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Classiques Garnier

Avant-propos

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Essai d'une bibliographie critique des œuvres de l'abbé Grégoire
  • Pages : 7 à 15
  • Collection : Univers Port-Royal, n° 51
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406145912
  • ISBN : 978-2-406-14591-2
  • ISSN : 2491-2530
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14591-2.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 17/05/2023
  • Langue : Français
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AVANT-PROPOS

Louvrage que nous publions ici représente loutil de recherche indispensable à tout historien désireux de connaître et dapprofondir la vie et lœuvre de labbé Grégoire (1750-1831). Ce document émane dun des premiers découvreurs et admirateurs du célèbre abbé : Salomon Posener (1876-1946). Il sagit de lEssai dune bibliographie critique des œuvres de labbé Grégoire, Paris, 1946, dont lunique exemplaire dactylographié est conservé à la Bibliothèque de lArsenal, sous la cote Ms-14045. Nous rééditons ce manuscrit, enrichi de quelques compléments bibliographiques (voir Bibliographie générale), avec le soutien cordial des derniers héritiers de S. Posener, que nous remercions ici.

Il nous faut, en quelques mots, évoquer la personnalité et les écrits de lauteur. Il nexiste, à vrai dire, le concernant, aucune biographie digne de ce nom, lintéressé ayant fait peuve, durant toute son existence, de la plus grande discrétion et de la plus exemplaire modestie. Aussi, nous en sommes réduits à poser quelques jalons de date et de carrière, glanés ici ou là, mais véritablement lacunaires et incomplets. Nous les proposons, cependant, comme repères possibles dune synthèse future et permettant de tirer de loubli une personnalité non seulement très représentative de son époque, mais estimable à bien des égards. Lintérêt quil a porté à la figure de labbé Grégoire, à la fin de sa vie, et dont le présent recueil bibliographique est le témoignage, correspond aux recherches menées par Posener durant la première moitié du xxe siècle. Connu surtout en France pour sa biographie dA. Crémieux, dont nous retracerons les liens avec labbé Grégoire, il nest pas surprenant quil se soit penché également sur ce personnage-clef de lémancipation des Juifs en France sous la Révolution française. Le cheminement intellectuel de Posener invite ainsi à tracer des continuités thématiques et méthodologiques. En rééditant cet essai bibliographique, complété de quelques titres, nous espérons offrir un complément indispensable aux recherches sur ce personnage.

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Salomon Posener (Pozner) appartient à lune des nombreuses communautés juives dEurope centrale. Il naît à Minsk, capitale de lactuelle Biélorussie, en 1876, et sans que lon connaisse, avec précision, comment se sont déroulées ses années de jeunesse et de formation, il commence, à lissue de celles-ci, une carrière de journaliste au service de la presse juive dexpression russe, diffusée dans ces régions. Il y écrit de nombreux articles sous le pseudonyme de Stellin. Il quitte assez tôt la Biélorussie pour venir sinstaller à Saint-Pétersbourg, où il va résider jusquen 1903. Il y continue ses activités journalistiques, traitant de diverses questions comme celle de la situation des Juifs de Russie ou celle du sort réservé aux étudiants juifs dans les écoles officielles de ce même pays et dirigées par le gouvernement. Ces différentes enquêtes sont écrites en langue russe et publiées dans la revue intitulée : Novyivoskod. Lannée 1903 marque, toutefois, un tournant important dans sa vie. Cest à cette date, en effet, quil émigre à Paris, où il continue dexercer sa profession de journaliste, mais cette fois dans la presse francophone. Ceci laisse supposer quavant son départ il possédait déjà une connaissance et une pratique de la langue française plus quélémentaires. Nous manquons, toutefois, dinformations plus précises à ce sujet. Ses articles portent, pour la plupart, sur la situation générale de la Russie, en cette aube du xxe siècle et plus particulièrement sur la condition des Juifs, au sein de ce vaste empire. Il collabore également à plusieurs revues, dont la Correspondance russe et la Tribune juive1.

Parallèlement, il fait paraître nombre darticles, dans la presse, en langue yiddish. En particulier, une des revues, appartenant à cette mouvance culturelle et basée à New-York, le Tsukunft, reçoit plusieurs contributions de sa part, à partir de 1925. Au cours de la même période, il fait parvenir diverses études à des journaux de langue yiddish, édités à Vilna (Vilnius), tels le Yivo-bleter (revue de Iivo) et le Historishe Schriftin (Écrits historiques) ; on ne saurait recenser complètement ici tous les ouvrages que S. Posener publie durant la période de 1920 à 1940. Polyglotte confirmé, il écrit tantôt en français, tantôt en anglais, ou encore en yiddish et en russe. Détachons, pour mémoire, quelques titres importants. En 1923, paraît une étude en russe sur Saint-Pétersbourg, 9intitulée : Dniela i dni Petrograda 1917-1921 : vosponinentia-raznyschlentia. En 1939, cest en anglais quil publie : The immediate economic and social effects of the emancipation of the Jews in France. Durant cette période, il semble, toutefois, que, dans ses différentes productions, la langue française devienne progressivement prédominante. Par ailleurs, le thème de ses réflexions se concentre sur la condition des Juifs en Europe, du xviiie siècle à nos jours. Cest ainsi que paraissent, en 1931 et 1933, dans la Revue des études juives deux articles dont le premier est intitulé : Les Juifs sous le premier empire. Les statistiques générales et le second : Les Juifs sous le premier empire. Les enquêtes administratives. Nous tenons là, sans doute, une des clés de sa rencontre avec la pensée de labbé Grégoire. En effet, cest grâce à limpulsion déterminante de ce dernier quune réforme majeure concernant le statut des Juifs avait été promulguée en France, en 1791, et limportance de cet événement navait visiblement pas échappé à lattention vigilante de S. Posener.

En 1933 et 1934, en tout cas, paraissent sous sa plume, en français, les deux tomes dune vaste biographie, consacrée à un homme politique de premier plan dont lengagement et les initiatives avaient marqué une grande partie du xixe siècle : Adolphe Crémieux (1796-1880). Originaire de la communauté juive de Nîmes, celui-ci fut un des premiers à bénéficier des nouvelles lois de la république française, octroyant le droit de citoyenneté pleine et entière aux Juifs nés en France. Il voit le jour, en effet, quatre ans après la promulgation par lAssemblée constituante du fameux décret. Or, Il faut noter que ce vote avait été acquis grâce à la ténacité et à lengagement passionné de labbé Grégoire. Devenu avocat, après de brillantes études, A. Crémieux simpliquera de plus en plus directement dans la vie politique française. Il sera même élu en 1842, député à la Chambre parlementaire et, en 1848, nommé ministre (éphémère) de la Justice du Gouvernement provisoire. Il est surtout connu pour avoir fait voter, en 1870, le célèbre décret, portant son nom, et qui accordait la citoyenneté française à tous les Juifs de lAlgérie. Sa carrière de législateur et davocat ne saurait se limiter à ces quelques événements majeurs, mais il est hors de propos, dans ce bref résumé, den retracer toutes les étapes. Après des études secondaires au lycée impérial de Nîmes et des études supérieures de droit à lUniversité dAix-en-Provence, le jeune étudiant, devenu avocat, prit la décision, à la faveur de la Révolution de 1830, de se fixer désormais à Paris. Avant 10cette date, il y avait déjà effectué plusieurs séjours, fréquentant quelques brillants représentants de la jeunesse israélite de la capitale, liés entre eux par des relations de famille ou damitié : les Pereire, Rodriguez, Halévi…

Cest lors dun de ces séjours quil eut, semble-t-il, loccasion dapprocher labbé Grégoire et dêtre reçu par lui. Malheureusement, nous manquons dinformations précises à ce sujet. S. Posener y fait dans son livre une discrète allusion, nous laissant un peu sur notre faim : « Cest dans la maison des Halevi et des Rodriguez, comme dans celle de labbé Grégoire, que le jeune Nîmois venait chercher le réconfort moral, se reposer des fatigues du barreau2 ». À partir de 1830, ces visites se firent-elles plus fréquentes ? Il est vrai que, selon la Notice historique dH. Carnot, Grégoire recevait presque quotidiennement visiteurs et amis à son domicile parisien, mais il est vrai aussi quil tomba malade assez rapidement et mourut le 28 mai 1831. Si cette fréquentation dura peu de temps, elle laissa, en tout cas, dans le cœur et lesprit du jeune Adolphe, des empreintes profondes. Dès 1832, il eut loccasion de faire léloge de labbé Grégoire, en demandant, au nom des héritiers de celui-ci, réparation à lÉtat dune injustice commise à son égard. Il sagit de son traitement annuel de sénateur, qui lui avait été supprimé en 1815. Dans sa plaidoirie, il déclare que cette défense des intérêts de Grégoire représentait pour lui : « lacquittement dune grande dette de reconnaissance3 ». Et les termes exaltés quil emploie, rythmés par lanaphore, tracent de son modèle un portrait particulèrement élogieux.

Oh ! cétait un grand et digne citoyen que celui dont les premières paroles furent des paroles de tolérance et dhumanité ; cest un grand et digne citoyen que clui qui, simple curé, élevait courageusement la voix pour obtenir lémancipation des Juifs et la tolérance pour leur culte ; [] Cétait un grand citoyen que celui qui disait lors du procès de Louis XVI : « Citoyens, abolissez par une loi la peine de mort et que Louis profite, le premier, de ce bienfait ». Ce fut un grand citoyen digne du respect et dela vénération de tous, celui qui consacra sa vie à plaider pour les opprimés de toutes les contrées, de toutes les religions, qui rappelait aux hommes légalité primitive, en sollicitant labolition de la traite des Noirs et lémancipation des hommes de couleur ; cétait enfin un grand citoyen que celui qui, expulsé de la représentation nationale comme indigne, disait avec une douceur évangélique : « Puissent-ils, au grand jour, 11quand nous paraîtrons devant le Souverain Juge, ne pas être déclarés plus indignes que moi ; en attendant, je leur pardonne et je prie pour eux4 ».

Plusieurs des réformes ou projets de loi que le jeune avocat, bientôt député, tenta de promouvoir, peuvent être considérés comme faisant partie de lhéritage moral de labbé Grégoire. Ainsi, la consultation quil rédigea en 1831, relative à lapplication des articles 1 et 64 de la Charte, qui garantissaient légalité des citoyens devant la loi aux habitants de couleur des Colonies. Par ailleurs, le problème de lamélioration du sort des masses lintéressait au plus haut point et lincita à vouloir développer linstruction élémentaire au bénéfice de tous les citoyens. Sur les pas de Grégoire qui, en son temps, avait promu la méthode denseignement mutuel et populaire du Suisse Pestalozzi5, Crémieux, quant à lui, cherchera, tout en poursuivant le même but, à diffuser la méthode lafforienne (de Laffore dAgen)6. Cest encore sur les traces de Grégoire quil marche quand, en 1830, il revendique le droit pour la presse de sexprimer en toute liberté et de saffranchir de toute forme de censure. Comme lécrit son biographe : « il ne distinguait pas entre les journaux de la gauche et ceux de la droite, entre la presse philosémite et la presse antisémite7 ». Comment ne pas entendre dans ces paroles un écho fidèle des propos de Grégoire, rapportés dans ses Mémoires : « On a cherché sans succès la limite qui sépare la liberté de labus, je ne vois rien de mieux que de la [la liberté de la presse] déclarer illlimitée, sinon sur les personnes, au moins sur les choses politiques ; les inconvénients sont abondamment compensés par les avantages8 ».

Comme le note avec insistance S. Posener, à propos dA. Crémieux : « À Nîmes, Crémieux était déjà ennemi du régime de la Restauration et chérissait les grands principes de la Révolution, en particulier celui de la tolérance ; la fréquentation de labbé Grégoire ne fit que renforcer, chez lui, ces sentiments9 ». Lidée de tolérance inspirée de différents philosophes des Lumières représente également un concept majeur dans la pensée de labbé Grégoire et cette idée a été largement soulignée dans 12plusieurs précédentes études10. Si la fréquentation, par Crémieux, du domicile de Grégoire dura peu dans le temps, elle imprima visiblement, en lui, des traces indélébiles. Il avait à peine atteint la fleur de lâge, quand se produisit la mort de son ami, le 28 mai 1831. Cet événement connut, par ailleurs, un retentissement national, auquel il fut mêlé lui-même étroitement. Sommé par larchevêque de Paris de rétracter son serment de 1791 à la Constitution civile du clergé, Grégoire, comme on le sait, refusa dobtempérer et maintint son refus jusque sur son lit de mort. Nous nallons, évidemment, pas retracer ici le récit de ces épisodes douloureux, abondamment relatés par ailleurs11, mais nous pouvons remarquer que le jeune avocat A. Crémieux faisait partie du cercle des intimes qui entouraient labbé à ses derniers moments. Il figura même au premier rang des amis fidèles qui escortèrent sa dépouille mortelle, jusquau cimetière de Montparnasse. Il fut un des orateurs qui, après lancien conventionnel Thibaudeau, puis Fr. Raspail, C. Bissette et devant une foule denviron 25 000 personnes, prit la parole pour célébrer la mémoire de son ami défunt. Il le fit en des termes émouvants et passionnés, dont nous pouvons citer ici lapostrophe finale :

Grégoire écoute ! Voici nos derniers adieux ; ils seront dignes de tes vertus ; tu seras pleuré sur tous les coins du globe où se trouvent quelques membres réunis de cette antique nation que ta voix a retirée de labîme. Mentends-tu, prêtre de Jésus-Christ ? Les Juifs répandus dans tout lunivers te pleureront et pendant que la philosophie te jugera digne dune statue, pendant que la liberté te proclamera lun de ses serviteurs les plus fidèles, la religion te remerciera davoir appuyé son empire sur la tolérance et lhumanité12.

Cet éloge de labbé Grégoire se répéta de sa part, en diverses autres circonstances, sous diverses formes et vraisemblablement son exemple inspira, par la suite, tous ses engagements dhomme politique et de philanthrope.

On peut ajouter, sans risque dextrapolation, que ladmiration portée à ce modèle suscita, par voie de conséquence, les mêmes sentiments dans lâme de son biographe. Il nest même pas interdit de penser quelle est à lorigine de lintérêt que S. Posener va désormais porter à la personne 13et à lœuvre de Grégoire. Après avoir achevé la volumineuse et érudite biographie dA. Crémieux, il emploiera ses dernières années à étudier de près les différents écrits laissés par labbé et qui se trouvaient disséminés dans dinnombrables et parfois obscures éditions.

Il existe une continuité logique entre ces trois figures – Grégoire, Crémieux et Posener – représentant, chacune à leur manière, les évolutions du judaïsme français et européen. Du théoricien de lémancipation des juifs en France, au représentant dun certain modèle démancipation et dassimilation avec Crémieux, jusquà Posener, réfugié juif en France, cest aussi une certaine histoire du judaïsme français qui est dessinée en creux. On comprend donc, en rééditant ce travail de Posener, dédié à Grégoire, comment a pu se cristalliser la réception de ce personnage dans le monde juif français de laprès-guerre.

Tout en incarnant lhomme daction, le républicain engagé, Grégoire fut, paralllèlement – on loublie trop souvent – un infatigable écrivain. Une partie de ses Mémoires sintitule dailleurs : Ma vie littéraire. En composant cette imposante bibliographie qui recense les textes les plus variés : articles, lettres, discours, opuscules, ouvrages… S. Posener fait œuvre dexplorateur des archives du passé. Par moments même, son travail sapparente à celui dun détective quand il semploie à traquer et identifier des écrits, jugés jusque-là anonymes, car non revêtus de la signature officielle de Grégoire. Ce dernier, en effet, ne signait pas toujours de son nom des œuvres dont il était pourtant, de toute évidence, lauteur ou les paraphait de simples initiales, parfois dailleurs énigmatiques. En outre, comme nous lavons observé nous-mêmes dans nos précédentes recherches, nombre de textes indiscutablement composés par lui, sont transcrits de la main dun de ses secrétaires (notamment labbé Wardt) chargés de les mettre au net et dont loriginal, de la main de Grégoire, na pas toujours été conservé. Cest dire la délicatesse et la complexité du travail dattribution auquel a dû, souvent, se livrer S. Posener.

Une autre qualité de cette immense recherche est davoir établi la datation de tous ces textes et davoir donné à la bibliographie une structure chronologique, fondement indispensable de toute analyse présente ou future de la pensée de lauteur dans son évolution comme dans sa formulation. Nous manquons dinformations précises quant aux conditions exactes dans lesquelle louvrage fut élaboré, sinon quil fut entrepris et poursuivi après la biographie dA. Crémieux, cest-à-dire peu 14de temps avant la guerre de 1940. Durant loccupation allemande, notre auteur choisit la clandestinité, se cachant près de Nîmes et il décéda, en 1947, après la Libération. Il faisait partie, depuis plusieurs années, de la Société des Amis de labbé Grégoire. Lun de ses membres éminents, P. Grunebaum-Ballin, auteur lui-même dun livre intitulé : Henri Grégoire, lami des hommes de toutes les couleurs (Paris, 1948), et qui ne fut pas étranger à la transmission du document Posener à la Bibliothèque de lArsenal, en souligna la valeur en ces termes :

Il faut mentionner aussi le très remarquable travail bibliographique de lun des premiers membres de la Société des Amis de labbé Grégoire, M. S. Posener, un érudit aussi consciencieux que modeste, décédé en 1947 ; Il avait consacré à Grégoire, à sa vie, à ses œuvres, sous le titre dEssai de bibliograhie critique, une très importante étude, achevée en 1947 et qui, pour les seuls écrits dus à Grégoire et leurs traductions contient 427 numéros. Ce monument bibliograhique na pu jusquici être imprimé. Il offre à tous ceux qui sintéressent à Grégoire un instrument de travail dune inappréciable valeur13.

Cest cette vaste entreprise dont nous prenons ici le relais et ce projet que nous comptons relancer, en fournissant aux chercheurs un outil supplémentaire – et essentiel – dinformation et danalyse. Toutefois, vu le laps de temps écoulé depuis lannée 1946, il était inévitable et prévisible que dautres découvertes vinssent sajouter à celles effectuées, en son temps, par S. Posener. Aussi, lexploration approfondie des archives Grégoire (Bibliothèque de Port-Royal, Archives Carnot, Bibliothèque de lArsenal) a permis à différents historiens dexhumer et de publier nombre de documents jusque-là inconnus et restés à létat de manuscrits. À cela sajoute la volumineuse correspondance de labbé, dont la majeure partie demeure inédite, mais dont certains extraits ont pu être partiellement publiés depuis 1946, par des chercheurs divers, sans quaucun plan densemble nait dailleurs présidé à ces initiatives individuelles. La nouvelle situation qui en découle, dont, évidemment, S. Posener na pu avoir connaissance, nous conduit donc à ajouter à sa bibliographie deux appendices supplémentaires (VIII et IX) destinés à prendre en compte ces nouvelles données.

Cet instrument de travail, quoique rajeuni et complété, ne peut toutefois prétendre, en létat, à lexhaustivité. En le faisant paraître, 15nous comblons, certes, une lacune regrettable mais le présent ouvrage conserve encore un caractère temporaire et fragmentaire dans la mesure où les différents fonds Grégoire abritent de larges zones inexplorées qui sont loin davoir livré tous leurs secrets. Dans limmédiat, nous espérons, par cette édition, faciliter les travaux des historiens futurs, concernant un auteur-acteur de la Révolution française, dont la pensée et laction, jusque-là peu étudiées, brillent par leur qualité et leur modernité.

Jean Dubray
avec la collaboration
de Nils Renard

1 Sur le parcours personnel de S. Posener, les sites suivants offrent les quelques détails biographiques que nous résumons ici : https://www.encyclopedia.com/religion/encyclopedias-almanacs-transcripts-and-maps/posener-pozner-solomon et http://yleksikon.blogspot.com/2018/06/solomon-pozner-html.

2 S. Posener, Adolphe Crémieux, t. 1, p. 137.

3 Ibidem, p. 120.

4 Ibidem, p. 120.

5 Voir J. Dubray, La pensée de labbé Grégoire, Oxford, 2008, p. 235.

6 La vie d A. Crémieux, p. 137.

7 Ibidem, p. 142.

8 Abbé Grégoire, Mémoires, éd. Sante, p. 78.

9 La vie d A. Crémieux, t. 1, p. 119.

10 J. Dubray, La pensée de labbé Grégoire, Oxford, 2008, p. 159-162.

11 Voir Abbé Grégoire, Mémoires, éd. Santé, p. 309-320.

12 Cité dans C. et E. Chopelin, Lobscurantisme et les Lumières, Paris, Vendémiaire, 2013, p. 179.

13 P. Grunebaum-Ballin, Henri Grégoire, lami des hommes de toutes couleurs, p. 272.