Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Écrits libres de Syrie. De la révolution à la guerre
- Pages : 269 à 276
- Collection : Littérature, histoire, politique, n° 36
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406083689
- ISBN : 978-2-406-08368-9
- ISSN : 2261-5903
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08368-9.p.0269
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 07/09/2018
- Langue : Français
RÉSUMÉS
Franck Mermier, « Présentation »
Franck Mermier est anthropologue, directeur de recherche au CNRS (IRIS). Il a dirigé le Centre français d’études yéménites et le département des études contemporaines à l’IFPO. Ses recherches portent sur les sociétés urbaines et la production culturelle dans le monde arabe : Le Livre et la ville. Beyrouth et l’édition arabe (Arles, 2005) et Récits de villes. Entre Aden et Beyrouth (Arles, 2015).
Cette présentation expose le contexte de la guerre en Syrie et signale les grilles de lecture privilégiées pour en rendre compte au détriment des manières de voir et des visions de l’intérieur des acteurs syriens, particulièrement de ceux qui forment la résistance civile. Elle met en exergue le rôle des nouveaux supports médiatiques et culturels syriens qui rendent visibles ces nouvelles écritures syriennes dont un florilège est publié dans cet ouvrage.
Mots-clés : Syrie, révolution, guerre, écritures syriennes, médias, résistance civile
Yassin Al-Haj Saleh, « L’écriture habitée. À propos de quelques caractéristiques de la nouvelle écriture syrienne »
Yassin Al-Haj Saleh est écrivain. Membre d’un parti communiste syrien, il a passé seize ans en prison sous le régime de Hafez al-Assad, expérience qu’il a relatée dans son ouvrage Récits d’une Syrie oubliée (Paris, 2015). Il a publié aussi La Question syrienne (Paris, 2016). Il participe à la fondation du site Al-Jumhuriya. Ses analyses de la situation en Syrie sont particulièrement suivies et paraissent régulièrement dans la presse arabe.
Après la révolution syrienne, est apparue une écriture nouvelle, de plus en plus différente de l’écriture d’avant la révolution. La complexité de la situation syrienne a libéré la parole et l’expression, a brisé des chaines visibles et invisibles qui bridaient la génération précédente : celles du pouvoir de la censure, celles de l’idéologie et de la religion, celles de l’étroitesse de l’horizon 270local, celles de l’« écriture correcte » et enfin celles de la distinction entre formes d’écritures.
Mots-clés : Syrie, révolution, guerre, écritures syriennes, culture syrienne
Omar Kaddour, « Du caractère non-citadin de la révolution syrienne »
Omar Kaddour a publié plusieurs recueils de poèmes et des romans, dont Qui ne connaît pas Simone ? (Ras Al-Khaima, 2013). Il publie des articles sur la culture et la politique dans plusieurs journaux arabes, dont Al-Hayat et Al-Modon. En raison de ses écrits qui dénoncent la corruption et l’oppression, il se voit interdire la sortie du territoire syrien. Dès le déclenchement de la révolution, en 2011, il passe dans la clandestinité.
Un an après le déclenchement de la révolution syrienne, le discours selon lequel les villes de Damas et d’Alep ont participé de façon peu significative au soulèvement, continuait de régner dans les médias. Comprendre la « tiédeur » des deux principales villes syriennes à l’égard de la révolution, implique de connaître la nature des procédés répressifs à l’œuvre et leur puissance jusqu’à présent, ainsi que leur impact direct et indirect sur la révolution elle-même.
Mots-clés : Syrie, révolution, guerre, villes, répression, citadinité
Samira Al-Khalil, « Journal du siège de Douma, 2013 »
Samira Al-Khalil, militante pour la démocratie en Syrie, a été enlevée à Douma, ville de la banlieue de Damas, le 9 décembre 2013. Le groupe armé salafiste Jaych al-Islam (l’Armée de l’islam) est accusé par Yassin Al-Haj Saleh, le mari de Samira Al-Khalil, d’être l’auteur de cet enlèvement. Il en témoigne dans un recueil rassemblant les écrits de cette dernière : Journal du siège à Douma (Beyrouth, 2016).
Avant son enlèvement à Douma, l’auteure de l’article, militante pour la démocratie, avait tenu le journal du siège de la ville par les forces du régime en 2013. Plusieurs extraits de ce journal sont ici publiés pour la première fois en français et font écho au nouveau siège de Douma et aux massacres de civils perpétrés par le régime en mars 2018.
Mots-clés : Syrie, Douma, révolution, guerre, répression, quotidien, violence
271Naïla Mansour, « Le piège désiré. Chroniques damascènes, 2014 »
Naïla Mansour est enseignante, traductrice et « écrivaine occasionnelle ». La terreur de l’État policier syrien a marqué à jamais son histoire et celle de sa famille. Elle est titulaire d’une thèse de doctorat en sciences du langage à l’université Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis. Entre 2004 et 2014, elle a enseigné à Homs et Damas, avant de trouver refuge en France où elle travaille comme enseignante.
Écrivant sous un pseudonyme, l’auteure est encore à Damas lorsqu’elle écrit ces chroniques de la vie d’une opposante dans une ville sous le contrôle du régime et alors que ses amis vivent dans la clandestinité ou en exil. Elle montre comment le réel, la perception du temps, les rites sociaux sont perturbés par l’irruption d’une nouvelle temporalité, celle de la révolution et de la guerre.
Mots-clés : Syrie, Damas, révolution, guerre, répression, relations sociales
Saber Darwich, « Le Daech syrien. Chômage, désespoir et violence endémique »
Saber Darwich est journaliste et chercheur. Il a réalisé de nombreuses enquêtes sociologiques sur la société syrienne après la révolution de 2011. Il a codirigé Le Drame d’Alep (Milan, 2016) et a coordonné Syrie : l’expérience des villes libérées (Beyrouth, 2015). Il a pris une part active à la révolution syrienne et a été détenu 9 jours en 2011. Il a quitté la Syrie pour le Liban en 2014 avant de rejoindre la France.
Cette étude traite du contexte dans lequel est apparu Daech en Syrie et des raisons locales qui ont permis son développement. Elle revient sur la question de son attractivité idéologique, de ses sources de financement, de sa structure organisationnelle et sur la prédominance des facteurs internes pour expliquer pourquoi cette organisation a réussi à prospérer dans les régions qu’elle a contrôlées.
Mots-clés : Syrie, révolution, guerre, Daech, violence, chômage, désespoir
Khalifa Al-Khuder, « Abou Rassoul al-Najjar. Témoignage d’un combattant de la brigade al-Tawhid »
Khalifa Al-Khuder est journaliste et écrivain. Il étudie la psychologie à l’Open University of Switzerland. En juin 2014, il est arrêté à un barrage de l’Organisation de l’État islamique entre Alep et Raqqa. Il réussit à s’enfuir après sept mois de 272détention dans la ville d’Al-Bab à l’est d’Alep et se réfugie en Turquie. Il a recueilli les témoignages de détenus des prisons de l’OÉI pour un ouvrage à paraître.
Ce texte rapporte le témoignage d’un combattant de la brigade al-Tawhid, créée en juillet 2012 dans la région d’Alep fait prisonnier par l’Organisation de l’État islamique qui regroupe dans une prison les membres de l’Armée syrienne libre. Ce récit relate les préparatifs d’une évasion collective préparée par le combattant devenu le « doyen » de la prison.
Mots-clés : Syrie, révolution, guerre, Daech, brigade al-Tawhid, Armée syrienne libre, prison
Ahmed Al-Haj Saleh, « Hajar et le bataillon féminin de Daech »
Ahmed Al-Haj Saleh a obtenu son diplôme d’électricien quand trois de ses frères étaient en prison au temps de Hafez al-Assad. Il a été instituteur pendant quinze ans jusqu’en 2012. Il a été enlevé, à Raqqa, par l’Organisation de l’État islamique en 2013 et libéré après une captivité de 35 jours ; son frère Firas, arrêté en même temps, n’est pas réapparu. Menacé de nouveau par l’EI, il réussit à se réfugier en Turquie. Là, il commence à recueillir des témoignages sur les exactions et la vie à l’ombre de cette organisation. Lui et sa famille sont arrivés en France en 2016.
Ce témoignage porte sur un bataillon féminin de Daech d’après le récit de Hajar qui en fait défection. Celle-ci raconte comment Daech s’est employé à recruter des jeunes femmes et à les organiser dans un bataillon qui est spécialisé dans différentes tâches. La principale raison de sa création serait cependant de fournir des femmes aux hommes de Daech.
Mots-clés : Syrie, révolution, guerre, Daech, bataillon féminin
Yassin Swehat, « Racha, une jeune fille de Raqqa. Le silence, la liberté, et un niqab grand comme un pays »
Yassin Swehat est un journaliste et blogueur syro-espagnol. Son blog a été créé en 2004 pour héberger ses textes, écrits en arabe et en espagnol, qui se caractérisent par une double orientation : la publication d’enquêtes fouillées sur la société syrienne et d’études en arabe sur les pays hispaniques. En 2012, il participe à la fondation de la revue en ligne AlJumhuriyya, dont il est devenu le rédacteur en chef.
Racha, appartenant à une famille de la classe moyenne de Raqqa, raconte les différentes péripéties qu’elle a vécues depuis la révolution de 2011, 273puis l’expulsion des forces du régime de la ville en mars 2013. Elle revient aussi sur le début du règne de Daech à Raqqa et sur les soulèvements de la population contre cette organisation. Le récit se conclut par son exil forcé en Turquie.
Mots-clés : Syrie, Raqqa, révolution, guerre, Daech, Turquie
Ahmad Abazeid, « Les transformations du discours d’al-Qaida en Syrie »
Ahmad Abazeid a rejoint les rangs de la révolution en mars 2011 et est membre de l’Armée syrienne libre. Il fit partie des derniers assiégés à quitter Alep en décembre 2016. Il publie des études sur la révolution syrienne, les groupes armés et sur les idéologies islamistes.
Cette étude du discours d’Al-Qaida en Syrie porte tout particulièrement sur les raisons de ses transformations en relation avec l’évolution des contextes locaux et politiques. Le positionnement par rapport à la révolution syrienne est au cœur de cette analyse qui suit au plus près les différentes déclarations des dirigeants de cette organisation mais aussi les pratiques et les symboles qu’elle déploie à différents moments et en fonction des rapports de force avec les groupes de l’opposition.
Mots-clés : Syrie, révolution, guerre, Al-Qaida, discours, Front al-Nosra
Omar Kaddour, « Portrait commun »
Qu’est-ce que cela fait de devenir « martyr » ou plutôt de découvrir, à la télévision, qu’un homme mort porte le même nom ? Ce récit est celui du « martyr » qui se remémore des faits ayant précédé sa mort mais qui décrit aussi ses sentiments en attendant ses funérailles. C’est aussi, par les pensées qui lui sont prêtées, la question du statut du « martyr » qui est ici posée.
Mots-clés : Syrie, révolution, guerre, martyr, mort, funérailles
Sadek Abdul Rahman, « Alep. Le siège, la résistance et le grand exode »
Sadek Abdul Rahman est journaliste, écrivain et juriste. Il est spécialisé dans la pensée politique constitutionnelle et dirige la rédaction des pages en arabe d’AlJumhuriyya.
274En décembre 2016, les forces du régime syrien ont repris les quartiers d’Alep tenus par l’opposition, ce qui a constitué un tournant décisif dans le conflit. Ce texte relate les différentes phases des opérations menées par les groupes armés de l’opposition et par les forces du régime. Il revient aussi sur le contexte régional et international qui a permis à la Russie et à l’Iran d’intervenir militairement aux côtés du régime sans susciter de réactions proportionnées.
Mots-clés : Syrie, révolution, guerre, Alep, résistance, exode
Sadek Abdul Rahman, « Chroniques de Saraqib (région d’Idlib) »
La ville de Saraqib, dans la région d’Idlib, a dû combattre à la fois les troupes du régime syrien et celles de Daech. L’auteur de cet article revient sur son histoire propre durant la révolution et explique comment celle-ci s'est militarisée en raison de la répression féroce du régime. Il évoque des figures politiques locales qui ont joué un rôle important dans la mobilisation de la population. Le texte raconte aussi comment se sont déroulées les élections du conseil local de Saraqib.
Mots-clés : Syrie, Saraqib, révolution, guerre, résistance, Daech
Moustafa Abou Chams, « Rejoindre la région d’Idlib à travers 35 centimètres »
Moustafa Abou Chams était pharmacien à Alep avant d’être obligé de se réfugier en Turquie avec sa famille. Il a commencé à écrire des articles pour Al-Jumhuriya en 2016.
L’auteur de cet article, ayant rejoint Alep après la prise d’Alep en décembre 2016 par les forces du régime, revient en Syrie par le poste frontière de Bab al-Hawa. Il relate son périple en décrivant tous les obstacles rencontrés par les visiteurs syriens, résidant en Turquie, et de retour dans leur pays pour des visites temporaires.
Mots-clés : Syrie, Idlib, Turquie, frontière, Bab al-Hawa
Malaka Al-Ayeed, « Journal de notre exode de Raqqa. Quatre jours sous la protection d’une voiture piégée »
Malaka Al-Ayeed est une journaliste originaire de Raqqa.
275Ayant fui les bombardements de Raqqa, l’auteure de cet article, qui utilise un pseudonyme, relate les quatre jours qu’elle a passés avec sa famille dans un village puis sous une tente alors que des combats se déroulaient entre les combattants de Daech et ceux des Forces démocratiques syriennes majoritairement composées de Kurdes. Elle évoque le désarroi qui s’empare des réfugiés et la méfiance qu’ils ressentent face aux protagonistes du conflit.
Mots-clés : Syrie, Raqqa, Daech, Kurdes, Forces démocratiques syriennes, réfugiés
Jana Salem, « La vieille ville de Damas ou la peur de l’Autre »
Jana Salem est le pseudonyme utilisé par une habitante de Damas.
Ce récit d’une habitante de Damas, utilisant un pseudonyme, rapporte combien les relations sociales sont marquées par la méfiance et les catégorisations identitaires dans une capitale quadrillée par les forces de sécurité du régime. Elle prend pour exemple les critères présidant aux choix de location et de vente des appartements et à la recherche de l’entre-soi communautaire qui prévaut.
Mots-clés : Syrie, Damas, vieille ville, communautés confessionnelles, immobilier, quartier
Iyad Abdallah, « Les alaouites. Leur voyage vers la Syrie, leur voyage hors de Syrie »
Iyad Abdallah a enseigné la philosophie en Syrie dans l’enseignement secondaire. Militant pour la démocratie et partisan de la révolution de 2011, il a été contraint de quitter la Syrie et de se réfugier en France. Il a participé à la fondation du site Al-Jumhuriya. Il publie des études sur la question de l’islamisme en Syrie et sur le thème des minorités religieuses dans la presse syrienne et arabe.
Cette étude revient sur la place des alaouites à l’époque du Mandat français et sous le régime des Assad. Elle utilise la métaphore du voyage pour montrer combien leur sentiment d’exclusion vis-à-vis de l’ensemble syrien puis leur hégémonie politique ont fait varier leurs rapports avec la Syrie. Le texte aborde aussi la question du religieux et des relations entre les élites religieuses et les élites politiques de la communauté.
Mots-clés : Syrie, Alaouites, religion, politique, communauté, pouvoir
276Hooshang Osei, « Le PKK et sa branche syrienne. Du sadisme de la maison-mère et du masochisme de sa succursale »
Hooshang Osei est écrivain, journaliste et chercheur. Kurde de Syrie mais sans reconnaissance de sa nationalité syrienne, il fut contraint de quitter la Syrie en 2009 pour se réfugier en Turquie avant de s’installer en Belgique. Il est l’auteur d’études sur la question kurde, publiées dans la presse arabe. Il a publié L’Écrasement de la certitude. L’épreuve de la question et le désir de l’imaginaire (Beyrouth, 2017).
Cette étude traite de la question des rapports entre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et du Parti de l’union démocratique (PYD), créé en 2003 en Syrie. L’article relève que l’autonomie du second par rapport au premier est très limitée en dépit des allégations du PYD concernant son indépendance vis-à-vis du PKK fondé par Abdullah Öcalan.
Mots-clés : Syrie, Parti des travailleurs du Kurdistan, Parti de l’union démocratique, Kurdes, discours, Abdullah Öcalan