Note sur la présente édition

Le lecteur trouvera ici les textes dans leur première version connue, accompagnée des variantes dans une édition revue par l’auteur quand une telle édition existe. Ces textes ont pu paraître en opuscules séparés, en recueils, dans des périodiques y compris étrangers. Dans certains cas, ils n’ont été publiés qu’à titre posthume. Beaucoup ont été publiés sans nom d’auteur. Tous ces éléments sont précisés texte par texte dans la présentation qui en est donnée.

Les textes de l’Histoire de l’Académie royale des sciences et les Éloges sont conformes à l’édition originale de l’Histoire de l’Académie royale des sciences, année […] avec les Mémoires de Mathématique et de Physique pour la même année, tirés des registres de cette Académie, Paris, Imprimerie royale, 1702-1797 (années académiques 1699-1792). Conformément aux usages, on renvoie aux différents volumes de la collection en abrégé : pour les différents articles de la partie Histoire de l’Académie royale des sciences, les titres sont signalés entre guillemets et accompagnés de l’indication HARS suivie de l’année académique et de la pagination correspondante. Pour les Mémoires académiques, les titres sont signalés en italiques et accompagnés de l’indication MARS suivie de l’année académique et de la pagination correspondante. Pour chaque compte rendu de Fontenelle, sont indiqués en note le ou les Mémoire(s) académiques que l’auteur commente. Des astérisques signalent les notes marginales par lesquelles Fontenelle renvoie lui-même le lecteur aux différents volumes de la collection.

L’orthographe est modernisée, y compris celle des noms propres, sauf lorsque l’on peut considérer que l’on est en présence d’un procédé poétique. La ponctuation ancienne a été respectée autant que les usages contemporains le permettent. La typographie a été modernisée.

Des textes attribués à Fontenelle, on n’a retenu que ceux dont l’attribution n’est pas contestée. C’est pourquoi, malgré leur grand

Digression
sur les Anciens
et les Modernes
et autres textes philosophiques

Histoire

La pensée et la pratique de l’histoire, développées dans des textes qui ont rencontré un grand succès et provoqué un fort écho, constituent le cadre dans lequel s’inscrit la démarche philosophique de Fontenelle. L’histoire n’est plus uniquement celle des faits étudiés de l’extérieur par les historiens, mais la dimension dans laquelle s’inscrivent les œuvres de l’esprit humain. Pour Fontenelle, l’historicité de celles-ci, loin d’être une menace pour la vérité et le goût, en révèle les conditions de découverte. C’est pourquoi l’histoire est aussi celle des méthodes qui manifestent la vitalité de l’esprit et la conscience de sa filiation.

Un des textes les plus connus de Fontenelle, la Digression sur les Anciens et les Modernes, publiée en 1688, propose une conceptualisation de la modernité qui ne manque pas d’inscrire celle-ci dans l’histoire. On trouve ainsi développées simultanément, sous la plume de Fontenelle, une forme de naturalisme faisant toute sa place à l’idée de vérité, et l’affirmation d’un progrès de l’esprit. La modernité, dès lors, se définit comme une attitude à l’égard de l’histoire de l’esprit humain, qui consiste en une prise de conscience de sa propre appartenance à un mouvement de progrès et de sa propre unité dans ce mouvement.

Publié pour la première fois en 1714, mais probablement prêt dès la fin des années 1690, De l’origine des fables montre la méthode fontenellienne à l’œuvre : partant d’une analyse des récits, Fontenelle examine conjointement la possibilité de l’histoire comme discipline et les travers de son usage apologétique.

Sur l’histoire, dont on ignore la date exacte de rédaction et qui ne fut publié qu’à titre posthume en 1758, développe à partir de cette démarche empirique et normative une véritable pensée de l’histoire, de ses règles, de son unité. Elle devient synonyme d’histoire de l’esprit humain.

Enfin le lecteur trouvera des extraits de l’Histoire des oracles, publié en 1686 et qui fit grand bruit, dans lequel le traitement philosophique fontenellien des récits hérités atteint les récits religieux. L’occasion éditoriale de ce dernier ouvrage, qui se présente ingénument comme la traduction d’un autre ouvrage célèbre, indique à quel point l’entreprise philosophique de Fontenelle doit être inscrite dans l’histoire des idées, des sciences et des lettres.