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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Érotisme et frontières dans la littérature française du xxe siècle
  • Pages : 397 à 402
  • Collection : Rencontres, n° 422
  • Thème CLIL : 3639 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Art épistolaire, Correspondances, Discours
  • EAN : 9782406085775
  • ISBN : 978-2-406-08577-5
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08577-5.p.0397
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 12/11/2019
  • Langue : Français
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Résumés

Amélie Auzoux et Camille Koskas, « Introduction »

Le présent ouvrage mobilise la notion de « frontière » pour aborder la question de lérotisme dans la littérature française du xxe siècle. Ce parcours, qui prend pour point de départ lannée 1881 (début timide du lent processus de libéralisation de la littérature érotique) entend déployer les différents sens de la notion de « frontière », quelle soit politique ou culturelle, éditoriale ou auctoriale pour arpenter un territoire encore relativement peu connu de la littérature du xxe siècle.

Romain Enriquez, « “Tout faire et tout se dire” dans Les Stations de lamour dAdolphe Belot. Libre-échange ou nouvelles frontières à la carte de Tendre ? Éros entre extra-territorialité et re-territorialisation »

On attribue à Adolphe Belot le roman érotique épistolaire Les Stations de lamour. Deux jeunes époux, séparés par un voyage, se jurent de « tout faire » et de « tout se dire » de leurs aventures. Ce défi les pousse à transgresser une série de frontières morales, sociales, physiques, ethniques ; mais il répond aussi à la volonté de savoir, car la liberté des partenaires est soumise à un contrat qui institue la violation dintimité et redéfinit les contours du territoire dÉros à lépoque moderne.

Karine Thépot-Caudan, « Mythes et réalités de la femme coloniale. Le pittoresque érotique de la “petite épouse” au service du discours colonial de la conquête »

Cette étude interroge la manière dont des romanciers comme Pierre Loti ont évoqué la « petite épouse » dans leurs récits fictionnels et leurs récits intimes et entend démontrer comment le motif féminin de la femme colonisée a permis de franchir les frontières, entre le monde occidental régi par les lois morales, et le monde colonial, espace de liberté et de jouissance.

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Marc Kober, « LÉros japonais dans limaginaire français »

LÉros japonais est source dinspiration pour un grand nombre de romans qui négocient lhéritage exotique et colonial. Lérotisme littéraire « japonais » dans le roman contemporain en France est un aspect moins connu de linfluence culturelle japonaise sur limaginaire français depuis le japonisme. La tendance observée serait celle dune progressive émancipation du modèle érotique pour sengager dans une relation empathique avec le peuple japonais à travers la découverte dun destin commun.

Éric Bordas, « Le Maghreb, espace érotique (et politique) dune culture homosexuelle française au xxe siècle »

En relisant le texte décrivains homosexuels français qui disent leur goût pour le Maghreb et leurs habitants, cette étude entend dégager trois modalités poétiques, qui sont également trois moments historiques témoignant dune évolution des désirs et des pratiques de discours dans la constitution dun sujet homosexuel envisagé dans son historicité. Cette évolution suit lhistoire événementielle de la décolonisation et relève dabord dune politique de la domination, résolument fantasmée.

Amélie Auzoux, « Lérotisme exotique de lœuvre larbaldienne ou LEurope galante de Valery Larbaud »

Valery Larbaud a aussi écrit son Europe galante. Passeur de frontières et non démolisseur de celles-ci, comme on la trop souvent écrit, Larbaud ne pouvait se détourner dun genre où sexerce « le besoin fondamental de transgression », selon les termes de Breton. Cette contribution souligne combien les frontières identitaires – vêtements, corps et langues – sont, dans lœuvre larbaldienne, consubstantielles au désir. Pas de désir chez Larbaud sans racines, pas dérotisme sans exotisme.

Gil Charbonnier, « Lidée de lEurope dans LEurope galante de Paul Morand »

LEurope galante (1925) de Paul Morand décrit les nouveaux comportements amoureux de lEurope des Années folles. Larticle interroge les contextes culturels et géopolitiques de lépoque afin de situer la position de Morand dans les débats issus de la « crise de lesprit » initiée par Paul Valéry.

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Jean-François Louette, « 1928, année érotique ? Le recevable et linterdit »

Pourquoi Histoire de lœil était-il un texte irrecevable par les grands éditeurs de la place de Paris en 1928 ? Pour comprendre à quel point pouvait choquer son refus du spirituel, on rappelle létat de lâme de Simone de Beauvoir cette année-là, daprès son journal, puis on présente, à titre de points de comparaison, deux romans parus chez Gallimard en 1928 : Le Dieu des corps, de Jules Romains, et Amour, terre inconnue, de Martin Maurice.

Michel Murat, « Un érotisme aux couleurs de La Nouvelle Nouvelle Revue française. Le Lis de mer dAndré Pieyre de Mandiargues »

Paru en 1956, Le Lis de mer permet à André Pieyre de Mandiargues de sortir de la confidentialité de son « cabinet » baroque et de devenir un auteur Gallimard. Ce « petit roman classique » raconte la défloration dune jeune fille, mise en scène par elle-même comme un rite dinitiation, dans une Sardaigne préservée. Sa publication sous lœil de Paulhan et de Dominique Aury nous apparaît comme un des points de passage du roman érotique vers la littérature légitime – conjonction riche de malentendus à venir.

Raymond-Josué Seckel, « Sade au grand jour ? »

Entre 1920 et 1940, ont paru plusieurs éditions de Sade, pas toutes clandestines loin de là, proposant des textes souvent inédits. Ces publications émanent pour la plupart de sociétés de bibliophiles, ce qui a autorisé une diffusion hors des circuits traditionnels de la librairie. Notre étude analyse cette séquence éditoriale à travers les publications de la Société du Roman philosophique et son animateur, Maurice Heine, le plus grand sadien du xxe siècle sans doute.

Camille Koskas, « Le rôle de Paulhan dans la légitimation de la littérature érotique dans les années 1950 »

Cette contribution montre que Jean Paulhan constitue une de ces figures de « passeur », qui ont jalonné la réception de la littérature érotique au cours du siècle, et grâce auquel celle-ci a conquis sa place au sein de la littérature dite légitime. Dans cette opération de « légitimation » de la littérature érotique, larticle sinterroge sur le rôle joué par La NNRF, dirigée par Paulhan depuis 1953 aux côtés dArland.

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Olivier Bessard-Banquy, « Le livre érotique de 1945 à 1968. Tendance subversive »

La période de laprès-guerre est parmi les plus paradoxales pour ce qui est du livre érotique ; jamais peut-être les serviteurs de lécriture de charme nont été plus talentueux et jamais peut-être, depuis le xixe siècle, lÉtat ne sest montré plus empressé de vouloir sévir. Il en aura fallu plus pour décourager les glorieux éditeurs dHistoire dO ou dEmmanuelle… Comment ont-ils réussi à travailler dans cette ambiance de puritanisme tracassier ? Comment létau sest-il ensuite desserré ?

Anne Urbain-Archer, « Aux frontières de la liberté. Le relâchement de la censure morale française (1960-1970) »

En 1967, pour la première fois depuis la loi du 29 juillet 1881, un assouplissement est apporté à lencadrement moral de la presse et de lédition françaises. Malgré un sursaut réactionnaire dont pâtiront de nombreux auteurs et éditeurs au tournant des années 1960-1970, les années 1968 auront, dans lensemble, raison de la censure morale qui a sévi en France depuis la fin du dix-neuvième siècle.

Sophia Leventidi, « Érotisme et frontières de lenfance »

Depuis les découvertes freudiennes, la majorité des interdits dordre sexuel ont disparu dans la permissivité totale du monde occidental. La pédophilie, autrefois considérée comme une transgression parmi tant dautres, sera défendue par la fine fleur de la pensée française post-68, avant quelle ne devienne l« ultime interdit » – même sur le plan littéraire et artistique –, au sein des sociétés contemporaines qui, tout en sacralisant lenfant, font de lui un objet de convoitise, hautement érotisé.

Alexandra Destais, « Vers un érotisme littéraire féminin ? »

Quel est le parcours qui a conduit des écrivaines à quitter les rives rassurantes de lart daimer pour investir les chemins buissonniers, tantôt sombres, tantôt lumineux, de lars erotica ? Pendant des siècles, les écrivaines navaient pas accès au code érotique de lamour, peu conforme à lidéal de pudeur. Comment les écrivaines sont-elles donc passées de lunion des cœurs à la liaison des sens ? Quelles sont celles qui ont osé conquérir ce territoire fait par et pour les hommes ?

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Didier Alexandre, « Annie Ernaux, la mémoire et le sexe »

Chez Annie Ernaux, la revendication dune écriture objective, sociologique, ethnographique du sexe doit composer avec le désir de sauver limage, le souvenir, la mémoire du moment érotique. Lambition dobjectivité empruntée aux sciences humaines et appelée à mettre en procès la littérature, est donc habitée dun projet plus anthropologique et, disons-le, plus sacré : écrire le désir qui est la vie même. Cest cette dualité du projet dAnnie Ernaux que cette étude esquisse à grands traits.

Éric Marty, « La nudité est frontière »

Lhypothèse sur laquelle repose cette intervention est que la nudité crée une disproportion dans la géométrie et la matière de lespace. Cette disproportion, lœil nest pas en mesure de lassimiler. Après avoir posé quelques réflexions dordre théorique appuyées notamment sur Manet et Zola, cet article, à partir de quelques extraits de mon œuvre de fiction, examine la nature de cette frontière constitutive de la nudité.

Louis Watier, « Les Chansons de Bilitis. Séduction de lexotisme, érotisme de la traduction »

Pierre Louÿs a hésité à présenter Les Chansons de Bilitis comme une pseudo-traduction, pour finalement sy résoudre. Présenter Bilitis comme une héritière de Sappho, et dune Grèce quelque peu « asiatique », pouvait ainsi lui permettre de mieux faire accepter lérotisme de certains poèmes. Cette contribution montre que lintérêt de la supercherie réside aussi dans le mécanisme même de la mystification : à travers le travestissement littéraire, lérotisme tient à ce que lon puisse deviner lhomme derrière la femme.

Marine Riguet, « Érotisme et transfiguration poétique dans lœuvre de Pierre Jean Jouve »

Parler de lérotisme chez Pierre Jean Jouve relève presque aujourdhui dune lapalissade, tant les forces sensuelles et sexuelles tiennent dans son œuvre une place centrale. En confrontant les notes quasi pornographiques des Beaux Masques à lœuvre officielle, cette étude tend à prouver que lérotisme, loin dêtre une fantaisie mineure, devient un acte hautement poétique, conciliateur du mythe et de lincarnation, de la trivialité et du sublime.

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Yvon Houssais, « Mythe et transgression »

Parce que lérotisme, comme le texte bref, reposent sur une esthétique de la suggestion, une quête de lintensité maximale, la déstabilisation du lecteur atteint dans la nouvelle érotique une efficacité remarquable. Dans cette entreprise de provocation, il est frappant de constater à quel point limaginaire érotique sollicite le mythe, lui-même figure de la transgression. En témoigne lœuvre de Claude Louis-Combet.

Gaëtan Brulotte, « La dimension pédagogique de la littérature érotique. Perspectives historiques et contemporaines »

Cet article cherche à mettre au jour la dimension pédagogique, explicite ou implicite, de cette littérature jusquà lextrême contemporain. Très présente à travers lhistoire, cette dimension persiste de nos jours mais sous des manières différentes qui sont révélatrices du nouveau statut de la littérature sensuelle. Cette réflexion touche aux frontières discursives et à leur formation, aux frontières conceptuelles, historiques, spatiales et culturelles (Occident/Orient) ainsi quaux frontières des genres.

Frédéric Glorieux, « Mesurer les frontières de lérotisme (textométrie). Littérature du verbe »

Comment programmer un détecteur automatique de littérature érotique ? Ce projet technique inutile permet détablir des indices mesurables. La pornographie se détecte par un vocabulaire de métier, comme la littérature réaliste. Lérotisme évite les mots obscènes, mais se trahit par des verbes spécifiques, qui insinuent la suggestion. Linstrument découvre un changement du récit érotique depuis les années 2000, par un lexique psycho-moteur comportemental, négligeant lintériorité.