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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Diderot, le génie des Lumières. Nature, normes, transgressions
  • Pages : 329 à 332
  • Collection : Rencontres, n° 366
  • Série : Le dix-huitième siècle, n° 28
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406078500
  • ISBN : 978-2-406-07850-0
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07850-0.p.0329
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 25/06/2019
  • Langue : Français
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Résumés

Gerhardt Stenger, « Diderot, Helvétius et le génie du petit Mozart »

À partir du cas du petit Mozart, larticle examine lattitude de Diderot vis-à-vis des génies ou talents précoces. Un musicien de six ans est peut-être un génie potentiel, mais ses prouesses nont rien de génial, car le vrai génie, ou plutôt le grand homme, est toujours laboutissement dun long processus. Cest un homme qui a beaucoup observé, dont les facultés exceptionnelles ont lentement mûri : un enfant, même précoce, ne peut pas être un génie, tout au plus un talent particulièrement remarquable.

Jean-Alexandre Perras, « Le génie et la pensée du continu. Matière, temps, latus »

En posant le principe de la continuité des phénomènes de la nature, la philosophie matérialiste résout peut-être les problèmes posés par le dualisme, mais soulève encore dautres questions, dont celle du principe de liaison (latus) qui permettrait à la matière de passer dun état à un autre. Or, pour Diderot, créer du lien est précisément lactivité par laquelle le génie se distingue du commun des hommes, grâce à une heuristique de lanalogie qui ne concerne pas seulement la matière, mais aussi le temps.

Robert Fajen, « Adresse et intuition. Diderot ou le génie du joueur »

Un bon joueur, écrit Diderot dans larticle « Jouer » de lEncyclopédie, est à même dévaluer en quelques secondes les probabilités de lavenir. Cette observation contribue à lanthropologie du génie : puisque celui-ci prévoit lavenir, sa façon de jouer avec le temps est toujours gagnante. Deux œuvres tardives, Est-il bon ? Est-il méchant ? et Jacques le Fataliste et son maître, présentent des génies joueurs : Hardouin, le génie de la mystification, et Jacques, le génie de lart de vivre.

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Konstanze Baron, « Le bonheur du génie. Remarques sur un problème dorganisation »

Selon Diderot, le génie résulte dun déséquilibre dans la nature, qui privilégie un organe sur les autres, permettant à lindividu ainsi doué de se distinguer dans un domaine particulier. Se pose donc le problème du bonheur, tant individuel que social, par rapport au bon emploi du talent. En resituant sa pensée dans son contexte philosophique, cet article illustre la façon idiopratique dont Diderot tente de concilier les besoins de lindividu avec ceux de la société.

Andrea Allerkamp, « Le génie du rêve. Sur la complexité de la limite »

Le rêve montre une vérité qui a le droit à lerreur. Ce sont les images du monde onirique qui permettent de découvrir dautres vérités. Grâce à son attention pour ce phénomène à la fois naturel et allégorique, lœuvre de Diderot développe un matérialisme enchanté du génie, qui se trouve à la limite entre représentation et pensée, philosophie et littérature, jugement et pulsion, esprit et corps. Le rêve est à la fois objet de la science et metteur en scène du savoir, il est le génie de lart et du modèle idéal.

Rudolf Behrens, « Le génie, un clavecin qui parle ? La comédie transgressive dans Le Rêve de dAlembert »

Létude analyse deux sujets dans Le Rêve de dAlembert qui se trouvent au centre dune dynamique subversive liée aux idées de lauteur sur la matière sensible. 1) Le thème de la transgression, personnifiée par Mlle de Lespinasse, allie savoir scientifique et curiosité sexuelle. 2) La réification comique et quasi-sadique de dAlembert livré comme objet de ridicule à ses partenaires, parlant à son insu dans le rêve et réduit à un corps réagissant par la pollution à ses propres pensées oniriques.

Wilda Anderson, « Épistémologie de lenthousiasme »

Larticle « Beau » de lEncyclopédie, permet de dévoiler une épistémologie distincte, fondée non pas sur des essences ou un langage abstrait, mais sur une multitude dévénements intra-physiques, effets dun système de rapports en mouvement. Celui-ci est la condition de possibilité du génie, qui, dans son interaction avec le monde, participe activement à la création de sens, et 331aussi des écrits de Diderot, qui mettent en relief le caractère historique de la nature, ce qui explique leur dimension poétique.

Marie-Pauline Martin, « Grimm, Diderot et le génie rayonnant de la musique. Au sujet dun article inséré le 1er juillet 1761 dans la Correspondance littéraire »

Dans bien des écrits de Diderot, la musique soumet les autres arts à lépreuve de sa propre spécificité ; elle fournit linstrument dune appréciation des autres disciplines ; et elle offre, in fine, un moyen dapproximation du génie des arts, dont le langage théorique et descriptif ne donne pas idée. Cet article propose danalyser ces déclarations où lart des sons, en tant que schéma dargumentation et stratégie du discours, agit en faveur dune définition du génie des arts au sens large.

Michel Delon, « Diderot et le paradoxe de lhomme sans caractère »

La Satire première énumère les types professionnels et humains, comparés à des animaux. Seuls le grand homme et lhomme singe échappent à la typologie. Il sagit dexplorer cette ambivalence chez Diderot tout en sachant quelle reflète la problématique même du philosophe : curieux de la diversité du monde et militant pour sa transformation. Le paradoxe se résout dans lévolution sémantique du mot « caractère » qui désignait une place dans une typologie et se met à signifier une force vitale, un élan historique.

Ariane Revel, « Les ambiguïtés du génie politique. Réforme et civilisation dans la Russie de Catherine II »

Laction politique nécessite-t-elle du génie ? Lemploi de la notion dans les Mélanges pour Catherine II et les Observations sur le Nakaz est révélateur dune tension : le progrès peut-il être hâté par laction dun seul acteur exceptionnel ? Au sein des débats sur la civilisation en Russie, Diderot circonscrit les limites dune action qui senferme dans une dynamique despotique. Il lui oppose le temps nécessaire de la réforme, et laisse entrevoir la dimension collective de la production du savoir politique.

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Mary Trouille, « Diderot, dÉpinay et la querelle des femmes »

En 1772, Antoine-Léonard Thomas publia un traité qui explorait le rôle et statut des femmes dans différentes cultures et examinait dans quelle mesure leur « génie » (leurs aptitudes, leur caractère et leur comportement) relève de linné ou de lacquis. Parmi les plus vives réactions figurent lessai Sur les femmes de Diderot et la critique moins connue, mais plus féministe, de Louise dÉpinay, exposée dans une lettre à son ami Galiani. Ce débat offre un aperçu fascinant de la politique sexuelle de lépoque.

Olaf Müller, « Génie et critique. Lessing lecteur de Diderot »

Les débuts de la renommée de Diderot en Allemagne sont étroitement liés à la notion de génie qui est évoquée dans un grand nombre des réactions initiales se référant soit à sa personne, soit à ses publications. En examinant de plus près la réception de Diderot chez Gotthold Ephraim Lessing, larticle propose de montrer les nuances qui ont pu être développées dans la notion de génie lors du débat autour de la réforme du théâtre en Allemagne.

Andrea Stahl, « Génie et mélancolie. Réflexions sur un contre-concept chez Diderot »

Au xviiie siècle, les théories de la mélancolie témoignent dune tension entre les niveaux de réel que représentent les réalités concrètes du monde et leurs fonctions respectives. Chez Diderot, la fonctionnalisation de la mélancolie réagit au remaniement des systèmes dorganisation de la société et de lexpérience sans pour autant remettre en question leur revendication dintégration. Les ambiguïtés du concept de génie sont rendues sensibles et minimisées par ses imbrications narratives avec la mélancolie.