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Classiques Garnier

Introduction à la première section

  • Publication type: Book chapter
  • Book: Économie. Passé, présent, avenir
  • Pages: 819 to 821
  • Collection: Library of Economics, n° 45
  • Series: 1, n° 23
  • CLIL theme: 3340 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Histoire économique
  • EAN: 9782406128991
  • ISBN: 978-2-406-12899-1
  • ISSN: 2261-0979
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12899-1.p.0819
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 06-30-2022
  • Language: French
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Introduction
à la première section

Lobjet de cette section nest pas seulement de caractériser et comprendre la mondialisation réellement existante (MRE) qui a cours depuis la fin du xxe siècle. Son objet est tout autant de caractériser et comprendre la crise environnementale qui est à la base de la montée en puissance de la question dite écologique et dont laspect occupant le devant de la scène au début des années 2020 est la crise climatique. Dailleurs nous allons voir quon ne peut parvenir à une compréhension satisfaisante de la MRE sans lenvisager comme une composante du contexte général du début du xxie siècle, contexte dont la seconde composante principale est lavènement de cette crise environnementale – elle est qualifiée déco-crise.

Il est courant de considérer quil ny a pas de lien direct entre ces deux composantes, si ce nest leur concomitance. Cest dailleurs la proposition qui sera défendue, en première analyse, à la fin du premier chapitre de la présente section. Pour autant, cette concomitance nest pas fortuite. Son constat invite à rechercher une troisième entité qui serait en lien systémique avec chacune de ces deux composantes. Telle est la problématique de lanalyse générale qui est menée dans cette section. Son point daboutissement est que le troisième terme en question est le modèle « Nation moderne ». Dun côté, ce modèle commande un certain mode de croissance et de développement dont la poursuite est la cause commune de la MRE et de léco-crise et, de lautre, la MRE et léco-crise contribuent toutes deux à lentrée en crise de ce modèle. Lune et lautre en sont des manifestations, des révélateurs. Elles doivent être comprises comme telles.

Le choix qui est fait est de retenir, comme porte dentrée dans lanalyse de ce contexte global, la MRE. Il y a à ce choix trois raisons qui vont y être étayées : 1/ elle relève primordialement du domaine du vivre-ensemble des humains dont il est question dans cet ouvrage dès 820lors quelle est avant tout dordre économique ; 2/ ses incidences sont nettement différenciées entre les pays anciennement développés, ceux qui les rejoignent (la Chine, principalement) et ceux qui sont encore des pays en développement ; 3/ la grande majorité des propos à son sujet passent à côté de ce que la mobilisation de notre grille danalyse permet den dire. Ce nest pas le cas pour léco-crise. En effet, 1/ elle na pas que des causes et des conséquences économiques ; 2/ la seule différenciation entre pays concernant ses incidences est celle qui met en jeu leurs caractéristiques et positionnements géographiques physiques respectifs ; 3/ même si son origine anthropique (les activités humaines) est contestée par certains, une compréhension largement dominante de celle-ci sest progressivement imposée et cette compréhension nest pas du tout remise en cause par la mobilisation de notre grille danalyse. Ce que cette mobilisation impose est seulement de la caractériser en distinguant nettement son aspect de nature économique (lépuisement des ressources naturelles) et son aspect de nature écologique (la profonde détérioration des milieux de vie). Cest la raison pour laquelle elle est qualifiée déco-crise.

À partir moment où lanalyse de la MRE est choisie comme porte dentrée, le fait majeur à prendre en considération est que ses implications diffèrent dun type de pays à lautre. À ce titre, trois groupes de pays doivent être distingués, deux types relativement homogènes – les pays du Nord (anciennement développés) et les pays du Sud (encore en développement) – et un troisième groupe intermédiaire sans typicité marquée. Dailleurs, ces deux types se retrouvent aussi lorsquon prend en considération les responsables de léco-crise. Le plan retenu pour cette section en découle. Elle comprend trois chapitres. Dans le premier, la MRE et léco-crise sont vues du Nord. Seule la MRE est vue du Sud dans le second. Ces deux regards sont conjugués dans le troisième. Lanalyse de léco-crise est logiquement faite dans ce premier chapitre dès lors quelle est comprise comme étant leffet du type de développement (au sens général du terme) porté par le modèle de la Nation moderne (la première modernité) et que les pays du Sud nen sont pas responsables. Ainsi, la proposition selon laquelle la MRE et léco-crise sont deux composantes distinctes de la crise du modèle « Nation moderne » est défendue à la fin de ce chapitreDans le second chapitre, il est question du développement (au sens spécifique à un pays dit en développement) 821à lâge de la MRE. Il est mis en évidence que lavènement de cette dernière en modifie profondément les conditions en ne laissant place quà une sous-industrialisation dépendante pour les PED. Dans le troisième chapitre, la désindustrialisation couramment constatée au Nord est dabord caractérisée à la lumière de cette sous-industrialisation dépendante qui a lieu au Sud et de lindustrialisation de la Chine qui apparait comme étant tout à fait spécifique. Lanalyse porte ensuite sur le mode daccumulation mondial à lœuvre dans le cours de la MRE et, par conséquent, sur la crise de 2008 qui en est un moment essentiel. Cette analyse conduit finalement à se poser une question : faut-il considérer cette crise comme la crise dinstallation dun troisième âge de la première modernité ou louverture dune longue période de crise ? La réponse qui y est apportée est au moins que ce mode daccumulation ne peut conduire à réduire les inégalités économiques et permettre une résolution de léco-crise, même si la façon dont les néolibéraux de gauche proposent de lorganiser voit le jour.