Résumé : Durant les années weimariennes, Carl Schmitt et Walter Benjamin posent la question de l’origine de l’ordre juridico-politique, ainsi que celle de sa préservation. Les deux auteurs semblent s’accorder sur le fait que la fondation de l’État de droit résulterait toujours d’un acte de violence. Tandis que Benjamin caractérise ce geste inaugural de « violence fondatrice de droit », Schmitt soutient l’idée qu’une « décision politique » originelle qui incomberait au pouvoir constituant serait à la racine de tout ordre juridique. Se déclinant sous la forme de mesures d’exception, la violence se ferait ensuite « conservatrice de droit », elle chercherait à maintenir en l’état l’ordre institué. Cet article vise ainsi à éclairer l’importance que revêt la notion de violence dans les réflexions développées par ces deux penseurs allemands au cours des années 1920.