Aller au contenu

Classiques Garnier

Résumés

309

Résumés

Claire Bustarret, « De lécritoire au laboratoire. Le papier comme instrument de travail au xviiie siècle »

Le papier, en tant que support décriture, est indissociable des pratiques intellectuelles dès la fin du Moyen Âge. Quelle est sa place sur la table de travail, dans lergonomie du laboratoire et dans la sociabilité savante qui sinstituent au siècle des Lumières ? Les manuscrits de Buffon, Condorcet, Lavoisier, Lesage ou Guyton de Morveau offrent, par leurs aspects matériels, des ressources appréciables pour définir le papier comme un véritable instrument au service de lactivité scientifique.

Dorothée Rusque, « Associer les textes aux collections. Les systèmes décriture du naturaliste Jean Hermann »

Les archives personnelles du savant strasbourgeois Jean Hermann conservent un corpus pléthorique « décrits intermédiaires », dont une partie est mise en relation avec ses collections dhistoire naturelle. Les livres portent la trace du « bricolage savant » mis en forme dans les marges. Ils font écho aux « étiquettes annotées » conçues pour faire parler la collection minéralogique. De son côté, le registre des visiteurs du cabinet met en scène le commerce du savoir entourant les objets.

Emmanuelle Chapron, « “Le chaos immense de mes papiers”. Comment la correspondance de Jean-François Séguier est devenue une archive »

Lhistoire des milieux savants ne peut faire léconomie dune interrogation sur leur rapport à larchive : sur les pratiques de lécrit et de gestion de linformation, mais aussi sur les logiques et les formes de larchivage domestique, ainsi que sur lensemble des opérations professionnelles, archivistiques ou bibliothécaires, à travers lesquelles nous sont donnés à voir, aujourdhui, ces lettres et papiers savants. La contribution applique cette grille de lecture à la correspondance de Jean-François Séguier.

310

François Pugnière, « De lobjet à lécriture. Les Pétrifications du Véronais de Jean-François Séguier »

Les Pétrifications du Véronais, jamais publié, est un catalogue raisonné des collections de Jean-François Séguier. Le discours savant sappuie sur lobservation, sur le classement méthodique et sur une détermination scrupuleuse des spécimens, mais également sur une ample quête bibliographique, reflet de la dignité épistémologique fondamentale quil attachait à lérudition. Ses conclusions montrent que lattachement aux traditions de lhumanisme savant nexcluait en rien la modernité scientifique.

Michel Christol, « Jean-François Séguier et lépigraphie. Laboutissement dune réflexion »

La place de Jean-François Séguier dans la construction de la science épigraphique (connaissance et utilisation des inscriptions antiques) est importante mais en partie méconnue. La partie de ses manuscrits conservée à la BnF (ms. Latin 16929 à 16935) comporte deux versions successives dun essai de présentation de son œuvre majeure, appelée Index absolutissimus. Dune version à lautre se marquent de plus en plus fermement les préoccupations qui sous-tendent la réalisation dun projet scientifique encyclopédique.

Pierre-Étienne Stockland, « Travailler la terre, la plume et la charrue. Le “réseau agronomique” de Jean-François Séguier »

Cette étude du « réseau agronomique » de Séguier constitue une première esquisse de la place de lagriculture dans sa correspondance. Les savoirs écrits qui circulent au sein du son réseau épistolaire sont considérés avec les objets et loutillage matériel qui les accompagnent. En étudiant lacheminement de ces matériaux, leur manipulation et leur emploi par Séguier et ses correspondants, larticle sinterroge sur les relations entre le « travail savant » et la pratique agricole réelle au siècle des Lumières.

Céline Le Gall, « Giovanni Poleni (1683-1761), correspondant padouan de Jean-François Séguier. Entre érudition et expérience »

Le physicien padouan Giovanni Poleni, créateur dun théâtre de philosophie expérimentale didactique, « matérialisa son intelligence », selon la formule 311de D. Roche, en proposant des machines de navigation dans ses traités latins primés par lAcadémie royale des sciences de Paris. Notre traduction des traités a abouti à leur reconstitution. « Lintellectualisation des choses » renvoie aux cours darchitecture navale de Poleni appuyés sur les mathématiques, à son choix du latin et à sa correspondance latine européenne.

Florence Catherine, « La correspondance entre Séguier et Haller, miroir narratif de la pratique des savants »

Jean-François Séguier et le physiologiste bernois Albrecht von Haller sécrivent entre 1754 et 1759. Derrière une rhétorique conforme aux principes de la sociabilité de la République des Lettres, les deux hommes font état de leurs pratiques décriture et de recherche scientifique. Tournée vers le travail botanique, la correspondance met en relation la Suisse et la France méridionale, deux espaces géographiquement éloignés mais dont la complémentarité apparaît nécessaire à la recension des espèces végétales européennes.

Laurence Brockliss, « Déséquilibrée mais mutuellement profitable. La correspondance entre Jean-François Séguier et Pierre-Joseph Amoreux »

Dans les années 1770, Séguier et le naturaliste Pierre-Joseph Amoreux de Montpellier entretinrent une correspondance active qui fut profitable aux deux parties. Amoreux, qui ambitionnait de se faire une réputation grâce aux concours annuels des académies, avait accès à la bibliothèque et aux connaissances bibliographiques du Nîmois ; Séguier utilisait le jeune républicain pour chercher des livres chez les libraires, faire des recherches, et faire passer lettres et paquets à ses amis de Montpellier et des environs.

Véronique Krings, « Séguier, Ménard, dOrbessan, à chacun son Antiquité. Autour du monument de Clarensac ».

Cette contribution vise à montrer, à travers la correspondance conservée, comment Jean-François Séguier, Léon Ménard et le marquis dOrbessan, trois antiquaires languedociens, reçoivent la découverte dun imposant monument romain faite à Clarensac près de Nîmes, début 1758. En filigrane des informations parfois inédites quelles fournissent, les lettres nous éclairent sur les places qui, autour dun monument devenu antiquité de papier, reviennent au travail érudit autant quà laffect de lhomme.

312

Odile Cavalier, « “Un grand partisan du système de Newton”. Les leçons de physique du docteur Demaimbray dans la correspondance du chevalier de Courtois »

Larticle présente la correspondance inédite entre le chevalier de Courtois et son médecin, Guillaume Amoreux, qui aborde la question de la vulgarisation des sciences en France à travers des leçons de physique expérimentale. Lors de deux séjours (en 1752 et 1753) dans la famille de Bonaventure Journu, riche négociant bordelais, le chevalier put suivre lenseignement dispensé à lacadémie par le docteur Demainbray, figure emblématique de la seconde génération des lecturer-demonstrators britanniques.