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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Écrire l'encyclopédisme, du xviiie siècle à nos jours
  • Pages : 407 à 412
  • Collection : Rencontres, n° 467
  • Série : Le dix-huitième siècle, n° 34
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406101000
  • ISBN : 978-2-406-10100-0
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10100-0.p.0407
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 03/06/2020
  • Langue : Français
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Résumés

Susanne Greilich et Hans-Jürgen Lüsebrink, « Écrire lencyclopédisme, du xviiie siècle à nos jours »

Lépoque des Lumières vit la naissance dun nouveau type dencyclopédie, à savoir le dictionnaire encyclopédique, qui se voulait à la fois rassembleur de savoirs et foncièrement critique par rapport aux connaissances du passé. Lencyclopédie moderne trouve également écho dans la littérature des siècles suivants. Dans une perspective transgénérique se pose la question de savoir en quoi consiste lécriture « encyclopédique » des dictionnaires dune part et celle des œuvres littéraires dautre part.

Eva Rothenberger, « Transitions frontalières et leur influence dynamisante dans le Dictionnaire historique et critique »

Le dictionnaire encyclopédique en tant que genre qui permet de réaliser un recueil de savoirs par ordre alphabétique semble au premier regard plutôt statique et aride. Pour y remédier et pour créer un ouvrage intéressant, il faut quelques ruses telles quon les trouve dans le Dictionnaire historique et critique. Dans cette œuvre, Bayle provoque, à plusieurs niveaux, une dynamisation en traversant les frontières géographiques, confessionnelles, culturelles, disciplinaires et formelles.

Christian Reidenbach, « Diderot, paysagiste des savoirs. Une cartographie épistémologique entre discontinuité et interprétation »

Diderot décrit la compréhension du monde acquise par lobservation scientifique comme une infinité de faits fragmentés. Ceux-ci sont en contraste avec lidée dun tout universel que linterprétation de la nature véhiculerait. La particularité et lintégrité constituent donc les deux principes selon lesquels Diderot cartographie les ordres du savoir et qui trouvent leur expression dans lidée dun océan de choses infini dun côté et la structure arborescente du Système figuré de lautre côté.

408

Reinhard Krüger †, « Lordre chaotique et aléatoire de lunivers et lorganisation du discours encyclopédique au xviiie siècle »

Le modèle de larbre que les encyclopédistes ont appliqué comme schéma pour lorganisation des connaissances humaines semble imposer une hiérarchie et un ordre aux choses, et les assujettir à lécriture par le biais de lalphabet. Par contre, cette vision des choses ne saisit pas dune manière adéquate les concepts et les méthodes des encyclopédistes. Il faut prendre en considération le rôle que jouent le hasard et le chaos dans la conception de la réalité chez les encyclopédistes.

Jean-Yves Mollier, « Pierre Larousse et son entreprise encyclopédique »

Le Grand Dictionnaire universel du xixe siècle symbolise aujourdhui encore une extraordinaire réussite, celle dun auteur-imprimeur-éditeur qui avait choisi de sacrifier sa vie à la publication dune œuvre quil considérait comme la « chair de sa chair » et « los de ses os ». Dans cette communication basée sur plusieurs publications précédentes, nous essayons de montrer combien lœuvre de Pierre Larousse fut, dans tous les sens du terme, une entreprise encyclopédique.

Hans-Jürgen Lüsebrink, « Origines coloniales de lencyclopédisme sud-américain. Le Diccionario geográfico-histórico de las Indias Occidentales ó América (1786-1789) dAntonio de Alcedo »

Le Diccionario geográfico-histórico de las Indias Occidentales peut être considéré comme le premier ouvrage encyclopédique sud-américain, faisant preuve de lambition délibérée de saisir lensemble des connaissances sur les Amériques. En même temps, lœuvre manifeste dune perspective résolument sud-américaine. Ce projet ambitieux et sa traduction anglaise étaient étroitement liés à la biographie de lauteur, ainsi quau contexte politique et culturel des années 1780 et du tournant du siècle.

Annika Haß, « Les Lumières au xixe siècle ? LEncyclopédie des gens du monde (1833-1844) comme adaptation française du Conversations-Lexicon de Brockhaus »

Inspirée du Conversations-Lexicon de Brockhaus, lEncyclopédie des gens du monde est une publication typique des éditions Treuttel et Würtz (Paris, Strasbourg, Londres). Lencyclopédie poursuivit lobjectif dadapter le modèle allemand 409au public français. Larticle examine à la fois les objectifs de ladaptation et sa mise en pratique. Finalement, il se pose la question de savoir pourquoi lEncyclopédie des gens du monde na jamais eu autant de succès que son prédécesseur allemand.

Clorinda Donato, « Les récits de voyages. Source des articles dencyclopédie au xviiie siècle »

À la recherche dinformations qui puissent être utiles, les encyclopédistes utilisent le genre du récit de voyage pour rédiger leurs articles. Cette contribution vise à étudier la citation ou non des récits de voyages dans les compilations encyclopédiques et le débat soulevé par lemploi de récits de voyages contrastants. Lanalyse sappuie sur un corpus darticles représentant la catégorie de la géographie dans lEncyclopédie, lEncyclopédie dYverdon et lEncyclopédie méthodique en trois éditions.

Beatrice Nickel, « Les récits de voyage français du xviiie siècle et la perspective encyclopédique sur lAutre »

La contribution analyse à quel point le genre du récit de voyage, qui connut son essor au siècle des Lumières, témoigne dun effort de la part des voyageurs français pour enregistrer de manière systématique et encyclopédique le savoir sur des cultures totalement nouvelles et jusqualors inconnues. Laccent est mis sur la trilogie de Lahontan, qui est consacrée au continent nord-américain et qui amorce systématiquement un dialogue interculturel avec la culture étrangère.

Daniel Roche, « Le cheval et les philosophes. Culture équestre et encyclopédie »

Il sagit ici de montrer limportance de la connaissance des réalités équestres comme ensemble social culturel à partir des questions développées dans lEncyclopédie. La mise en scène offerte par lensemble des articles confirme ce que lon peut connaître par ailleurs quant à la diversité des questions concernant la Raison cavalière, entendons la place des chevaux par rapport à leur fonction dans la hiérarchie politique et sociale, et enfin par rapport à leur vocation esthétique.

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Klaus-Dieter Ertler, « Les aspects encyclopédiques dans lécriture des feuilles périodiques morales du xviiie siècle. Le traitement et la migration des micro-récits »

Nous nous penchons sur le réseau européen des feuilles périodiques francophones dont la source est constituée par le Spectator. Dans la mesure où le prototype anglais puise dans le corpus proto-encyclopédique de Bayle, il faut relever la question de lécriture intertextuelle de cette presse et de ses adaptations européennes. De quelle manière les textes spectatoriaux contribuent-ils à la construction dune pratique encyclopédique ? Comment intègrent-ils les concepts moraux du Dictionnaire baylien ?

Sophie Dubois, « Une subjectivité sous contrainte, labécédaire de culture étrangère. Le cas du Québec »

Au-delà de son usage commun apparenté à limagier pour enfants, labécédaire sincarne également sous la forme douvrages dinitiation à un sujet. Utilisé pour définir une culture, il cherche à en saisir les aspects les plus représentatifs pour les vulgariser à lintérieur de la forme contraignante de lalphabet. Cette mise en forme se révèle un facteur de complexification dans la sélection des termes à retenir, laquelle ouvre paradoxalement la porte à une plus grande subjectivité.

Karen Struve, « “Toutes les fictions [] sautent aux yeux”. Savoir, fiction et écriture encyclopédique par rapport à lAutre colonial dans lEncyclopédie de Diderot et de DAlembert »

Dans son article sur lidole indienne du nom de « Tinagogo », DAlembert rejette les informations quil en a reçues comme étant de pures fictions et il qualifie la source qui en parle comme menteuse. Néanmoins, cette évaluation ne lempêche pas dinclure de telles histoires inventées dans lEncyclopédie. Quelles sont les formes et les fonctions de ces fictions au sein du texte encyclopédique ? Et en particulier dans les articles qui parlent de lAutre colonial ?

Stephanie Wodianka (traduction de Monique Rival), « Denis Diderot. Le drame sérieux comme “drame encyclopédique” »

Dans la préface au Fils naturel, Diderot fait référence au 6e volume de lEncyclopédie. En y regardant de plus près, on saperçoit que cest lui qui a été responsable de 411lentrée fils dans ce volume, et que son drame reprend les notions contemporaines de « fils » et de « père » en les plaçant dans un contexte quasi-religieux. Dans le drame, la jeune génération incarne les vertus tout en remettant en question les figures paternelles et en renversant les relations père-fils conventionnelles.

Paul Strohmaier, « LItinéraire de Chateaubriand, une réplique au projet des encyclopédistes »

Cest dans le contexte de « lexplosion du savoir » que nous situons notre lecture de lItinéraire, ouvrage qui constitue peut-être la dernière tentative de recentrement des savoirs à travers le prisme de la tradition chrétienne. Le textemet en récit une érudition et un savoir énorme dont il atteste en même temps la valeur. À lopposé dune démonstration théorique, nous assistons à une mise en évidence esthétique qui se sert du paysage, du tableau poétique et de la contemplation sur lhistoire.

Dagmar Schmelzer (traduction dAnne-Sophie Donnarieix), « Le savoir et lespace dans le récit de voyage en Palestine. De lItinéraire de Paris à Jérusalem de Chateaubriand comme appropriation conflictuelle de cultures du savoir »

LItinéraire participe à la négociation des modèles de savoir et récrée un dialogue avec la pensée encyclopédique : il part des topiques partagés et des techniques citationnelles de la tradition érudite, mais pour introduire à larchive des contenus complémentaires. Il emprunte les stratégies narratives de la littérature de voyage pour mettre en scène un savoir en devenir, processuel et performatif, et fait évoluer la systématicité du savoir en traduisant le mappemonde en parcours.

Lydia Bauer, « Lécriture encyclopédique et larchéologie du savoir dans lœuvre de Stendhal »

Lœuvre stendhalienne se caractérise par la coprésence de différents ordres du savoir. Lépistemè de la ressemblance, celui de la représentation et lépistemè moderne – tels que les décrits Foucault dans Les Mots et les Choses –, témoignent dune réflexion de lauteur sur les systèmes de signes et le classement du savoir. La communication met en relief les diverses formations du savoir ainsi que les parallèles entre les textes stendhaliens et les Affinités électives de Johann Wolfgang von Goethe.

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Susanne Greilich, « La littérature face à lencyclopédisme du xixe siècle. Bouvard et Pécuchet et le Dictionnaire des idées reçues de Gustave Flaubert »

Bouvard et Pécuchet met en relation le roman et lencyclopédie à travers deux procédés formels différents : par la mise en scène de lencyclopédie au sens large de « cercle du savoir » et par linsertion dune encyclopédie au sens spécifique de « dictionnaire encyclopédique ». Le texte met en scène une écriture encyclopédique qui trouve son expression aux niveaux de la macrostructure, du discours et de la microstructure. Il sinscrit ainsi dans lencyclopédisme de lépoque quil reflète et commente.

Corinne Fritz, « Approches cubistes du lexique. Apollinaire et le Grand dictionnaire Larousse »

Apollinaire était un lecteur passionné des dictionnaires, en particulier du Grand Dictionnaire universel du xixe siècle. Il y puise des mots rares ou inconnus. Il en fait des listes et se constitue ainsi une réserve de mots qui se retrouveront dans son œuvre à venir. Cette contribution porte sur des mots dont Apollinaire a pu trouver la définition dans le Grand Dictionnaire Larousse. Elle propose quelques hypothèses pour justifier lemploi par Apollinaire de tel ou tel mot rare ou suggestif.