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Classiques Garnier

Chronologie

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Essais. Tome I. Livre I – Livre II (chapitres I-XII)
  • Pages : LXVII à LXXXI
  • Réimpression de l’édition de : 1979
  • Collection : Classiques Jaunes, n° 389
  • Série : Littératures francophones
  • Thème CLIL : 3130 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie moderne -- Philosophie humaniste
  • EAN : 9782812426216
  • ISBN : 978-2-8124-2621-6
  • ISSN : 2417-6400
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-2621-6.p.0073
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 08/04/2014
  • Langue : Français
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CHRONOLOGIE


1402. — Naissance, à Bordeaux, de Ramon Eyquem, qui deviendra l'un des marchands exportateurs (pas- tel, vins et poissons salés) les plus en vue de la rue de la Rousselle.
1477. — Asoixante-quinze ans ce riche Ramon Eyquem acquiert pour neuf cents francs bordelais les maisons nobles de Montaigne et de Belbeys, qui faisaient partie de la baronnie de Montravel.
1478. —Mort de Ramon Eyquem il laisse quatre enfants, dont deux fils, Grimon et Pierre, qui conti- nuent ensemble le métier de leur père. Grimon, resté seul à la mort de son frère Pierre, accroît sensible- ment la fortune de la maison Eyquem.
1455. —Grimon Eyquem est jurat de Bordeaux.

1495. — Naissance, à Montaigne, de Pierre Eyquem, fils de Grimon.
1519. —Mort de Grimon Eyquem, qui était devenu en i 5 03 prévôt de la cité bordelaise et qui laisse, outre Pierre, l'aîné, trois autres fils :Thomas, qui sera chanoine de Saint-André et curé de Montaigne, Pierre de Gaujac, qui, après avoir été avocat, devien- dra chanoine de Saint-André et curé de La Hontan, et Raymond de Bussaguet, qui sera conseiller au Parlement de Guyenne.
Pierre Eyquem devient cette même année seigneur de Montaigne et partira bientôt pour les guerres d'Italie; il demeurera plusieurs années dans ce pays.
1528. —Pierre Eyquem, revenu des guerres et en ayant rapporté un « papier-journal », qui est perdu,
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épouse, àtrente-trois ans, Anthony de Louppes, des- cendante de juifs tolédans ou portugais, les Lopez.
1530. —Pierre Eyquem est premier jurat et prévôt de

Bordeaux.
La même année naît La Boétie.
1533 (i8 février). —Naissance, au château de Mon- taigne, (Dordogne) de Michel de Montaigne, troisième enfant de Pierre, que l'on met en nourrice dans un village voisin, Papessus.
1534. —Naissance de Thomas, qui sera plus tard le sieur d'Arsac, frère cadet de Montaigne.
Cette même année, nomination, comme principal du collège de Guyenne, d'André de Govéa.
1535. —Naissance de Pierre, qui sera plus tard le sieur de La Brousse, second frère de Montaigne.
Michel est alors confié par son père à un précep- teur allemand, qui apprend le latin à l'enfant par une méthode d'enseignement direct.
1536. —Naissance de Jeanne, soeur de Montaigne, qui deviendra Mme de Lestonnac.
1539. — Montaigne, à l'âge de six ans, entre comme élève au collège de Guyenne où il brille en latin.
1544. —Naissance de Fran~oise de La Chassaigne, qui sera plus tard la femme de Montaigne.
1546. —Montaigne suit, semble-t-il, des cours de phi- losophie à la Faculté de Droit de Toulouse, où Nicolas de Grouchy enseignait la dialectique.
1548. — Révolte à Bordeaux, réprimée durement par le connétable de Montmorency, qui ôte tous ses pri- vilèges à la ville, notamment celui d'élire son maire.
La ville les recouvrera bientôt, mais son maire, autre- fois nommé à vie, ne le sera plus que pour deux ans.
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1552. —Naissance de Léonor, soeur de Montaigne. La Boétie est nommé conseiller au Parlement de Bordeaux.
Montaigne, cette même année, est nommé conseil- ler à la Cour des Aides de Périgueux, où il recueille la charge de son père, Pierre Eyquem, élu maire de Bordeaux. Pierre Eyquem fortifie le château de Mon- taigne et en fait construire les tours.
1554-1556. Pierre Eyquem se signale dans ses fonc- tions de maire, qui l'amènent à faire un voyage à Paris, avec «vingt tonneaux de vin pour faire des présents aux seigneurs favorables à la ville de Bor- deaux ».
Il n'est pas impossible qu'au cours de ce voyage il ait été accompagné par Michel de Montaigne, qui aurait vu le roi Henri II.
1557. — La Cour des Aides de Périgueux ayant été supprimée et ses conseillers versés dans les rangs du Parlement de Bordeaux, Montaigne devient membre de ce Parlement et le collègue de La Boétie, avec qui il se lie bientôt d'une profonde amitié.
1559. Publication, par Amyot, d'une traduction des Vies parallèles de Plutarque.
Le Parlement de Bordeaux, les statues d'un cal- vaire du faubourg Saint-Seurin ayant été mutilées, fait brûler vif un riche marchand bordelais, Pierre Fougère, et suit en corps une procession expiatoire.
Montaigne se rend à la cour, à Paris, et accom- pagne àBar-le-Duc le roi François II.
1560. —Naissance de Bertrand, frère de Montaigne, qui sera le sieur de Mattecoulon.
1561. —Nouveau voyage de Montaigne à Paris, chargé par le Parlement d'une mission concernant les «troubles » religieux de Bordeaux. Il demeure un an et demi à Paris.
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Son ami La Boétie est chargé lui aussi d'une mis- sion en Agenais, celle d'y aider le commandant des troupes royales, Barie, à punir les fauteurs de désordres.
1562. —L'édit royal du z7 janvier donne aux protes- tants le droit de s'assembler. Le Parlement de Paris décide, le 6 juin, que ses membres doivent faire pro- fession publique de la foi catholique :Montaigne, qui est toujours à Paris, y fait cette profession de foi le ro juin ès mains du Premier Président du Par- lement de Paris.
En octobre, il se rend à Rouen, à la suite de l'ar- mée royale qui reprend la ville aux huguenots. Il y fait la rencontre d'indigènes du Brésil.
1563. —Février :Montaigne rentre à Bordeaux. r 8 août : La Boétie meurt à Germignan, près de Bordeaux, dans la maison du conseiller au Parlement de Lestonnac (ou Lestonnat), beau-frère de Mon- taigne. Montaigne a conté cette mort dans une lettre à son père, Pierre Eyquem. La Boétie laissait en manuscrit des sonnets et des traductions d'æuvres grecques :Les Règles de mariage de Plutarque, L'Éco- nomique (La Ménagerie) de Xénophon.
1564. — On s'accorde généralement à croire que c'est cette année-là que Montaigne a lu et annoté de sa main (i33 annotations) les Annales de Nicole Gilles.
1565. —Janvier :Visite de Charles IX en Guyenne; la cour séjourne à Bordeaux.
Avril (iq.) Le Parlement de Bordeaux tient une séance «royale », au cours de laquelle le chancelier Michel de L'Hospital adresse aux magistrats borde- lais une mercuriale sévère.
Septembre (ii) :Montaigne épouse en la personne de Françoise de La Chassaigne la fille d'un de ses collègues au Parlement, qui lui apporte sept mille livres tournois de dot.
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1568. —Mort, àsoixante-treize ans, de Pierre Eyquem, dont les cinq fils et les trois filles se partagent l'hé- ritage, Michel de Montaigne, l'aîné des enfants, deve- nant propriétaire et seigneur de Montaigne.
1569. — Un imprimeur parisien publie la version fran- çaise de la Theologia Naturalis de Raymond Sebon(d), entreprise par Montaigne sur la prière du «meilleur père qui fut oncques. »
7,570. —Ayant vendu sa charge de conseiller au Par- lement de Bordeaux à Florimond de Roemond, Mon- taigne va à Paris pour y faire publier les manuscrits de La Boétie, qui paraîtront l'année suivante, chacun des opuscules de son ami étant dédié à un per- sonnage important.
En cette même année, naissance de Toinette, pre- mière fille de Montaigne, qui ne vivra que deux mois.
1571. —Retraite de Montaigne dans sa tour, expliquée ppar l'inscription latine de sa «librairie », dont voici la traduction
L'an du Christ 1571, âgé de trente-huit ans, la veille des calendes de mars, anniversaire de sa naissance, Michel de Montaigne, lasdepuislongtempsdéjà de lacour, de la servitude du Parlement et des charges publiques, en pleines forces encore, se retira dans le sein des doctes Vierges, où, en repos et sécurité, il passera les jours qui lui restent à vivre. Puisse le destin lui permettre de parfaire cette habi- tation, ces douces retraites de ses ancêtres, qu'il a consa- crées à sa liberté, à sa tranquillité, à ses loisirs!...
... Beaucoup d'autres [sentences] se sont perdues... Latapie parle d' «une frise sans ornement» qui déco- rait la dernière tablette où se trouvait, dit-il, une inscription touchante en l'honneur de son ami La Boétie [il le conjecture du moins] car le commen- cement de l'inscription a été enlevé. Recueillie et publiée faussement par le chanoine Prunis en 1774, elle a été reconstituée par le Dr Payen : « Posuit eru-
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ditam banc et mentis praecipuam supellectilem, suas deli- cias. » Montaigne, toujours fidèle à la mémoire de l'ami perdu, lui consacrait ainsi cet appareil d'études, cette Librairie qui était «ses délices ». Il le faisait avec d'autant plus de justice qu'un bon nombre de ses volumes provenait de la bibliothèque de La Boé- tie, qui les lui avait légués en mourant. (Cf. J. de Feytaud, B. S. A. M., 4e série, n~ 6, p. 38, 166.)
La même année, Montaigne reçoit du marquis de Trans, ambassadeur de France, son compatriote péri- gourdin et son ami, le titre ofFiciel de chevalier de l'ordre de Saint-Michel, et, peu après, le ~ septembre, est nommé par Charles IX gentilhomme ordinaire de sa Chambre.
z8 octobre :Naissance d'une seconde fille, Éléo- nore (Léonor), la seule de ses enfants qui vivra.
1572. —Montaigne commence la rédaction de ses Essais peu avant qu'éclate avec le massacre de la Saint- Barthélemy la guerre civile, marquée dans l'Ouest par l'insurrection de La Rochelle.
1573. —Naissance de la troisième fille de Montaigne, Anne, qui ne vivra que sept semaines.
Montaigne rejoint au camp de Sainte-Hermine, en Poitou, l'armée royale que commande le duc de Mont- pensier; celui-ci l'envoie à Bordeaux demander au Parlement de prendre les précautions nécessaires pour défendre la ville.
1574. —Naissance de la quatrième fille de Montaigne, qui ne vivra que trois mois.
I1 mai :Montaigne présente au Parlement de Bor- deaux les lettres adressées par le duc de Montpensier à la cour.
En cette même année un pamphlet calviniste, Le Kéveil--Matin des Franfais, publie anonymement un texte tronqué de La Servitude volontaire de La Boé-
tie.
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1576. —Montaigne, qui vient de lire les Hypatyposes pyrrhoniennes de Sextus Empiricus, fait frapper un jeton où figurent d'un côté ses armes entourées du collier de Saint-Michel et de l'autre une balance aux plateaux bien horizontaux avec mention de l'année 1576, de son âge :quarante-deux (ans) et de la devise pyrrhonienne 'Evéxc~ (Je suspends mon jugement). Il écrit, cette même année, toute une partie de l'Apo- logie de Kaymond Sebon(d).
1577. —Naissance de la cinquième fille de Montaigne, qui vivra un mois.
Montaigne ressent les premières atteintes de la maladie de la pierre dont il souffrira tout le reste de sa vie.
1578. — Le i 5 février, Montaigne commence de lire les Commentaires de César (Guerre civile, Guerre des Gaules) et termine cette lecture attentive, dont témoignent les notes jetées par lui sur l'exemplaire de Chantilly, le z1 juillet. Il lit aussi et relit fréquem- ment les Lettres à Lucilius de Sénèque et les Vies et ouvres morales de Plutarque, ces dernières dans la traduction qu'en avait donnée Amyot en I S 7i. Il achète la forêt Bretanor (plus de quarante hec- tares), celle où il offrira plus tard des chasses à Henri de Navarre.
1578-1579. —Montaigne écrit les deux premiers livres de ses Essais.
1580. — IeT mars :Publication de la première édition des Essais (en deux livres) chez Simon Millanges, à Bordeaux.
A peine ont-ils paru que Montaigne part pour un voyage de santé et d'agrément aux eaux de France, de Suisse et d'Italie, en passant par Paris pour le lancement des Essais et pour les présenter au roi Henri III. Comme le roi lui dit l'agrément qu'il a trouvé à les lire, Montaigne lui répond : «Sire, il
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faut donc que je plaise à Votre Majesté, puisque mon livre lui est agréable, car il ne contient autre chose qu'un discours de ma vie et de mes actions. »
1580. — Juillet-septembre Montaigne rallie, sans
doute dans les derniers jours de juillet, l'armée royale qui, depuis le 7 de ce mois, et commandée par Matignon, fait le siège de La Fère. Il s'y trou- vait, en tout cas, le 2 août, quand y fut tué son ami Philibert de Gramont, sénéchal de Béarn, et le mari de «cette grande Corisande », la future maîtresse du Béarnais, à qui il avait dédié les vingt-neuf sonnets de La Boétie insérés au premier livre des Essais. Il accompagne le 6 août jusqu'à Soissons la dépouille funèbre de Gramont, puis sans attendre la reddition inévitable de la place de La Fère, qui eut lieu le z2 septembre, il quitte le 5 septembre Beaumont- sur-Oise, pour gagner, par la Suisse et l'Allemagne, Lucques et la Ville éternelle.
Quatre jeunes gentilshommes l'accompagnent, dont le plus âgé n'avait pas vingt ans : c'étaient le sieur de Mattecouion, le benjamin de ses frères et de vingt- huit ans son cadet; le sieur de Cazalis, son beau- frère, récemment veuf de Marie de Montaigne; Charles d'Estissac, à la mère de qui il avait dédié l'essai De l'affection des pères aux enfants, et un ami de celui-ci, le baron du Hautoy, dont le domaine relevait du baillage de Pont-à-Mousson, et qui rejoi- gnit la petite escorte sur la route.
Le z 6 septembre, Montaigne arrive à Plombières où il reste dix jours, prenant boisson et bains, puis il entre en Allemagne par Thann, en Suisse par Mulhouse.
Le 7 octobre, après un bref arrêt aux eaux de Baçle, il descend, par le Tyrol, jusqu'à Vérone et Padoue, arrive à Venise le 5 novembre, où il a un long entretien avec l'ambassadeur du roi Arnaud du Ferrier et où il visite quelques courtisanes.
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Le 1 z novembre, il part pour Ferrare, où il visite Le Tasse dans son hôpital, et par Florence, qui lui plaît peu, arrive à Rome le 30.
Le z~ décembre, l'ambassadeur du roi, son ami D'Elbène, le conduit à l'audience du pape Gré- goire XIII, dont il fait un portrait excellent.
1581. — 19 avril :Montaigne quitte Rome et se rend en pèlerinage à Lorette, où il consacre à la Vierge des images d'argent pour lui, sa femme et sa fille Léonor.
Août-septembre Montaigne séjourne trois se-
maines aux bains della Villa, à Lucques. Le 7 sep-
tembre, la nouvelle lui parvenant de son élection à
la mairie de Bordeaux, il se met en devoir de rentrer
dans son pays. Il quitte les bains de Lucques le zo,
et par Sienne et Viterbe, où il séjourne trois jours
dans chacune des deux villes, retourne à Rome.

Iet octobre Le jour même de son arrivée dans la Ville éternelle, il trouve les lettres des jurats de Bor- deaux l'avisant de son élection à la mairie.
15 octobre :Montaigne quitte Rome, et par le Mont Cenis qu'il traversera le Ier novembre, puis par Lyon où il demeure huit jours, Clermont-Ferrand, Limoges, Périgueux, arrive le dernier jour de novembre en son château de Montaigne.
3o décembre :Montaigne prend possession de la mairie de Bordeaux.
1582-1584. —Première mairie de Montaigne, coupée de séjours assez longs à Montaigne et d'un voyage à Paris «pour les affaires de la ville ».
En I f 82 paraît, toujours à Bordeaux, chez Simon Millanges, une seconde édition des Essais (livres I et II), enrichie d'additions, notamment de poètes ita- liens et de souvenirs du séjour de Montaigne à Rome.
En 1583, naissance de Marie, sixième et dernière fille de Montaigne, qui ne vivra que quelques jours.
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1584. —Mai : La guerre civile s'accroît, et Montaigne, désigné de nouveau comme maire pour une période de deux ans, confère avec le Béarnais à Mont- de-Marsan et à Nérac.
io juin Mort du duc d'Anjou, dernier fils d'Henri lI; sa disparition fait d'Henri de Navarre l'héritier du trône de France.
z g décembre Le roi de Navarre s'en vient à Montaigne pour la première fois et y reste deux jours, avec plus de quarante gentilshommes, valets de chambre, pages et soldats, et chasse à courre dans la forêt de Bretenor.
1585. —Dès le début de l'année, Montaigne s'efforce de concilier Navarre et Matignon, gouverneur de la Guyenne, dévoué serviteur d'Henri III.
En avril, Matignon, appuyé par Montaigne et le Parlement de Bordeaux, empêche Bordeaux de tom- ber aux mains des ligueurs, dont le chef local est Vaillac, gouverneur du Château-Trompette.
ri juin :Rencontre de Matignon, qui est désigné pour remplacer comme maire Montaigne l'année sui- vante, avec le Béarnais.
3 z juillet : La peste ayant éclaté à Bordeaux, Mon- taigne qui est alors dans son château se rend à Feuillas, sur les coteaux de Cenon, et exerce son der- nier acte de magistrature.
1586. —Début de juillet :Tandis que Montaigne, cal- feutré dans sa tour, continue la rédaction de ses Essais, les opérations militaires ont repris en Guyenne depuis la fin de l'année précédente, et le duc de Mayenne et Matignon viennent mettre le siège devant Castillon; la vallée de la Lidoire et une partie de la seigneurie de Montaigne sont englobées dans les péripéties du siège.
IeT septembre La place huguenote de Castillon, où la peste s'est déclarée à la fin d'août, est enfin emportée par les troupes royales.
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Septembre :L'extension de la peste vers les cam- pagnes environnantes oblige Montaigne à fuir le fléau, dans des conditions difficiles, en se dirigeant avec sa mère, sa femme et sa fille, vers le Nord où une lettre de Catherine de Médicis, qui lui fait tenir des subsides et des chevaux, l'informe qu'elle l'attend.
1587. —Les négociations entre Catherine et son gendre Navarre ayant échoué, la reine mère regagne Paris (mars) et Montaigne, de retour chez lui après six mois d'absence, peut reprendre le fil de ses Essais. Il achète une Bible en mai, étudie en juin-juillet Quinte-Curce (dans un exemplaire qu'il couvre de 168 notes et qui fut longtemps conservé à La Brède), compose le troisième livre des Essais.
Ses occupations littéraires ne l'empêchent pas de suivre les fluctuations politiques il renoûe avec Matignon, dont il était sans nouvelles et qui essaie à présent de se rapprocher de Navarre. Le Béarnais triomphe à Coutras le Zo octobre et, le zz au soir, descend chez Montaigne, qui semble avoir pressé son hôte illustre de rentrer dans la confession romaine et de reprendre à la cour sa place légitime d'héritier de la couronne; mais la déconfiture des reîtres après Coutras, les victoires du duc de Guise à Vimory et à Auneau compliquent la situation.
1588.16 février :Montaigne, parti vers la cour avec le fils aîné du maréchal de Matignon, le comte de Thorigny, est dévalisé en forêt avant d'atteindre Angoulême par des ligueurs masqués.
Mlle de Gournay, qui se trouve à Paris avec sa mère, et qui admire l'auteur des Essais, ayant appris sa présence, l'envoie saluer en lui exprimant «l'estime qu'elle faisait de sa personne et de ses livres ». Le lendemain, Montaigne lui rend sa visite. C'est le début de ses relations avec sa «fille d'alliance ».
I i mai :Journée des Barricades qui accélère le
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comportement de l'ambitieux duc de Guise, entré triomphalement dans Paris, tandis que Montaigne suit le roi à Chartres, puis à Rouen.
Juin :Publication de la 4e édition, dite Se, des Essais, avec six cents additions aux livres I et II et le troisième en originale.
Io juillet :Montaigne, qui vient de rentrer à Paris avec Villeroy qui faisait la navette entre Rouen et la capitale, est embastillé à la demande du duc d'Elbeuf
par droit de représailles pour un gentilhomme de la Ligue pris à Rouen », mais au bout de quatre heures d'incarcération, relâché par les ligueurs à la demande de Villeroy et de la reine mère, il quitte la ville avant le renvoi du duc d'Épernon.
zI juillet : Un édit d'Union scelle en apparence la réconciliation entre Henri III et la Ligue.
Octobre :Montaigne quitte Blois, où la cour s'est transportée, quelques temps avant l'assassinat du duc de Guise.
1589. —Montaigne, de retour à son château, lit beaucoup, surtout les historiens de l'Antiquité et les livres d'histoire sur l'Amérique et l'Orient. z août :Assassinat d'Henri III.
1590. — 27 mai :Mariage de Léonor de Montaigne, âgée de vingt-huit ans, avec François de La Tour. 18 juin :Lettre de Montaigne à Henri IV, consi- dérée comme le testament de sa vie politique.
zo juillet :Henri IV, du camp de Saint-Denis, l'invite à venir près de lui occuper quelque place. La maladie empêche Montaigne d'accepter l'offre royale.
1591. — 31 mars :Naissance de Françoise de La Tour, petite-fille de Montaigne.
1592. — 13 septembre :Mort de Montaigne qui, tel Moïse au seuil de la Terre promise, selon l'expres- sion de R. Trinquet, n'aura pas vu l'abjuration du
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roi ni la reprise de Paris, gage de cette pacification du royaume, à laquelle, comme tous les Franc~ais sages, il aspirait depuis plus de trente ans. Il expire pendant une messe dite devant son lit de moribond, au moment même de l'élévation. Il est enterré dans l'église des Feuillants de Bordeaux.
1594. —Léonor devient veuve.
1595. —Mme de Montaigne et Pierre de Brach trans- crivent un exemplaire des Essais annoté par Mon- taigne :c'est sur cette copie que Mlle de Gournay établit l'édition donnée chez Langelier.
1601. —Mort de la mère, plus que nonagénaire, de Montaigne.
1613. —Traduction anglaise des Essais par John Flo- rio.
1616. —Mort de Léonor.
X633. —Traduction italienne des Essais par Marco Ginammi.
1666. —Violente attaque de Port-Royal contre Mon- taigne, dans un chapitre de la Logique attribué à Nicole :cette attaque est le signal d'une réaction antimontaigniste qui durera un demi-siècle.
1674. —Très vive critique de Montaigne par le jansé- niste Malebranche, dans le deuxième livre de sa Kecherche de la vérité.
1669-1724. —Aucune édition nouvelle de Montaigne, en dépit de l'admiration qu'a pour lui La Bruyère.
1724. —L'édition des Essais par Coste, qui sera réim- primée plusieurs fois et suivie de beaucoup d'autres, marque le retour en faveur de Montaigne.
1774. — Publication du Journal de voyage de M. Montaigne en Italie, découvert par l'abbé de Prunis dans le châ-
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teau de Montaigne, et édité avec des notes par Meus- nier de Querlon.
1812. —L'Académie française couronne l'Éloge de Mon- taigne par le jeune Villemain.
1832. —Décembre : Le César annoté par Montaigne, qui est aujourd'hui 2u Musée Condé de Chantilly, est acheté ~o centimes, quai de la Monnaie, à Paris, par le bibliophile Parisot. A sa vente, en z 8 5 6, le duc d'Aumale en fera l'acquisition et le placera dans sa bibliothèque entre l'Eschyle annoté par Racine et l'Aristophane de Rabelais.
1837-1838. —Sainte-Beuve consacre àPort-Royal un cours à l'Académie de Lausanne, qu'il reprendra dans les trois premiers volumes de son Port-Koyal; les pages sur Montaigne, Pascal et l'entretien avec M. de Sacy marquent un moment important dans l'histoire des jugements sur Montaigne.
7906. — La ville de Bordeaux commence la publica- tion de l'Édition municipale, qui sera désormais la base de presque toutes les éditions de Montaigne.
1912. —Fondation de la Société des Amis de Montaigne, animée à ses débuts par le Dr Armaingaud et dont le premier président sera Anatole France, qui pro- nonce en i~iz un discours reflétant le jugement du public lettré de cette époque, et dont une édition critique a été procurée en r9S 5 par Jacques Suffel et Maurice Rat.
1933. — Quadricentenaire de la naissance de Mon- taigne, commémorée à Paris, à Bergerac, à Périgueux, à Saint-Michel, et avec beaucoup d'éclat à Bordeaux, où une exposition documentaire fut organisée en mars-avril dans les salons de l'Hôtel de Ville.
1948. —Première publication critique, par Jean Mar- chand, avec préface d'Abel Lefranc, du Journal de raison de Montaigne (Éphémérides de Beuther).
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1957. —Quadricentenaire de la première rencontre de Montaigne et de La Boétie, commémorée le lundi de Pentecôte à Bordeaux, au château de Montaigne et à Saint-Émilion, et dont la relation a été faite par Georges Palassie et publiée par les soins de la Société des Amis de Montaigne.
1963. — IeT-4 juin :Quadricentenaire de la mort de La Boétie, commémorée à Bordeaux, au château de Montaigne et à Sarlat par le IeL Congrès international des Études montaignistes.
1964. —Publication par Georges Palassie, et sous les auspices de la Société des Amis de Montaigne, du Mémo- rial du Congrès de i~63, avec le texte original des vingt-trois communications qui y furent faites.