Préface

C’est à France Stratégie, organisme de réflexion, d’expertise et de concertation, que le Premier ministre a installé en 2013 la « Plateforme RSE », Plateforme nationale d’actions globales pour la responsabilité sociétale des entreprises. Pour nourrir le débat public, éclairer l’avenir et contribuer aux choix de politique publique, le recours à la recherche académique est indispensable. Car un débat public bien mené appelle d’abord un diagnostic partagé, qui repose sur une analyse objective, documentée et rigoureuse des problèmes, pour présenter des réponses alternatives lisibles aux pouvoirs publics, et plus globalement à l’ensemble de la société. Cette démarche est scientifique, et se nourrit de productions académiques. C’est pourquoi France Stratégie veille, pour chacun de ses projets, à réunir les acteurs publics, la société civile et les chercheurs, prolongeant ainsi la pratique de son prédécesseur le Commissariat général du Plan.

C’est tout l’intérêt de la participation des chercheurs aux travaux de la Plateforme RSE. Pour dresser un constat consensuel et définir un vocabulaire commun avant d’identifier les grandes options, convergentes ou divergentes, qui se présentent, le détour par la recherche s’impose. En se confrontant aux attentes et aux interrogations des praticiens, les contributions académiques nourrissent la réflexion de chacun des membres de la Plateforme – réseaux d’entreprises, partenaires sociaux, associations, institutions. En amenant dans la discussion des perspectives historiques, des approches pluridisciplinaires, des comparaisons avec des pays étrangers, elles élargissent le cadre de la discussion.

Ces contributions scientifiques sont précieuses pour toutes les parties prenantes de l’entreprise. Le retour rigoureux sur les notions et sur les dimensions historique, sociologique, économique, juridique et philosophique des démarches de responsabilité sociétale leur permet de situer au bon niveau leurs actions respectives dans l’entreprise. Ces travaux offrent également aux pouvoirs publics de bons outils pour appréhender 8l’objet atypique qu’est la RSE dans le champ de l’action publique. L’apport des sciences du droit, pour interpréter autant que pour agir, est ici déterminant. Enfin, la compétition économique internationale se menant aussi sur le terrain des idées, ces travaux contribuent au rayonnement des ambitions françaises en matière de RSE.

En organisant un cycle de séminaires sur l’état des savoirs et les controverses scientifiques sur les enjeux actuels de la RSE, les chercheurs membres de la Plateforme RSE ont très utilement nourri ses travaux. Ils ont contribué à l’élaboration d’un cadre, pour le dialogue et l’élaboration de consensus, à un moment décisif : ce cycle a été en effet organisé concomitamment à l’élaboration par la Plateforme de ses propositions pour une stratégie nationale pour la RSE.

La responsabilité des entreprises n’est pas une question nouvelle, mais la dimension stratégique de cette question s’est imposée trop récemment à l’ensemble des parties prenantes pour que leurs conceptions des enjeux soient alignées. À la lecture de cet ouvrage, le lecteur constatera que les controverses ne sont ni moins vives ni moins fertiles sur le terrain académique qu’elles le sont dans les débats entre praticiens.

Gilles Bon-Maury

France Stratégie, secrétaire permanent de la Plateforme RSE