156, trad. fr. J.-Y. Goffi. « Action » comporte un A majuscule dans le texte original.

33 Telespheres, op. cit., p. 7. « Optimisme » comporte un O majuscule dans le texte original.

34 Ibid., p. 170-171. tr. fr. J.-Y. Goffi.

35 Bien entendu, F.-M. Esfandiary ne parle pas des seules ressources de la planète Terre.

36 F.-M. Esfandiary dit exactement : “Our advances have been historic not evolutionary”, Up-Wingers, op. cit., p. 136. Il retrouve par là, de façon inattendue, un topos classique de lutopie comme fin de lhistoire. On notera que cet usage du terme “évolution” ne doit pratiquement rien aux pratiques effectives de ceux qui sont effectivement des biologistes : là encore, on a affaire à des considérations très différente de celles que lon trouve chez J. Huxley.

37 Lexpression se trouve dans Telespheres, op. cit., p. 169. Aujourdhui, on parlerait de bio-conservatisme. Remarquons que le terme “human enhancement” se trouve dans le même ouvrage, p. 69. Il sagit dune des toutes premières occurrences du terme.

38 Up-Wingers, op. cit., p. 167, trad. fr. J.-Y. Goffi. Le texte original est écrit en caractères gras.

39 Ibid., p. 166, trad. J.-Y. Goffi. Le texte original est écrit en caractères gras.

40 Ibid., p. 167-168, trad. fr. J.-Y. Goffi. La traduction suit la « ponctuation » du texte original.

41 Designer Evolution. A Transhumanist Manifesto, New York, Prometheus Books, 2006.

42 Ibid., p. 367.

43 Ibid., p. 366. « Joie de vivre » est en français dans le texte.