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Classiques Garnier

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WC

Abréviation de « Water closet » (cabinet* ou placard à eau), cet acronyme a été emprunté à la fin du xviiie siècle à lAngleterre (voir la caricature de James Gillray, « National conveniences », 1796), pays qui fut à lorigine de lutilisation systématique de leau pour nettoyer les lieux*. Ces deux lettres ont servi longtemps, de façon lapidaire, à désigner les toilettes* dans les lieux publics. Cette appellation elliptique semble courante au xixe siècle, comme latteste le sonnet « W. C. » signé Pachina dans Le Tintamarre du 7 mars 1875, ou le conte « WC Car » dAlphonse Allais, publié dans le journal Le Sourire du 31 mai 1902. Pierre Larousse (ou son successeur) lenregistre seulement en 1878, sous lorthographe « Water closet », dans le premier supplément de son Grand Dictionnaire universel du xixe siècle. Actuellement cette enseigne des lieux daisance est remplacée, le plus souvent, par des icônes masculines et féminines et par le mot « Toilettes ». Les Français disent en général « vécé », comme le montre le titre du film de Patrice Leconte Les vécés étaient fermés de lintérieur (1976) avec Coluche et Jean Rochefort, parodie (il sagit dun meurtre perpétré dans un lieu clos, fermé de lintérieur) du célèbre roman policier Le Mystère de la chambre jaune (1907) de Gaston Leroux.

Ces deux lettres, qui font quasiment partie du patrimoine des inscriptions sinon des belles-lettres, ont suscité interprétations et blagues, comme celle de lAuvergnat, type français connu pour sa prononciation chuintante : « Cest un prêtre qui vient dans un bistrot tenu par un Auvergnat faire une quête pour sa paroisse : – Bonjour Monsieur, cest pour lévêché. LAuvergnat répond : – Au fond du couloir à gauche ». Michel Leiris a donné cette jolie définition dans son « glossaire » personnel Langage Tangage ou Ce que les mots me disent (1985), fruit de ses rêveries sur les mots : « Water-Closet – éclusée, leau claire sy étoile de vos épaves terreuses ».

La généralisation du tout-à-légout au début du xxe siècle dans les villes a suscité bon nombre de gags sur les communications imprévisibles qui peuvent sétablir détage en étage, via les descentes communes des canalisations. Ainsi Romain Gary-Émile Ajar raconte, dans Gros-Câlin (1974), comment le serpent python avec lequel vit son héros séchappe par la cuvette des WC de son propriétaire pour réapparaître à létage du dessous, dans la cuvette des toilettes, et venir chatouiller le postérieur de la maîtresse de maison qui sy était installée.

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