Résumé : Cet article se propose de mobiliser le concept de finance basée sur le collatéral (collateral-based finance), c’est-à-dire un système financier caractérisé par l’importance croissante des transactions appuyées sur un collatéral et d’en tirer quelques enseignements pour la conduite de la politique monétaire en zone euro. En particulier, les dynamiques d’instabilité propres aux marchés des collatéraux, essentiels à la stabilité des transactions collatéralisées, érodent l’accès au financement de court terme : la « plomberie » du système financier. Dans la zone euro, où les États-membres sont en concurrence pour le statut de collatéral de la meilleure qualité, ces dynamiques compliquent grandement la conduite de la politique monétaire. Depuis la crise des Subprimes, les banques centrales ont peu à peu fait évoluer le cadre de leur politique monétaire vers une gestion plus active de la liquidité de marché, devenant « contrepartiste en dernier ressort ». La possibilité d’une remontée des taux d’intérêt, particulièrement à propos dans le contexte inflationniste actuel, fait face au risque d’une nouvelle fragmentation du marché de la dette publique européen, et ultimement de l’union monétaire elle-même. L’adoption par la BCE d’un nouvel instrument de sa politique monétaire, le Transmission Policy Instrument (TPI), reflète à nos yeux les risques nouveaux auxquels est confrontée la BCE dans un contexte où la qualité des actifs utilisés comme collatéraux, en premier lieu desquels la dette publique, joue un rôle crucial pour la stabilité financière.
