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Classiques Garnier

Introduction

  • Publication type: Journal article
  • Journal: Entreprise & Société
    2023 – 2, n° 14
    . varia
  • Author: Méric (Jérôme)
  • Pages: 19 to 21
  • Journal: Business & Society
  • CLIL theme: 3312 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie publique, économie du travail et inégalités
  • EAN: 9782406165934
  • ISBN: 978-2-406-16593-4
  • ISSN: 2554-9626
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-16593-4.p.0019
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 04-03-2024
  • Periodicity: Biannual
  • Language: French
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PRÉSENTATION DU NUMÉRO

Jérôme Méric

CEREGE-IAE de Poitiers

Entreprise & Société privilégie linterdisciplinarité pour embrasser dans leur diversité et leur complexité les relations quentretiennent les acteurs de léconomie et le sociétal. La composition des instances de gouvernance de la revue et du comité éditorial reflète cette exigence. Le contexte actuel est à la croissance de lactivité de la revue, comme en témoigne le présent numéro : augmentation du nombre darticles soumis, rubriques toujours plus riches, nombreuses recensions, etc. Il était donc nécessaire de renforcer léquipe éditoriale, tout en louvrant à des approches nouvelles ou originales de la recherche. Cest dans le souci de répondre à ces deux exigences que nous avons le plaisir daccueillir deux rédacteurs en chef adjoints. Nathalie Dubost, forte de son expérience à la Revue Française de Gestion, apporte à la communauté son regard original sur linclusion et léthique du Care, des thématiques appelées à devenir majeures – si elles ne le sont déjà – dans le champ académique comme dans celui des pratiques dentreprise. Pierre Labardin associe son expertise dans le domaine de la comptabilité à une approche historique des relations de lentreprise et de la société. Il a dirigé, pour notre revue, le dossier thématique du numéro 13 consacré à lhistoire de la désindustrialisation. Il interroge aussi, dans des textes captivants, notre incapacité historique à mesurer leffet de la Révolution Industrielle sur le système Terre. Que Nathalie et Pierre soient chaleureusement remerciés de nous rejoindre. Ils remplacent Rémi Jardat, que des obligations professionnelles éloignent de notre équipe. Quil soit lui aussi vivement remercié pour sa contribution à la revue.

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Le « Grand angle » de ce numéro accueille toujours des hautes figures qui confient tour à tour leurs parcours, la recherche qui les a animées, leurs projets. Linvité de ce numéro est un hôte de choix. Henry Mintzberg a construit – ou du moins a présenté – sa pensée à la manière dun iconoclaste : briser les mythes (le manager-décideur économique, la planification stratégique) pour proposer une vue alternative ancrée dans une forme de common sense et se désoler quil ne soit pas la chose au monde la mieux partagée. Nen déplaise à Descartes. Il commente ici, assisté dElisabeth Walliser et de Roland Pérez, son dernier opuscule. Le constat de départ – aisément partageable – est celui de la déraison dune « société de marché », et dune incomplétude de la dichotomie public-privé. Cest justement ce qui nest ni privé ni public qui constitue le commun. Et Henry Mintzberg de dessiner les contours de ce quil conviendrait dappeler un « équilibre de la terreur » entre les trois piliers de la société. Sans cela, le despotisme détat, le capitalisme effréné ou le populisme guettent.

Lancrage de la revue dans les problématiques de société se mesure également à sa capacité à collaborer avec des acteurs dinfluence. Cest le cas du Pacte Civique, fondé par Jean-Baptiste de Foucauld, qui organisait cette année au LIRSA-CNAM une journée sur la thématique de la sobriété et de sa réception par les entreprises. Pour difficile que soit linteraction entre les chercheurs et les cadres dentreprise ou de la haute administration, un tel sujet constituait le substrat dun dialogue. Un dialogue qui a effectivement eu lieu et dont rend compte la restitution proposée en « éclairages » par nos collègues Clément Carn et Mohamed Diakité. Henri Zimnovitch sest attribué le rôle de la discrète mais essentielle cheville ouvrière de la journée et du dossier thématique « entreprise et sobriété ». Il est vrai que pour les enseignants chercheurs que nous sommes, le concept de sobriété séduit, intrigue, interroge. Il séduit parce quil associe à léconomie (au sens dêtre économe) une injonction morale. On ne peut sempêcher de penser que la sobriété vient après livresse, et quil est plus que jamais temps déviter de senivrer de ressources rares. Il intrigue, car scientifiquement, il na pas dassise claire pour linstant, et nous sommes à lécoute des contributions et des débats pour faire en sorte de le cerner, et de lassocier à des pratiques précises. Il interroge, car lengouement quil suscite peut tout à la fois faciliter la mise en place de ce que lon peut appeler, à la lecture des 21dernières pages de Risk, Uncertainty and Profit de Knight, une frugalité de progrès (où linvestissement est vu comme un acte moral de préservation de lintérêt des générations futures), et devenir le cheval de Troie moralisateur du cost-killing. En ouverture de la journée, Bénédicte Fauvarque-Cosson, administratrice générale du CNAM, livre une leçon (au sens dune leçon dagrégation) sur le sujet. En quelques mots elle donne à saisir la complexité de celui-ci et de ses enjeux juridiques et politiques. Sur les quatre contributions denseignants chercheurs à cette journée, deux ont été retenues pour nourrir le dossier thématique. Richard Baker, Bruno Cohanier et Laurent Cappelletti appliquent la méthodologie danalyse des coûts cachés à la sobriété. Arnaud Gautier et Sandrine Berger-Douce explorent sur le terrain les relations entre la sobriété numérique et la pérennité des entreprises.

Comme en écho au numéro 11 de la revue consacré à l« affaire Faber-Danone », le varia signé de Blanche Segrestin, Jérémy Lévêque et Kevin Levillain propose au législateur et au décideur une taxonomie des finalités des sociétés à mission et des propositions de modes de gouvernance pour chacune des finalités poursuivies.

Après le compte rendu de la journée « entreprise et sobriété », Jacques Ninet propose un « éclairage » pour rappeler la difficulté quil y a à imaginer une croissance des dettes souveraines sans provoquer dinflation. Il sagit là dune contribution à un débat qui infuse dans la sphère politique.

Lactualité des parutions a suscité de nombreuses recensions : Franck Aggeri sur linnovation, Sarah Babb sur léthique de la recherche, Bernard Christophe sur le dilemme croissance-décroissance, Jacques Richard sur la comptabilité environnementale « radicale », Bruno Villalba sur les politiques de sobriété. Que leurs auteurs en soient vivement remerciés.

Le dossier du numéro 16 de la revue aura pour thème une question, celle de savoir si la gestion est compatible avec lémancipation des salariés. Il sagit là dune thématique qui souvre aux sciences de gestion, mais également à dautres disciplines, dont la sociologie et la psychologie. Nous sommes impatients de lire les contributions à venir.