Résumé : Cet article revisite le concept de montage « basé sur l’intervalle » formulé par Dziga Vertov, idée mystérieuse et déjà beaucoup commentée. En se basant sur la théorie musicale soviétique des années 1920, l’article suggère que Vertov, cherchant à éviter les formes narratives du montage, pourrait avoir emprunté une conception des intervalles musicaux comme formes d’ancrage perceptuel pour les spectateurs. Il suggère ensuite que l’idée de montage basé sur l’intervalle pourrait répondre à ceux qui, comme Viktor Shklovskij, croyaient qu’un cinéma non narratif était impossible. Enfin, cet article offre un certain nombre d’exemples concrets du montage par intervalles de Vertov, et suggère que le montage basé sur l’intervalle, malgré son caractère résolument avant-gardiste et non-narratif, répond tout de même aux impératifs idéologiques du début de la période soviétique.