Introduction
à la première section

L’objet de cette première section est seulement de décrire une économie nationale. Comme aucune Nation ne vit en autarcie, cette description comprend celle des relations économiques internationales. Elle a pour base une observation qui porte sur quelque chose que l’on appelle un « fait » ; ce dernier peut être qualitatif (un évènement, une décision, un accord, l’institution d’une norme codifiée, une norme implicite induite d’une régularité de comportement) ou quantitatif (une donnée chiffrée). Elle repose donc sur ce que l’on observe et comment on le fait. Par contre, elle ne comprend pas les raisons d’observer ceci plutôt que cela parmi tous les faits observables à l’intérieur d’une Nation moderne ou dans le domaine des relations internationales. Ces raisons découlent de la vision de l’économie d’une Nation moderne, c’est-à-dire de sa caractérisation qui est traitée dans la seconde section. L’exigence qui s’impose est de dire « comment » cette description est réalisée, sans qu’il soit nécessaire de dire « pourquoi » elle est réalisée de cette façon. Au titre du « comment », la première information à donner concerne la délimitation de l’économie d’une Nation moderne ou de ce qui est économique dans celle-ci, si on préfère. Le parti-pris retenu est le suivant : ce qui est économique dans cette sorte de « société » est tout ce à quoi on ne peut donner une signification qu’en ayant recours à la monnaie. Le « pourquoi » de ce parti-pris sera compris dans la seconde section. De plus, cette description s’en tient, pour l’essentiel, à ce qui est commun à toutes les Nations modernes quelle que soit l’époque. Il s’agit donc d’une description stylisée. L’accès est mis sur les outils qui servent à cette description, à commencer par la comptabilité nationale. Quelques indications concernant les changements dans le temps et les différences entre Nations qui sont mis en évidence par l’usage de ces outils seront données à l’occasion.

Cette description est déclinée en cinq chapitres. Les quatre premiers chapitres traitent de l’état de l’économie. Comme une économie nationale est ouverte sur le Reste du Monde, elle comprend un intérieur et un extérieur. Les trois premiers chapitres portent sur l’état intérieur d’une économie nationale. Il est d’abord question des relations économiques – la relation commerciale, la relation salariale et la relation financière – et de l’instrument monétaire sans lequel elles ne peuvent s’établir (Chapitre 1). C’est à partir de ces relations qu’il est ensuite possible de décrire une entreprise qui est le seul agent économique (au sens retenu pour ce qualificatif), un agent qui est tout autant un acteur parce qu’il est le cadre d’activités économiques, puis le monde des entreprises (Chapitre 2). Les activités économiques des entreprises donnent lieu à la production d’objets utiles qui sont destinés à être commercialisés ; si une partie de ces produits est achetée ou louée par des entreprises, une autre partie l’est par les ménages et les administrations ; des agents nationaux ne sont pas des agents économiques ; ils ne se livrent qu’à des opérations économiques ; la prise en compte de ces autres agents permet de décrire l’ensemble des opérations économiques intérieures à l’aide d’un tableau économique d’ensemble de nature comptable (Chapitre 3). Pour boucler la description de l’état d’une économie nationale, il reste à prendre en compte les opérations économiques extérieures, à commencer par les exportations et les importations ; ces opérations sont ajoutées au tableau précédent (Chapitre 4). Dans le dernier chapitre, il est question de la description du mouvement dans le temps d’une économie nationale en partant de l’entreprise et en distinguant divers horizons (Chapitre 5).