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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Éloge du singulier. Lire la littérature de la Renaissance avec Ullrich Langer
  • Pages : 375 à 379
  • Collection : Rencontres, n° 583
  • Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 122
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406148401
  • ISBN : 978-2-406-14840-1
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14840-1.p.0375
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 06/09/2023
  • Langue : Français
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Résumés

Jan Miernowski et Virginia Krause, « Préface »

Lire la littérature de la Renaissance avec Ullrich Langer, cest retrouver le plaisir de la singularité du sens. Singularité entendue non comme une exception bizarre, mais comme une sensation unique. Unique, mais paradoxalement capable dêtre renouvelée et partagée, puisquil sagit de la singularité de lêtre humain et du langage. Les études du volume retrouvent donc la singularité du style herméneutique dUllrich Langer et en partagent le plaisir avec le lecteur.

Marie-Luce Demonet, « Recherche dun(e) coupable. La disparition dun “amy” »

Petite enquête sur le remplacement, dans lédition de 1595 des Essais de Montaigne, du célèbre cri « O un amy. » (III, 9) par « Eh quest-ce quun amy ! ». Certains exemplaires offrent une variante imprimée, absente de lExemplaire de Bordeaux, sous la forme « O mon amy ! », dans un autre chapitre (II, 8). Qui est responsable ? Marie de Gournay, ou Montaigne lui-même ? Quelque copiste ou compositeur ? La variante se situe entre la correction technique et la manifestation dun ultime signe damitié.

Eric MacPhail, « Tabula Rasa. Peindre les autres de ses propres couleurs »

La première réaction des Français envers les peuples au Nouveau Monde sexprime à travers limage de la tabula rasa, qui semble résumer les ambitions coloniales et missionnaires des envahisseurs. Mais cette image peut aussi mettre en question ces ambitions et autoriser une réflexion critique sur le projet même de conversion religieuse. Nous analysons cette problématique chez Michel de Montaigne, Pierre Richer, Marc Lescarbot, Pierre Bayle et le Père Julien Perrault de la Société de Jésus.

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John OBrien, « “Tous unis, tous uns”. Singularité ullrichienne et singularité laboétienne »

La Servitude volontaire de La Boétie pose une distinction problématique entre « tous unis » et « tous uns ». Cette distinction est éclaircie grâce à deux études parues à la même époque, Lyric in the Renaissance (2015) dUllrich Langer et La Communauté politique des tous uns (2014) de Miguel Abensour. Nous démontrons quà partir de ce qui est apparemment une anomalie lexicale, La Boétie oriente ses lecteurs vers le renouvellement de la politique communautaire.

Timothy Hampton, « La rhétorique de la description et lintérêt littéraire chez Marguerite de Navarre »

Lœuvre de Marguerite de Navarre se place au carrefour de la tradition médiévale du conte exemplaire (illustration dune vérité connue) et dune naissante culture littéraire moderne (peuplée de personnages en voie de devenir). Le style de lHeptaméron met en jeu lessentiel du personnage – son caractère, son rapport aux convenances de la société. Par sa rhétorique, il évoque la règle et la force du désir qui brise la règle. Les deux forces sont en jeu constant dans le style de Marguerite.

Philippe Desan, « De la forme de lessai chez Montaigne »

La consommation du texte de lautre permet la production (travail) dun nouvel objet pour Montaigne, un objet qui se métamorphose à chaque fois quil soffre au regard du lecteur. Le travail/commentaire de lobjet représente une nécessité inhérente à la démarche de lessayiste. La forme qui convient le mieux à ce discours totalisant (se mêler de tout) est lessai qui permet à Montaigne dexprimer un maximum de subjectivité et en même temps prétendre parler dautre chose que de lui-même.

Tom Conley, « Du Bellay en réclame. Du voir au vide »

Les poésies que publie Joachim Du Bellay entre 1549 et 1559 se distinguent par lusage fréquent des réclames. Mises à la fin des signatures, isolées, autrement destinées à lattention des imprimeurs, paroles de fragment au dire dun Maurice Blanchot, elles signalent léconomie des recueils dans lesquels elles se trouvent. Les réclames font partie dune poétique despace quon est tenté dappeler une échographie insolite et saisissante.

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François Cornilliat, « Un cas de “Perfect Friendship” ? Le problème du don de lépouse dans le Panegyric de Jean Bouchet »

Le Panegyric du Chevallier sans reproche de Jean Bouchet (1527) raconte entre autres le premier amour de son héros, Louis de La Trémoille, qui séprend de lépouse (non moins atteinte) de son meilleur ami. Celui-ci guérit les amants potentiels de leur passion en les autorisant à la satisfaire. Cette étude montre comment Bouchet corrige, au profit apparent dune « parfaite amitié » masculine – mais en réalité de lamour conjugal –, un scénario exemplaire emprunté à une longue tradition.

James Helgeson, « Herméneutique de lamitié et de la violence dans quelques épîtres dÉrasme »

Peut-on juger de la sincérité dune déclaration damitié à partir dun texte écrit ? Nous abordons la question de la lisibilité des signes de lamitié (par opposition, par exemple, aux signes de la violence) dans quelques passages des épîtres dÉrasme : la correspondance sur la publication de lAdagiorum Collectanea de 1500 et la correspondance avec Edward Lee. Il sagira dexplorer les points de contact entre le discours de lamitié et linterprétation dun sens figuré ou codé.

JoAnn Dellaneva, « “Adioustant quelque chose du sien”. Lhistoire de deux amants infortunés de Bandello à Belleforest »

Lhistoire de deux amants malheureux à lépoque dHenri VIII – Margaret Douglas et Thomas Howard – est devenue célèbre grâce à une nouvelle italienne de Bandello (« Morte miserabile di dui amanti ») et sa « traduction » en français par Belleforest. Cette étude examine les différentes manières dont ces deux récits accentuent la vertu et le vice, et considère la nouvelle de Belleforest à travers le prisme de limitation littéraire en relevant aussi la notion dexemplarité qui sen dégage.

Francis Goyet, « La première citation grecque des Essais (I, 23/22, “De la coutume…”) »

On propose de traduire la première citation grecque des Essais par « Il est beau dobéir aux coutumes du lieu » (et non « aux lois de son pays/patrie »), 378egkhôr(i)os étant sur khôra, « région » voire « campagne », sens attesté en particulier dans les Adages (2555, « nomos kai khôra »). Le chapitre « De la coutume… » oppose donc droit privé (les coutumes du lieu) et droit public (les lois de la Cité), ce qui déplace la perspective quant à la question classique du conservatisme de Montaigne.

Paul-Alexis Mellet, « Les biographies dans la Réforme Protestante (xvie siècle). Le vertige de la liste, les vies minuscules et la présence des morts »

Les biographies dans la Réforme protestante du xvie siècle répondent à trois objectifs : témoigner de la mort des « martyrs », quitte à en effacer les particularités ; présenter des vies singulières comme modèles de comportement, en multipliant les exempla ; révéler la « vérité » au sujet de quelques personnages polémiques. En réalité, grâce aux livres imprimés, le projet biographique réformé permet de faire renaître des disparus transfigurés sous la forme d« êtres de papier ».

George Hoffmann, « Identité confessionnelle ? Comment penser lappartenance religieuse au xvie siècle ? »

À lencontre de nos attentes, les réformés ne voyaient guère leur foi en termes didentité. Dune part, conformément à lesprit de lépoque, ils revendiquaient une affiliation collective, plutôt quune identité individuelle. De lautre, « étrangers dans un pays étrange », ils exprimaient leur foi en termes daliénation spirituelle plutôt quen termes dappartenance sociale. 

Cathy Yandell, « Ronsard et la corporalité des fleurs »

Les fleurs, omniprésentes dans lœuvre de Ronsard, continuent à intriguer autant les amateurs de Ronsard que les érudits en poésie. Alors que les roses ont monopolisé presque toute lattention critique jusquici, ce projet propose dexaminer lhumble œillet et son rapport avec le corps humain dans le corpus de Ronsard. La dynamique qui organise la relation entre œillets, temporalité et corps sert à préciser la fonction plurivalente des fleurs dans lœuvre du « Prince des Poètes ».

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Jan Miernowski, « Aux limites de la sagesse humaine. Socrate en “démon de Montaigne” »

Le Socrate de Montaigne nest pas un individu illustre mais un « démon », une expérience de pensée analogue au Démon de Maxwell ou au Malin Génie de Descartes. Il révèle le sens négatif de la sagesse, tout en empêchant la bêtise humaine dêtre convertie en mysticisme ou désamorcée par la conquête prométhéenne de limmanence. Pour exorciser la peur de la mort, reste donc à raconter des fables, comme le fait Socrate dans Phédon, et à exercer son jugement, comme le fait Montaigne dans les Essais.

Jenny Meyer, « Postface. Montaigne à vélo »

Cet essai examine les références au mouvement dans les Essais de Montaigne et leur importance dans ses réflexions sur lart de bien vivre. Notamment, deux verbes récurrents dans les Essais, « branler » et « balancer », désignent aussi deux types de mouvement essentiels pour se tenir droit à vélo. Cycliste avant la lettre, Montaigne constate linstabilité foncière de son être tout en suivant la douce pente de la nature.