Avant-propos
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Du temps que les bestes parloient. Mélanges offerts au professeur Roger Bellon
- Auteurs : Méot-Bourquin (Valérie), Barre (Aurélie)
- Pages : 11 à 12
- Collection : Rencontres, n° 339
- Série : Civilisation médiévale, n° 30
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406068006
- ISBN : 978-2-406-06800-6
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06800-6.p.0011
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 23/05/2018
- Langue : Français
Avant-propos
La branche XXV éditée dans le volume Pléiade du Roman de Renart1 raconte la création des animaux alors qu’Adam et Ève viennent d’être chassés du Paradis. Lorsqu’Adam frappe le sol du bâton donné par Dieu, naissent les animaux domestiques ; au contraire, lorsqu’Ève s’empare de la verge, surgissent les bêtes sauvages, le loup puis le renard : « Rous ot le poil comme Renarz » (v. 97). Cette branche tardive des « Enfances Renart », uniquement conservée dans les manuscrits B, N et C, est le point d’origine d’un article de Roger Bellon dont le titre s’inscrit aujourd’hui en tête de ce volume d’hommage : « Du temps que les bestes parloient2 ». Roger Bellon y revient sur la création des animaux dans le Roman de Renart et sur leur détermination identitaire, il remonte le fil du temps et des textes et tente ainsi de saisir les fondements littéraires de cette branche.
Les articles réunis ici ont été écrits par plus de vingt-cinq chercheurs, collègues, amis ou anciens étudiants. Ils se sont associés à ce volume pour faire entendre, par leurs travaux, le vaste champ des recherches de Roger Bellon qui résonne tout entier dans ce titre mettant côte à côte la parole, dans le déploiement d’une langue singulière et transitoire, et la littérature animalière. En son souvenir, les contributeurs interrogent à leur tour la langue médiévale, la formation de son lexique et les questionnements qui cernent sa naissance, sa vitalité et son évolution, engageant les règles grammaticales modernes. Ils donnent aussi la parole aux bêtes, à Renart bien sûr, « qui tant sai et d’engien et d’art3 », qui trompe de ses « blanches paroles » ceux qui se trouvent sur sa route. 12Ils parlent d’elles, des fables et des bestiaires qui placent les bêtes au centre de dispositifs narratifs et moraux ; ils les inscrivent aussi, plus généralement, dans la longue production littéraire du Moyen Âge, des genres qui s’y déploient et des prolongements qu’elle suscite.
Épousant dans sa structure les forces qui animaient tout échange avec Roger de qui l’art de l’anecdote, de la digressio et de l’amplificatio, toujours, fondait le partage, ce volume se devait aussi d’amener le lecteur des humanités en terre de vivante humanité, dans la conversation d’individu à individu, à travers des « Adresses » plus personnelles et des « Rencontres ». Cet ensemble de textes fait ainsi l’expérience d’une écriture collective par-delà la singularité de chacun ; il offre à lire une anthologie singulière, arborescente, comme le sont les aventures de Renart réunies dans les différents recueils manuscrits, à l’image de son dédicataire.
Valérie Méot-Bourquin
et Aurélie Barre
1 Le Roman de Renart, édition publiée sous la direction d’Armand Strubel, avec la collaboration de Roger Bellon, Dominique Boutet, Sylvie Lefèvre, Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1998, p. 827-835.
2 « Du temps que les bestes parloient : à propos de la création des animaux dans Le Roman de Renart », Recherches et Travaux, « Parler(s) du Moyen Âge », Université Stendhal, no 55, 1998, p. 21-33.
3 Le Roman de Renart, éd. citée, « Le Puits » (br. Va, v. 260).