Avertissement

Ce livre est le produit d’une thèse de doctorat préparée sous la direction du professeur Philippe Rousseau et soutenue au mois d’octobre 2014 à l’université Charles-de-Gaulle Lille 3 (UMR 8163, Savoirs, Textes, Langage). J’ai pu mener à bien ce doctorat parce que j’ai bénéficié durant trois ans d’un contrat doctoral, associé à un monitorat d’enseignement, puis d’un poste d’Attaché temporaire d’enseignement et de recherche à l’UFR des Langues et cultures antiques (LCA) de l’université Lille 3, devenu département LCA de l’UFR humanités.

J’appartiens à une génération de jeunes hellénistes lillois qui se trouvent dans la situation paradoxale d’appartenir à une école de pensée au sein de laquelle ils n’ont pas été en mesure de travailler directement avec Jean Bollack, son fondateur, même s’ils ont eu la chance de pouvoir s’entretenir à l’occasion avec lui. L’étudiant que j’étais n’avait d’autre choix que de reconstruire une figure du fondateur, à travers ses écrits, ses exposés et les récits et l’enseignement théorique dispensé par ceux de ses élèves qui sont devenus mes propres maîtres. Je me suis familiarisé avec une méthode de lecture et d’interprétation déjà constituée, que j’ai apprise à connaître par la pratique. L’esprit critique, à l’égard de cet enseignement même, était constitutif de la méthode. L’un des lieux privilégiés de l’initiation à la discipline intellectuelle introduite par Jean Bollack et développée par ses élèves était l’ensemble des séminaires de ce qui avait été le Centre de recherche philologique, intégré ultérieurement à l’UMR Savoirs et Textes, devenue Savoirs, Textes, Langage, de l’université de Lille 3.

Si le modeste travail que j’ai réalisé sur Empédocle ne peut que constituer un hommage à la mémoire de Jean Bollack, dont la première grande œuvre fut l’édition commentée monumentale du Poème physique (1965-1969), qui en a transformé en profondeur la lecture, cet hommage ne se borne pas, dans la tradition du maître auquel il s’adresse, à un témoignage dédié à la gloire de la grandeur passée, mais 10à une réévaluation des problèmes et une ouverture, fût-elle imparfaite, vers l’avenir.

Dans ma génération, l’herméneutique critique n’avait plus le tranchant polémique qu’elle avait nécessairement dû assumer dans sa période de fondation – même si, en apprenant à lire, on apprenait aussi à évaluer les préalables des autres lectures. Le rapport aux autres traditions savantes en est transformé : j’aimerais penser que cela permettra la poursuite de son développement authentique malgré la mutation des personnes, des lieux et des pratiques.

Lille, septembre 2015

Mon travail n’aurait jamais pu prendre la forme qu’il revêt ici sans la qualité de l’encadrement assuré par le professeur Philippe Rousseau, qui m’a été plus précieux que je ne saurais l’exprimer. Ma gratitude va également à toutes les personnes qui m’ont aidé, guidé et conseillé aux différentes étapes de ce travail, dont il ne m’a pas été possible de citer intégralement les noms ici : en particulier les membres de mon jury de thèse, ceux de l’UMR 8163 Savoirs, Textes, Langage et ceux du Centre Léon Robin (UMR 8061). Je remercie ma famille du soutien et de la compréhension dont elle a fait preuve durant ces cinq années. Beaucoup aurait été impossible sans le soutien de Sarah.