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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : États des lieux dans les récits français et francophones des années 1980 à nos jours
  • Pages : 347 à 353
  • Collection : Rencontres, n° 372
  • Série : Littérature des xxe et xxie siècles, n° 35
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406079897
  • ISBN : 978-2-406-07989-7
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07989-7.p.0347
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 07/01/2019
  • Langue : Français
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Résumés

Pierre Schoentjes, « “Où sont passés les géants gracieux, les rois de la mer ?” Le Règne du vivant dAlice Ferney : la vie de Saint Magnus »

Le Règne du vivant dAlice Ferney marque un moment charnière : il sagit du premier texte littéraire récent qui choisit de manière explicite lengagement en faveur de lenvironnement. Sinspirant de laction de Paul Watson et de la Sea Shepherd Conservation Society, le roman offre le portrait dun activiste-pirate dévoué à la préservation des océans. Cette contribution, qui sinscrit dans la perspective de lécopoétique, sinterroge sur les formes que lauteur (ré)active pour porter un message militant.

Hannes De Vriese, « Lart dêtre contemporain dans le récit préhistorique. Une archéologie du paysage (Chevillard, Michon, Ollier, Rouaud, Trassard) »

Chez Chevillard, Trassard, Michon, Ollier et Rouaud, le récit préhistorique procède à une compression de lespace (paysage que lon parcourt) et du temps (accumulation de strates géologiques) et superpose ainsi le parcours de lhomme contemporain à celui de son ancêtre préhistorique selon un principe de simultanéité que Soja na pas manqué de relever chez Borges. Les auteurs tendent de la sorte un miroir à lhomme contemporain qui découvre dans les traces du passé lempreinte de ses propres pas.

Laurent Demanze, « Les cartographies imaginaires de Pierre Senges »

Pierre Senges emboîte le pas aux cartographes et aux explorateurs : cest le plaisir de mesurer le monde, mais aussi de le réinventer. Lauteur ne cesse de dire dans ses livres lalliance de lattesté et du frauduleux, du véridique et du mensonger, en décelant derrière toute cartographie une fiction. Il revendique aussi le geste des érudits positivistes qui tentaient de situer les contrées imaginaires : il ny décèle aucune naïveté, mais le désir denraciner mythes et légendes au cœur de notre monde prosaïque.

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Sylvie Vignes, « De la tempête au port ? Surimpression de lieux et despaces dans Cet imperceptible mouvement dAude et La Loge de mer de Jean-Yves Laurichesse »

Le recueil de nouvelles dAude et le roman de Jean-Yves Laurichesse se présentent tous deux avant tout au lecteur à travers un prisme pictural qui na rien de fortuit. Les illustrations de couvertures élues par les auteurs témoignent dune troublante complicité dimaginaires spatiaux où les marines occupent une place centrale. Les lieux réels, concrets, sont habités par une sourde menace, héritée dun passé plus ou moins lointain et plus ou moins occulté, doublée dune attraction qui tient de lappel de sirène.

Cédric Chauvin, « Figures de louvert chez Alain Damasio »

Selon quel type de dialectique la littérature de science-fiction, ou apparentée, conjugue-t-elle tension spatiale du dedans et du dehors et opposition anthropologique de lintériorité et de lextériorité ? Chez Alain Damasio, de La Zone du Dehors (1999-2007) aux nouvelles dAucun souvenir assez solide (2012), lappel vers un dehors spatial, traditionnel en science-fiction mais apparemment en crise, se trouve transféré vers les formes dune ouverture, par limaginaire, de lêtre humain lui-même.

Bruno Blanckeman, « Lhyperlieu. Éco-figure dune œuvre pionnière : lultima Yourcenar »

On sait lengagement de Marguerite Yourcenar dans les premières associations écologistes américaines, mais on mésestime son approche littéraire de la question environnementale. Lécrivain tente de représenter en pionnière un continuum du vivant par lequel des hommes et des lieux entretiennent une relation dintelligence sensible. Lhyperlieu désignera la place dominante que ces lieux occupent dans son œuvre et sa correspondance, lorsquils échappent à leur seule fonction de repères spatiaux.

Chantal Lapeyre, « Hétérotopies de la fiction contemporaine. Rien naura eu lieu que le lieu »

Certains romans ou récits de Pierre Silvain, Pierre Michon ou Richard Millet mettent en scène des espaces et des lieux que le concept dhétérotopie, 349promu par Michel Foucault, permet dinterroger à nouveaux frais. Ces romans ou récits établissent en effet une cartographie implicite de lieux dissidents, et, par là, inventent, dans lespace réel et littéraire, des hétérotopies, ces « lieux absolument différents », qui apparaissent comme autant de contestations du lieu où nous vivons.

Théo Soula, « La préférence du lieu. Voyage et localisation dans lœuvre de Jacques Réda »

À une époque charnière qui voit sépanouir une littérature « voyageuse » et se réaffirmer la tradition de la flânerie, lœuvre de Réda interroge un certain attachement au lieu. Parce quelles se font à léchelle dun arrondissement, les déambulations du poète seraient-elles dépourvues de toute dimension « voyageuse » ? Cet article montre que cette préférence du lieu, plutôt que de conduire à une contradiction entre localité et voyage, enrichit le champ dune littérature de la mobilité en pleine reconfiguration.

Jean-Yves Casanova, « Suspension et figement du temps et de lespace. Les Quartiers dhiver de Jean-Paul Goux »

Le triptyque Les Quartiers dhiver de Jean-Paul Goux met en scène une organisation de lespace et du temps selon des schémas liés à la propre perception du narrateur et des personnages. Larchitecture et le paysage sont ainsi tributaires de lérosion inexorable du temps menant à la mort dans un jardin dont on devine les origines et les fondements, mais qui restitue limage exemplaire dune destinée humaine meurtrie par ce que Claude Simon nomme le « nonchalant, impersonnel et destructeur travail du temps ».

Dominique Rabaté, « Des lieux pour disparaître ? »

Dordinaire un lieu est un endroit où habiter et se réaliser. Paradoxalement, cette contribution examine plutôt comment on peut chercher aujourdhui des lieux où disparaître, en échappant au contrôle social. La question devient donc : peut-on dessiner une géographie actuelle de lévanouissement subjectif ? En examinant le fantasme romanesque de disparition, larticle analyse des romans de Carrère, Modiano, Quignard et Echenoz et esquisse une conception du lieu comme transit nécessaire.

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Jean-Christophe Bailly, « Le carnet photographique. Notes sur la notation »

À la question posée sur le traitement des enjeux liés à lespace dans la littérature française daujourdhui, lécrivain répond de la façon la plus libre, en faisant retour sur sa propre pratique, dominée par la dimension dun dehors sans fin traversé en même temps quimpossible à atteindre. Étant donné que cette question se négocie pour lui presque quotidiennement via des carnets plus ou moins régulièrement tenus, il en donne quelques exemples avant de réfléchir sur les raisons de ce recours à la notation.

Jean-Yves Laurichesse, « Écrire le monde rural aujourdhui »

La fin du monde rural sous sa forme traditionnelle, au cours des années soixante, continue de susciter chez les écrivains daujourdhui (Trassard, Michon, Bergounioux, Millet, Jourde, Lafon) des récits exigeants, distincts dune littérature « de terroir » plus complaisante, qui ne dissocient pas la tentative de restitution anthropologique dune méditation sur les rapports du présent au passé, entre mélancolie et souci de la mémoire, dans une confrontation parfois violente avec la réalité actuelle des campagnes.

Elena-Brandusa Steiciuc, « Lespace rural et lespace urbain de la Roumanie postcommuniste dans la prose de Felicia Mihali »

Les écrits de Felicia Mihali se situent dans un entre-deux constant, à partir dune interrogation permanente sur la condition féminine, sur laliénation de lêtre humain. Larticle analyse lexpérience de lespace dans la prose mihalienne et la manière dont celle-ci englobe la Roumanie à la charnière des millénaires et des régimes politiques, ainsi que les fonctions de lespace (rural ou urbain) dans léconomie des récits et les mutations profondes produites dans lidentité des héroïnes.

Guy Larroux, « Lusine, dehors, dedans. François Bon »

Un désir et un regret dusine traversent lœuvre de François Bon, dès son premier livre Sortie dusine, qui se présente comme une ethnographie de la vie ouvrière. La singularité de ce roman social tient à la position assumée par lintérimaire, être du dedans et du dehors qui occupe des postes de travail et à partir duquel sordonnent des lignes de discours. Lauteur invente une 351forme très originale décrit qui dévoile linsu de la vie ouvrière et introduit à ce lieu méconnu, physique et mental, quest lusine.

Anne-Lise Blanc, « Limaginaire et la mélancolie du foyer dans quelques textes narratifs contemporains »

Cet article envisage quelques textes (Le Tramway de Claude Simon, Chantier de Gisèle Fournier, Villa Bunker de Sébastien Brebel) où personnages ou narrateurs constatent que le foyer dont ils cherchent la trace ou éprouvent la faillite nest peut-être quune utopie. La narration, diversement marquée par la scission, y prend la forme et la place des foyers disjoints ou disparus et sy offre comme un foyer précaire, mobile et transitoire, mais fertile et ouvert, y compris au lecteur de ces récits.

Béatrice NGuessan-Larroux, « Lespace à lépreuve de la socioautobiographie. Annie Ernaux »

Autobiographie « vide » et pourtant récit de vie, lœuvre dAnnie Ernaux sélabore selon une triade spatiale bientôt ramenée à un clivage entre milieu populaire et milieu bourgeois. Ces deux versants spatiaux rendent compte des places sociales pensées et distribuées selon des trajets types. Les pratiques despaces révèlent un rapport complexe entre ces lieux qui implique, personnellement et littérairement, une narratrice en quête dun tiers espace qui ne se découvre que dans la collusion entre intimité et extimité.

Alessandra Ferraro, « Les lieux de la photographie dans lœuvre dAnnie Ernaux. LUsage de la photo, LAutre fille, Écrire la vie »

La représentation des lieux est prise en compte à travers lanalyse du statut du document photographique et des ekphraseis de quelques ouvrages dAnnie Ernaux ayant rapport au genre autobiographique. Létude du lien entre texte autobiographique et photos des lieux, ainsi que la consultation des manuscrits et dossiers préparatoires, permet de dégager les traits dune écriture qui intègre les images aux paroles dans la tentative dévoquer dune manière efficace le passé et les êtres disparus sans susciter le pathos.

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Mathilde Bonazzi, « Les bottes de ces lieux. Écrire le territoire dans le western contemporain »

À quelques années dintervalle, trois auteures semparent du genre codifié du western. Dans Western, Christine Montalbetti repousse les lieux communs du genre tandis que le narrateur trouve dans la description de détails la possibilité de multiples paysages. Dans Faillir être flingué, Céline Minard met à mal lidée de conquête dans un récit où les personnages avancent au gré du vent, selon des trajectoires incertaines. Dans Naissance dun pont, Maylis de Kerangal insère au cœur dun western métaphorique un western véritable.

Hyacinthe Carrera, « Des mots et du lieu. Des rivières plein la voix de Ludovic Janvier »

Quelle est la nature du lieu, dans le texte de Ludovic Janvier, Des rivières plein la voix, bâti autour des rivières de France dont le nom se termine par un « e » muet ? Place des noms propres, rapport image et icône, retour sur la notion de « soupçon » et ce sur quoi il porte, constituent les axes dune réflexion sur le lieu de Ludovic Janvier, ou plutôt des mots pour dire le lieu, et dont lauteur précise quon « les croit faits pour désigner les choses, or ils désignent le manque delles ».

Lorna Milne, « Marie Nimier et le lieu de lécriture »

Dans La Nouvelle Pornographie de Marie Nimier, une écrivaine se consacre à son texte pornographique dans sa petite cuisine, vue comme un lieu décriture et dérotisme. Cet article explore les liens entre ces trois thèmes – lespace restreint, le sexe, lécriture – en les plaçant dans le contexte de la littérature de jouissance au sens de Barthes. Lanalyse de ces structures relationnelles confirme que chez Nimier, la pulsion la plus puissante et vitale de toutes nest autre que celle décrire.

Catherine Delpech-Hellsten, « Édouard Glissant, poétique et politique de la spatialité. Le cas de Fastes, poème-archipel »

Pour introduire à une lisibilité des notions poético-politiques de la spatialité qui construisent le processus décriture dÉdouard Glissant, cet article interroge deux de ses propositions : « Le lieu est incontournable » et « Le 353monde entier sarchipélise ». Le concept de la relation est abordé sous langle du processus phénoménologique de la spatialisation poétique, la lecture de Fastes repère des indices topo-biographiques évoqués au fil des poèmes et met ainsi en relief une cartographie inédite du recueil.

André-Alain Morello, « Vassilis Alexakis. Entre nomadisme linguistique et géographie de la dépossession »

Les personnages de romans de Vassilis Alexakis sont tous de grands voyageurs, des exilés qui sarrangent avec lexil, des nostalgiques qui compensent leur désarroi par la découverte de terres et de langues nouvelles. En combinant une écriture de la perte et de lexil avec une réflexion toujours renouvelée sur le miracle des mots, cette œuvre est aussi un pari sur une reconquête des lieux et sur un bonheur dhabiter le monde, pleinement associé à la dimension heuristique, et ludique, de lécriture.

Isabelle Serça, « Ponctuation et promenade dans les allées des phrases. De Gracq à Kerangal en passant par Bailly »

Cet article étudie la ponctuation comme lieu du texte : rapprochant typographie et topographie, le texte apparaît comme un lieu quon arpente et permet de suivre la marche du lecteur dans les phrases balisées par les signes de ponctuation. Lanalyse, qui fait écho aux perspectives développées par Jean-Christophe Bailly dans La Phrase urbaine, esquisse chez Gracq (Un balcon en forêt) et Kerangal (Réparer les vivants) lallure de la phrase – autrement dit dessine sa forme et donne à entendre son rythme.