Résumé : Forgées à partir du vocabulaire confessionnel, de la pensée sociale et des vicissitudes historiques du christianisme, les notions de sécularisme et de sécularisation ont très rapidement été généralisées à la situation de « la » religion dans le « monde moderne ». À l’épreuve de la réalité historique, ce modèle signale bien ses soubassements monothéistes et ethnocentrés. Alors que l’anthropologie s’intéresse toujours plus à un domaine du séculier longtemps abandonné à d’autres disciplines, elle doit pour opérer une conversion de regard sur ses objets tout en conservant ses méthodes : l’ethnographie et le comparatisme. À quoi pourrait ressembler une anthropologie du sécularisme, donc ? À la suite des réflexions de Talal Asad (2003) et d’autres anthropologues, cet article tente de poser quelques bases à un champ émergent qui implique de désoccidentaliser l’approche du sécularisme.